« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
La chronique du Président Kobena I. Anaky

Cadre électoral 2025 en Côte d’Ivoire : l’Empereur Ouattara convoquera t-il le grand forum attendu de tous ?

 Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis !

Nous sommes en train d’évoluer vers une fin d’année 2024 sans que le firmament politique de notre pays ne présente d’autre arc que le lent cheminement de toute la Côte d’Ivoire vers les élections présidentielles d’octobre 2025.

Tout se présente concourir à ce qu’elles se tiennent exactement dans le même cadre général en place. En effet, en suivant au jour le jour l’évolution des initiatives et actions de tout l’ensemble de l’opposition, partis politiques comme société civile, force est de reconnaître que la ligne adoptée par le Président Alassane Ouattara, qui se borne à ignorer royalement la doléance commune à tous de se retrouver ensemble pour la tenue d’un forum, ouvert à tous, lui réussit.

Il s’agit là, pourtant, de la première étape, incontournable, pour accoucher d’un cadre électoral nouveau et consensuel, agréé par tous, opposition comme pouvoir.
Pour un pays que sa constitution pose comme République, et qui repose donc sur le socle des principes et valeurs de la démocratie, les élections sont la voie unique et royale pour l’attribution et l’exercice du pouvoir d’état.

Et, dès lors donc que, c’est l’ensemble de l’économie des élections qui est mis en cause, le Président de la République a obligation constitutionnelle d’inscrire ce sujet au premier rang de ses charges.
Encore que cette requête est portée, depuis des années, par toutes les forces politiques, dont la présence effective au Parlement ( Assemblée Nationale et Sénat), aux Conseils Régionaux et Municipaux, et autres institutions religieuses et traditionnelles, pour terminer par le Conseil Économique, atteste bien que c’est une partie grandement représentative du peuple ivoirien qui s’adresse au Président.
Il faut faire fi, sinon même oublier et ignorer, les fameux grands dialogues politiques d’hier. Ils ont compté de 1 à 5 étapes, pour se refermer sur les mêmes frustrations, résultat prévisible puisque les enjeux étaient pipés dès le départ !

Le Chef de l’Etat, que le non changement arrange, a su, avec son premier Ministre de l’époque, creuser un grand marigot où tout le monde a été invité à venir s’ébattre, mais sans changement à attendre !
Pire, ces perfides dialogues politiques ont laissé en héritage un entrelacement de collaboration de nombreux partis politiques et organisations de la société civile avec le pouvoir Ouattara. En pleine conscience ou non, beaucoup ont été institués en accompagnateurs du pouvoir RHDP, rémunérations à l’appui. Ainsi s’est constitué le socle du continuum que le Président Ouattara sut ériger.

La population ne s’y retrouve nullement, et ne sait où donner de la tête, lorsque l’incontournable et inimitable Président de la CEI, assure, à longueur de journée, et, à tout propos, qu’il ne croit pas que l’opposition veuille la dissolution et la disparition de l’institution qu’il a en charge, puisque toute l’opposition a des représentants dans ses organes de direction !

Au moment où nous parlons, toute l’opposition fait chorus avec la cellule juridique et en charge des élections de l’un des grands partis politiques du pays, laquelle avance qu’il y a au moins deux millions d’inscrits, sur la liste électorale de l’état de Côte d’Ivoire, qui méritent qu’un travail expert de recherche soit entrepris, à l’appui de tous les registres d’état civil tenus depuis les années 1960.
La nationalité ivoirienne de ceux là, et bien entendu de leurs ascendants et descendants, se doit d’être dûment établie.

Le déni royal que le Président Alassane Ouattara oppose à un sujet qui est plus qu’une simple affaire d’état, est aisément compris de nous tous ; les contorsions des Ministères et Institutions en charge de ce pan majeur des obligations régaliennes de notre état n’étonnent pas non plus, tant il est évident qu’il faut atermoyer pour atteindre les derniers mois de 2025.

Le lourd péché originel de notre pauvre Côte d’Ivoire, et qui, quoi que nous fassions, ne s’effacera pas par des silences lâches ou renoncements hypocrites, nous imprègne sans répit.
Il y a que, à un moment de notre histoire récente, c’est par l’octroi à tour de bras de la nationalité ivoirienne au maximum de nos frères et sœurs de l’espace CEDEAO, établis et vivant sur notre sol, que certaines forces politiques ont dû recourir pour accéder au pouvoir d’état par la voie des élections.

