Aussi, a-t-il expliqué que certains éléments commettent des actes à l’insu de leur patron. « S’ils commettent des actes, ce n’est pas forcément parce qu’ils ont reçu un ordre du général », a-t-il insisté, malgré les questions pressantes du parquet. Le jour des faits, le 12 mars, le major Kouadio Kouadio soutient que quand il revenait de chez lui, il a trouvé à la présidence des soldats de la Gr déjà couchés, tout comme le général qui s’était enfermé dans son bureau. En d’autres termes, il n’a pas vu les sergents Lago Léo, Lobé Lobé et Yapi Yavo (les deux derniers cités sont en fuite : Ndlr) dans le bureau du général. Toutefois, il fait savoir que quelques jours après la commission du meurtre, Toh Ferdinand (un des prévenus) lui a révélé, au cours d’un repas, que Lago Léo, Lobé Lobé et Yapi Yavo ont exécuté le colonel-major Dosso. « Toh m’a dit qu’il ne savait pas lui-même de qui l’ordre est venu », a ajouté le chef de la sécurité de Dogbo Blé. Depuis le début du procès, le sergent Lago Léo a signifié à la Cour que l’ordre a été donné par le commandant Kipré Yagba (directeur de cabinet de l’ex-commandant de la Gr) qui lui-même a reçu l’ordre du général Dogbo Blé et qu’après leur forfait, ils ont rendu compte aux deux responsables. Le commandant Yagba a rejeté tout en bloc.
Selon lui, le sergent Lago est venu spontanément à lui pour lui demander s’il y avait une mission (l’exécution de la victime) à effectuer. Il a dit lui avoir répondu qu’il n’en savait pas grand-chose et qu’il pouvait aller se renseigner. A la barre, Dogbo Blé a été formel : « Je n’ai donné aucun ordre et je n’ai eu de contact avec qui que ce soit dans ce sens ». Les accusés ont fait savoir qu’après, ils ont accompagné le général, cette nuit-là, à son domicile. Cependant, son secrétaire Kalou Bi, son chef de sécurité Kouadio Kouadio et son directeur de cabinet soutiennent tous le contraire, à savoir que cette nuit-là, leur patron a dormi à la présidence où était logé son bureau. Parole contre parole, ainsi se poursuit la saga des contradictions, de sorte que l’on a dû mal à savoir de quel côté se trouve la vérité. Devant ces nombreuses pistes que constituent les témoignages et les versions des uns et des autres, on ne distingue pas clairement celle qui mènent à celui qui a donné l’ordre de tuer le colonel-major Dosso Adama. Et le doute demeure ! L’audience reprend ce matin, mercredi 10 octobre à 10h.
Alain BOUABRE
Encadré
Le président du tribunal militaire, le magistrat Kanga Pennon Mathurin, a usé de tact, hier, au cours du procès pour appeler les avocats Gohi-Bi Raoul (défenseur de Lago Léo, Toh Ferdinand et Toualy Jean-Noël) et Sounkalo Coulibaly (partie civile) au calme. Mais avant d’y arriver, il a momentanément suspendu l’audience pour aplanir les incompréhensions entre les deux juristes. Tout est parti d’une observation, en des termes un peu durs, de l’avocat Gohi Bi qui reprochait à son confrère d’aller dans tous les sens. « Comme par extraordinaire Me Sounkalo qui est avocat du Rdr est dans ce procès partie civile et officier de police judiciaire. Je demande qu’il remette au sergent Lago Léo, dont je suis l’avocat, toutes ses affaires et son téléphone », a-t-il fait remarquer. Le juge convoque alors les deux hommes à son bureau. Une dizaine de minutes plus tard, les choses sont rentrées dans l’ordre et le procès a pu reprendre tranquillement.
A.BOUABRE
In Soir info
Wed, 10 Oct 2012 12:51:00 +0200
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