UNE AUTRE TARE : LA REDONDANCE
Une autre tare définit les chanteurs des temps présents, c’est la redondance : d’une œuvre à une autre, on a le sentiment qu’il s’agit d’une même chanson. Et le timbre vocal, et l’harmonie : tout se ressemble. C’est en vain qu’on attend les variations d’un bon chorus, comme savaient le faire Nico et Géry Gérard. Les chanteurs du moment sont tel un écrivain qui, prolifique durant toute sa vie, écrit en vérité le même livre avec le même style. Bonjour la monotonie.
Certes les bénédictins de la rumba actuelle ont de belles voix ! Mais ils ne savent pas les marier, du moins ils n’éprouvent aucune envie de savoir les placer. Pour ces artistes, chanter c’est comme prendre un ascenseur : monter/descendre/monter/descendre. Ils montent et descendent là où il n’est pas nécessaire de le faire. Travaillent-ils avec de vrais arrangeurs ?
Le bémol s’impose. Constituez une "attaque" avec les maîtres de chant, Evoloko, Emeneya, Bozi ou Likinga Redo, les chanteurs du moment s’éclipseront vite. Or il est un aspect originel de la Rumba congolaise, c’est la guerre des voix…
L’ABSENCE DE LA GUERRE DES VOIX, UN IMPARFAIT DU PRESENT
Qui ignore la splendide guerre qui oppose Daliens Ntesa et Youlou Mabiala dans Radio trottoir ? Michel Boyibanda et Sam Mangwana, eux, s’agressent agréablement dans To yeba yo trop. Evoloko et Vadio se "mesurent" dans Atinga. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu, entre Likinga et Evoloko, dans Pétrole. Match non pas nul, mais sublime. King Kester Emeneya inflige une gifle de chant à Pépé Kallé dans Amena, si bien que l’éléphant de la musique zaïroise ne se contente que de quelques rôles dans le refrain.
"Oui, dans ma propre chanson, j’abdique face au bachelier en chant, tellement il y est intenable", avoua-t-il un jour à Paris, en 1990. Et de poursuivre : "Il est difficile de malmener Emeneya dans une chanson ; il te répondra du tac au tac". Avec sa manière de chanter dans le contretemps, cela déstabilise le plus chevronné des maîtres du tempo.
Djenga K. Espérant écrabouille tout le monde dans La mignonne de Bozi Boziana, au point que ce dernier est presque absent dans sa propre composition. Même Lay, le Zeus du ténor, est inaudible dans cette splendide œuvre. Mais ce dernier prend sa revanche, justement dans Autopsie de Djenga K. : il monte si haut dans les aigus que ses compères (y compris le compositeur de la chanson) ont l’impression de patauger dans les bas-fonds des graves.
Papa Wemba, lui, a souvent perdu le duel des voix dans une "attaque" : il est plus divin seul qu’en chorale (Matebu, Esclave, Maria, etc, des œuvres d’une beauté divine). Mais il a remporté aussi plusieurs batailles. En témoigne la manière dont il contre les variations de Bozi, la puissance de Djenga K. et de Lita Bembo dans Mère Otan. Mieux encore, si Kinshasa-Brazza est une chanson à faire écouter aux élèves de chant, c’est grâce au Dionysos du chant qu’est Papa Wemba.
"Dans cette chanson, Papa Wemba sait qu’il doit maintenir une longue distance entre Bozi et lui. S’il descend d’un centimètre, il se perd, car en bas Bozi règne en maître et en puissance", a , analysé Théo Blaise Kounkou.
En fait, qu’est-ce "qu’une guerre juste" ? Pour les gens compliqués, il s’agit d’une guerre qui sert à conquérir une valeur, quitte à verser du sang. Eh bien, pour les gens simples, les mélomanes de la bonne Rumba congolaise, la "guerre juste" est celle qui égaye les âmes, tant sur le fond que sur la forme. Seul le passé, cette lumière abondante, procure cet amour. Le vrai amour. La Rumba actuelle n’est que vacuité et lumière ténébreuse.
Le cas suivant l’illustre bien : pour son mariage et son cinquantième anniversaire, un Congolais de France, Albert Tchey, précise bien sur les cartons d’invitation que les invités ne danseront que la Rumba congolaise des années 70-80 et la Salsa. Et pour cause : la Rumba actuelle demeure au ras des pâquerettes.
Pour rappel, le samedi 11 juin 2011, au stade de France, à l’occasion de la "Nuit africaine", toutes les musiques africaines ou presque seront à l’honneur. Parmi elles, la Rumba congolaise, un genre en pleine glaciation depuis plus de vingt ans, même si le FEMOCA (Festival des musiques originaires d’Afrique noire) tente, par ses moyens, de le dégeler.
Bienvenu IPAN (Kongotimes – Publié le 10/06/2011 à 21:23:00)
Fri, 29 Jul 2011 12:46:00 +0200
0Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis ! Marquons tous cette pause mondiale du 1er mai, célébration…
Interpellé le jeudi 25 avril au siège de son journal, le directeur de publication du…
Dans les années 90, à Divo, une poignée de jeunes passionnés de musique « woyo…
Après les médias BBC et Voice of America, les autorités du Burkina Faso viennent de…
Les partisans de Charles Blé Goudé soutiennent que leur leader a fait Laurent Gbagbo. C’est…
LES PRIX EBONY 2023 Prix spéciaux et prix sectoriels 1 Prix spécial de l’innovation et…
This website uses cookies.