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    La Liberté d'Informer

    Depuis Paris, Tidjane Thiam s’en prend au CFA : ‘’Une nation qui n’a pas le contrôle de sa monnaie n’est pas souveraine.’’

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Mar 25, 2025

    Alors qu’il s’était jusque-là tenu à l’écart du débat, Tidjane Thiam s’est enfin prononcé sur la question.  “Une nation qui n’a pas le contrôle de sa monnaie n’est pas souveraine” a-t-il déclaré Le 15 mars dernier à Paris, lors d’un meeting rassemblant toutes les diasporas ivoiriennes d’Europe affiliées à son parti. Prenant désormais position contre le CFA, Thiam s’en prend au passage à la France qu’il accuse indirectement de maintenir une sorte de tutelle sur les pays utilisant cette monnaie. Pourquoi un tel positionnement aujourd’hui ? 

    Désormais à la tête d’une coalition hétéroclite (CAP- coalition pour une alternance pacifique), dont le porte parole est madame Simone Gbagbo, il semble que Thiam veuille prendre ses distances avec cette image “d’homme de la France” qu’on lui colle. Ainsi il n’a pas d’autres choix que d’aller dans le sens des idées populistes. Certainement conscient que l’Elysée a “pris acte” de la probable candidature du président Ouattara, Thiam ne peut frontalement attaquer la France, mais développe de plus en plus des positions à l’encontre de celle-ci. Il veut absolument se démarquer de Paris aujourd’hui. Dans la foulée de son meeting, il a accordé une interview au média France 24, où il a longuement insisté qu’il n’est pas “pro-français”, disant avoir mis fin au contrat de 140 coopérants français sur 150, lorsqu’il administrait le BNETD ( à l’époque la DCGTX), en 1994.

    Mais comme plusieurs avant lui, Thiam est dans la dénonciation du CFA, sans rien proposer en retour. Le CFA est dénoncé sans pour autant que ses détracteurs ne mettent sur la table une alternative viable qui pourra éviter aux pays membres de la zone, le sort des pays aux monnaies flottantes. Les monnaies africaines sans aucune exception présentent un triste tableau aujourd’hui. Naira (Nigéria), rand (Afrique du Sud), cedi (Ghana), shilling (Kenya), franc congolais (RDC), Birr (Ethiopie), etc. ont toutes des évolutions erratiques, plongeant les populations dans l’enfer de l’inflation et de la misère.

    Il n’y a qu’à regarder le Nigéria. Les grands groupes dans le pays refusent désormais le naira, exigeant de se faire régler en dollars. Le riz est devenu une denrée hors de prix.  Alors que depuis la guerre en Ukraine, les prix du pétrole, sa principale source de devises, sont au plus haut, le Nigéria n’arrive toujours pas à enrayer la chute de sa monnaie. Comment croire un seul instant qu’il pourra garantir la valeur de la future monnaie commune ouest africaine (l’éco) comme certains l’affirment ? Comme le Nigéria, beaucoup de pays africains contrôlent leur monnaie, ont une totale ’’souveraineté’’, mais pour quels résultats ? Lorsqu’un pays contrôle sa monnaie, ses citoyens ont-ils forcément trois repas par jour ? Un certain nombre d’illuminés, font croire que les pays francophones iront “mieux” lorsqu’ils sortiront du CFA. Pourtant les faits nous montrent le contraire.

    La stabilité des prix est une chose dont les populations des pays utilisant le CFA n’ont pas vraiment conscience, parce qu’elles l’ont toujours connue. Cette stabilité résulte de la valeur fixe du CFA en euros.  C’est un confort pour des populations de pays en voie de développement de vivre sous une monnaie dont la valeur n’est pas soumise aux aléas du marché, qui ne peut pas subir d’attaques spéculatives. C’est un confort pour des pays en développement dont la banque centrale ne dépense pas ses réserves dans la défense de la monnaie. Le jour où le CFA sera abandonné au profit d’une monnaie flottante, l’expérience sera amère pour ces populations. Aujourd’hui les pays de la zone CFA ont une santé bien meilleure, ce sont les statistiques qui le disent, y compris les pays du Sahel, malgré les difficultés que l’on sait. On remarque que la rhétorique anti-CFA a totalement disparu des discours de leurs dirigeants. Ces messieurs ont sans doute compris que le jour où ils sortiront de la zone CFA, ce sera la fin de leurs régimes.

    En se positionnant contre le CFA, Thiam fait ses premiers pas dans le populisme. Bien sûr il habille cela avec des mots accommodants, mais le résultat est le même. Il a déclaré attendre d’être formellement investi avant de dévoiler son programme économique. Mais quelle que soit la teneur de celui-ci, Thiam ne pourra rien proposer de fondamentalement différent, de fondamentalement nouveau, il ne pourra pas se démarquer de la ligne libérale actuelle, il ne pourra pas réinventer la roue. Il va surfer sur son image, sur son parcours, il va dénoncer le chômage, la corruption, la dette, la pauvreté… etc. , mais il va proposer du déjà-vu.

    Douglas Mountain 

    oceanpremier4@gmail.com  

    Le Cercle des Réflexions Libérales

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