« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
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Les Africains-Iraniens : une identité taboue

Si l’histoire du commerce triangulaire est bien documentée, celle des systèmes d’esclavage en Europe et en Asie est beaucoup plus lacunaire. La traite en Iran se clôt définitivement sous le règne de Reza Shah Pahlavi. Le 7 février 1929 est votée une loi qui abolit définitivement l’esclavage : toute personne entrant en Iran en tant qu’esclave est considérée comme libre et toute personne procédant à l’achat, vente, exploitation d’un être humain est passible de un à trois ans d’emprisonnement.

Cette abolition tardive rend d’autant plus surprenant l’oubli dont font l’objet les descendants des Africains-Iraniens arrivés ici par la force. Pour beaucoup en Iran, ce sont des « Noirs du Sud », dont la couleur de peau est attribuée aux grandes chaleurs qui caractérisent la région.

Une culture musicale venue d’Afrique de l’Est

C’est au hasard d’un match de football dans la province d’Hormozgan que le photographe irano-allemand Mahdi Ehsaei observe un Iranien noir dirigeant des chants pour l’équipe locale. Leurs sonorités lui semblent bien plus africaines qu’iraniennes. Cette découverte surprenante l’amène à explorer cette « communauté inconnue » dans une série de portraits photographiques.

La chercheuse Behnaz Mirzai est devenue au Canada la spécialiste mondiale de cette même communauté, dont elle ignorait l’existence dans son pays d’origine. Elle note que « dans ses entretiens avec des Africains-Iraniens […], ceux-ci s’identifient eux-mêmes comme Iraniens, et dans certains cas rejettent tout lien avec l’Afrique ». De même, leur identification à l’islam est très forte, d’autant plus qu’historiquement ils ont été stigmatisés comme infidèles.

Certaines pratiques encore répandues dans la communauté africaine-iranienne, comme l’excision, sont vues comme un possible héritage de la Corne de l’Afrique. Il s’est surtout créé un univers musical distinct, avec des instruments spécifiques comme le tambora, d’origine soudanaise, ou le rituel du zâr, une cérémonie destinée à éloigner les mauvais esprits, pratiquée en Tanzanie ou en Éthiopie.
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Fri, 17 Jul 2020 20:52:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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