« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
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Interview / Adjé Daniel, artiste comédien pleure : ‘’Si je n’étais pas malade, je serais allé voir Gbagbo pour m’aider’’

Comment êtes-vous arrivé au théâtre ?
A l’époque, je travaillais à la société Transafrique. ça s’est fait par le biais d’un ami, Ernest Atchè, malheureusement décédé, qui m’a demandé de l’accompagner à une répétition de théâtre. A mon arrivée, j’ai été intéressé par le jeu des acteurs. J’ai donc demandé à intégrer la troupe. Ernest Atchè m’a répondu qu’il n’y avait pas de problème. Puis, ça s’est aussi facilement passé comme une lettre à la poste. Coïncidence pour coïncidence, c’était au moment où le CCF-CI, Cercle culturel et folklorique de la Côte d’Ivoire, dirigé par Koffi Gadeau, Bernard Dadié et Amon Dabi, était déclaré hors-compétition. Après avoir été déclaré trois (3) fois vainqueur du concours de théâtre ex-AOF (Ndlr, Afrique occidentale française), le groupe était vieillissant. C’est ainsi que nous avons continué pour prendre la relève. C’était dans les années 1958. J’ai fait un demi-siècle dans le théâtre.

Vous êtes parvenu à être une figure emblématique des planches ivoiriennes. Qu’est-ce que le théâtre vous a apporté ?
Premièrement, le théâtre ne m’a apporté que des relations humaines. Deuxièmement, je n’ai pas fait fortune au théâtre. D’ailleurs, lorsque les jeunes gens venaient intégrer mon groupe, je leur disais que s’ils étaient venus au théâtre pour se faire de l’argent, ils devaient s’orienter ailleurs. Parce que le théâtre ne m’a procuré que des dettes. J’ai dirigé ma troupe depuis 1970 jusqu’à ce que je tombe malade.

Comment se porte votre troupe théâtrale ?
Ma troupe, l’Utci – Union théâtrale de Côte d’Ivoire –, s’est disloquée comme du beurre au soleil. Et ce, à cause du leadership. Le théâtre c’est pour s’amuser, mais, en amusant, il ne faut pas s’amuser. En réalité, il n’y avait personne pour diriger l’Utci lorsque je suis tombé malade.

De quel mal souffrez-vous exactement ?
Je souffre de l’hypertension artérielle. Elle a provoquée une hémiplégie (Ndlr : paralysie) de mes membres supérieur et inférieur gauche. C’est une maladie à ne même pas souhaiter à son pire ennemi. Non seulement, l’hypertension artérielle vous fatigue, mais elle vous appauvrit de jour en jour.

Que voulez-vous insinuer par le théâtre est fait pour s’amuser, mais, en amusant, il ne faut pas s’amuser ?
Je veux dire que vous m’avez trouvé aujourd’hui, vous avez un sourire aux lèvres parce que vous vous remémorez ce que j’ai fait. C’est ça qui vous apporte le sourire aux lèvres. Mais, c’est une utopie ! C’est un peu comme la télévision, nous voyons les images apparaître sur l’écran. Mais, on ne se demande jamais comment elles arrivent sur l’écran ni le trajet qu’elles parcourent avant d’être projetées. J’ai tourné dans toute la Côte d’Ivoire.

Au moment où vous jouiez sur les planches, vous avez certainement été apprécié par plusieurs autorités de ce pays. Avez-vous joué devant le Président Félix Houphouët-Boigny ?
Je n’ai jamais joué devant le Président Félix Houphouët-Boigny. Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer au cours des grandes cérémonies. On n’a pas jugé utile de me faire appel. Je me rappelle que lors de la visite du Président Félix Houphouët-Boigny à Touba, j’y avais été invité par le ministre Lamine Fadika. Malheureusement, au cours de cette cérémonie organisée au Nandjelet Club de Touba, le Président Houphouët-Boigny, qui y était attendu, n’a pu venir au spectacle, parce qu’on nous a dit qu’il était fatigué. Donc, à vrai dire, je n’ai jamais joué devant lui. Ce jour-là, je n’avais joué que devant les ministres.

