« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
La chronique du Président Kobena I. Anaky

Côte d’Ivoire : Fête du Travail au pays des Atchans calmes et reconnaissants.

Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis !

Marquons tous cette pause mondiale du 1er mai, célébration des luttes des petits travailleurs, ouvriers et agricoles, sur les 5 continents.

La lutte fut longue, âpre et souvent cruelle ; et il a fallu près de deux siècles pour que les ouvriers des industries, de l’agriculture et des services, arrivent à arracher et consolider des conventions leur assurant le minimum de conditions de travail et de revenus acceptables, digne d’humains. 

En Côte d’Ivoire, et alors que ce devrait être le jour le plus chaud sur le champ social et même politique, en raison du cadre et des conditions de vie visibles des travailleurs et de la grande armée des aspirants à l’emploi, le 1er mai a totalement perdu sa force de mobilisation et de tension sociale ; ce phénomène s’est installé progressivement de par le fait que le monde syndical a abusivement été “couvert” et “coaché” par les gouvernants et les grands partis politiques. 

Nous aurons certainement bientôt un nouveau premier Mai, où des syndicats et associations de consommateurs désormais imperméables aux arrangements des entretiens nocturnes joueront vraiment leur rôle, et saurons que rien ne s’obtient sans le relais musclé du pavé et de la rue. 

Le signe annonciateur de cette ère sera que le Président de la République et son Vice-Président se tiendront debout à l’accueil du monde du travail qui est la colonne vertébrale de toute société. 

Ce 1er mai 2024, les représentants du monde du travail auront, pour les accueillir et apaiser, le chef du gouvernement ; ils ne pourront pas, en face de lui, ne pas revoir cette image prophétique et saisissante de l’initiateur de la cérémonie d’hommage du peuple Atchan qui s’est tenue à Songon-Dagbe le samedi 27 avril 2024.

Au pupitre,  avec son imposante stature physique, paré en tenue royale, et sous cette coiffure argentée valant couronne ou sceptre, cette grande figure de la vie politique Ivoirienne a rendu au Président Ouattara ; un hommage qui fera date. 

 Il nous a rappelé que le grand Abidjan s’est développé sur l’aire de 63 villages Atchan, mal reliés les uns aux autres ; et, pour y remédier, il a fallu faire couler le bitume sur plus de 110 km pour les désenclaver ; et ce n’est là que le premier élément, en concomitance avec l’électrification, les écoles, les centres de santé, l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes, etc…

Et la conclusion, à graver dans le marbre, est que désormais, pour les Atchans, << Alassane Ouattara hier, Alassane Ouattara aujourd’hui, Alassane Ouattara demain >>.

<< Car les Atchans sont un peuple qui a horreur de l’ingratitude ! >>

Les travailleurs de Côte d’Ivoire retrouveront le 1er mai 2024 ce nouveau Jean Baptiste, avançant seul d’un pas assuré dans le désert,  pour annoncer la bonne nouvelle, et pas seulement aux Atchans, mais à tous les Ivoiriens,  puisque l’on ne nous a pas encore dit que sur les 60 groupes peuplant notre territoire, certains s’étaient fait taguer le laid et odieux emblème de l’ingratitude sur le front ! 

Vous êtes travailleurs ? Vous avez un travail et un salaire ? C’est forcément grâce à Alassane Ouattara ! Acceptez tout de lui, et surtout ne l’importunez pas, car l’ingratitude n’est pas dans votre ADN !

C’est ainsi que ce 1er mai 2024, il n’y aura rien de particulier à la cérémonie de la fête du Travail au Palais Présidentiel. 

Passons à quelque chose de plus léger, et attardons nous quelque peu sur les propos et discours des leaders politiques autoproclamés << néogénérationels >> qui fleurissent en Côte d’Ivoire. 

Ils ont de nombreux points en commun, et l’on pourrait même se demander s’il n’y a pas eu clonage quelque part. 

Ils se sont fait remarquer très jeunes, adolescents même, par la considération que leur accordaient leurs camarades de classe ou de la région d’origine. 

Ils ont tous évolué alors sous la coupe d’un grand leader politique, connu sur le plan national, déjà grand élu, président d’institution, ou surtout leader incontesté d’un parti politique significatif et incontournable dans le pays. 

Ils ont tous vécu dans l’étroite proximité de ce “parrain “, souvent dans la même maison, partageant les mêmes repas et moments de sociabilité. Les parrains leur ont ouvert les yeux en leur confiant les missions discrètes ou secrètes, et il ont ainsi vu la face cachée de tous nos leaders à la sauce africaine.  Ces missions étaient cachées à ceux de la maison ou aux collaborateurs, même les plus proches. 

La proximité avec le grand leader a coûté beaucoup de temps, et les études en elles-mêmes ne sont plus demeurées une priorité.  L’état de santé de notre système éducatif contribuait même à accentuer cette tare !

Et en plaçant tout ce qui précède dans une cocotte minute, le << kedjenou >> vous sert de jeunes leaders déjà blasés, en rupture discrète avec le parrain dont on connaît toutes les faiblesses et tous les défauts, donc au final banalisé. 

C’est immédiatement, et sans attendre, qu’il convoite le trône, l’autre nom du pouvoir d’état. 

Ils croient plus à la puissance de l’argent/cash qu’à toute valeur démocratique, et sont déjà vaccinés au dogme machiavelien qui pose que << la fin justifie les moyens >>, << seul le résultat compte >>;

Mais,  où ils seront problème, et pour eux-mêmes, et pour la Côte d’Ivoire, c’est qu’ils seront totalement imbibés du crédo que c’est pour le pouvoir, et pour gouverner le pays, qu’ils ont été créés et sont nés. 

Adieu à dame démocratie dont ils sont pourtant de brillants chantres, pas question de se dire qu’au sommet c’est un tabouret et non pas un banc qui est disposé ; prêts à entendre que sur les 5 ou 6 qu’ils sont, à se reconnaître comme larrons en foire, le jour où le ciel devait permettre à l’un d’eux de s’asseoir sur le tabouret, il y aura d’abord 10 années normales, et peut-être 5 à 10 années arrachées par ruse ou fraude sur la constitution. 

Et losqu’il prendra sa retraite, les 4 ou 5 camarades postés à l’affût seront déjà octogénaires ! ! !

Le rêve est permis, et se doit même ! L’ambition doit aussi être sans limite, mais à l’aune du présent et du concret. 

Arrêtez désormais ces annonces aussi cinglantes que dérangeants du genre : << je suis fait pour diriger mon pays >> . Dans une démocratie avancée et digne de ce nom, un tel propos vous conduit à la disgrâce après l’hôpital psychiatrique !

 Bonne fête du 1er mai à toutes et à tous. 

Abidjan, le 1er mai 2024

Ministre Kobena I ANAKY 

Président du MFA

 

Retrouvez la Chronique du Président Kobena I ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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