Erigé en 1980 en CHR (Centre hospitalier régional), l’ex-hôpital général de Daloa reste encore à bâtir. Il comprend plusieurs services que sont la chirurgie, la maternité, la pédiatrie, l’ophtalmologie, la gynécologie. Animés par 19 médecins dont 7 spécialistes, à eux s’ajoutent 5 chirurgiens-dentistes, 2 pharmaciens, 1 ingénieur des services sanitaires, 54 infirmiers dont 22 spécialistes, 11techniciens supérieurs et 13 aides-soignants. C’est environ 180 personnes qui animent le CHR de Daloa. Les régions du Bafing et du Worodougou évacuent souvent les cas les plus graves dans ce centre pour recevoir des soins. Toute chose qui montre la situation stratégique de ce centre pour les malades dans cette contrée de la Côte d’Ivoire. Malheureusement, celui-ci n’arrive plus à répondre aux besoins et aux attentes des malades qui ne savent plus à quel saint se vouer. Dirigé par le docteur Coulibaly Yaya, le centre de transfusion sanguine n’est pas au mieux de sa forme car, face à la forte demande, le sang manque cruellement. Selon Dr Coulibaly, les parents des malades qui viennent des régions du Bafing et du Worodougou peuvent attendre des jours durant, une seule poche de sang. C’est pourquoi, il a en appelle à toutes les populations pour venir donner un peu de leur sang. Quant au service d’ophtalmologie placé sous la direction du Dr N’guessan Koffi, depuis trois ans, il renaît de ses cendres après deux ans de passage à vide. Dr Koffi a indiqué que son service reçoit 20 à 25 personnes chaque jour contrairement à la situation qui prévalait il y a six mois. Il dit avoir eu la recette magique en faisant venir le matériel de consultation d’Abidjan à ses propres frais parce que soulager les patients, demeure un sacerdoce. Le service de chirurgie et le bloc opératoire quant à eux, battent le record des interventions avec plus 2000 cas par an dans des conditions précaires où le minium manque. C’est à de veritables miracles que les médecins s’adonnent chaque jour pour sauver des vies dans ce service. La salle de radiologie-échographie quant à elle n’est plus que l’ombre d’elle-même pour la simple et bonne raison que, tous les appareils ont cessé de fonctionner depuis belle lurette au grand désespoir du personnel. Face à cette situation, les malades sont orientés par les médecins vers d’autres centres hospitaliers ayant un service radiologie-échographie fonctionnel. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, le CHR de Daloa n’a pas de service d’urgence pour accueillir les blessés et autres malades. Pire, la maternité n’a pas de matériel de réanimation, et ce sont des méthodes d’un autre âge que les sages-femmes utilisent pour travailler. Quant à l’incinérateur, il ressemble à ce que le corps médical se plaît à ironiser comme un banal brûleur. C’est dans des conditions aussi archaïques que polluantes que les déchets médicaux sont brûlés à l’air libre sans aucune mesure de sécurité. Chose dangereuse pour l’atmosphère. Pitié pour le service de pédiatrie qui n’a pas de salle d’eau (WC et toilettes), ce qui amène les malades et leurs parents à aller dans la broussaille pour se soulager. De 1992 à 2010, ce sont Akpa Koffi Léopold, M’Baffoué Charles, Arouna Kassoum Konaté, Ballo Bakary, N’Goran Koffi Bertin et Brou Nanock Michael (actuel DG) qui se sont succédé comme les directeurs généraux. Selon le directeur général Brou Nanock, le budget de 61, 750 millions de F.CFA dont dispose le CHR est de très loin insuffisant pour réhabiliter les services hors d’usage. Et d’indiquer qu’une table d’opération (12 millions) ou un appareil médical coûte excessivement cher et à cela, il faut acheter 120 bouteilles d’oxygène par an moyennant 29 000 F. CFA l’unité. Aka Aouélé, ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, lors de sa visite des lieux, le samedi 31 juillet 2010, a déclaré devant le corps médical que l’extérieur du CHR est beau, mais l’intérieur est dangereux et fait peur
M.Ouattara, envoyé spécial
Encadré (1)
L’incinérateur d’un autre âge Le CHR de Daloa avec son incinérateur devrait, en principe, servir d’exemple à toutes les entreprises opérant dans la région du Haut-Sassandra pour son respect de l’environnement. Malheureusement, c’est avec du feu de bois que l’on brûle les déchets médicaux et autres à l’air libre sans aucune mesure de sécurité environnementale. Quand le ‘’soi-disant incinérateur’’ est en train de brûler, il laisse dégager une fumée épaisse qui se propage dans l’atmosphère provoquant des maladies qui pourraient se déclencher plus tard dans les rangs. Les autorités du centre hospitalier régional disent être parfaitement au courant du danger qu’elles font courir aux riverains qui respirent à pleins poumons la fumée noirâtre chargée de dioxine de carbone. L’incinérateur de CHR fait simplement honte à tous. C’est un incinérateur d’un autre âge
M.O
Encadré (2)
Où sont passés les devoirs régaliens de l’Etat ?
Oubli ou violation des droits humains au CHR de Daloa? Ce qui est sûr c’est que l’Etat ne doit pas oublier une partie de sa population qui constitue, à n’en point douter, sa raison d’être. Le gouvernement a le devoir régalien de donner, vaille que vaille, à tous ses citoyens les soins de santé tout comme l’éducation et la sécurité. Mais, ce qui se passe au CHR de Daloa ressemble étrangement à une violation fragrante des droits humains et à une démission déguisée de l’Etat. Il faut que les services d’urgence (inexistant), porte d’entrée du CHR et la radiologie-échographie soient réhabilités ou construits dans de brefs délais. Quant à la salle de réanimation de la maternité,s vivement qu’elle soit opérationnelle pour sécuriser les accouchements difficiles qui sont légion. Là où l’Etat montre toutes ses limites dans la mission régalienne qui est la sienne, les ONG et autres associations de bienfaisance telles que le Rotary et le Lion’s Club sont les bienvenues pour limiter les pertes en vie humaines dans ce CHR
M.O
Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan