Imposé à la tête du gouvernement après le pacte signé avec Henri Konan Bédié durant la présidentielle de 2011, le premier ministre Jeannot Ahoussou ne parvient pas à satisfaire le président Alassane Ouattara. Malgré sa pléthore de communicants, Jeannot Kouadio- Ahoussou peine à convaincre et à séduire. Depuis sa nomination en mars, suite à la promesse de campagne d’Alassane Ouattara de nommer un membre issu du Pdci à la tête de l’exécutif, le premier ministre est régulièrement rabroué par le chef de l’Etat en conseil des ministres ou en réunion de travail.
En juillet, la présidence a annulé in extremis un séminaire sur le programme de travail du gouvernement que tentait d’organiser Jeannot Ahoussou. Cause de l’ire présidentielle: son manque de maîtrise de certains dossiers et sa faible réactivité. Ainsi, les projets de lois adoptés en conseil de gouvernement, sous l’autorité du premier ministre, sont régulièrement réexaminés par les conseillers d’Alassane Ouattara, qui se gaussent en évoquant "le premier des ministres". Preuve d’une gouvernance plutôt mollassonne: six mois après sa nomination, Jeannot Ahoussou n’a toujours pas présenté l’organigramme complet de son cabinet aux services de la présidence. Quant à la page dédiée à ses proches collaborateurs sur le portail du gouvernement, elle reste irrémédiablement blanche. Les membres de son cabinet déjà nommés proviennent majoritairement du terreau baoulé, à l’instar du directeur Narcisse N’Dri, ancien DG de l’économie. Natif de la région Didiévi (centre) comme le premier ministre, Lucien Kouassi Auka a été placé à la tête de la direction financière. Le journaliste Arthur Kouassi, compagnon de route, a été nommé chef de cabinet. Nièce du premier ministre, Eva Traoré, ancienne animatrice sur Nostalgie Côte d’Ivoire, la radio de Dominique
Ouattara, a été promue directrice de la communication à la primature. Conseiller principal, Yao Boré, par ailleurs maire de Tié-N’Diékro (Centre), gère les cérémonies traditionnelles et coutumières auxquelles Jeannot Ahoussou participe. En revanche, la nomination en juillet de l’ex-journaliste André Silver Konan n’a toujours pas été entérinée. Côté financier, les salaires de fonctionnement de la primature sont sous la supervision d’Ibrahim Ouattara, frère cadet du chef de l’Etat et actuel ministre chargé des affaires présidentielles. Maigre lot de consolation : il est toujours possible au chef du gouvernement d’emprunter la flotte présidentielle pour ses déplacements!
In Notre Voie – Source : La lettre du Continent n° 643 du 27 septembre 2012