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    La Liberté d'Informer

    Ces chers frères Nègres des Amériques que nous connaissons si peu…

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Sep 25, 2024

    Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

    Il faut considérer que, sur le long et vaste territoire des Amériques, de multiples communautés de Nègres ou mélano-Africains sont installées depuis des siècles.
    Elles ont en commun le fait que l’histoire les a enserrées dans une toile rigide de soumission sociale vis à vis de leurs compatriotes “blancs”, dans tous les États du continent.

    Les inévitables brassages de population ont valu qu’une bonne proportion des Afro-Américains présente une couleur ou complexion de teint qui fait toujours tiquer le Nègre Africain ; mais, fausse alerte: ce “détail” n’est absolument pas pris en compte dans la rigide division socialo-raciale des Amériques. Il n’y a que White et Black, le coloured est et reste black, même si sa peau est aussi blanche que la neige.

    Nous arrivons donc au vrai élément à observer, lorsque nous nous trouvons en présence de nos frères Nègres des Amériques : c’est la strate à laquelle ils se reconnaissent appartenir dans leur monde que le fait de l’esclavage, sur 4 ou 5 siècles, a énormément stratifié en couches, castes et échelles où la réussite sociale et la grande aisance matérielle priment d’abord et sur tout.

    L’Africain, Ivoirien, Sénégalais, Nigérian ou Congolais qui rencontre des Afro-américains se sait Nègre d’Afrique, mais ignore qu’il a en face de lui des Nègres qui se sentent et se définissent d’abord de leur pays du continent américain. Leur nationalisme virulent et affiché ne se comprend que si l’on se rappelle que c’est la seule planche d’ancrage que le système esclavagiste leur accordait.

    L’Afro-Américain ne connaît rien de l’Afrique, et le Noir d’Afrique ne l’accroche pas plus que tout autre humain, de quelque race qu’il puisse être. Même l’intérêt pour retrouver et visiter la terre d’origine de leurs aieux sur le continent, qui est très médiatisé en ce moment, ne se trouve que chez une infime minorité, et toujours issue des couches hautement éduquées et bien fortunées.
    Enchaînons sur un élément qui commandera tout chez nos frères du continent américain : c’est le niveau d’éducation.

    Les États du continent américain ayant été tous esclavagistes sur de longues périodes, ils ont tous institué des systèmes d’apartheid d’accès à l’éducation supérieure qui reste encore assez vivace partout.
    Les Nègres Américains qui, après le basique savoir “lire et écrire”, ont accès à l’éducation secondaire et supérieure, restent encore une très faible proportion de leurs effectifs. Et ceux qui ont eu à terminer des études supérieures, et, sont des “graduates”, seront peu enclins à vivre dans les mêmes quartiers que les autres. Et ils s’en éloigneront encore plus s’ils arrivent à faire fortune.
    Voici donc les logiciels psycho sociétaux qui guident le frère Nègre du continent américain que nous rencontrons.
    Il perçoit d’instinct que nous ne sommes ni de son continent, ni de son monde. Il lui faut donc rapidement “ajuster” et trouver quel protocole de comportement adopter avec nous, pour le temps social que nous aurons à partager.

    Les Afro-Américains n’ont aucun sentiment de récrimination vis-à-vis de leurs frères d’Afrique, contrairement à cette hantise répandu chez ces derniers.
    Pour eux c’est la même mécanique implacable des Blancs qui a tout organisé de A à Z. L’Afro-Américain considère le Noir Africain comme victime au même degré que lui même. Les grandes aires de notre continent où la pauvreté et le sous développement sont insoutenables ne lui suscitent rien de particulier, puisqu’il a sous les yeux du comparable au cœur des banlieues et ghettos de toutes les grandes villes des USA !

    Nous nous trompons totalement lorsque nous croyons voir en son regard un reproche muet de la période des traites négrières ; et nous nous autobloquons en imaginant qu’il pourrait nous en vouloir de ce que nos aïeux auraient fait aux siens en les “vendant ” cette grande partie de l’histoire ne lui a peut-être jamais été enseignée, et les églises qui ont assuré un minimum d’enseignement dans les campagnes, plantations et banlieues pauvres, en Amérique, ont plus insisté sur le Christ et son message que sur le sujet de la traite.
    L’esclavage demeure une véritable bombe permanente de désordre social, et son intensité de charge n’a jamais baissé au fil des siècles.
    Pour les Afro-américains, la traite négriere et l’esclavage sont une affaire interne, << inside >>, à n’évoquer qu’exclusivement entre eux et leurs compatriotes américains de race blanche caucasienne.
    L’on aurait pu croire qu’avec le temps, et l’accélération de l’histoire, en cette Amérique du Nord qui se revendique locomotive de l’humanité, l’esclavage, cette partie abominable et avilissante son histoire, allait progressivement se faire oublier.

    En effet, la loi impose depuis des décennies la disparition de ses traductions et images les plus visibles et flagrantes ; mais, sa chape de plomb, qui continue de peser dans les lourdes inégalités sociales du Blanc au Nègre, inégalités et discriminations qui ont été le socle de son système économique, et qui demeurent un joug lourd et intolérable qui, à tous les niveaux, pèsera encore longtemps sur le cou des Afro-américains, font de ce sujet une cause nationale très particulière aux États-Unis.
    Les élites du capitalisme, de la politique et du système universitaire américain, experts et entraînés à l’anticipation des problèmes de société, ont vite eu pour souci de désamorcer les drames à venir, en devançant leurs amis Afro-Américains.
    Ils ont conçu et bâti le narratif de l’inévitable retour de conscience sur le fait esclavagiste, la reconnaissance par la nation blanche du martyre qu’elle a fait subir à la nation noire, et sur lequel l’état américain s’est construit et continue de reposer.

