Le mythe du franc CFA bienfaisant
Mais le plus gros mensonge, martelé à longueur de discours, est le fait que le franc CFA, tout comme la colonisation qui lui a donné son nom, serait « bienfaisant » pour les pays africains. C’est toute la substance du discours de Ouattara qui est un long panégyrique du CFA, conclu par de vibrants remerciements de l’obligé à la puissance tutélaire. Il omet de préciser qu’il a été un grand artisan de la dévaluation de 1994, chargé de persuader de son bien-fondé tous les présidents africains unanimement hostiles. Il s’agit, dans tous ces discours, d’une inversion totale de la réalité.
Le franc CFA n’existe et n’est bienfaisant que pour la France. Jamais on ne parle de l’intérêt de la France. Pourquoi le cacher ? Il est pourtant multiple : rapatriement des bénéfices de ses entreprises, achat des matières premières dans sa propre monnaie, fixation d’une clientèle captive pour ses productions. Tout cela est très concret.
Les avantages des Africains sont théoriques. La « garantie illimitée » est une pure hypothèse d’école. La France garantit les achats en cas de manque de devises de l’acheteur, mais, comme les devises de l’acheteur sont dans le trésor français, cela ne peut pas se produire. Les Africains paient donc de la perte de leur indépendance un avantage qu’ils se procurent seuls à eux- mêmes.
Le chef-d’œuvre de Camdessus
On a vu, avec la dévaluation de 1994 ce qu’il en est des changes fixes et comment la France s’assoit dessus quand ça lui chante. Tant pis pour les dégâts. Imagine-t-on les Français avec, du jour au lendemain, deux fois moins de pouvoir d’achat ? Ce serait l’explosion sociale. Le motif prétendu, doper les ventes des pays africains, est aussi mystificateur.
Ce serait le cas si les pays africains étaient des pays industrialisés. Leurs produits pourraient concurrencer d’autres produits. Cela protègerait l’emploi. Or ces pays n’exportent pratiquement que des matières premières. Ils n’ont guère de concurrents. Leur intérêt est de vendre leurs matières premières le plus cher possible.
Le discours de Camdessus, au colloque, sur ce qu’il nomme pudiquement « le réalignement monétaire de janvier 1994 », est un chef-d’œuvre d’enfumage par un « expert ». Il assène le seul argument de la « croissance », qui ne mesure que la croissance en effet du volume des matières premières exportées, seule activité économique de ces pays. Ce qui croît ce sont les bénéfices des multinationales mais absolument pas le niveau de vie des populations. C’est la croissance sans développement, phénomène qui affecte principalement les pays africains de la zone franc, et sur lequel on se garde bien de faire le moindre colloque.
Odile Tobner
Survie
Sun, 13 Jan 2013 13:04:00 +0100
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