Depuis quelques années en Afrique, les infrastructures routières, (ponts et autoroutes) sont à péage. Cette option en vogue dans plusieurs pays, est en vue par l’Etat de Côte d’Ivoire, pour l’amortissement des coûts d’investissements. Mais aussi et surtout, pour le remboursement des partenaires impliqués dans les différents projets. Parmi ces travaux de portée nationale qui ont tenu à cœur aux différents régimes ivoiriens, citons le «Pont Riviera–Marcory», baptisé désormais «Pont Henri Konan Bédié». Le coût de réalisation dans sa dernière mouture finalisée à Paris entre le pool de bailleurs de fonds dont le Groupe Bouygues et l’Etat de Côte d’Ivoire, ressort à environ 125 milliards de Fcfa. Avec à la clé, un accord de concession de construction-exploitation-transfert après 30 ans d’exploitation par la Société de Construction du Pont Riviera-Marcory (Socoprim). Selon une technique relative à l’exploitation de cet ouvrage et confirmée par certains cadres du Bnetd, précisément sur l’option à péage, les Abidjanais devront débourser 700 Fcfa par véhicule et par passage. «Dans un contexte de pauvreté généralisée. C’est très élevé le prix à payer» estime un ingénieur des ponts et chaussées. Etant donné que depuis quelques années, «sur chaque litre de carburant acheté à la pompe, le consommateur qui a un véhicule paye 20 Fcfa. Ce qui a certainement aidé l’Etat de Côte d’Ivoire, à mobiliser sa contribution qui est de 50 milliards de Fcfa au coût global. Si l’on s’en tient à la clé de répartition au bouclage du financement. 700 Fcfa par véhicule et par passage durant 30 ans, c’est excessif et nos parlementaires dont les ministres Diby Koffi Charles et Patrick Achi sont interpellés» ajoute-t-il. Le gouvernement ivoirien va-t-il entendre ce cri de détresse ? Rien n’est moins sûr. Etant donné que l’agence multilatérale de garantie des investissements (Miga), une institution du Groupe de la Banque mondiale, qui fournit des services d’assurance contre les risques politiques, vient de donner sa caution à ce projet. En effet, «la Miga a annoncé qu’elle soutient la construction et le fonctionnement en Côte-d’Ivoire du pont à péage Henri Konan Bédié et de ses routes d’accès. Le nouveau pont va réduire considérablement la durée des trajets, améliorer la mobilité générale et soulager la congestion chronique de la circulation à Abidjan» indique un communiqué de la Banque Mondiale dont nous avons reçu copie. La même source ajoute : «La Mig fournit des garanties d’un montant de 145 millions de dollars couvrant des prises de participation et des créances subordonnées des sociétés Bouygues Travaux Publics (France) et Pan African Infrastructure Development Fund (Afrique du Sud), des créances subordonnées et des créances privilégiées d’Africa Finance Corporation (Nigéria) ainsi que des créances privilégiées de Bmce Bank International Plc (Royaume-Uni) et de Fmo (Pays-Bas). La garantie de la Miga couvre pendant 15 ans les risques d’expropriation, de guerre, de troubles civils, de rupture de contrat et de restriction sur les transferts» Faut-il le rappeler, le Pont Henri Konan Bédié fait partie des besoins urgents en infrastructures de la Côte d’Ivoire, dont la première pierre a été posée en 1999. Cette infrastructure longue de 1,6 Kilomètre est un pont à péage moderne assorti d’un échangeur à trois niveaux qui sera construit sur 27 mois et ouvert à l’exploitation au dernier trimestre de l’année 2014.
Bamba Mafoumgbé in Le Temps
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