« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
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TOGO, INTERDICTION DE MANIFESTER À LOMÉ : FAURE COMME SON PÈRE

Depuis juin dernier, le collectif «Sauvons le Togo» trouble sérieusement le sommeil du président Faure Gnassingbé. Composé pour l’essentiel de neuf organisations de la société civile et de sept partis et mouvements politiques de l’opposition, ce regroupement a battu le rappel de ses troupes pour des marches suivies de sit-in pendant trois jours dans la capitale togolaise, à compter du mardi 21 août 2012. Objectif : exiger des réformes du code électoral avant les élections législatives, théoriquement prévues en octobre prochain.

Les manifestants, qui, au départ, ont choisi de s’ébranler vers la place Deckon à Lomé, ont été obligés par la police de changer de destination pour finalement mettre le cap sur la place de l’Indépendance. Les marcheurs n’étaient pas allés loin après avoir entamé leur mouvement qu’ils ont été dispersés par les forces de l’ordre, en application des termes d’un communiqué du ministre en charge de l’Administration territoriale, qui stipule que «désormais les manifestations, notamment les sit-in dans les lieux publics sont interdits». Un bilan dressé par une source hospitalière fait état d’une dizaine de blessés par suite d’usage de grenades lacrymogènes.

La raison avancée par le pouvoir de Lomé pour réprimer la manif de l’opposition est que Deckon est un lieu où il est difficile de maintenir l’ordre, du fait de la circulation, est très intense, et de l’activité commerciale, très développée. Le moins que l’on puisse dire est que le régime togolais n’est pas à son premier coup de bâton : le 5 juillet 2012 déjà, un rassemblement du même collectif avait été empêché par la police ; le 28 du même mois, déterminé qu’il est à exiger le changement et un Togo digne, celui-ci est encore descendu dans la rue pour réclamer des réformes et protester contre l’impunité. Après son accession, calamiteuse, au pouvoir par suite du décès du général Eyadema en février 2005, Faure, qui, au début, était relativement conciliant avec la classe politique togolaise a fini par révéler à la face du monde son vrai visage.

Comme s’il se refuse à faire mentir l’adage «tel père tel fils», en réprimant ses adversaires, il laisse entrevoir qu’il est toujours prisonnier des anciens dinosaures qui entouraient son géniteur et qui, malheureusement, n’entendent nullement rompre avec le passé. On est alors fondé à se demander de quoi le locataire de la présidence togolaise a peur. Dans un contexte démocratique, pourquoi refuser la transparence si on est sûr de ses capacités ? Avec sa promptitude à étouffer les manifestations de ses vis-à-vis à Lomé, Faure agit tout simplement comme du temps de son défunt père; chasser le naturel, il revient au galop. La configuration actuelle de l’opposition au Togo donne déjà une certaine coloration aux législatives prochaines, qui, à bien d’égards, ne garantit pas un score honorable à Eyadema fils, d’où sa fébrilité. Pour longtemps encore, Faure aura fort à faire avec la pression de la rue, puisque ses détracteurs n’entendent pas en démordre.

Pour eux, les protestations régulièrement organisées à Lomé sont le signe d’un divorce entre le pouvoir et le peuple. Faure est alors invité à se le tenir pour dit et à faire ce qui s’impose, car la fronde du collectif se poursuivra ; il crie d’ailleurs à qui veut l’entendre que «tant que le pouvoir continuera à empêcher l’opposition de dire ses droits constitutionnels, les manifestations continueront». La responsabilité de tout dérapage lui serait alors imputée. Le bras de fer pourrait donc ne faire que commencer au Togo, et bien malin est celui qui en prévoirait l’issue.

L’Observateur Paalga

Thu, 23 Aug 2012 11:04:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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