La quasi-totalité de vos représentations théâtrales ont été diffusées sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne, RTI. Comment se fait-il que la RTI ne vous ait pas donné de l’argent pour… ?
Le facteur chance n’a pas joué de mon côté. Sinon, il y a des jeunes gens qui jouent et qu’on les appelle pour récompenser et moi, non ! Et Dieu seul sait le nombre de pièces que j’ai fournies à la RTI.

A votre avis, pourquoi la RTI ne vous donnait pas quelque chose ?
En fait, il y a des choses que les gens ne savent pas. Lorsque je joue la pièce d’un auteur, c’est à celui-ci que l’on verse des droits. Mais, moi, je ne perçois même pas un radi.

Quelle est la pièce qui vous a révélé au public ivoirien ?
C’est la pièce « Kouao Adjoba » de l’écrivain ivoirien Amon d’Aby. C’était en 1971-1972 que j’ai représenté cette pièce à la RTI. A cette époque, Georges Taï Benson était le directeur des programmes. Grâce à lui, j’ai touché la coquette somme de soixante mille (60.000) FCFA. Cela a été possible six (6) mois après, sous prétexte que la RTI n’avait pas d’argent.

Vous recevez 60.000 FCFA alors que votre troupe comptait trente-deux (32) membres. Comment aviez-vous reparti cette somme ?
Justes, c’est mon malheur ça ! Je pense que j’avais suffisamment mis en garde les jeunes gens. On ne vient pas au théâtre pour être riche. On faisait le théâtre pour s’amuser. Ce n’est vraiment pas pour de l’argent.

Qui est-ce qui finançait vos différentes tournées ?
Au cours de toutes les différentes tournées, que ce que soit en Côte d’Ivoire, au Bénin ou encore au Togo, c’est sur mes épaules frêles que j’ai payé les titres de transport des comédiens de la troupe théâtrale de l’UTCI. J’ai payé tous les billets d’avion.

Quelles sont les difficultés que Adjé Daniel rencontrent dans sa vie de tous les jours ?
Tout sort de ma poche et rien ne me vient d’ailleurs. Si je ne travaillais pas, j’allais errer dans les rues pour que tout le monde me voie. Et les gens allaient dire : voici Adjé Daniel. Heureusement, pour moi, que j’ai travaillé pendant 50 ans à la maison ‘’Riscles’’ après quoi le service après vente m’est revenu. J’ai embauché des ouvriers que je rémunérais à mon tour.

Est-ce que vous bénéficiez d’un soutien financier pour vous aider à payer vos ordonnances médicales ?
Je paie mes ordonnances moi-même. Les médecins m’ont placé sous traitement d’Amlor. Mes médicaments coûtent dix-sept mille (17.000) FCFA par mois. Heureusement pour moi, je n’ai pas de médicaments qui coûtent assez cher. Mais, la tension artérielle a trop de nouveaux médicaments. Il y a tellement de médicaments, et pire, les prix grippent à chaque fois.

Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que les Ivoiriens dans leur grande majorité vous ont oublié?
Si les Ivoiriens ont oublié le Président Félix Houphouët-Boigny, ce n’est pas le petit comédien qui ne sera pas oublié. Il a trop fait pour la Côte d’Ivoire, mais, on l’a oublié. Depuis que je suis malade, je ne sais même pas si la RTI a passé une de mes pièces. Ce sont des visiteurs, de passage chez moi, qui me disent qu’ils ont vu une mes pièces à la télévision dans des émissions sur le théâtre. Moi-même, je n’ai jamais suivi.

Les pièces que vous avez autofinancées sont mises aux oubliettes dans les tiroirs de la RTI. Quel est votre commentaire ?
Pour que j’ai une copie de mes pièces que j’ai jouées, c’est la croix et la bannière. On m’a toujours dit que l’ordre doit venir de la haut. Quand Koffi Abdoul Karim était encore à la RTI, je lui demandais et, par son biais, je pouvais avoir au moins une pièce, et ce, un mois après sous prétexte que tout est mélangé à la Rti. Je suis catégorique. Le facteur chance ne me sourit pas.

