« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Categories: Politique

Ouattara conduit la Côte d’Ivoire vers le chaos: Les confidences de ses proches

Emporté par une horrible haine de son «frère» Laurent, Dramane applique, chaque jour, une politique de persécution et fait l’autruche. Pour lui, peu importe si la Côte d’Ivoire plonge.
Le Président Fologo doit certainement avoir le profil très bas. Car c’est lui qui en nouvel avocat du pouvoir Ouattara, demandait le retour sans condition des exilés. «Revenez, on ne vous fera rien», avait-il lancé en oubliant que Ouattara Gnonzié le Secrétaire général de son parti est en exil, à cause de ce même régime qui ne supporte pas la contradiction. Un mandat d’arrêt a même été lancé contre lui. Après l’appel de Fologo, le ministre Lida Kouassi n’est pas venu, parce qu’il connaît ce pouvoir. Mais Ouattara est allé le prendre comme un vulgaire bandit dans la ville de Lomé. Pourquoi l’a-t-on arrêté? C’est la question que s’est posée, hier, toute la Côte d’Ivoire. Dramane qui s’est déplacé lui-même pour le faire mettre aux arrêts, dans la capitale togolaise, pour le brandir comme le trophée de guerre du siècle, donne des explications qui ne convainquent pas. «Tout le monde connaît son implication dans la crise», lâche l’homme le mercredi 6 juin 2012 de retour à Lomé. Quel rôle a-t-il joué? Il ne le dira pas. Nous sommes en plein dans la Ouattara-Landie où toutes les absurdités sont permises. Tout le monde sait que Lida Kouassi n’est plus ministre de la défense depuis bien longtemps. A quel titre a-til joué on ne sait quel rôle qui a irrité tant Ouattara? Qui, au même moment, fait la promotion de Mangou et de Kassaraté qui ont pourtant dirigé l’armée pendant la crise postélectorale. Où est la logique? rien d’étonnant.
Avec Ouattara, tout est possible. L’homme tel qu’il se découvre aujourd’hui, est dévoré par une grande haine pour le Président Gbagbo qu’il appelait souvent par plaisanterie de mauvais goût, mon «frère Laurent». une haine mal contenue qui conduit la Côte d’Ivoire tout droit dans l’abîme. Au palais, la consigne d’«écraser tout ce qui sent du Gbagbo», a fait place au programme «Vivre ensemble», qui est en fait, un ramassis de fausses promesses. C’est toujours au nom de cette haine qu’il n’écoute pas la voix des religieux qui ont le courage de lui dire la vérité. Avant les fêtes de fins d’années, il avait promis au Nonce apostolique la libération de plusieurs prisonniers politiques qui sont dans ses goulags du Nord. Et le représentant du Pape, très heureux, avait annoncé la bonne nouvelle à la Côte d’Ivoire. A l’arrivée, point de prisonnier libéré. une fausse promesse qui a provoqué la colère de l’homme de dieu. Et il n’y a pas que les religieux. Même son entourage tente, par moments, de lui faire comprendre de la nécessité de détendre le climat social en procèdant à la libération des prisonniers politiques.
«Un jour, l’un de ses proches lui a carrément dit qu’il est sur les traces de Bédié. Car si les prisons de la Côte d’Ivoire sont remplies de pro-Gbagbo, on ne peut pas dire qu’on va gouverner ce pays calmement. Ça, il faut avoir le courage de le reconnaître. Certains conseillers du Président lui ont donc dit cela», nous confie un cadre du palais présidentiel. Combien sont-ils aujourd’hui les partisans de Gbagbo qui sont dans les prisons ivoiriennes? des milliers, au grand bonheur de Ouattara. La justice qu’il actionne et manipule tous les jours est quasiment débordée par les procès des pro-Gbagbo avec des accusations incongrues.
Sous l’ère Ouattara, la justice est totalement infantilisée. Car désormais, elle arrête avant de chercher le chef d’accusation. C’est le cas des Premiers ministres Affi N’ Guessan et Aké N’Gbo Gilbert. C’est après leur arrestation que le pouvoir leur a trouvé des chefs d’accusations. Une vraie aberration qui à l’époque, était applaudie à l’Elysée. Car après le coup parfait de Sarkozy en Côte d’Ivoire, l’option était de faire disparaître, par tous les moyens, toutes velléités de contestation du régime en place. Les nombreuses exactions et les gels des comptes participent bien de ce plan. «Ils ont dit à Ouattara que sans moyens, ces gens ont ténu têtes à Houphouët. Aujourd’hui qu’ils ont passé 10 ans au pouvoir, si tu ne bloques pas leurs comptes bancaires, tu ne pourras pas leur résister», déplore un cadre du Fpi. C’est ce qui explique le gel des avoirs des partisans de Gbagbo. Et Ouattara se sent bien dans cet arbitraire. Il y est tout à fait à l’aise, car il s’agit de protéger son pouvoir. En décembre 1999, après le coup d’Etat contre le régime de Bédié, ironie de l’histoire, il aurait proposé cette solution à la junte en ce moment dirigée par le général Guéi. A savoir, le gel des avoirs des barons du Pdci et la saisie de tous les biens de ce parti. Mais il y avait en ce moment un certain Gbagbo en face du Général Guéi.
