« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

En attendant que notre chaud et cher soleil, qui a l’art de nous caresser et titiller autant le derme que l’esprit, nous revienne en pleine propriété, nous avons le temps de nous attarder sur notre vie au quotidien.
Ici en Côte d’Ivoire où nul ne comprend qu’une équipe installée au pouvoir d’un État depuis près de 15 ans, arrête tout pour commencer à battre campagne électorale près de 18 mois à l’avance ! C’est qu’elle est en une situation de telle tension qu’elle est obligée de se créer cette animation et ces déclamations vers elle-même ; et cela a, souvent, des allures de cri de détresse. Les Ivoiriens l’ont désormais tous compris.
Tous ceux, en Côte d’Ivoire, qui ne se reconnaissent pas en eux, restent sereins et imperturbables, tant la gestion de leur vie au quotidien, très ardue, est une croix déjà lourde à porter.

Nous allons, ce jour, nous attarder quelque peu sur un fait d’actualité qui n’a certainement éveillé que peu d’attention chez la plupart d’entre nous.
Il y a eu récemment les Jeux Olympiques 2024 à Paris, qui se prolongent encore avec les Paralympiques, ce nouvel œil que nous tous, humains, devons désormais jeter à tous ceux qui sont et vivent “en situation de handicap”.
Qui dit << jeux >> , dit compétition, et donc médailles, et le pays hôte cette année, notre très chère France, a tellement porté le atalaku de la moindre réussite de ses athlètes au firmament, qu’il faudra au moins une année entière pour que les éclats des clairons << bleu, blanc et rouge >> libèrent progressivement les tympans des autres habitants de la planète terre.

La France, et c’est à lui reconnaître, a désormais ouvert, en pionnière, les chemins d’une nouvelle aire de célébration des états et nations, qui sera la conception et réalisation de grandes cérémonies événementielles de portée mondiale, la télévision et l’internet ne permettant à aucun pays d’y échapper.
Et, lorsqu’en dépit de sa position de puissance militaire moyenne, cette France s’est entêtée à mettre la pression sur tous les continents pour une participation au défilé du 14 juillet, jour de sa fête nationale, elle a ainsi pris une grande longueur d’avance sur les autres grandes puissances d’Occident que sont la Grande Bretagne et les USA ; elle a réussi ce pari d’obliger désormais tous les états, qui ambitionnent de << compter >> sur cette terre, à en administrer la preuve en brillant dans cette nouvelle arène mondiale, où les conflits armés d’hier ont cédé la place aux mises en scène féeriques qui accaparent l’intérêt de milliards d’humains.
Pour en revenir au sport, et plus précisément aux Jeux Olympiques 2024 à Paris, la Côte d’Ivoire présente un bilan mitigé, qui nous laisse sur notre faim, mais que nous n’avons d’autre choix que de subir, d’en avaler l’amertume.

Nous avions pourtant le droit de beaucoup attendre de l’équipe féminine de course de vitesse, en plus des deux sprinters hommes, à côté du taekwando où le manteau de l’ivoiro – coréen Kim ne devait pas manquer de cacher de belles surprises.
Mais, au final, la Côte d’Ivoire risque de ne glaner qu’une seule médaille, le bronze, de Sallah Cheick Cisse. Celui là même qui, en 2023 avec la médaille d’or, avait fait retentir l’abidjanaise aux oreilles du monde entier depuis Bakou, en lointaine Asie.

Bien sûr, Cisse Cheick n’a pas démérité, et dans un sport de combat aussi difficile que le taekwando, être encore sur le podium dans la tranche d’âge qui est la sienne relève même du prodige. Bravo Cisse Cheick, bravo !
Mais comme il n’y a pas de fumée sans feu, et que dans le sport de haut niveau, certaines règles élémentaires s’imposent contre tout, nous savons que nos sprinteuses, nos reines de la piste, sont, pour les plus connues, dans la tranche d’âge de la retraite.

Au final donc, et, côté médailles, le cygne a t-il commencé son chant lugubre pour les oreilles Ivoiriennes ? Le fait que notre grand voisin, le Nigéria, soit retourné bredouille, ne vaut pas consolation.
Ce n’est pas en moins d’une décennie que les pays d’Afrique sub-saharienne pourront prétendre relever ce défi et se mettre à niveau, et peut-être que la raison et le bon sens pourraient amener à construire un grand centre où tous les pays de la CEDEAO mutualiseraient leurs efforts en faveur des jeunes athlètes prodiges détectés très tôt.
Et lorsque l’on a écouté Ruth Gbagbi, qui compte tant dans le taekwando Ivoirien, Africain et mondial, se plaindre d’une prise en charge et d’une considération insuffisantes de la part des autorités de son pays, peut-on, honnêtement, demander à Ossin Kimi Laurence, ivoirienne née et évoluant en Italie, qui est déjà championne du monde des cadets, de s’inscrire à l’avenir sous le drapeau orange, blanc et vert ?
La Côte d’Ivoire n’est pas en mesure de lui offrir le cadre et les conditions – le prix en est élevé – pour assurer la suite de sa carrière au premier niveau mondial.

Nous nous épargnons même de révéler que très souvent, la perspective d’une future belle carrière professionnelle, assurément mieux rémunérée qu’ici au pays, enterre le débat !
Oui, aux jeux olympiques précédents, en 2020 à Tokyo, les médailles ivoiriennes nous avaient comblés et mis en plus grand appétit. Mais nous savons désormais que la Côte d’Ivoire risque d’être de moins en moins visible sur ces podiums, comme du reste bien des pays de notre continent. Ainsi va ce nouveau monde des célébrations, mais dont les règles broient tout ce qui n’entre pas dans ses carcans.
Bravo à notre chère Côte d’Ivoire dont les athlètes ont pu ramener au moins une médaille des Jeux Olympiques 2024 !
Que la Côte d’Ivoire soit bénie !
Abidjan, le 4 septembre 2024

KOBENA I ANAKY

Retrouvez La Chronique du président Kobena I. Anaky tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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