La liberté de la presse en difficulté sous Ouattara: Notre Voie et Bôl’kotch suspendus

Le célèbre quotidien d’informations générales, Notre Voie, et l’hebdomadaire satirique, Bôl’Kotch, appartenant à la société d’édition La Refondation S.A, ont été suspendus par le Conseil national de la presse (Cnp) que dirige le duo Eugène Dié Kacou (président) et Me René Bourgoin (Secrétaire général). Les décisions N°006 du 15 mai 2012 et N°007 du 15 mai 2012 portant sanction applicable aux deux publications ont été signifiées, ce vendredi 18 mai 2012, dans l’après-midi (16h gmt) aux rédactions concernées. Le journal Notre Voie est suspendu pour 4 parutions à compter du samedi 19 mai. Quant à l’hebdomadaire Bôl’Kotch, il ne paraîtra pas durant deux vendredis. A partir du vendredi prochain. Que reproche le Cnp à Notre Voie ? « Constate qu’à la page 10 de son édition du samedi 12 et dimanche 13 mai 2012, le quotidien Notre Voie a affiché : il y a plus d’un an qu’ils sont prisonniers du régime, ne les oublions pas !!! ; pour une vraie réconciliation, ils doivent être libérés ». « Que cette titraille est illustrée de photographies notamment celle de l’ancien Président de la République, monsieur Laurent Gbagbo, comportant comme légende : SEM monsieur Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d’Ivoire renversé par la coalition Onu-France, le 11 avril 2011 ; Que présenter monsieur Laurent Gbagbo comme étant le Président de la République de Côte d’Ivoire, au surplus renversé par une coalition Onu-France constitue une dénaturation des faits ; Décide en conséquence de ce qui précède : La suspension du quotidien Notre Voie pour quatre (4) parutions, conformément aux articles 47 et 70 de la loi N° 2004-643 du 14 décembre 2004 portant Régime juridique de la presse ».
Que reproche le Cnp à l’hebdomadaire satirique Bôl’Kotch ? « Qu’à la page 2 de son édition N°010 du vendredi 11 mai 2012, l’hebdomadaire Bôl’Kotch publiait dans sa rubrique Rat-Le-Bol, des caricatures avec en titre : Côcô politique ; Que cette rubrique est illustrée d’une bande de trois (3) dessins caricaturaux concernant monsieur Laurent Dona Fologo assis sur un récipient estampillé PDCI, mangeant dans une écuelle pleine de nourriture marquée FPI et ayant devant lui, une écuelle vide marquée UDPCI ; Que le deuxième dessin, sous le titre : il a aussi une autre particularité, le présente en train de déféquer dans le bol estampillé RDR ; Que le troisième dessin de la bande intitulée : il finit toujours par consommer ce qu’il rejette, le présente, assis sur un récipient sur lequel est inscrit FPI, mangeant dans un récipient marqué RDR les excréments qu’il venait de rejeter. Décide, en conséquence de ce qui précède : La suspension de l’hebdomadaire Bôl’Kotch pour deux (2) parutions, conformément aux articles 47 et 70 de la loi N°2004-643 du 14 décembre 2004 portant Régime juridique de la presse ».

Didier Depry in Notre Voie

didierdepri@yahoo.fr

Encadré: Le pouvoir veut museler Notre Voie

La Refondation S.A, éditrice de Notre Voie et Bôl’Kotch, conteste ces décisions du Cnp et a saisi son avocat à cet effet. Il faut préciser que le Cnp et La Refondation S.A sont déjà devant les tribunaux. Puisque Notre Voie avait écopé, il y a quelques mois, d’une suspension de 3 jours en toute illégalité. Ce qui lui avait causé un préjudice énorme vis-à-vis des annonceurs qui avaient réservé des encarts publicitaires dans le journal. L’affaire demeure pendante devant les tribunaux. Du moins, osons-nous croire. D’autant que recevant, récemment, César Etou, le DG de La Refondation S.A et directeur de la publication de Notre Voie, les responsables du Cnp lui ont signifié, avec un air moqueur, que « l’affaire n’ira nulle part ». Une preuve que la Justice sous Ouattara est aux ordres. Depuis avril 2011, Notre Voie, à l’instar des autres quotidiens de l’opposition (Le Temps, Le Nouveau Courrier, Le Quotidien d’Abidjan et Aujourd’hui), subit les affres du pouvoir Ouattara en matière d’atteinte à la liberté de la presse. Les suspensions, les menaces et les emprisonnements sont le lot de la presse de l’opposition. Trois journalistes de Notre Voie (César Etou, Didier Depry et Boga Sivori) ont été emprisonnés pour leurs écrits. Les menaces de mort sur les journalistes de Notre Voie sont régulières. César Etou, Abdoulaye Villard Sanogo et Augustin Kouyo ont été plusieurs fois convoqués à l’état-major des Frci (forces armées pro-Ouattara) et à la police pour des articles écrits jugés « condamnables ». Le Cnp visiblement instrumentalisé par le régime Ouattara tombe à bras raccourcis sur Notre Voie lorsque le journal livre la réalité des faits concernant la crise postélectorale. Mais le Cnp ne bouge pas le petit doigt lorsque la presse proche du pouvoir travestit les faits, qualifie le Président Laurent Gbagbo de « dictateur » ou « d’Hitler noir ». Alors que sous Gbagbo, aucun journaliste professionnel n’a été emprisonné pour ses écrits ou ses opinions. Aucun journal de l’opposition n’a été suspendu. La dictature, ce n’était donc pas hier. Mais bien aujourd’hui. Hier, la presse était libre. Aujourd’hui, elle est bâillonnée au nom de la « démocratie » imposée aux Ivoiriens par les canons de Nicolas Sarkozy. Le dire, ce n’est pas dénaturer les faits. Car l’ex-Ambassadeur de France à Abidjan, M. Jean-Marc Simon l’a avoué, en avril dernier, sur la radio française, RFI : « l’ordre (de bombardement de la résidence de Gbagbo) vient de Nicolas Sarkozy ».

Didier Depry in Notre Voie
didierdepri@yahoo.fr

Sat, 19 May 2012 13:38:00 +0200

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