« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Opinions

Le Burkina et le Mali sur la bonne voie

Sans énergie nucléaire, il est difficile d’avoir de l’électricité, de se connecter, de faire fonctionner bus, voitures, trains et outils de production. Ayant compris cela, le capitaine Ibrahim Traoré profita du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg (27-28 juillet 2023) pour demander à son homologue russe d’aider son pays à avoir une centrale nucléaire. Un accord fut signé dans ce sens entre Ouagadougou et Moscou, à l’occasion de la Semaine russe de l’énergie (11-13 octobre 2023). Simon-Pierre Boussim, ministre de l’Énergie, des Mines et des Carrières, représentait son pays et Nikolay Spasski, la Russie. Il n’est pas inutile de préciser que Spasski est le directeur général adjoint de l’agence nucléaire Rosatom. 

À la fin de l’année 2020, seuls 22,5% des Burkinabè avaient accès à l’électricité, si l’on se fie aux chiffres de la Banque africaine de développement. La construction d’une centrale nucléaire au Burkina Faso favoriserait donc l’accessibilité d’une majorité de Burkinabè à l’électricité. Elle permettrait en même temps une réduction de l’insécurité, la création de nombreux emplois, une relance économique du pays car les entreprises multinationales n’investissent pas dans un pays qui manque cruellement d’électricité. En outre, le pays cesserait de dépendre de ses voisins, la Côte d’Ivoire et le Ghana, sur le plan énergétique et pourrait même vendre de l’électricité à d’autres pays.

Le ministre burkinabè de l’Énergie, des Mines et des Carrières espère que cette centrale nucléaire sera construite avant 2030. Longtemps, son pays avait misé sur l’énergie solaire mais, aujourd’hui, il s’aperçoit que cette énergie baisse avec les saisons hivernales. Si les Russes construisent la centrale nucléaire promise, le Burkina Faso deviendra le deuxième pays du continent à posséder une centrale nucléaire. Pour l’heure, le continent africain ne compte qu’une centrale nucléaire qui se trouve à Koeberg, près du Cap (Afrique du Sud). Le Mali sera le troisième pays africain à disposer d’une centrale nucléaire puisqu’il a signé le même accord avec la Russie lors de la Semaine russe de l’énergie.

La Russie prouve ainsi qu’elle a plusieurs compétences dans son sac et qu’elle ne s’investit pas uniquement dans la sécurité à travers la compagnie Wagner dont un bon nombre de Centrafricains, de Maliens et de Burkinabè reconnaissent aujourd’hui qu’elle a contribué à réduire les attaques terroristes dans leurs pays. 

L’Afrique est peu industrialisée, elle est dans l’incapacité de transformer ses matières premières, parce qu’elle manque d’électricité. La France qui, pendant des décennies, a exploité nos ressources naturelles (cacao, café, bois, uranium, or, cuivre, diamant, pétrole, etc.) sans rien faire pour les populations, n’est-elle pas mal placée pour mettre les Africains en garde contre cette Russie qui a accepté de nous donner un coup de main? Qu’est-ce qui l’empêchait de doter ses ex-colonies de centrales nucléaires au moment où les Russes étaient occupés ailleurs? Elle prétend être l’amie des Africains et vouloir leur bien au point de leur dire avec qui ils peuvent traiter ou non mais le bon ami n’est-il pas celui “qui nous élève, qui nous rend meilleurs” (Aristote dans “Éthique à Nicomaque”)?

Jean-Claude DJÉRÉKÉ

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La Dépêche d'Abidjan

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