
Hugo remercie alors Schœlcher dans une langue que l’on n’oserait plus prononcer aujourd’hui : “Le vrai président d’une réunion comme celle-ci, un jour comme celui-ci, ce serait l’homme qui a eu l’immense honneur de prendre la parole au nom de la race humaine blanche pour dire à la race humaine noire : ‘Tu es libre.’ Cet homme, vous le nommez tous, messieurs, c’est Schœlcher”.
“L’Afrique n’a pas d’histoire”
Tout à la grandiloquence du moment, Hugo se lance dans une description un brin manichéenne. “La Méditerranée est un lac de civilisation ; ce n’est certes pas pour rien que la Méditerranée a sur l’un de ses bords le vieil univers et sur l’autre l’univers ignoré, c’est-à-dire d’un côté toute la civilisation et de l’autre toute la barbarie.”
“Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe. Rome l’a touchée, pour la supprimer”… Des mots qui ont fait dire que Nicolas Sarkozy aurait pu y trouver une partie de l’inspiration de son discours de Dakar.
Pour Hugo, “le flamboiement tropical, en effet, c’est l’Afrique. Il semble que voir l’Afrique, ce soit être aveuglé. Un excès de soleil est un excès de nuit.”
“Eh bien, cet effroi va disparaître.” Comment ? “Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l’Angleterre, ont saisi l’Afrique ; la France la tient par l’ouest et par le nord ; l’Angleterre la tient par l’est et par le midi. Voici que l’Italie accepte sa part de ce travail colossal.” Il est vrai que, selon l’immortel Hugo, l’Afrique a besoin de ces colons, car elle offre un paysage terrifiant : “Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie ; mais elle ne se dérobe plus ; les lieux réputés inhabitables sont des climats possibles ; on trouve partout des fleuves navigables ; des forêts se dressent, de vastes branchages encombrent çà et là l’horizon ; quelle sera l’attitude de la civilisation devant cette faune et cette flore inconnues ?”
“Au XIXe siècle, le Blanc a fait du Noir un homme; au XXe siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde”
Les possibilités sont immenses selon Hugo. “Des lacs sont aperçus, qui sait ? Peut-être cette mer Nagaïn dont parle la Bible. De gigantesques appareils hydrauliques sont préparés par la nature et attendent l’homme ; on voit les points où germeront des villes ; on devine les communications ; des chaînes de montagnes se dessinent ; des cols, des passages, des détroits sont praticables ; cet univers, qui effrayait les Romains, attire les Français.”
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Wed, 25 Aug 2021 17:32:00 +0200
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