« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Categories: Lu pour vous

Côte d’Ivoire CPI: l’étau se resserre autour du clan Ouattara

Enquêtes de la CPI à Duékoué

La dernière initiative de la CPI de Moreno-Ocampo doit faire perdre le sommeil à bien des caciques de la galaxie ADO : une mission d’enquête commanditée par l’instance juridique internationale a été dépêchée à Duékoué, histoire de faire la lumière sur les atrocités qui y furent perpétrées et ce, juste quelques jours avant que le désormais ex-président Gbagbo ne rende les armes.
Duékoué, petite localité de l’ouest ivoirien, est l’une des contrées qui vécurent les affres et les pires atrocités qu’engendra la crise ivoirienne qui vit son dénouement avec la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011. Ladite tragédie, connue sous l’appellation de « massacres de Duékoué », eut lieu du 27 au 29 mars de la même année et fit entre 152 et 1000 morts et disparus civils, selon les différentes estimations.
Les responsabilités de ces massacres passent d’un camp à l’autre : pour les partisans du président déchu, il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce sont les partisans d’ADO qui ont voulu anéantir les populations favorables à Laurent Gbagbo ; les amis d’ADO rétorquent, eux, que ce sont des milices de Gbagbo qui se sont livrées à ces tueries avant de fuir la région, à l’approche des troupes de l’actuel président.
En tout cas un fait notable et majeur est que lesdits massacres ont eu lieu au moment où la localité était à deux doigts de tomber entre les mains des fidèles d’ADO. Autre indice digne d’importance : le président ADO qui, initialement, avait contesté toute implication de ses troupes dans ces tueries, de toute évidence, a dû se raviser, puisque, juste quelque temps après, son Premier ministre d’alors, Guillaume Soro, déclarait qu’il y aurait une enquête et que les responsables seraient punis.

A ce jour, la CPI, elle, ne pointe aucun doigt accusateur sur personne ; elle se contente de confirmer la présence de charniers dans la localité ; mais ce qu’elle promet sonne comme une menace lourde de sens à l’encontre des coupables que l’on démasquera : elle promet des « poursuites, quelle que soit l’appartenance politique des suspects concernés ». Quid de l’aboutissement de cette affaire si la suite des investigations devait révéler la responsabilité de certains hommes figurant parmi les proches d’ADO ?
La rumeur bruisse de noms de fidèles parmi les fidèles de l’actuel président ivoirien, dont celui de Guillaume Soro n’est pas le moindre. Si cela était avéré, on devrait bientôt se rendre compte que dans cette crise ivoirienne qui fit les victimes que l’on sait, il serait erroné de croire que l’on avait d’un côté les bons et de l’autre les méchants.
Il fut un temps dans cette Côte d’Ivoire en crise où les haines exacerbées commandèrent un certain équilibre de la terreur qui produisit les fruits que l’on vit ; savoir raison garder implique alors que l’on consente que les coupables, tous et sans exception, soient désignés et démasqués ; peu importent la coloration ou le choix politique du moment. En un mot comme en mille, on attend de voir si ADO saura livrer ses proches si un jour la CPI de Moreno-Ocampo le lui demande ; il est facile de livrer le méchant ennemi à la justice nationale ou internationale : Laurent Gbagbo est bien détenu à la Haye ; sa tendre épouse, Simone est en résidence très surveillée à Korogho ; des pontes du FPI se retrouvent embastillés à Abidjan, qui ne savent toujours pas à quelle sauce on choisira de les dévorer.
A supposer que la question se pose à ADO, dans un avenir proche ou lointain, de devoir livrer des piliers de son régime actuel, le choix sera sans doute épique, douloureux, cornélien ; il sera bien inspiré de se résoudre à le faire cependant ; ne serait-ce que pour faire la démonstration que tous les Ivoiriens sont égaux devant la loi ; mais aussi, et surtout peut-être, pour éviter à la Côte d’Ivoire un nouvel embrasement après le premier que tous les Ivoiriens se rappellent et dont ils peinent toujours à se remettre.

Jean Claude Kongo in AfriSCOOP

Fri, 16 Mar 2012 01:35:00 +0100

0
La Dépêche d'Abidjan

Recent Posts

Côte d’Ivoire : de l’OTAN à l’Empire Galactique

Ivoiriennes, Ivoiriens, et chers Amis ! Nous nous plaisons à continuer à rêver "éveillés ",…

2 jours ago

Notre dignité avant tout

“Nous avons, quant à nous, un premier et indispensable besoin, celui de notre dignité. Or,…

4 jours ago

Côte d’Ivoire : Fête du Travail au pays des Atchans calmes et reconnaissants.

Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis ! Marquons tous cette pause mondiale du 1er mai, célébration…

1 semaine ago

Côte d’Ivoire – Zouglou : Les Dirigeants brillent à nouveau avec « Ça Réussit »

Dans les années 90, à Divo, une poignée de jeunes passionnés de musique « woyo…

1 semaine ago

This website uses cookies.