Des arguments battus en brèche
Informé du drame par les deux vigiles (Mé Kouadio Olivier et Kassa Lamadjouma), Tidiane s’est déporté sur les lieux vingt minute après avoir reçu le message. « Les deux agents qui étaient-là le jour des faits sont de repos. Ils reprennent le travail en début d’après-midi (hier, ndlr). Nous n’avons trouvé aucune victime dans le trou. Ce que j’ai remarqué, c’est que les troncs d’arbre qui avaient été rangés du côté du mur du Stade Félix Houphouet- Boigny se sont retrouvés au milieu de la chaussée. Qui a déplacé ces troncs d’arbres ? », s’interroge-t-il. Joint par téléphone en présence du chef de chantier et du responsable de la sécurité, Mé Kouadio Olivier affirme qu’aucune victime n’a échoué dans le trou. «Mieux, lors de la bousculade, mon collègue et moi avons aidé les gens. Nous avons ouvert notre portail. Et plusieurs personnes ont été évacuées. Elles ont traversé le chantier pour sortir vers l’immeuble Atlas. Les sapeurs pompiers militaires sont arrivés 45 minutes après le drame. Nous sommes descendus ensemble dans le trou pour voir s’il y avait des gens. Mais ils n’ont vu personne dedans », confie le vigile qui a été auditionné mardi par la police criminelle. Avant de prendre congé de nos interlocuteurs, le chef de chantier se targue d’avoir mis en place des mesures de sécurité pour les travailleurs. « Nous recommandons le port d’une ceinture de sécurité pour les travaux en hauteur. Le personnel est tenu de porter des gangs, des lunettes, des chaussures appropriés et des paires de bottes. Ce sont des consignes strictes et nous veillons à cela », insiste-il.
Indices troublants
A l’extérieur du chantier, du côté du Stade Félix Houphouet-Boigny, des passants marquent le pas. Ils jettent un coup d’oeil sur la clôture construite avec des feuilles de tôles. Ils murmurent des paroles puis poursuivent leur chemin. Toutefois, certains crient leur douleur surtout quand ils aperçoivent sur le mur et sur le bitume des traces de sang. Au milieu de la dizaine d’hommes, une femme vêtue d’une robe noire crie sa colère. Elle porte le deuil. «Ce n’est pas normal. Les gens viennent se réjouir et ils trouvent la mort. La clôture a effectivement cédé et les gens se sont retrouvés dans le trou. Ils sont morts après leur chute », soutient-elle. La discussion s’anime. Un homme, habillé d’un tee-shirt de couleur noire et d’un pantalon «jean» se dirige vers nous.
Il est partagé entre tristesse et amertume mais il est lucide. «Il est impossible qu’une foule soit confinée dans un espace. Et que la clôture ne puisse pas céder. Elle a cédé et les gens sont tombés dans le trou», renchérit-il. Lors de nos échanges, nous découvrons que notre interlocuteur est un enquêteur. T.S confie qu’il est sur le terrain pour relever des indices. Selon lui, il existe des pistes qui convergeraient vers la thèse de la chute des victimes dans le trou. Et qu’elles ont été retrouvées mortes là-bas. Il justifie ses propos en faisant trois observations pertinentes. D’abord, les tôles ont été froissées par endroits et elles portent des traces de sang. Ce qui démontre la grande pression de la foule à cet endroit précis. Ensuite, il relève que de nouveaux clous ont été utilisés. Ce qui n’est pas normal. Enfin, il fait remarquer que les piliers de la clôture n’étaient pas solides pour supporter le poids de la foule. « Les piliers ont cédé et les gens sont tombés morts dans le trou», conclut-il.
Ouattara Moussa in Nord-Sud
Sun, 06 Jan 2013 04:25:00 +0100
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