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    La Liberté d'Informer

    Côte d’Ivoire : Le français, encore et pour combien de temps ?

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Juil 23, 2025

    Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

    Puisqu’au plan politique et social, toutes les grandes chapelles de notre pays sont actives à courir le marathon de la clause de parrainage imposée à tous les candidats à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, pourquoi ne pas nous accorder un peu d’espace et de temps pour échanger sur la grande question des langues en Côte d’Ivoire ?
    Elle se présente comme si complexe et émotionnellement chargée que depuis plus de six décennies que la Côte d’Ivoire a accédé à la souveraineté internationale, aucune de ses gouvernance ne s’est engagée à l’aborder dans le fond.
    Tous les Ivoiriennes et Ivoiriens sont cependant convaincus que notre langue officielle et d’échanges, le Français, que nous avons hérité du colonisateur d’hier, ne pourra pas éternellement rester celle de notre expression, tant la langue reste l’un des piliers essentiels de l’affirmation de souveraineté et d’identité d’une nation.
    Et ce débat ne pourra que monter en actualité puisque les dernières générations du monde négro africain, vivant sur le continent ou en lointaines diasporas, se sont désormais massivement converties à la religion << souverainiste >>.

    Le compte à rebours vers la fin de la langue française comme langue officielle, dans les pays du continent africain, est irrémédiablement en marche.
    Bien sûr, les nouvelles générations qui accèdent à la voix publique ont beau jeu de s’indigner que, sur ce pan essentiel de l’affranchissement et de l’affirmation de sa souveraineté, les décisions n’aient pas été prises beaucoup plus tôt, surtout que, même sous couvert de démocratie, nos gouvernances étaient grandement autoritaires et à poigne. Mieux, l’histoire nous a appris que les rares << hommes forts >> qui ont d’emblée sauté ce pas en ont retiré gloire et magnificence de leur aura ! Mais le sujet, sinon même la cause, n’avait pas paru s’imposer à un tel degré d’urgence ou de priorité nationale pour valoir enjeu national. C’est le développement économique qui accaparait toutes les attentions, et puisque la langue française était disponible et à portée de tous, pourquoi se mettre martel en tête ?

    Par ailleurs, et même si cela vaut explication mais pas justification, à la différence de presque tous les autres pays d’Afrique Noire, la Côte d’Ivoire ne s’est pas trouvée, à l’indépendance, avec une ou deux langues du terroir pratiquées par tout le monde ; comme le Moré au Burkina, le Twi au Ghana et au Togo, le Malinké et le Soyinke au Mali, le Wolof et le Peul au Sénégal, le Haoussa, le Djerma et le Peul au Nord du Nigéria, le Igbo et le Yorouba au sud du Nigéria, le Malinké, et le Peul en Guinée, etc…etc

    La Côte d’Ivoire se divisait en 5 grandes zones de culture et de civilisation, avec pour chacune une langue principale ou dominante, et ce sont les courants d’échanges et les migrations saisonnières internes qui avaient porté haut les 2 langues pratiquées partout que sont le Malinké/Dioula, et le Baoulé/Akan.
    Houphouet Boigny, père de la nation Ivoirienne moderne, a raté le ciblage d’associer, dès les années 1965, les langues Baoulé et Malinké au français, comme langues nationales à enseigner dans toutes les écoles. Il était grandement francophile, mais n’a pas, au bon moment, injecté à la Côte d’Ivoire le remède de cheval qui aurait été la grande proclamation d’associer au développement économique et social de la Côte d’Ivoire la grande revendication de célébrer l’histoire, la culture et de la civilisation de nos peuples, en réplique au déni que nous avaient imposé les colonisateurs. Nous nous trouvons au centre de l’espace Ouest Africain, au carrefour de ses mouvements migratoires. Notre voix aurait eu un impact exceptionnel pour cette cause.
    Et si, aujourd’hui, en 2025, il doit être décidé que la Côte d’Ivoire se prête à cette grande opération de redressement historique et de civilisation, il importe que ceux qui auront part aux débats et décisions soient admonestés ne pas y arriver dans le prolongement de l’éternel ami de la France que fut Houphouet Boigny, surtout pas des clones d’Houphouet dissimulés derrière les écrans dernière génération de leurs smartphones et ordinateurs.

    Pour l’heure, les autorités en charge du sujet des langues nationales nous invitent à la patience en nous annonçant être dans les dernières phases du protocole requis pour recruter un consultant qui aura à charge de poser les bases d’une vision nationale sur le sujet. Nous nous en réjouissons et souhaitons bon vent à ceux qui se trouvent investis de cette mission dont les résultats participeront des fondations de ce que sera notre pays, terre des futurs néo Ivoiriens qui poindront à partir de 2050.
    Nous serons au centre d’un grand espace humain de près de 400 millions d’âmes, avec les deux langues officielles que seront le Baoulé (Akan) et le Malinké, et la langue internationale de référence sera l’anglais/américain.

    Cette dernière langue s’impose déjà dans tous les espaces, en Occident, comme ailleurs sur les 5 continents, et a déjà remporté son trophée de première langue usuelle dans le monde, puisque les trois plus grands espaces démographiques au monde, l’Inde, la Chine et l’Indonésie, l’ont choisi comme langue de débordement et l’enseignent à leurs enfants et adolescents juste après celle de leur terroir. Presque tous leurs voisins d’Asie font de même, et ils rejoignent en cela le vaste sous continent latino américain où l’espoir d’émigrer vers les USA ou le Canada est plus vivace que jamais.

    Il n’est pas à exclure que de nombreux spécialistes, en Côte d’Ivoire, recommandent dès le départ l’enseignement local de chacun des soixante parlers recensés sur notre territoire, en même temps que le Français, permettant ainsi de redynamiser nos cultures locales, sans risque de freinage dans la formation générale des enfants, puisque la langue française, déjà comprise, pratiquée et lue de tous, jouerait le rôle de balise cognitive.

    Cette option pourrait être largement adoptée puisqu’elle ne présenterait aucun risque de freinage dans tous les systèmes d’enseignement en place dans notre pays.
    Mais, force est de reconnaître dès le départ qu’elle equivaudrait à l’adoption définitive et sans retour de la langue française comme langue officielle en notre pays, ce qui irait à l’encontre de l’évolution et de l’histoire du monde négro africain depuis trois décennies.

    Mais donnons nous encore du temps, continuons d’entretenir ce sujet en de précieuses jachères de nos réflexions, et, pour l’heure, consacrons nous à l’élection présidentielle d’Octobre 2025.
    Surtout que son résultat, la couleur et l’éclat de la fumée qui sortira du grand chaudron, pourraient valoir déjà réponse et solution à tous les soucis de référence identitaire qui nous habitent.
    Que vive la future autre Côte d’Ivoire post élections 2025 !

    Fait à Abidjan, le 23 juillet 2025

    Le Ministre Kobena I. ANAKY
    Président du MFA

    Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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