Est-ce que vous avez rencontré au moins un des présidents qui se sont succédés à la tête de la Côte d’Ivoire?
Je n’ai rencontré que le Président Laurent Gbagbo qui m’a décoré de la médaille de ‘’Commandeur des arts et des lettres’’ de la République de Côte d’Ivoire en 2000. C’était à l’occasion de la commémoration de la fête de l’indépendance.

Est-ce que cette distinction était accompagnée d’une enveloppe?
On m’a accroché la médaille, et puis, c’est tout ! Après avoir travaillé pendant plus de 50 ans, on m’a accroché une médaille. Et je suis tombé malade une semaine plus tard. La seule parole qui m’a réconforté jusqu’aujourd’hui, est la suivante. C’était au moment de la remise de ma décoration, lorsque le serveur hésitait à venir devant lui (Ndlr, le Président) avec dans la main plusieurs médaillons. Le président Laurent Gbagbo lui a dit ceci : « Venez ! ». Et le serveur qui répond : « Monsieur le Président, il ne reste plus que les médailles Commandeur». Le Président de la République a dit la chose suivante : « Est-ce que vous savez ce que ce Monsieur a fait pour la Côte d’Ivoire ? Il a même droit à plus que ça ». C’est là qu’il m’a accroché la médaille “Commandeur’’. Ça m’a réconforté et je sais qu’au moins il y a une tête qui se souvient de moi. Je suis commerçant, je pense qu’en seize (16) ans de boulot, on a la médaille d’argent, à vingt-cinq (25) la médaille de vermeille et à trente (30) ou trente-deux (32) ans, on a la médaille d’or. Auparavant, j’ai été décoré par le ministre de la culture Henriette Dagri Diabaté qui a fait de moi Officier de l’ordre du mérite culturel ivoirien. Ensuite, j’ai été décoré Officier par le Président Laurent Gbagbo. Pour la troisième fois, j’ai demandé au Président de la République: votre affaire-là, je suis toujours officier, je ne change pas alors ? C’est là qu’il m’a fait Commandeur.

Quel est votre regard sur le théâtre ivoirien 50 ans après ?
Je n’étais pas un grand professionnel du théâtre. Il est difficile de parler de soi. Mais, personnellement, je pense que la nouvelle génération de comédiens a régressé. Maintenant, les gens font de la bouffonnerie qu’on nous présente à la télévision.

Qu’est-ce qui caractérisait Adjé Daniel lorsqu’il était sur les planches ?
Moi, je n’appelais jamais les jeunes gens à venir jouer avec moi. C’est délibérément qu’ils sont venus grossir le nombre des comédiens de ma troupe théâtrale. Je crois qu’ils venaient parce qu’ils aimaient ce que je faisais. Je jouais plutôt les sujets portant sur les us et coutumes. C’est ce qui creuse l’écart avec les jeunes gens actuels. Eux, ils jouent les aspects de la vie courante. Ce qui caractérisait mon théâtre, c’était mon caractère naturel. On était à couteaux tirés avec les amis de l’INA (Nldr, Institut national des arts), notamment Bitty Moro et Bienvenue Néba. Parce qu’on ne jouait pas les pièces qu’ils jouaient. Eux, ils ont été formés dans les instituts de théâtre français. Ils ne jouaient pas une seule pièce de nos contrées. Les formateurs de l’INA trouvaient que ce que nous faisions était péjoratif. Ils qualifiaient sans vergogne nos représentations de théâtre de boulevard. C’est ce qui a constitué l’objet de mon combat pendant cinquante (50) ans. Et, on voit la vérité maintenant.

Toutes ces années, votre combat était donc de démontrer qu’on pouvait faire du théâtre sans être formé dans des prestigieuses écoles ou instituts de formation européenne ?
Je n’ai que le Cepe (Ndlr, Certificat d’étude primaire). Je n’ai pas fait un jour au collège. Encore moins été formé à l’INA. Mais, je faisais salle comble au Centre Culturel Français, à chaque fois que je jouais. Pour ce qui est du Palais des congrès de l’hôtel Ivoire, il fallait payer un million cinq (1.500.000) à deux millions (2.000.000). Et avant de vous ouvrir les portes du Palais des congrès de l’Hôtel Ivoire, vous devez verser cinq cent mille (500.000) FCFA à la mairie de Cocody, au motif que c’est sur leur territoire que la cérémonie a lieu.

A l’époque, il y a eu un débat sur la nature de votre théâtre. De quoi il en retournait ?
Je faisais du théâtre terre à terre. Je faisais ressortir les choses du terroir. ‘’Kouao Adjoba’’, ‘’La couronne aux enchères’’, ‘’Les mains vides’’ et autres; l’intronisation d’un roi en pays Agni, les étapes qu’il fallait franchir et les rituels auxquels il fallait sacrifier.

Quels sont les fortunes que vous avez rencontrez après avoir joué la pièce ‘’Les mains vides’’ ?
Je ne pouvais plus approcher une fille au Plateau. Le fait de dire que si je faisais un enfant avec cette fille, que l’enfant avait un gros nez et qu’il ne me ressemblait pas; sont des choses qui ont tellement marqué. Figurez-vous ! Vous mettez une fille à l’école et elle vous envoie une grossesse, et le malin est quelque part, il ne veut pas la reconnaître. Vous voyez ce que ça fait ! Quand je jouais ces pièces, elles traversaient la chair des gens. ‘’Les mains vides’’ est une pièce de l’Ivoirien originaire de Grand-Bassam, Miezan Boni. J’ai voulu représenter cette pièce parce que c’était pour sauver à plus d’un titre les enfants ivoiriens. Ceux-là qu’on abandonnait n’importe comment. Et la fin : l’enfant abandonné est devenu ministre. Voyez-vous l’impact que cela a eu sur la société ivoirienne ? Je revenais d’Aboisso et les femmes commerçantes qui vendent les agrumes en bordure de la route, ont pris d’assaut ma voiture. Elles ont failli me lyncher. Parce qu’elles n’avaient qu’un seul mot à la bouche : “Tchè djougouni’’ (Ndlr : méchants hommes, en langue Malinké).

Quelles sont les pièces qui vous ont marqué durant toute votre carrière de comédien ?
Il y a trois (3) pièces qui m’ont marqué personnellement. ‘’Kouao Adjoba’’ d’Amon Dabi, ‘’Les mains vides’’ de Miezan Boni et ‘’La seconde épouse’’ du Camérounais Angui Jean Gaspard. Quand pour la première fois, j’ai représenté la pièce théâtrale ‘’La seconde épouse’’à Bouaké, toutes Dames présentent au spectacle sont montées sur la scène pour aider à battre la seconde épouse. Parce qu’elle a osé gifler la première épouse. Mais, il faut savoir que toutes les pièces que j’ai représentées ont quelque chose de particulier et qui touchent les populations. ‘’Kouao Adjoba’’ pose le problème de la veuve après le décès de son époux. Lorsque je parle de cela, j’ai des larmes aux yeux. Cette pièce lorsque je l’ai jouée au Bénin, des femmes sont allées m’attendre sur le pont de Porto-Novo pour me molester. J’ai souffert. (Nldlr, pleurs).

Quels sont les impacts sociaux de vos pièces sur les populations que vous avez remarqués ?
J’ai un ami du nom de Assièlou Aka qui a épousé une femme avec laquelle il n’a pas eu d’enfant. Donc, il a épousé une petite femme pour que celle-là lui fasse une fillette. Dévinez la suite ! Assièlou Aka est venu chez moi en pleurant. Et il a dit ceci: « Mon frère Adjè, tu ne m’aimes pas ». (Ndlr, Il pleure). Je pleure parce qu’il n’est plus.

Durant toute votre carrière, qu’est-ce que vous souhaiteriez avoir et que vous n’avez pas eu ?
Votre question me touche particulièrement. Je suis père de douze (12) enfants. J’aurais aimé que mes enfants réussissent comme ceux des autres. Depuis que je suis malade, je ne peux plus aider mes enfants qui ont eu le Bac. Il n’y a aucun circuit pour les aider. Admettons que je ne sois pas malade, je serais parti au moins à la présidence pour voir le Président Laurent Gbagbo. Voilà, la chose qui m’a fait mal. Mon fils voulait être interprète en anglais. Si j’étais en bonne santé, je me serais sacrifié pour mon enfant. Ça n’a pas été le cas. Jusqu’à présent, mes enfants sont avec moi à la maison. Où est ma relève ? Il y en a un qui est horloger. C’est lui qui gère mes affaires.

