« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Categories: Lu pour vous

Affaire Kieffer / Après le test Adn négatif, Voici la question qui intrigue les enquêteurs

Mystère et boule de gomme ; pourrait-on dire, autour des ossements humains découverts dans le département d’Issia, le 6 janvier 2012, en présence du juge français Patrick Ramaël, qui enquête, depuis 2004, sur la disparition de Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien, ex-conseiller chargé des matières premières au ministère de l’Économie et des Finances. Très vite, l’on avait attribué, sur la foi des témoignages recueillis sur place, le squelette desséché de la rivière du village de Yaokro, situé entre Saïoua et Issia, à ce correspondant de la « Lettre du Continent » qui enquêtait sur les présumés détournements de fonds dans la filière café-cacao. A la lumière des résultats des analyses de l’Adn qui ont fait place à une grande déception de la famille du disparu, on est tombé de Charybde à Scylla dans la recherche de la vérité. Le mal, c’est la mort, plus que certaine de Guy-André Kieffer. « Si l’Adn avait été celui de Guy-André, cela aurait signifié qu’il était mort. Nous avons cependant, ce soir, toujours un espoir, même s’il n’y a que 1% de chance qu’il soit toujours en vie », a commenté son épouse Osange Silou-Kieffer, à la suite de la publication des résultats de ces analyses. De fait, les tests Adn n’ont pas pu montrer que le corps découvert à Issia est bien celui du journaliste Kieffer. « L’expertise Adn est négative. Le corps retrouvé n’est pas celui de Guy-André Kieffer » a déclaré Me Alexis Gublin, l’avocat de Bernard Kieffer, le frère du journaliste. Celui-ci avait, il faut le rappeler, le jour de sa disparition le 16 avril 2004 sur le parking du supermarché Prima, en Zone 4, rendez-vous avec un beau-frère de Simone Gbagbo, un ex-étudiant ivoirien en Union soviétique dans les années 1980, agent des services de renseignements de la présidence de la République sous Laurent Gbagbo. Le pire, aujourd’hui, pour la famille du journaliste, serait de ne jamais retrouver son corps, même si ses résultats ne remettent, en rien, en cause l’enquête en cours. Même si, rechercher le corps de Kieffer dans ce pays de 322.000 Km2, sans indication ni repère précis, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin… Du coup, ce résultat négatif qui est tombé comme un couperet, recouvre, d’un voile obscur, cette affaire Kieffer. Une chose est sûre. Guy-André Kieffer qui n’a plus fait signe de vie depuis près de dix ans aujourd’hui est mort. Il n’y a aucun doute. Où est donc son corps ? Qu’est-il advenu à sa dépouille ? Autrement dit, qu’est-ce que ses présumés assassins ont bien pu en faire ? De toute évidence, il s’est passé quelque chose d’inimaginable avec son corps. La première réponse qui vient à l’esprit, est la thèse de l’incinération, voire de la crémation du corps. Il est fort probable que le corps de Kieffer soit totalement et entièrement brûlé par ses assassins. De peur, pour eux, que son corps soit retrouvé un jour et qu’il ne livre les secrets de sa mort et n’expose ses assassins, ceux-ci, par instinct d’extinction des preuves, ont certainement choisi l’option de la crémation pure et simple pour ne laisser aucune trace… Il est probable que le corps de Kieffer ait été réduit en cendres par ses bourreaux avant d’être dispersé dans la nature ou dans un cours d’eau. Deuxième hypothèse, plus ou moins voisine de la première, laisse à penser que le corps du Franco-Canadien a été liquéfié au moyen d’une substance chimique, tel de l’acide, après avoir été « saucissonné » par ses ravisseurs. Une troisième hypothèse plus ou moins plausible fait croire que son corps a pu être abandonné dans la brousse, comme se fut le cas de la dépouille du colonel Dosso, dont le corps, jeté sur l’autoroute du Nord, n’a jamais pu être retrouvé, après des fouilles conduites par ses assassins. Ce qui laisse entrevoir qu’il pourrait avoir été dévoré par des animaux… Une kyrielle d’hypothèses fourmillent, qui convergent vers un seul et unique dénominateur : «On a fait disparaître son corps d’une manière ou d’une autre pour ne pas qu’il soit retrouvé un jour ».

Armand B. DEPEYLA in Soir Info

Sat, 14 Jan 2012 05:21:00 +0100

0
La Dépêche d'Abidjan

Recent Posts

Côte d’Ivoire : Une première injustice ne doit jamais être tolérée

J’ai regardé aujourd’hui une vidéo dans laquelle une dame, en pleurs et s’exprimant tantôt en…

17 heures ago

Le monde noir de demain : Africain… Américain… woke… décolonial… sinon bien au delà ?

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis L'on va célébrer un peu partout dans le monde le 80e…

3 jours ago

Côte d’Ivoire : Le laisserons-nous avoir un quatrième mandat ?

Le retour de la Côte d’Ivoire au programme du Ppte (pays pauvres très endettés) annoncé…

5 jours ago

NIGERIA : Daniel Ojukwu, symbole des menaces qui pèsent sur les journalistes d’investigation

Le journaliste d’investigation Daniel Ojukwu, membre de la Fondation pour le journalisme d'investigation (FJI), a…

1 semaine ago

L’art de dire et de se dédire aussi facilement

En 2010, Achille Mbembe, qui n’est pas philosophe mais historien, invitait les Africains qui «…

1 semaine ago

This website uses cookies.