« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
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Guinée : Conséquences de la fermeture des frontières avec le Sénégal – Les Guinéens asphyxiés par la hausse des prix de denrées alimentaires

À quelques jours du début du ramadan, les consommateurs guinéens commencent à subir les graves conséquences économiques, sociales et sanitaires de la fermeture des frontières avec le Sénégal décidée par leur président. Si la situation est si grave dans ce pays voisin, c’est parce que non seulement la quasi-totalité des denrées alimentaires viennent de Dakar, mais encore de nombreux malades guinéens aux pathologies chroniques se soignent dans les hôpitaux sénégalais. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’« embargo » voulu et imposé par le président contesté Alpha Condé et qui a asphyxié le peuple guinéen  à travers une hausse sans précédent des prix de denrées alimentaires… ». « Le Témoin » quotidien sénégalais a enquêté…

En plus de l’obtention d’un troisième mandat très contesté, car jonché de cadavres, le président Alpha Condé est en passe de mettre en péril la sécurité économique, sanitaire et alimentaire du peuple guinéen. En effet, à une semaine du début du ramadan, les consommateurs guinéens subissent les graves conséquences de la fermeture de la frontière de leur pays avec le Sénégal. Selon de nombreux opérateurs économiques, commerçants, médecins, camionneurs et autres hommes d’affaires guinéens, mais aussi des citoyens de ce pays qui viennent de revenir à Dakar contactés par « Le Témoin » quotidien, les consommateurs sont complètement asphyxiés  par la hausse des prix des denrées alimentaires. Dans tous les marchés de Conakry, Labé, Kankan, Nzérékoré, Mali etc., le prix du sac de 50 kg de riz qui coute 12.000 francs CFA au Sénégal se négocie à 20.000 CFA en Guinée, la bouteille de gaz butane de  6 kg  (2.900 CFA à Dakar) coûte 6.000 CFA à Conakry, le litre d’huile végétale (1.200 CFA) est revendu à 2.000 CFA à Labé et 2.500 CFA à Conakry. A en croire Th. B, un commerçant guinéen basé à Labé, pratiquement tous les prix des produits alimentaires importés du Sénégal ont connu de très fortes hausses «  Les prix du poivre, du sel sénégalais, du sucre, du lait ainsi que des légumes importés ont flambé, battant un record de hausse jamais égalée en Guinée. Si le pays souffre de la cette hausse exagérée des produits alimentaires, c’est à cause de la fermeture des frontières non seulement avec le Sénégal mais aussi avec la Guinée-Bissau. Car, les rares denrées disponibles sur le marché guinéen sont importées frauduleusement du Sénégal par des voies clandestines. Ce, à cause de la fermeture des frontières  » se désole notre interlocuteur. Et de menacer : «  A ce rythme, tout le peuple guinéen finira par se révolter. Car toutes les couches sociales et ethniques à savoir les soussous,  peulhs, malinkés et autres souffrent de l’augmentation des prix des produits de première nécessité » ajoute ce grand commerçant guinéen.

Le parc automobile guinéen a subi également de plein fouet la fermeture de la frontière entre les deux pays. Car, la plupart des pièces de rechanges automobiles et motos telles que les lubrifiants, les pneus, les moteurs, les pots d’échappement, les courroies de distribution et autres accessoires deviennent de plus en plus rares. Garagistes et automobilistes  sont dans le désarroi. Et craignent la pénurie totale dès lors que la plupart des pièces détachées sont achetées à Dakar et acheminées en Guinée par la voie terrestre. «  Car le marché des pièces détachées automobiles est un secteur très attractif en Guinée. La plupart des revendeurs et fournisseurs s’approvisionnaient au Sénégal. Aujourd’hui, tout le secteur est au ralenti ! » regrette A. Diallo garagiste installé à Conakry joint par « Le Témoin » par l’intermédiaire d’un de ses amis rencontrés à Dakar.

La Cedeao interpellée

En dehors des conséquences économiques et sociales, la fermeture de la frontière entre la Guinée et le Sénégal a aussi affecté le secteur de la santé. Pour mieux comprendre l’impact, il est bon de rappeler que Dakar est devenue une destination hospitalière privilégiée de la sous-région. Donc se faire évacuer à Dakar est un luxe voire un espoir de survie pour de nombreux patients guinéens, maliens, mauritaniens, gambiens etc. souffrant de pathologies graves ou chroniques. Un médecin guinéen se désole du fait qu’il ne peut plus orienter certains malades vers les hôpitaux sénégalais à cause de la fermeture des frontières. «  Surtout en matière de chirurgie pédiatrique où des enfants guinéens graves malades allaient à l’hôpital Albert Royer de Dakar pour se soigner. Parce que la Guinée manque de tout en matière de plateaux sanitaires. Malheureusement, les évacuations sanitaires entre la Guinée et le Sénégal ne sont plus possibles pour le pauvre guinéen obligé de prendre la route. Les malades guinéens souffrent donc de cette fermeture des frontières à cause de l’irresponsabilité d’un président nommé Alpha Condé » regrette notre médecin guinéen.
Selon M. Oury Thialéré, président de l’Union des jeunesses guinéennes au Sénégal, en dehors de la politique, la Guinée est en passe de sombrer dans une très profonde crise économique et sociale. «  A quelques jours du ramadan, tous les prix de denrées alimentaires ont augmenté du simple au triple. Tout cela à cause du président Alpha Condé qui a pris la décision unilatérale et incompréhensible de fermer les frontières avec le Sénégal. Et seul le peuple guinéen est le grand perdant dans cette situation. Car, le Sénégal est tellement développé au point qu’il ne peut rien attendre de la Guinée… Je profite des colonnes du « Témoin » pour demander l’arbitrage de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) afin que les dirigeants de cette communauté raisonnent le président Alpha Condé dans le sens de rouvrir les frontières » implore M. Oury Thialéré, président de l’Union des jeunesses guinéennes au Sénégal.

Pape Ndiaye
« Le Témoin » quotidien sénégalais

Fri, 09 Apr 2021 15:41:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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