« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Categories: Tribune

Dramane ou le péril de l’ethnocentrisme

Répondant aux griefs ethnocentriques reprochés à son régime, Dramane Ouattara a fait la déclaration suivante : « Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo les communautés du nord, soit 40% de la population était exclue des postes de responsabilité… ». Quand le premier responsable d’un Etat ouvre ainsi clairement le débat sur les clivages ethniques, peut on encore reprocher à sa population de s’y engouffrer. Sans entrer dans la véracité de ses propos, on ne peut pas s’empêcher d’avoir honte d’être le sujet d’un dirigeant aux propos aussi controversants. Ce Monsieur a dit dans les mêmes circonstances que c’est parce qu’il est nordiste qu’on ne voulait pas qu’il soit candidat. Cela nous a coûté plus de 20 ans d’instabilité. Parce que les gens du nord se sont effectivement mis dans la tête qu’ils étaient exclus. Nous avions pensé à la boutade d’un homme aveuglé par une ambition démesurée. Nous étions loin de croire que cela était l’expression d’un calcul minutieux pour l’application d’une politique ethniciste qui n’aura rien à envier au nazisme. L’idéologie nazie n’était rien d’autre que la promotion d’une race sur les autres. Ce que cette idéologie, tirée des tréfonds des théories sur la supériorité de la race aryenne, a produit en Europe est encore vivace dans la mémoire collective de notre humanité. C’est pour tourner le dos définitivement aux affres de la barbarie hitlérienne qu’il est recommandé de défendre en priorité les valeurs universelles d’humanité avant celles très basses de la race et de l’ethnie. C’est au nom de ces valeurs qui révèlent la profondeur des grands hommes qu’on a combattu le colonialisme, le nazisme, l’apartheid et toutes les formes d’impérialisme. Et c’est pour ne plus regarder dans le rétroviseur de notre bestialité que partout dans le monde, les organes de régulations de la presse traquent tous les propos à caractère raciste et ethniques. Sans entrer dans la véracité de ce que Dramane Ouattara dit et qu’aucun responsable politique n’a jamais dit en Cote d’Ivoire, je voudrais savoir de quel droit les gens du nord devrait représentés à plus de 40% dans l’administration d’un Etat qui compte 60 ethnies ? Où serait aujourd’hui la Côte d’ivoire ou bien où allons-nous si chaque leader politique devrait faire du rééquilibrage ou du rattrapage en fonction de son ethnie ?



Joseph Marat

Fri, 27 Jan 2012 02:57:00 +0100

0
La Dépêche d'Abidjan

Recent Posts

Côte d’Ivoire : Fête du Travail au pays des Atchans calmes et reconnaissants.

Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis ! Marquons tous cette pause mondiale du 1er mai, célébration…

5 jours ago

Côte d’Ivoire – Zouglou : Les Dirigeants brillent à nouveau avec « Ça Réussit »

Dans les années 90, à Divo, une poignée de jeunes passionnés de musique « woyo…

6 jours ago

Côte d’Ivoire : Nous devons aider le père et le fils à se remettre ensemble

Les partisans de Charles Blé Goudé soutiennent que leur leader a fait Laurent Gbagbo. C’est…

6 jours ago

Côte d’Ivoire : LES PRIX EBONY 2023

LES PRIX EBONY 2023 Prix spéciaux et prix sectoriels 1 Prix spécial de l’innovation et…

6 jours ago

This website uses cookies.