« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP

Black market : On rackette fort !

Affublés de lunettes de soleil, pantalon taille-basse et coiffures loufoques, ils montent «la garde». «Vieux père, tu n’as pas encore payé». Le chauffeur du minicar bloqué devant une barre transversale qui tient lieu de barrage de contrôle, hésite. «J’ai déjà payé !», insiste-t-il. Son interlocuteur lui rétorque sèchement le contraire. Le conducteur finit par lui donner une pièce de 100 FCFA. L’un des garçons qui tiennent le poste, soulève la barre pour le laisser passer. Mais déjà, un taxi-compteur arrive. Il est bloqué et doit passer à la caisse pour continuer son parcours. Nous sommes à Adjamé-Renault, devant l’entrée principale du Black market, à côté du Mirador. Le bouillonnement des petits commerces installés au bord de la route ajouté à l’enfer des gbaka (véhicule de transport en commun), irrite. En plus, il faut faire face au soleil de plomb sous lequel on cuit presque. C’est dans ce calvaire que Diaby et ses potes vivent au quotidien. Tenir le barrage de contrôle (?) de ce marché aux puces de 7h à 24h. Ils disent travailler pour Toro Forces, une structure de sécurisation du célèbre commerce d’Adjamé. Sauf qu’au lieu de la sécurisation, ils rançonnent les automobilistes qui entrent dans le «black». «Les cars ne payent pas. Les minicars, (communément appelés Massa) payent quotidiennement 100 FCFA chacun. Taxi-compteur, pareil», note Diaby. Et même s’ils affirment épargner les véhicules personnels, ce n’est pas toujours le constat. «J’ai été déjà racketté par ces jeunes (il les traite de voyous) alors que j’aillais acheter un appareil dans le Black market», note Koffi Jean-Marc. Il est lui-même commerçant au Plateau-Dokui. Le plus drôle, selon lui, c’est qu’on l’a racketté à l’entrée puis à la sortie du marché. Il ne s’en est pas plaint parce qu’ils ne lui demandaient que 100F. Au barrage, on est un peu hostile aux étrangers. A part Diaby qui accepte de donner son patronyme (après maintes hésitations), les autres refusent de se présenter. Et Quand on leur demande le rapport entre la sécurité et le racket, ils sont dubitatifs. Certains indiquent que c’est pour se faire des sous, d’autres indexent Konaté Lanciné, le patron de Toro Forces, à qui cette somme est versée. Le problème, c’est que les transporteurs ne reconnaissent pas la légitimité de la structure. «Ça fait deux fois qu’on a déboulonné ce barrage de contrôle. Le maire, Youssouf Sylla, s’est même rendu sur les lieux pour décrier le phénomène», indique Adama Touré, le président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire (Cngrci). Le commandant Koné Zakaria, lui-même, avait exigé la disparition de ce poste. A l’entendre, les transporteurs sont impuissants devant le phénomène. Car des personnes assez puissantes se cachent derrière cette forme de racket qui ne dit pas son nom. «Même les pousseurs de wôtrô (pousse-pousse) sont rackettés», indique-t-il. Une chose que nous n’avons pu vérifier.

Raphaël Tanoh in Nord Sud

Fri, 17 Aug 2012 02:33:00 +0200

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La Dépêche d'Abidjan

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