Comment avez-vous pu être horloger avec le niveau Cepe ?
De la société Transafrique où je suis parti faire le théâtre, le chef comptable de cette entreprise a fait un mot pour que je rencontre la Dame qui était chargée des placements. Dans ma vie, je voulais être mécanicien. Parce que voir les jeunes mécaniciens avec des clefs ou des pinces dans les poches m’interressait. Il m’a donné le mot pour que la Dame me trouve quelque chose de mieux. A mon arrivée là-bas, monsieur Riscles avait besoin d’un apprenti horloger, avec le Cepe comme diplôme. Tout cela était avant l’indépendance. Tous les deux (2) ans, j’allais en Suisse pour une formation. C’est comme ça que je suis devenu représentant des marques suisses, à Abidjan.

A quel moment donc arriviez-vous à vous débarrasser de vos tâches pour faire du théâtre ?
Je faisais les repétitions le soir, après le boulot. Tous les 19 heures, je me rendais au Centre Culturel de Treichville. Je repetais jusqu’à 21 heures et parfois plus. Lorsqu’un comédien venait me voir et qu’il manifestait l’intention d’intégrer l’UTCI, il y a des textes que je lui faisais bûcher. Et puis, il devait simplement venir le rendre. C’était tout, puisque, moi-même, je n’ai pas eu autre chose que ça. Je leur inculquais ce que je savais.

Est-ce que les populations ont toujours perçu le message que vous voulez véhiculer à travers vos pièces ?
Dans la pièce ‘’Kouao Adjoba’’, les gens m’ont trouvé acariâtre parce que j’ai divorcé la femme de mon frère. Ils n’ont pas compris le message que je voulais faire passer. Kouao Adjoba a été divorcée certes, mais elle est partie avec ses enfants. Naturellement, je n’ai pas pris les enfants parce qu’elle a aussi des parents. C’est son frère qui a donné l’argent pour entretenir les plantations. La coutume n’est pas méchante. J’ai pris la bague, les photos et ma soeur a demandé le cache-sexe. Kouao Adjoba pleurait son mari. Les télespectateurs ont tous été marqués par la pitié et non pas par le fond de l’histoire. De Grand-Bassam à Aboisso, en passant par Bonoua, les divorces sont les mêmes. Et encore pire, à Bassam.

Vous vivez dans une maison de la Sicogi. Êtes-vous propriétaire ou locataire ?
Je suis propriétaire de cette maison. Je compte parmi les plus anciens de ce quartier. Je suis entré dans cette maison le 12 février 1972. J’ai pratiquement eu tous mes enfants ici. La maison m’est revenu parce que j’ai été régulier dans le paiement du loyer. C’est ce qui ne m’a pas fait trop sentir le poids de ma maladie. Si avec les dépenses engendrées par la maladie, il fallait encore payer le loyer… Là encore, il y a les impôts qui sont à nos trousses tout le temps.

Quel reproche pouvez-vous concrêtement faire aux Ivoirens d’une certaine génération qui se sont délectés de votre talent à une époque ?
Il faut dire que je ne me plains à personne. Je n’ai que mes yeux pour pleurer pour tout ce que j’ai fait. Si cela a participé à corriger nos moeurs tant mieux, ou si cela n’a pas intéressé quelqu’un tant pis. Parce que je ne suis pas fonctionnaire de l’Etat. A ce titre, je n’ai aucune revendication à faire. Un bienfaiteur, dont je tairais le nom, m’a donné cinq cent mille (500.000) francs CFA. Il a fait parler son coeur. Je ne cesserai pas de le remercier. Le théâtre est tellement ingrat que même les journalistes qui viennent pour les interviews, oublient de m’envoyer un numéro de leur journal. Parce que ça coûte cher. Mais, ils sont prêts à vous demander ce que l’Etat vous à donné. Si les autorités de ce pays pensent que ce que j’ai fait, mérite récompense, elles me recompenseront
Réalisée par Krou Patrick

Mon, 17 May 2010 06:30:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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