Et pour qui porte cette maladie, le silence est d’or car la peur de l’isolement, du rejet social est doublement atroce. Mais, quand vient le développement de la maladie, et que l’effet visible de ses symptômes devient facilement perceptible, le changement morphologique douloureux qu’il impose au corps ne tient plus lieu de secret et tout bascule. Et pire encore, lorsque le sujet concerné est une femme, plus rien n’est à prouver. Son «infidélité est révélée au grand jour ». Femme insoumise aux mœurs légères devenue soudain un « danger pour son mari ». Coupable de tout et désormais humiliée, on ne pardonne pas à une femme d’être porteuse du Sida dans certains milieux africains. Le SIDA, voilà qui vient d’être dit. Ce nom si difficile à prononcer que l’auteur ne l’utilisera pas plus d’une fois dans son roman.
Voici donc « Belle en savane », le dernier ouvrage du journaliste et écrivain Sayouba Traoré. Promenant son regard sur Sindou, ville du Burkina Faso, l’auteur nous offre à travers le regard de Sita toutes les irrégularités scandaleuses que peuvent engendrer certaines sociétés africaines. L’incompréhension des hommes face à une femme séropositive qui se voit attribuer par des gestes ou par des paroles, les pires injures que l’on peut subir. Pourtant Sita n’a absolument rien à se reprocher mais tout est forcément de la faute de cette « femelle à la culotte fumante ». Elle sait désormais que sa réputation « gît par terre, brisée en mille morceaux. Elle voit bien qu’elle se trouve au fond du ravin ».
Mais une force inexpliquée lui donnera l’énergie de demeurer tendre et discrète et de porter le fardeau de sa survie jusqu’à découvrir l’origine si proche de sa maladie.
« Belle en savane » sait nous plonger dans l’univers des femmes dans leurs rôles d’épouses, de mères, de belle-mère, de sœurs et de grand-mères. Sans appels à la caricature, à la facilité ou au laisser aller, Sayouba Traoré a su capter à travers les infimes détails de la vie de ces femmes, leurs joies et surtout leurs peines dominées par un univers mâle dont les vaines agitations et les coutumes ne leur laissent souvent aucune place. Et peu nous importe ses remises en cause non avouées de certaines pratiques ou sa gymnastique de l’écrire excessive. Chez Sayouba Traoré, c’est la totalité de la condition des femmes qui rentre en jeu. C’est par là qu’il nous retient. On ne le lit pas sans passion et on a envie d’y prendre son temps.
Zacharie Acafou
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