• mar. Mai 20th, 2025

    La Liberté d'Informer

    Côte d’Ivoire – Grève des enseignants : Le signal d’alerte d’un système en souffrance

    Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
    Même si c’est l’élection présidentielle d’octobre 2025 qui est devenue le sujet qui accapare toute la Côte d’Ivoire, nous sommes cependant tous interpellés et concernés par cette grève des Enseignants du secteur public, dont la fin ne se profile pas depuis plus d’un mois.

    Et il semble même que le ton monte du côté des Dames Ministres en charge du secteur, puisqu’y ayant perdu leur latin, elles ont désormais embouché la trompette des menaces et intimidations ; or il est connu que cette attitude ne fait que renforcer le vis à vis dans sa rigueur et sa raideur, puisque pour lui, cela traduit déroute et pénurie d’argumentaire du côté de l’autorité publique.

    Nous nous garderons humblement, et avec prudence, de risquer la moindre antenne vers le monstre marin défini comme << prime incitative >> lors de négociations, dans les années passées, entre des syndicats des régies financières et les autorités gouvernementales.

    Cette désignation se présente comme simple, de compréhension très facile même, mais ses auteurs auraient dû y réfléchir par deux fois, tant il est désormais répandu que ce sont les mots, c’est le verbe, qui crée autant le bien que le mal. La formule avait parue géniale pour contenir et caractériser les agents des régies financières pour les motiver à réaliser le maximum de recettes en l’espace de temps le plus réduit possible.
    Et en retournant au sens que tout dictionnaire donne aux deux mots, “prime” d’abord, et ensuite “incitation”, nous ne revelons rien en prédisant que tous les agents au service de l’Administration Publique et de l’État s’estimeront un jour tous éligibles à ce bonus.

    Autant les vigiles, ceux qui ont les clefs des portails et enceintes, les techniciens au sol qui assurent la propreté, les jardiniers qui offrent de belles pelouses fleuries aux yeux fatigués de tous, tout le monde, sans même évoquer ceux qui assurent l’ordre public et la sécurité !

    En moins d’une décennie, nous devrons nous mettre au niveau des pays d’Europe du Nord où la femme au foyer, qui contribue en premier ressort au bien-être de la société, mérite rétribution, surtout si elle a donné des enfants et futurs citoyens au pays !

    Le concept a été lui même vicié et toxifié dès le départ puisque ceux qui sont bénéficiaires de ces primes d’incitation sont les chefs de service, qui opèrent au dernier rang de la chaîne d’exécution en compilant les données ; ils se reconnaissent à leurs costumes, cravates et chaussures haut de gamme, qui ne peuvent se porter que dans des bureaux très luxueux, à ambiance climatisée de rêve.
    Mais ce n’étaient pas les agents d’intervention dans les guichets ou sur les routes et pistes, qui peinent toute leur journée sous un soleil implacable pour sécuriser les recettes de l’état de Côte d’Ivoire.
    Pour l’heure, il est plus indiqué de commencer à faire savoir à tous que les nombreuses heures de cours perdues par nos enfants et adolescents sont vécues par nous tous comme une tragédie, surtout que l’Enseignement Privé, même s’il n’est pas encore officiellement de la partie, en est grandement impacté.

    Il n’y a pas de cloison étanche entre ces deux parties de notre système éducation/formation puisque de nombreux enseignants donnent des cours de part et d’autre.
    Et l’enseignement privé, qui héberge une proportion numériquement encore plus importante de nos enfants, ne sera pas longtemps sourd aux chants de sirènes “primes” et “incitation”, surtout que le personnel qui y exerce a en mains un chapelet de revendications encore plus lourd que celui de l’administration Publique.
    Comme la porte des négociations n’est jamais fermée à ce haut niveau des intérêts de la nation, nous, citoyens ivoiriens, ne pouvons que souhaiter que les parties se retrouvent en cercles encore plus élargis, et que les porte parole comprennent enfin qu’il faut renoncer aux déclarations lapidaires à pur effet d’annonce, tant l’on est impatient de s’arroger le succès de l’hypothétique accord final.

    Cette crise, déjà inquiétante de par son impact difficile à rattraper sur nos élèves, qui sont l’avenir du pays, peut potentiellement se muer en une hydre aux multiples membres et générer une crise sociale qui fera oublier l’enjeu politique d’octobre 2025.
    Toute grève traduit d’abord frustration et rejet d’un système de gouvernance politique et sociale.
    Que ceux qui y travaillent se le tiennent pour dit.

    Fait à Abidjan, le 9 avril 2025
    KOBENA I. ANAKY
    Président du MFA

    Retrouvez La Chronique du Président KOBENA I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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