"harcèlement"
Très vite, le régime a accusé des fidèles de l’ex-président Laurent Gbagbo, incarcéré à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne de crimes contre l’humanité, de tenter d’exécuter un plan global de "harcèlement" et de "déstabilisation": miliciens ou militaires basés en Côte d’Ivoire, au Ghana ou au Liberia, avec l’appui d’exilés politiques et militaires chez ces voisins.
S’il ne fait guère de doute que les attaques de l’Ouest peuvent largement être imputées à des pro-Gbagbo installés côté libérien – l’ONG Human Rights Watch (HRW) leur attribuait dans un rapport en juin la responsabilité d’"au moins 40" tués en moins d’un an -, les dernières opérations, à Abidjan et dans sa région, suscitent des interrogations.
Sans exclure la présence de pro-Gbagbo au sein du groupe qui a pris d’assaut le 6 août le camp militaire d’Akouédo, l’un des principaux d’Abidjan, une source sécuritaire occidentale affirme que "parmi les assaillants, il y avait des anciens du +commando invisible+ (mouvement armé anti-Gbagbo actif début 2011, ndlr) et des ex-rebelles" pro-Ouattara, une piste confirmée par une autre source proche du dossier.
Des milliers d’ex-combattants qui ont contribué à installer M. Ouattara au pouvoir, après le refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à l’élection de novembre 2010, attendent en effet d’être désarmés, réinsérés ou bien intégrés dans les forces régulières.
"Il est temps que l’on procède à un désarmement effectif de toutes les forces qui ne sont pas habilitées à porter des armes, quel que soit leur camp", exhorte René Hokou Legré, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (Lidho).
Pour lui, le régime "ne manque pas de volonté politique" pour réformer l’armée mais évite de "brusquer les choses". Or, met-il en garde, "en y allant doucement, il y a une gangrène qui est en train de s’installer".
Les ex-miliciens pro-Gbagbo, comme nombre d’éléments pro-Ouattara, forment une masse énorme de "guérilleros potentiels" que leurs frustrations peuvent conduire à des coups de force, avance dans une tribune publiée cette semaine l’opposant Mamadou Koulibaly, ex-président de l’Assemblée nationale sous l’ère Gbagbo.
Le président Ouattara a annoncé la mise en place d’un "Conseil national de sécurité" qui conduira la réorganisation de l’armée – aux contours encore très flous – et chapeautera une structure unique de désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR).
"Le pouvoir est en train de se réveiller" du fait des attaques mais "ça flotte, ça tangue" encore, observe un diplomate africain. "La Côte d’Ivoire n’est pas sortie de la crise".
De Thomas MORFIN (AFP)
Fri, 17 Aug 2012 17:52:00 +0200
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