« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
La chronique du Président Kobena I. Anaky

Côte d’Ivoire – Le peuple ivoirien unanime après 15 ans : « Du travail, du travail, s’il vous plaît ! »

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

Nous allons ce jour, encore une fois, nous pencher, avec votre attention à tous, Ivoiriennes et Ivoiriens, sur l’un des problèmes “éléphantesques” qui grèvent notre société et notre pays depuis plus de trois décennies.

C’est celui du taux élevé de personnes sans emploi et en quête d’activité. Ce phénomène gangrène la majorité des pays de notre continent, et les statistiques donnent des taux si élevés que l’on ne peut pas comprendre qu’il n’y ait pas eu explosions, émeutes et violences, autant urbaines qu’en milieu rural.

Et le spectre des premières déflagrations sociales en Côte d’Ivoire, où jeunes, élèves, étudiants et personnes sans activité prirent la rue et la garderent longtemps, pour attirer l’attention sur leur sort et leur détresse, peut encore ressurgir à tout moment plus de 30 ans après, en 2024. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, et la réunion des mêmes ingrédients offrant la même sauce.

Ce n’est donc pas par accident que les étudiants, les premiers concernés et victimes potentielles de cette endemie, par la voix de la FESCI, l’un de leurs syndicats, a tenu une conférence de presse, le mardi 4 juin ; pour se rappeler à l’attention de toute la société Ivoirienne, à commencer celle du Chef de l’Etat.

La FESCI demande au Chef de l’Etat de << consacrer les six derniers mois de l’année 2024 à la jeunesse estudiantine, afin de faciliter son insertion dans le tissu social >> ; elle plaide pour la création d’opportunités d’emploi pour les 300 mille étudiants inscrits dans les universités Ivoiriennes.

Reconnaissons à la FESCI qu’elle s’est astreinte à proposer des débuts ou voies de solution, jusqu’à même la mise en place d’un guichet unique pour les étudiants prêts à l’entreprenariat ; en passant par l’ouverture de recrutements spéciaux dans la Fonction Publique pour absorber une partie des étudiants en fin de cycle.

Et la FESCI a terminé en signant de sa griffe, à savoir que si ses appels ne trouvaient aucun écho, certaines pratiques assurément “contestables” pourraient, hélas, ressurgir. OK ! On aura tous compris !

Tout cela ne manquera pas d’amuser un tant soit peu les citoyennes et citoyens de ce pays nés trois à quatre décennies avant ces vaillants étudiants ; tant il crève les yeux que ces ténors estudiantins ont été totalement des victimes embarquées dans un narratif mensonger et démagogique.

Le grand Président qui arrivait, avait une solution à tous les problèmes de la Côte d’Ivoire et de ses habitants, et ces étudiants ont été entretenus dans cette romance depuis le berceau !

En ces temps lointains pas si lointains que cela, les Ivoiriens des classes moyennes et défavorisées, n’avaient pour souci que de trouver de quoi assurer le repas de la famille pour la journée, et surtout d’apprendre que les enfants en âge de travailler, diplômés ou sachant lire et écrire, avaient “dégoté” ou “krou” un emploi salarié pour contribuer à l’entretien du noyau familial.

Il a plu au ciel qu’en 2010/2011, il y a 15 ans, ce messie a été intronisé sur le tabouret divin presidentiel, sous les hourras et bénédictions de tous ; mais il y a malheureusement 15 ans que rien n’a vraiment changé, ou plus exactement que le déclic attendu et espéré n’est pas survenu, et que, progressivement, tout s’est complexifié et aggravé.

Le bon sens élémentaire nous enseigne à tous que dans toute société, c’est le travail du plus grand nombre de citoyens possible qui “fabrique ” le produit intérieur brut, la richesse nationale à repartir au mieux à tous.

Partant, aucun début de bien être général et de conditions de vie décentes ne pourra être servi à l’immense majorité de la population tant que près de 70% des personnes en âge de produire et de travailler seront condamnées à l’inactivité professionnelle. Et c’est malheureusement la situation en Côte d’Ivoire, comme d’ailleurs dans de nombreux pays du continent.

