« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
La chronique du Président Kobena I. Anaky

Côte d’Ivoire Corporation : lorsque Émergence et Surendettement vont de pair…

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

Le sujet du grand endettement, sinon même du “surendettement” de la Côte d’Ivoire, sous l’autorité du Président Alassane Ouattara, a été mis en avant par les parlementaires de l’opposition sous la conduite du président du groupe parlementaire PDCI.

En tant que national ivoirien, marquons nous aussi un arrêt sur image ; tant rien ne nous permet ou autorise à passer à quelque point suivant que ce soit,  puisque nous y sommes tous également immergés,  toutes générations confondues. 

Le mutisme, ou l’apparente indifférence du Président Ouattara lui-même sur ce sujet pourtant premier et capital, dérange grandement, et amène tout un chacun à explorer toutes les voies pouvant aboutir à l’éclairage et à la compréhension. 

Que faire d’autre si le sentiment nous habite que le fond des choses nous est voilé ou tu ? 

Ainsi, si l’entreprise Côte d’Ivoire Corporation dirigée par le brillant manager Alassane Ouattara est constamment conduite à solliciter des prêts et dettes pour se maintenir en activité,  la première question que se posera tout auditeur mandaté à en analyser les comptes sera de savoir si l’activité n’est pas elle même en soi déficitaire. 

Côte d’Ivoire Corporation vit en payant des charges et frais de fonctionnement divers (salaires et indemnités des fonctionnaires et agents de l’état,  besoins des 40 ministères et institutions et organes d’état,  etc, etc…), et ce sont les impôts et autres recettes des douanes et entités diverses qui permettent d’y faire face. 

Est-ce que,  dans Côte d’Ivoire Corporation de 2024, les montants récoltés par les administrations fiscales équilibrent les dépenses minimales et incontournables de l’État et de ses démembrements ?

Construire des routes,  autoroutes,  rocades, ponts, stades et immeubles est un souci qui prend place au degré suivant; ce sont des dépenses d’équipement et d’investissement qui ne sont pas liées à la vie au jour le jour de l’état de Côte d’Ivoire. 

Avançons avec courage et un zeste de témérité pour aborder le poste le plus lourd et le plus sensible du train des charges de l’état;  à savoir l’enveloppe globale des salaires et indemnités des fonctionnaires et agents de l’état,  et le service des retraites. 

Combien de fonctionnaires et assimilés l’État doit il payer chaque fin de mois ?

L’accroissement  naturel de leurs effectifs a t-il été suivi,  maîtrisé et maintenu en harmonie avec les moyens dont dispose l’état ? 

Intégrer un individu ce jour comme fonctionnaire ou assimilé revient à impacter le budget de l’état pour près de 30 ans,  surtout que toutes les législations, au niveau national comme international,  le protègent au maximum. Revenir en arrière, même s’il se révèle évident que l’on s’est fourvoyé, n’est pratiquement pas à envisager. 

Pourquoi le Président Alassane Ouattara évite t-il de communiquer sur ce problème ?

Peut-être parce qu’il sait,  mieux que quiconque, que cela fera pointer sur le poids très lourd de la volonté affichée du “rattrapage ” des Ivoiriens du Nord par rapport à leurs frères du Sud, dans tous les organes au service de l’état,  et même dans le parapublic et le secteur privé.  La qualité et la compétence ont été loin de prévaloir ; il fallait occuper,  remplir,  et l’on y procéda de manière d’autant plus débridée qu’on s’était convaincu que l’on redressait des torts et injustices,  remontant loin en arrière dans le temps ! 

Il faudrait, aujourd’hui, procéder à une pré-évaluation à un niveau double. 

Tout d’abord,  recenser les hordes de citoyens auxquels les portes de la Fonction Publique et des organes de l’état,  surtout ceux sous régime militaire,  furent largement ouverts.  Les concours et autres tests d’accès ne furent que des simulations,  puisque,  les listes d’admission étaient toujours établies et validées à l’avance.

Il suffisait de faire valoir son origine nordique-musulmane,  et la cerise sur le gâteau était d’avoir été militant/martyr du RDR, donc de la cause du nouvel empereur. 

Combien de milliers d’individus vinrent gonfler les effectifs de la Fonction Publique Ivoirienne ?

Ensuite,  recenser les milliers de fonctionnaires et agents de l’état que l’on écarta sans état d’âme,  condamnés à rester à la maison,  mais avec le salaire assuré d’être régulièrement servi. 

Par la suite,  il fut procédé à une réévaluation générale des salaires à la hausse,  mesure qui s’imposait puisque aucun pion n’avait bougé depuis deux ou trois décennies. 

Ce qui frappe en premier les étrangers en transit en Côte d’Ivoire, est, au journal télévisé,  le nombre impressionnant de préfets, officiers de tous les corps que l’on réunit en surnombre à la moindre manifestation publique. 

Nous ne prétendons pas avoir accès aux vrais chiffres,  précis, sur ce grand bouleversement de la fonction publique ivoirienne. 

Le Président Alassane Ouattara ne pourra jamais nous révéler que l’état de Côte d’Ivoire mange son blé en herbe depuis des années, et que, lorsqu’il frappe à la porte des financiers mondiaux,  c’est d’abord pour assurer que tout le monde perçoive son salaire, gage de paix sociale. 

Ne serait-ce pas là son grand secret,  celui qu’il ne peut pas révéler à toute la famille Ivoire ?

Tant il est évident que le coût des réalisations en infrastructures,  ce qui est mis en avant pour fonder et justifier les recours continuels et incessants à l’endettement extérieur, se trouve être très en deçà des montants empruntés ;

Mais rien n’y fera: les effectifs surévalués des agents au service de l’état,  suite à une volonté politique qui n’avait pris en compte que l’immédiat et le court terme,  ne manqueront pas de remonter en surface,  le jour où les bonnes et vraies volontés nationales se résoudront à prendre le problème de l’équilibre financier des comptes de l’état de Côte d’Ivoire à bras le corps. 

Vive la Côte d’Ivoire bien gouvernée !

Abidjan, le 10 avril 2024

Kobena I ANAKY 

Président du MFA

 

Retrouvez la Chronique du Ministre I. Anaky Kobena tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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La Dépêche d'Abidjan

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