Difficile de conjuguer réconciliation et chasse aux sorcières
Pendant que ces actions de cohésion sociale sont menées dans les quartiers et hameaux du pays, la justice ivoirienne continue de rechercher les auteurs ou co-auteurs des crimes liés à la crise post-électorale. De nombreux Ivoiriens s’expliquent toujours mal que l’on veuille parler de réconciliation et mener concomitamment une "chasse aux sorcières" ; surtout que la recherche des bourreaux ne semble se faire que dans un seul camp.
En effet, les nombreux rapports relatifs au monitoring des droits de l’homme soulignent que jusqu’à ce jour seul le camp Gbagbo doit faire face à la justice. Or les conclusions de la CSE (Cellule spéciale d’enquête) insistent sur le fait que les criminels de guerre se comptent dans les deux camps.
La place d’un Ivoirien n’est pas une cellule de la CPI
Alors à défaut de pouvoir juger les proches d’Alassane Ouattara au même titre que les partisans de Laurent Gbagbo, certains Ivoiriens préconisent une loi d’amnistie générale. Que tout le monde retrouve sa liberté pour que "les fils et les filles du pays" puissent s’asseoir et trouver en interne une orientation nouvelle pour une véritable réconciliation.
Sébastien Dano Djédjé, ancien ministre de la Réconciliation nationale sous le président Gbagbo et membre du Front populaire ivoirien, est aussi convaincu que la place de Laurent Gbagbo et même de tout autre Ivoirien n’est pas une cellule de la CPI. "La réconciliation se construit avec tous les Ivoiriens et l’absence de personnalités du FPI [le Front populaire ivoirien, fondé par Laurent Gbagbo] n’est pas de nature à favoriser la réconciliation", dit-il.
Pour certains, justice doit être rendue
Cette libération de Laurent Gbagbo et des détenus tant souhaitée par les partisans de l’ancien Président ivoirien pourrait bien s’inscrire dans le cadre d’une loi d’amnistie générale. Mais si l’idée est soutenue par certains Ivoiriens, celle-ci ne semble pas faire l’unanimité. "Par le passé, des lois d’amnistie ont été prises dans ce pays, je veux parler principalement de l’époque du coup d’État du général Robert Guéï. L’objectif était d’aboutir à la paix mais nous n’y sommes pas arrivés", observe soutient Diaby Ousmane, secrétaire chargé des affaires juridiques au sein du Sénat des jeunes de Côte d’Ivoire, une organisation de la société civile.
Selon Diaby Ousmane, c’est de justice qu’a besoin la Côte d’Ivoire : "Il est grand temps pour les Ivoiriens de connaître la vérité et que justice soit rendue", soutient-il. Pour lui, faire justice signifie que les victimes soient entendues par les juridictions nationales ou internationales et que les auteurs de crime ne se réfugient pas sous une loi d’amnistie qui pourrait consacrer une certaine impunité.
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Sat, 26 Apr 2014 13:32:00 +0200
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