Mais si l’on doit donner de la voix pour refuser cela, et même s’en indigner, en Côte d’Ivoire de 2024, c’est parce que le Président Alassane Ouattara et son gouvernement nous servent sans relâche et à grand coups de scoops médiatiques et événementiels. Leurs réussites et leurs prouesses en performance gouvernementale de quoi laisser le citoyen groggy et dans les nuages ! Car la réalité sous ses yeux,  et son propre vécu au quotidien, lui crient le contraire !

Or, il se trouve que cette même Côte d’Ivoire est un pays qui a tout le potentiel et toutes les possibilités de s’extirper des marigots de la pauvreté et de la précarité ; si, et seulement si, ceux qui ont en charge sa gouvernance font un bon exposé des données et besoins, les voies à suivre se dégageront toutes seules, à partir de la confrontation avec ce qui est disponible.

Le cri du cœur des responsables de la FESCI met fin à toute contestation ou débat sur la promesse de campagne du Président Alassane Ouattara quant à la création d’emplois. Tout le monde avait retenu les 5 millions d’emplois créés pour un mandat, soit une moyenne de un million par an. Enterrons cela, oublions cela, pour qu’en sus de notre misère, l’on ne nous humilie pas en nous assènant que les promesses n’engagent que ceux y croient !

Et soyons indulgents envers nos jeunes amis de la FESCI,  qui n’ont même pas réalisé que s’il y a 300.000 étudiants à caser, il y a certainement 2 à 3 millions de la même classe d’âge, diplômés, scolarisés ou pas, qui vivent le même drame !

L’Etat de Côte d’Ivoire doit trouver une solution à tous, sa constitution ne prévoit pas de privilégier une quelconque élite de haut niveau de formation par rapportauxautrescitoyens !

Le problème que nous posent les quelque 5 à 8 millions de citoyens aptes à travailler, et auxquels rien n’est proposé, doit nous contraindre tous à la modestie et au plus grand pragmatisme.

La Côte d’Ivoire produit en grande quantité et qualité du cacao, du café, de l’anacarde, du coton, etc… , et sa population de 30 millions d’âmes a besoin de riz, de manioc, de banane, d’huile, de viande, de poisson, etc…

Puisque nous n’avons pu trouver qu’un seul champion national dans le panel de nos hommes d’entreprise, acceptons de changer l’approche en misant sur la création d’un maximum de PME avec à leur tête un pionnier déjà formé et expérimenté dans son secteur de compétence ; le rôle de l’état sera de veiller à l’encadrement et à l’assistance de ces noyaux premiers, en concomitance avec un secteur bancaire qui partagera avec lui les risques sur les fonds prêtés.

L’on doit accepter d’entrée que seulement la moitié de ces PME réussira et sera en place 3 à 5 ans plus tard.

Mais c’est dans la durée que les résultats se révéleront, après 15 à 20 ans ; la Côte d’Ivoire aura un parterre étoffé de PME dans tous les pans de la production économique, et, ce seront elles qui créeront en continu le maximum d’emplois et alimenteront le trésor public par lesimpôts.

Et c’est dans leur proximité que de grands groupes économiques surgiront, conduits par les rares véritables grands champions nationaux ; comparables à ceux que toutes les grandes puissances hébergent en agriculture, industrie, finance, tourisme et hôtellerie, etc…

Ivoiriennes, Ivoiriens, si vous avez partagé mon propos, vous m’accorderez que, de 2010 à 2014, l’on n’a pas encore commencé à creuser les fondations de ce que sera la nouvelle grande économie ivoirienne, instruits que nous sommes des leçons de la période du fragile miracle ivoirien qui reposait sur une denrée agricole périssable et des capitaux extérieurs.

Mais comme la terre continue de tourner et notre pays la Côte d’Ivoire de vivre, il ne nous reste qu’à continuer d’espérer que celui qui gouverne, le Président delaRépublique, finisse par accepter l’ouverture de son concept de la conduite de l’économie à d’autres intelligences.

Vive la Côte d’Ivoire !

Fait, à Abidjan le 12 juin 2024

Ministre Kobena I ANAKY

Président du MFA

 

Retrouvez La Chronique du Président I. ANAKY Kobena tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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