    Retenons que le Président Joe Biden, en 2021, a promulgué une loi faisant de la date de 19 juin, une fête nationale aux USA, pour marquer la fin de l’esclavage, qui fut actée, au Texas, le 18 juin 1865. Il aurait même confié en privé que les États-Unis étaient condamnés à payer un jour un prix lourd dans leur destinée historique, tant l’esclavage, qui a constitué le principal ciment de leur prospérité et de leur rayonnement mondial, vaut malédiction car constituant un crime sans rédemption.
    A ce stade, nous Nègres d’Afrique, avons le devoir de laisser nos frères du continent américain penser, organiser et conduire eux-mêmes la longue tâche de dédommagement, de correction et de remise en orbite que l’Etat des USA leur doit.

    Toute personne ayant la nationalité américaine, de quelque origine qu’elle soit, doit savoir que le rouge vif dans le drapeau national suinte du sang de la population noire, exploitée depuis des siècles, et qui a, en partie, son échine brisée de ce fait, jusqu’à maintenant, et pour qui sait encore combien de temps ?
    L’esclavage a existé au sein de toutes les communautés humaines, depuis la nuit des temps. Il est encore courant dans de nombreuses contrées d’Afrique, où il est désormais intégré et ne prête pas à conflit social.

    Mais, pour la partie de l’histoire de l’humanité qui se jouera entre l’Afrique, l’Europe et le continent américain, à partir de 1492, où les 3 vaisseaux de Christophe Colomb arrivèrent en mer des Caraïbes, il faut considérer que c’est une partie toute particulière qui se tient, et ne pas la coupler avec ce qui avait existé et continue de se jouer ailleurs.

    Puisque l’Amérique fut l’aboutissement et l’achèvement de toutes les fureurs et ambitions qui étaient en incandescence au cœur de cette Europe qui dominait alors le monde, c’est là bas, par elle, que commencera le grand debriefing de 3° mi temps, dont les principales communautés humaines ne pourront pas faire l’économie.

    Les élites politiques, universitaires,et de la haute finance qui tiennent et dirigent les États-Unis, avec leurs institutions d’études et analyses prospectives financées à grand coût, ont tout vu venir et ne ménagent rien pour contenir la déferlante de la communauté afro-americaine qui couve.
    Quoi que l’on en pourra relever ou analyser, le << wokisme >>, désormais à la mode, est l’une des phases que déroule en ce moment le plan des Américains Blancs, qui vise à toujours contenir, en des canaux tolérables et gérables, le légitime ressentiment de leurs compatriotes Afro.

    Les élites ou “porte parole” de ceux là, ont, eux-mêmes, affaire à un travail d’hercule. Se faire octroyer une part plus importante du pouvoir économique, financier, universitaire et politique, ne résoudra pas d’un trait le fait que plus de 90% de leur congénères n’en tireront aucun avantage ou gain immédiatement perceptible dans le quotidien de leur vie.

    Le grand rêve de Martin Luther King serait, aujourd’hui, de voir, en deux ou trois générations, ce pourcentage de la population afro-américaine passer de 90% à 20% ou moins.
    Mais le continent Noir Africain ne saurait croiser les bras, ou se dérober, face à ce grand échange, car c’est à partir de son sol et de ses communautés que tout est parti.
    Les Européens, avec la France en pôle position, ont à cœur eux aussi d’anticiper, de prendre le problème à bras le corps, avant même les Noirs Africains. Monuments, journées commémoratives, retour d’œuvres d’art ou de culture aux lieux d’origine, tout y passe ou y passera.

    Mais le continent noir africain ne devra entrer dans ce débat qu’avec, en mains, un dossier solide, où prévaudront les faits historiques, la politique, l’économie, coiffés par une éthique et une vision philosophique qui contribueront à réhabiliter les Noirs et l’Afrique, 4 à 5 siècles après.
    Le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, le Congo et l’Angola, qui, à l’étude des manifestes des navires, fournirent plus de 90% de ceux qui partaient d’Afrique, ont forcément une part privilégiée et de première force à assurer en un tel projet ; certaines de leurs universités et Instituts de recherche ont déjà grandement labouré et ensemencé ce champ collectif.

    L’autre grand volet de ce grand chantier de l’Afrique Nègre, est la revisitation de la relation historique avec les communautés du Nord du continent et du monde Arabe. Il y a peut-être encore plus grand à explorer, de la Mauritanie à l’Égypte, et en descendant le Nil jusqu’aux grands lacs à l’Océan Indien et toute L’Afrique de l’Est jusqu’au Sud !
    Et peut-être faudra t-il commencer par confronter l’histoire des Noirs d’Afrique à l’Islam !
    Mais donnons du temps au temps des Africains !
    Que vive l’Afrique et le Monde Noirs porteurs d’espoirs pour l’humanité de demain !

    Fait à Abidjan, le 25 septembre 2024

    MINISTRE KOBENA I ANAKY
    Président du MFA

    Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. Anaky tous les mercredis sur wwww.ladepechedabidjan.info

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