C’est sa célèbre phrase, «Ce n’est pas opportun» qui a évité aux barons du régime Pdci une saisie de leurs biens. Bédié, djédjé Mady et toute la chaine de commandement de ce parti savent cela. Aujourd’hui, Bédié s’unit à Ouattara pour geler les biens du Président Gbagbo et de ses partisans. Alomo, l’un des députés de ce parti, a même proposé la dissolution pure et simple du Fpi, sans donner la moindre raison. L’histoire est encore récente. Mais cela paraitrait trop gros. Par moments, Ouattara tente de se donner des dehors de démocrate. Il essaie avec une maladresse sans commune mesure, de faire un peu comme tout le monde. Malheureusement, ça ne passe pas. Chaque jour qui commence finit avec son lot de terreur sur la Côte d’Ivoire.
Les exactions et les emprisonnements, le gel des avoirs, les expropriations et de confiscation des biens, et l’exil forcé des cadres pro-Gbagbo. Mais dans l’indifférence de tout le monde, il y a la terreur que les Frci ont installée à l’intérieur du pays. «Chaque jour, les Frci nous obligent à payer de l’argent pour aller dans nos champs. Nous payons à l’aller, tout comme au retour de nos plantations. De plus, ils se sont fait une prison ici. Ils font régulièrement des rapts. Pour obtenir la libération d’un parent, vous devez payer la somme de 100.000Fcfa», explique un homme dans la région de Soubré. A l’ouest, c’est le monde à l’envers. Car là-bas, la Côte d’Ivoire marche presque sur la tête. Les autochtones sont expropriés et taxés d’étrangers sur leurs propres terres, on pourrait le dire, comme le veut le pouvoir.
Situation quasiment identique dans les zones qui n’applaudissent pas la politique ségrégationniste de Ouattara. Les Frci font leurs lois qui n’a rien à avoir avec la loi de la république de Côte d’Ivoire. En fait, le constat est que le pouvoir a bien lu les écrits du IIIè reich. Avec Ouattara, la Côte d’Ivoire vit une situation qu’elle n’a même pas vécue au temps de la brutale armée coloniale. Et, comble du ridicule, ceux qui hier, sous Gbagbo et même sous Bédié, avaient de la voix pour dénoncer certaines choses se sont murés dans le silence de la peur. Et «leur silence ne parle même pas», pour paraphraser le professeur Zadi. Ils ont perdu le courage de dire non. Les Frci ne sont pas loin. Entre temps, le climat sociopolitique ne fait que se dégrader. Les clivages ne font que s’agrandir par la faute d’un pouvoir engoncé dans un tribalisme primaire. C’est bien la première fois qu’en Côte d’Ivoire, on ne recrute que seulement sur la base ethnique dans les concours de la fonction publique, dans les ministères et à la présidence de la république.
Depuis la date apocalyptique du 11 avril qui a vu la Côte d’Ivoire s’écrouler, l’homme ne voit que des ennemis partout. Chaque jour, il procède à des arrestations. Il voit maintenant des ennemis dans son entourage immédiat. Soro qu’il a pourtant placé à la tête du Parlement en violation de la Constitution est soupçonné de vouloir comploter contre lui. Après avoir mis tous les Ivoiriens en prison, Ouattara finira pas se soupçonner lui même. En réalité, la Côte d’Ivoire fonce tête baisée dans le mur. Désormais, c’est le spectacle qui est roi. Ouattara peut parler de «renaissance» de la Côte d’Ivoire, sans trop savoir ce qu’il en est. C’est le mot bien à la mode au niveau de la jeunesse africaine. Or, un pays ne peut pas renaître si ses universités sont fermées.
Un pays ne peut pas renaître avec une armée qui ne fait que terroriser la population qu’elle est censée protéger. Nous sommes en 2012. Et un pays ne peut pas renaître si une grande partie de cette population est contrainte au silence et à l’exil sous la menace des armes. En clair, la Côte d’Ivoire ne peut pas sortir du gouffre sous dramane. Parce que son génie a été contraint à l’exil par un pouvoir qui ne connaît que le langage de la violence. depuis le 11 avril 2011, quel acte Ouattara a-t-il posé pour réconcilier les Ivoiriens ? Aucun. Il vit toujours dans la belligérance et la hantise des coups d’Etat. Oubliant que chaque chose vient en son temps.

Guehi Brence in Le Temps

Tue, 12 Jun 2012 11:53:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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