Hépatites virales A, B, C, D et E Dr Allah Kouadio (directeur coordonateur du programme national de lutte) : « Ces maladies provoquent le cancer et la cirrhose de foie »

Dr Allah-Kouadio demande aux populations de prendre conscience de l’ampleur des hépatites/ Ph : M’BRA Konan
Quelle est la situation de ces maladies virales en Côte d’Ivoire

Dr Allah-Kouadio Emile : L’hépatite virale pose assez de problèmes parce que, notre pays a des taux de prévalence assez élevés. Nous avions près de 8 à 10% de taux de prévalence pour l’hépatite virale B, ce qui représente à peu près 2 millions de nos concitoyens qui sont affectés par le virus. Et, ces hépatites posent de véritables problèmes de santé publique en ce sens qu’elles vont être responsables de complications graves que sont le cancer et la cirrhose de foie.

Comment peut-on reconnaitre les types d’hépatites ?

Ces hépatites, dans leurs symptômes, à la phase aigue se ressemblent. Pour faire la différence, on regarde leurs évolutions. Les hépatites A et E guérissent en 6 mois, sans séquelles, sans traitement. A l’inverse, les hépatites B, C et D peuvent, elles, évoluer au-delà de 6 mois. A ce moment, on parle d’hépatite chronique. Et, l’hépatite chronique est silencieuse. Donc, le malade ne se sent pas malade et n’ira pas consulter. Et, au moment où la maladie va se manifester, elle sera déjà avancée et il y aura des complications. Donc, c’est ce qui fait la différence. Il y a un groupe qui évolue en 6 mois et un autre au-delà de 6 mois avec parfois, des complications.

Quels sont les symptômes ?

Les hépatites ressemblent étrangement au paludisme. Lorsque vous êtes infecté par le virus de l’hépatite au début, vous avez tous les symptômes du paludisme. Vous avez de la fièvre, des maux de tête, des douleurs dans les articulations, vous vous sentez fatigué, les yeux peuvent devenir jaunes et les urines peuvent changer de couleur. Malheureusement, beaucoup de nos malades font croire qu’ils ont été infectés par le paludisme, ils n’iront pas consulter et vont faire de l’automédication. Des semaines après, les signes vont disparaitre, le malade va penser qu’il est guéri alors que les signes sont dans son foie et dans son sang. Si au bout de 6 mois, il n’a pas pu éliminer le virus, il va faire une hépatite chronique. Et, l’hépatite chronique, elle est silencieuse. Les hépatites virales B, C et D sont les premières causes de cirrhose et du cancer du foie en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, on demande toujours aux populations de faire attention car ce sont des tueuses silencieuses. Parfois, on la découvre de manière fortuite.

Comment contracte-t-on ces maladies ?

Cette maladie se transmet différemment. Les hépatites A et E, c’est de façon orale. Donc, on va les contracter lorsqu’on est dans des conditions d’hygiène défectueuse. L’hygiène des aliments, l’hygiène de l’eau, lorsqu’on est dans des endroits où il n’y a pas de toilettes ou que les gens vont aux toilettes sans se laver les mains. Ce sont des hépatites de transmission orale. A côté, vous avez les hépatites B, C et E qui se transmettent exactement comme le Vih-Sida. Par le sang, les rapports sexuels non protégés et la transmission mère-enfant.

Y a-t-il des médicaments pour en guérir ?

Oui, les médicaments de l’hépatite B et C sont en Côte d’Ivoire depuis quelques années. Mais, ce sont des médicaments qui coûtent très chers. D’où, la nécessité d’adopter des mesures de prévention. Le seul traitement de l’hépatite C, en un an, revient à 7,6 millions de Fcfa, rien que pour l’achat des médicaments.

A cela, il faut ajouter les consultations, les autres analyses et tout le reste. Avec ce que nous avons comme revenu moyen par habitant, il est quasiment impossible de se traiter en faisant une injection qui coûte 155.000 F.Cfa par semaine. Même en consacrant tout votre salaire, ce n’est pas possible. Mais, grâce au ministère de la Santé, depuis l’année dernière, des médicaments ont été mis en place dans nos Chu. Et, c’est avec ces médicaments que nos patients se soignent. Nous sommes pratiquement en fin de stock. Et, nous espérons que des initiatives seront prises pour que le stock soit renouvelé afin que nos malades démunis puissent en bénéficier.

Quels sont les critères pour être gratuitement pris en charge ?

Il faut que le malade soit démuni, qu’il justifie qu’il n’a pas de revenu, qu’il n’a pas de prise en charge, pas d’assurance. Et la majorité de nos malades dans nos hôpitaux publics, ont ce profil. Quand le malade est déjà assuré, bénéficie d’une assurance maladie, nous ne pouvons pas le retenir parce que, nous donnons plus de chance à celui qui n’est pas couvert par une assurance maladie. Le deuxième critère, c’est le critère d’éligibilité par rapport au traitement. C’est le médecin lui-même qui les définit. Parce que, ce ne sont pas toutes les hépatites qui sont à traiter. Cela, c’est le médecin spécialiste seul qui peut le décider.

Interview réalisée par M’BRA Konan
In Soir info

Sat, 03 Aug 2013 00:22:00 +0200

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