« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Categories: Politique

Célébration de la fête du 1er mai : Le mépris de Ouattara au monde du travail

C’est un voyage qui ressemble à une fuite organisée. Après les mesures impopulaires qui ont supprimé des milliers d’emplois et jeté nombre d’Ivoiriens à la rue, après avoir montré son incapacité à juguler le coût trop élevé de la vie, Dramane Ouattara, à qui la fête du travail donne l’occasion de s’expliquer face aux travailleurs, a préféré les abandonner aux mauvais soins de son premier ministre, pour aller se refugier à Paris, chez le maître.
La célébration du 1er mai, comme de tradition, revêt un caractère particulier pour les travailleurs du monde entier en général et pour ceux de la Côte d’Ivoire en particulier. En effet, elle sert de creuset officiel aux syndicats et aux centrales pour égrainer les problèmes des entreprises aux employeurs, en particulier et à l’Etat de façon général. C’est là également l’occasion de demander une amélioration des conditions de vie et de travail, suivi d’un éventuel dépôt d’un ‘’livre blanc’’ contenant toutes les préoccupations des employés au chef de l’Etat, tout en espérant un début de leur solution. Il n’y a jamais eu autant d’emplois perdus sous un régime, en un temps record (plus de 80.000 emplois perdus en moins d’un an). Tout comme la palme du coût cher de la vie revient depuis 50 ans à ce gouvernement. Alors que les Ivoiriens attendaient de pied ferme cette célébration parce que le peuple dans son ensemble, ploie sous le coup de la misère, Ouattara a jugé bon d’aller se refugier en France, laissant les Ivoiriens orphelins. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Car ‘’il n’y a rien en face’’, comme le dirait l’autre. Dramane Ouattara qui sait qu’il n’a rien à ‘’craindre’’ des travailleurs ivoiriens ne peut tout de même se permettre certaines virées. Il n’y a en fait plus de syndicats dignes de ce nom dans ce pays. Face aux vagues de licenciements abusifs, à la suspension de la direction de la Mugefci, leur mutuelle, face à l’augmentation du taux de cotisation de la pension de retraite qui réduit de facto le salaire des fonctionnaires et agents de l’Etat, les centrales syndicales, les associations des consommateurs, les organisations de défense des droits de l’homme sont devenues aphones. Or, avec l’ancien régime qui était pourtant attentif aux revendications et préoccupations des travailleurs, les responsables syndicaux n’hésitaient pas à appeler leurs syndiqués à la grève, souvent même à des grèves dites préventives. Traoré Flavien et son mouvement qui multipliaient les grèves sous l’ancien régime pour réclamer, entre autres, la révalorisation du salaire, l’augmentation et le paiement régulier des primes de recherche, le reclassement et la bi-appartenance des enseignants du supérieur, ont préféré sacrifier l’avenir de milliers d’étudiants en cautionnant la fermeture des universités, pour un poste de nomination (Traoré Flavien a été nommé Inspecteur général à la Fonction publique et membre de l’actuel comité de gestion de la Mugefci). Et pourtant, les mêmes problèmes subsistent encore. Et le gouvernement Ouattara dit ne pas se reconnaitre dans le décret signé par l’ancien régime. Les médecins qui ont sacrifié des vies humaines au panthéon des revendications corporatistes (ils ont fait des grèves sans service minimum) attendent aujourd’hui un hypothétique point d’achèvement de l’initiative PPTE. Des agents médicaux ont été récemment bastonnés sur leur lieu de travail et pas même une déclaration de compassion émanant du bureau national pour condamner ces dérives. Les transporteurs étaient les plus acariâtres. Pratiquement, cette corporation qui regroupe plus de 300 syndicats, arrêtait le travail au moins une fois dans le mois ; même quand ils sortaient de discussion avec le chef de l’Etat, ils poursuivaient toujours leur grève sous le fallacieux prétexte que certains syndicats n’étaient pas présents à la table de discussion. Pour l’instant, ceux qui ont pu tenir la flamme de l’espoir face au pouvoir répressif de Dramane Ouattara, ce sont les enseignants du primaire. Et avec la trêve sociale que vient de rompre de façon unilatérale la Fesaci, sûrement que les jours à venir, les travailleurs pourront dire à Dramane Ouattara que l’amélioration des conditions de travail des fonctionnaires doit être une priorité dans un pays où le pouvoir d’achat des populations s’amenuise quasi-quotidiennement alors que le premier responsable reste sourd à leurs cris de misère.

MELANIE COULIBALY in Aujourd’hui

Wed, 02 May 2012 01:43:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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