« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
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Côte d’Ivoire : Développement de la grande criminalité, Voici qui sont les « coupeurs de routes » Des ex-combattants au banc des accusés

Mardi (9 juillet 2013), tôt le matin, peu avant 6h00 (locale et GMT) un mini car de transport a été mitraillé par des bandits encagoulés sortis de la forêt des deux côtés de la voie dans les environs de Djébonoua, à une vingtaine de kilomètres de Bouaké (centre, 368 km d’Abidjan), faisant deux morts et 30 blessés dont trois cas graves.

Une semaine plus tôt, le 2 juillet, l’arrivée à Korhogo du président Alassane Ouattara dans le cadre de sa visite dans le nord du pays, a été endeuillée par la mort d’un gendarme, tué dans l’attaque du convoi officiel du responsable de l’autorité en charge du désarmement et de la réinsertion des ex combattants, à quelques kilomètres de Kong (nord, 680 km d’Abidjan), localité d’origine de la famille Ouattara.

Récemment sur l’axe Duékoué-Bangolo (Ouest), des coupeurs de route en pleine opération n’ont pas hésité à tirer sur le car d’une équipe de football qui tentait de leur échapper, faisant un mort et 23 blessés graves. Dans les régions du Centre-ouest et du Sud-ouest, productrices de cacao dont la Côte d’Ivoire est premier producteur mondial, les « coupeurs de route » règnent en maîtres et les attaques sont légion.

« En général, tous les coupeurs de route qui ont été pris sont à 80% des ex-combattants ou des jeunes qui ont été associés aux combats » lors de la crise post-électorale de 2010-2011 et de la rébellion armée déclenchée en septembre 2002, avait estimé quelques mois auparavant une autorité préfectorale. Ces soupçons ont été confirmés par le président Alassane Ouattara lui-même qui a ouvertement mis en cause les ex- combattants dans l’insécurité grandissante en Côte d’Ivoire, au dernier meeting de sa visite lundi à Korhogo. « Oui, c’est vrai, vous avez participé aux combats. Certains d’entre vous n’ont pas encore eu du travail, d’autres sont devenus des coupeurs de route, je vous demande de laisser les kalachnikovs à la maison », avait-il lancé aux ex combattants assurant que le gouvernement va « trouver du travail pour tous ».

Les ex-combattants en cause

Selon des analystes avisés, ces jeunes qui ont appris à manier les armes depuis une décennie sont mécontents du traitement dont ils sont l’objet après la guerre et auraient décidé, faute d’avoir perçu leurs « primes de guerre », de se payer sur les routes et dans les quartiers à travers les braquages et les vols. Le gouvernement ivoirien a mis en place une structure unique chargée de conduire le processus par lequel ces combattants sont amenés à déposer leurs armes et à retourner à la vie civile ou à intégrer les forces armées, ou paramilitaires, le DDR (désarmement- démobilisation-réinsertion). Les ex-combattants sont composés majoritairement des soldats de l’ex-rébellion des Forces nouvelles auxquels se sont ajoutés, après la crise post-électorale, les supplétifs pro-Ouattara des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et quelques miliciens ou membres de groupes d’auto-défense pro-Gbagbo. Selon les derniers chiffres officiels, leur effectif total est estimé à près de 65 000 personnes que l’Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (ADDR) doit gérer.

Le gouvernement ivoirien a annoncé qu’il prévoit de réinsérer 30 000 de ces jeunes d’ici la fin de l’année et les autres en 2014. Pour l’heure, le gouvernement a réussi à intégrer environ 10% de ces ex-combattants dans les services de douanes, dans l’administration forestière et pénitentiaire sans compter la mise sur pied d’activités génératrices de revenus, de micro-projets et de formations professionnelles pour certains autres. Mais force est de constater que le DDR marque le pas avec seulement 5.973 ex-combattants désarmés et démobilisés à la date du 10 juin.

Le compte est donc loin d’être atteint et les ex-combattants s’impatientent. En avril, ils ont bruyamment manifesté leur colère à Bouaké (centre), Man (ouest) et à Tengrela (nord) où ils ont même saccagé un commissariat après un accrochage avec des policiers. Ils se disent « oubliés » et dénoncent la main mise sur le processus DDR par des chefs militaires qui, selon eux, « vendent les places aux plus offrants ou privilégient leurs proches au détriment de ceux qui ont réellement combattu ».
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Fri, 12 Jul 2013 02:36:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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