Les municipalités sous leur contrôle ont débité du CEDEAO reconditionné Ivoirien à tour de bras, et les deux grands hussards de cette cause ont assuré une sous traitance du plus grand niveau technologique grâce à des unités mobiles pouvant “régénérer ” 24 heures/24 et 7 jours/7.

Ce qui, cependant, restera en travers de toutes les gorges et ne pourra jamais être avalé ni digéré, est que les ambassades et consulats de tous les pays de la CEDEAO et de L’UEMOA, tout comme les représentations des autres pays et les agences du système de l’ONU en charge des populations, ont toujours donné des chiffres, année après année.

Quel consulat ou ambassade d’un pays, agréé en Côte d’Ivoire, peut soutenir que le nombre de ses concitoyens présents sur notre sol, alors qu’il n’y a ni crise, ni exode ou expulsions, baisse de manière vertigineuse, d’année en année ?

Sauf à retenir que les naturalisations sont massives, ce que notre journal officiel et les compte rendus de Conseil des Ministres ne nous disent pas.

Nous savons tous que ce sujet met mal à l’aise les leaders ou porte parole des partis politiques, des autorités traditionnelles et religieuses, et surtout les organisations de la société civile, qui évoluent dans une bulle où la simple évocation de soupçon de xénophobie peut tout faire exploser.

Mais quel langage des anges inventer pour faire comprendre à tous les Ivoiriens que ce sujet ne concerne qu’eux, le futur de leur pays et un avenir limpide et sans tares originelles pour leurs enfants ?
Il ne s’agit ni plus ni moins que de corriger des manquements, qui aujourd’hui valent crimes d’état, qui ont été perpétrés dans l’impunité, et surtout la légèreté inconsciente, par des exécutants ou sbires qui ne voyaient que le résultat immédiat à rapporter à celui à qui il fallait à tout prix plaire !

Dans aucun de nos pays frères de la CEDEAO il n’est possible de demander aux populations d’adhérer à ce genre de manœuvre, même dans les contrées rurales les plus lointaines !
Tous sont fiers de leur pays, et cette appartenance nationale ne sera jamais à négocier ou brader !
Ils se demandent même comment leurs frères Ivoiriens, pour qui ils ont tant d’estime et de considération, ont pu se laisser entraîner dans de tels sillons d’indignité !

Qu’est ce qui nous aveugle au point que nos yeux à nous pauvres Ivoiriens, soient fermés à la simple évidence que la nationalité d’un pays, ici la nationalité ivoirienne, l’identité ivoirienne, est un principe et un concept qui n’a rien à voir avec les élections ou les ambitions politiques de tels individus ou factions ?

Nous sommes déjà, comme tous les autres pays, “versés ” dans l’univers dominant de la “mondialisation”, depuis des décennies, et ses initiateurs rêvaient d’un modèle de terrien unique et interchangeable ! Comme ce ne sont pas leur super intelligence, ou génie d’humanoides, qui ont créé l’univers, et que tout ce qu’il contient suit des logiciels d’évolution spécifiques, ils n’arrivent pas encore à s’expliquer pourquoi leur mondialisation a amené tous les groupes humains à rechercher leurs marques propres, spécifiques et uniques, et donc à vouloir se retrouver et se reconnaître entre eux pour se maintenir dans le grand océan collectif.

Il n’y a pas d’autre explication à donner au fait qu’en moins d’une décennie, l’on voit la majorité des états d’Europe confier le pouvoir d’état à des formations ou coalitions politiques nationalistes et souverainistes, décidées à limiter ou fermer l’accès de leur territoire aux étrangers.

Il y a, certes, des arguments économiques et de sécurité, mais avant tout passe la crainte que la “spécificité” ou “griffe” nationale ne soit déjà tant diluée que sa disparition point déjà ! Les départements ministériels de l’éducation et de la culture sont désormais les principaux, talonnés par l’Intérieur et la sécurité.

Les Ivoiriens doivent réveiller, retrouver et exalter leur personnalité et identité, phénomène qui est là, sous leurs yeux, vivant, évoluant au jour le jour avec leurs réalités et leur vie. La nationalité, qui est le code d’accès à cet ensemble, est la seule chose à vénérer et adorer, et surtout à respecter et ne pas brader !

Comprenons le, et si notre conscience est dans les brumes, contentons nous, avec courage et humilité, de regarder de face ce qu’il en est chez nos voisins et frères, de tous les autres pays du continent africain !
Vive la Côte d’Ivoire qui saura rester Côte d’Ivoire !

Fait à Abidjan, le 16 octobre 2024

Ministre Kobena I ANAKY
Président du MFA

Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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