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    La Liberté d'Informer

    Le monde noir de demain : Africain… Américain… woke… décolonial… sinon bien au delà ?

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Mai 15, 2024

    Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis

    L’on va célébrer un peu partout dans le monde le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et, la Côte d’Ivoire, alors colonie et donc partie de l’état français en ces années, marquera forcément l’événement. La Côte d’Ivoire a dû fournir son quota de jeunes hommes pour grossir les contingents de combattants << d’outre – mer >>.

    Mais peut-être est-il grand temps de commencer nous mêmes, d’abord en tant qu’individus, puis passant à notre entité nationale et à notre état, à tête reposée et avec méthode à revisiter, le lien lourd et de plomb que nos aïeux et prédécesseurs ont eu à entretenir avec l’extérieur.

    Avec tous ceux qui parvinrent à eux de l’extérieur ; un extérieur donc intrinsèquement différent et animé de projets, affichés comme surtout voilés, mus par le strict service de ses intérêts.
    En d’autres termes, il est grand temps pour nous, pays d’Afrique Noire, de reprendre le portrait de notre histoire, que nous devrons reprofiler pour nos enfants et descendants.

    Ce n’est pas toucher à la partie désormais avérée et indiscutable des événements et des faits, tels que relatés dans les ouvrages et registres des administrations de l’époque, puis rendus et commentés par les historiens, les sociologues, les anthropologues, etc.

    C’est nous imposer un arrêt sur image, sur chacune des grandes séquences de nos relations avec l’Europe et la péninsule Arabique, et d’expliquer ou justifier pourquoi, par rapport à cet étranger venu d’ailleurs, nos rois, grands chefs et autres décideurs, ont observé des attitudes qui devaient, à court, moyen ou long terme, gravement desservir l’avenir et les intérêts des communautés pourtant soudées policées et bien organisées qui étaient les nôtres.

    Lorsqu’ils ont vu approcher ou aborder des “étrangers “, des Arabes ou assimilés côté Nord et Est, et des Blancs/Caucasiens par l’océan, les entités étatiques de nos ancêtres ont rarement été submergées par des forces militaires conquérantes venues les soumettre par les armes.

    Les effectifs des étrangers qui venaient à leur rencontre ne pouvaient pas permettre à ces derniers de mener des guerres d’invasion et d’occupation si leur présence avait été perçue comme antagoniste ou ennemie porteuse de risque ou danger.

    L’avantage tactique immédiat des cavaleries et des armes à feu n’aurait été que de courte durée puisque, au Nord comme au Sud en bordure d’océan, l’environnement, dans ses principales composantes, permettait d’organiser une riposte qui aurait signifié débâcle ou même extermination pour ces étrangers.
    Ces étrangers qui allaient bientôt devenir des colonisateurs, puisqu’ils ont su arracher à nos rois et dirigeants allégeance à leurs souverains à eux, soumission à leurs états à eux.

    Ils n’ont pas conquis l’Afrique Noire au sens où cela s’entendait dans l’histoire ancienne, au moment de l’expansion de la Grèce, de Babylone, de Rome, les Tatars de Ghengis Khan, etc…
    Que ce soit par la façade Atlantique, depuis le Maroc au Nord jusqu’à la pointe Sud du continent, en passant par le Golfe de Guinée, et pour l’autre versant depuis le Cap jusqu’à la pointe de la Somalie, l’histoire ne nous livre pas d’exemple de corps expéditionnaire envoyé par une puissance d’Europe qui aurait pris possession d’un territoire du continent noir africain suite à des victoires militaires sans appel.

    La colonisation de l’Afrique Noire, se ramène toujours à des missions d’explorateurs, appuyés par des commerçants et négociants, et accompagnés d’escortes militaires aux effectifs limités ; ils ont toujours commencé par se gagner l’hospitalité bienveillante des autorités africaines locales.
    L’on a même vu des missions européennes, non seulement obtenir que le droit d’escale et d’établissement de postes commerciaux leur soient accordé, mais être en sus comblées par des cours royales qui acceptaient de se convertir au christianisme.

    La croix se révélant plus performante que le glaive !

    N’est-ce pas là la leçon à tirer du si fameux et tant controversé discours de Nicolas Sarkozy, Président français, le 26 juillet 2007 à l’Université de Dakar ? En osant affirmer que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire, et que tous les drames et malheurs du continent nègre en découlent, ne nous jetait il pas à la face que notre destin aurait été autre si leurs missions et corps expéditionnaires avaient été massacrées ou jetées à la mer, option qui ne fut presque jamais prise ou privilégiée, bien que factuellement exécutoire ?
    Oui, les Africains Noirs ne s’étaient jamais mis en disposition de les cataloguer systématiquement : Danger/Ennemi !

    Nous ne l’avons pas fait, et en vivons les conséquences depuis des siècles de notre histoire.
    Les nouvelles générations d’Afrique Noire ne sauront pas taire ou avaler les nombreuses interrogations que l’éducation de leurs anciens et aînés savait écraser. Il faut déjà apprendre à les instruire, à leur parler de cela, et ne plus tolérer que ce soient les descendants directs des colonisateurs et oppresseurs d’hier qui anticipent et tirent en premier la sonnette d’alarme, les pensées “décolonialiste” et “woke” sortant de leurs laboratoires, préoccupés déjà qu’ils sont du jour où ils devront faire face à des compatriotes afro-américains bien déterminés et décidés à leur demander des comptes et présenter un programme de réparations qui donnera naissance à une Amérique nouvelle et autre.

    Pour en revenir à l’Afrique Noire, que se passera t-il si au moment de célébrer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un descendant de << tirailleurs Séngalais >> ouvrait un nouveau chapitre historique de réparations en avançant simplement que le combattant africain des colonies était d’abord colonisé donc sous contrainte et privé de liberté, avant que d’être engagé dans une guerre qui ne le concernait pas, n’étant même pas habilité, comme tout mercenaire, à négocier ses gages ?

    Mais le temps est le temps, et il prend son temps. Respectons son rythme. Vive la Côte d’Ivoire !

    Fait à Abidjan, le 15 mai 2024

    Ministre Kobena I ANAKY
    Président du MFA

    Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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