L’histoire du peuple noir est intrinsèquement liée à l’émergence des premières civilisations brillantes, bien avant la diffusion des religions abrahamiques. L’Afrique, berceau de l’humanité et de la civilisation, a vu naître des sociétés développées qui ont influencé d’autres civilisations. Or, avec l’introduction de l’islam et du christianisme, les Africains ont été confrontés à une falsification de leur histoire et à une altération profonde de leur identité culturelle.
Les religions abrahamiques, qui prétendent apporter la lumière et la vérité, ont été directement impliquées dans les grandes tragédies de l’histoire africaine. L’islam et le christianisme ont été utilisés comme des outils d’oppression pendant la traite des Noirs, l’esclavage et la colonisation. Les lectures biaisées des textes religieux ont servi à justifier ces pratiques inhumaines.
Par exemple, le passage biblique relatant la « malédiction de Cham » a servi à légitimer l’asservissement des Noirs, au motif que leur souffrance était une punition divine.
Quant à la traite orientale des Noirs, antérieure à la traite transatlantique et ayant duré environ 13 siècles, elle a été facilitée par des élites musulmanes. Certaines interprétations du Coran ont permis la capture et la soumission des populations africaines, en particulier celles qui n’étaient pas musulmanes.
De même, des hadiths (paroles et actions attribuées au prophète Mahomet) ont été interprétés pour autoriser l’exploitation des non-musulmans, notamment en les considérant comme des prisonniers de guerre ou des infidèles.
L’imposition de ces religions a écarté les traditions africaines. Les croyances indigènes, qualifiées de « païennes » ou « idolâtres », ont été rejetées. Pourtant, ces traditions étaient des systèmes de valeurs riches et des sources d’harmonie sociale. En effet, les mythes fondateurs africains et les pratiques spirituelles ancestrales ont inspiré plusieurs aspects des religions abrahamiques.
Cependant, les puissances coloniales, soutenues par les églises chrétiennes et certaines élites musulmanes, ont délibérément effacé ou déformé l’histoire africaine. Cette falsification, qui a présenté la culture africaine comme barbare, a conditionné les Africains à renier leurs propres valeurs et à adopter des idéologies importées. Aujourd’hui, de nombreux Noirs, qui pratiquent le christianisme ou l’islam, ignorent que ces systèmes religieux ont joué un rôle déterminant dans l’exploitation et la marginalisation de leur peuple.
En conséquence, la communauté noire doit se réapproprier son passé et son identité pour restaurer sa dignité. Cela implique de revisiter la mémoire de l’Afrique précoloniale, afin de valoriser les contributions des civilisations africaines à l’humanité. Il est essentiel que les Noirs sachent que leurs traditions spirituelles et culturelles, considérées comme primitives par les régimes oppresseurs, sont en réalité les fondements de la sagesse et du progrès humain.
L’adoption aveugle des religions abrahamiques par les descendants d’Africains, sans une analyse critique du rôle historique de celles-ci dans l’oppression de leurs ancêtres, perpétue l’aliénation culturelle et spirituelle. De fait, il est temps de déconstruire les faux récits imposés et de réécrire l’histoire de l’humanité en mettant en lumière l’énorme contribution de l’Afrique.
En ce sens, la Charte de la Renaissance culturelle de l’Afrique, adoptée par les chefs d’État de l’Union africaine, appelle à la réhabilitation de l’histoire et des valeurs africaines. Ce document met l’accent sur l’importance de la restauration des traditions et des pratiques africaines comme socle de la renaissance du continent. Il encourage les Africains à récupérer leur culture et à rétablir une identité basée sur leurs propres racines, loin des influences étrangères subies, afin de se libérer de la manipulation de l’histoire et de la domination étrangère.
De plus, l’Histoire générale de l’Afrique, un projet ambitieux de l’UNESCO, est une ressource indispensable qui corrige les erreurs historiques et présente une vision complète des civilisations africaines. Cet ouvrage met en évidence les réalisations remarquables des sociétés africaines avant la colonisation, contribuant ainsi à redorer l’image du peuple noir.
C’est en ayant conscience de leur passé glorieux et en embrassant leur propre spiritualité que les Noirs retrouveront leur place en tant que piliers de la civilisation mondiale. Il est donc impératif qu’ils prennent la mesure de la richesse de leur héritage, qu’ils rejettent les constructions idéologiques qui les dévalorisent et qu’ils œuvrent à une véritable reconquête de leur histoire et de leur culture.
Axel Illary