Une bombe à retardement
En dehors de ceux qui prennent le malin plaisir de jouer aux agents de l’ordre et de sécurité, c’est au total, près de 60 000 hommes qui ont pris les armes et qui sont aujourd’hui tentés – s’ils ne le sont déjà – par le gain facile. Ils sont impatients, particulièrement remontés contre celui qui leur a promis monts et merveilles : sommes d’argent faramineuses, promesse d’intégrer l’armée régulière, promesse d’emplois, d’intégration dans l’administration, etc. Pendant ce temps, qui paye les pots cassés, sinon le peuple ivoirien ? Face à cette situation plus que préoccupante, le brave-tchè avoue son embarras et son impuissance : « Il y a une dizaine demilliers (d’ex-combattants) intégrés dans l’armée. Mais le gros reste à démobiliser. Et cela, c’est un souci que j’ai, et sur lequel je suis en train de travailler (…)». Plus d’un an après son accession au pouvoir, Alassane Ouattara le-brave-monsieur, continue de ‘’travailler’’, sans apporter de solutions à mêmes de désamorcer cette bombe à retardement.
Pour ne rien arranger à cette situation déjà délétère, Soro Guillaume, le bramôgo en chef, déclare : « Si rien n’est fait, il ne faudra pas s’étonner que la fleur de l’âge ne produise point de fleur, mais qu’elle sombre, au contraire, dans la violence et la désespérance ».
Echec programmé avant la fin
Souvenons-nous encore de l’enthousiasme avec lequel monsieur Ouattara, lançait lors d’une de ses nombreuses tournées européennes : « Nous avons confiance et la Côte d’Ivoire surprendra l’Afrique et le monde (…) » Il avait raison, nous sommes actuellement, totalement surpris: alors que nous nous attendions au rétablissement de l’Etat de droit et de ses instruments que sont la police, la gendarmerie et de l’armée et la justice dans leurs fonctions régaliennes, nous en sommes encore, un an après le 11 avril 2011, à des arrestations et à des détentions arbitraires, à des rafles sauvages, en violation totale des droits de l’homme, à des expropriations de terres et de plantations, à la justice des vainqueurs, à la loi du plus fort, au ‘’rattrapage’’ ethnique dans l’administration et dans les corps de défense et de sécurité et à la question cruciale des bramôgôs-combattants, à démobiliser, mais surtout à récompenser après avoir combattus pour le brave-tchè. Des combattants très remontés qui réclament au brave-tchè ce qui leur est dû, sinon… C’est bien un échec, avant même la fin deson mandat. Monsieur Ouattara peine encore à donner aux ivoiriens les garanties pour conduire la Côte d’Ivoire vers un modèle de démocratie, où l’Etat de droit, les libertés individuelles et collectives, la cohésion sociale sont des notions fortes et palpables et non là où elles sont bafouées au quotidien par des combattants mécontents, forts de leur impunité.
L’image de la commune d’Adjamé, fortement peuplée mais sur qui règne une poignée d’hommes, qui n’ont d’autorité que les seules armes en leur possession, est justement celle d’une Côte d’Ivoire embastillée, échue aux mains d’une certaine classe politique plus soucieuse d’exercer le pouvoir absolu pour elle-même que d’œuvrer dans l’intérêt supérieur des ivoiriens à la merci de gens qui n’ont appris qu’à tuer. Aussi, ne saurions-nous garder plus de silence face à ce qui s’apparente à un drame en cours dans ce pays. Monsieur Ouattara est entrain de tâtonner et de gagner du temps, dans cette Côte d’Ivoire qu’il considère comme une chasse gardée tout en se refusant d’aller dans le sens qui la sauverait de cette catastrophe programmée. Ainsi, un an après, la pression demeure sur le brave-tchè et son régime. Et comme toujours, dans ces circonstances, c’est le peuple ivoirien à la merci des bramôgôs affamés qui paye en premier le prix fort.
Marc Micael
Zemami1er@yahoo.fr
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Lexique :
· Bramogos : sobriquet par lequel s’appellent entre eux, les désœuvrés ou combattants
· Sciencer enpro :avoir pitié
· Kôrô : grand frère
· Gbagkas : véhicules, mini-cars de transport en commun
· Notre jeton : notre argent
· Brave-tchè : homme brave
Mon, 04 Jun 2012 00:29:00 +0200
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