Situation sociopolitique en Côte d’Ivoire Ouattara installe la terreur à Yopougon

Etat de siège de fait ou escalade de la répression ? La grande commune de Yopougon est en état d’occupation et en proie à une terreur indescriptible. Les Frci et autres supplétifs de l’armée d’Alassane Ouattara y ont installé un véritable climat de terreur depuis les attaques du commissariat du 17ème arrondissement de Niangon et du camp militaire d’Akouédo. Résultat, la cité de la joie a perdu son humeur à cause de la répression qui s’abat sur ses populations. « Déjà à partir de 20 h, chacun se précipite à la maison, et les rues se vident », témoigne L.K., enseignant dans un établissement de la place. Pour prendre la mesure du danger, suivons ensemble ce témoignage du jeune M.K. habitant de la commune de Yopougon, qui a rencontré des agents des Frci dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 août 2012 : « J’étais dans un maquis derrière le cinéma Dialogue à Yopougon avec un ami qui vit en Europe et sa copine. Vers 22 h, il me demande de l’accompagner dans un hôtel de la place. Comme je n’avais pas ma pièce d’identité sur moi, je décide d’aller la chercher à la maison non loin du maquis. Chemin faisant, je rencontre des éléments de Frci. Ceux-ci m’interpellent et me demandent de montrer ma pièce. Je leur explique que je vais justement à la maison prendre ma pièce d’identité pour accompagner à un hôtel mes amis avec qui je suis dans le maquis d’à côté. Les éléments Frci décident de m’accompagner à la maison. Je récupère ma pièce et je la leur présente. Les Frci décident de me raccompagner dans le maquis pour vérifier que j’y étais effectivement avec mes amis. Arrivées sur les lieux, les Frci se mettent également à contrôler les pièces de mes amis. Après ce contrôle d’usage, celui qui semblait être de chef de la troupe nous dit : « avec la situation que nous vivons actuellement, ayez toujours vos pièces sur vous. Même quand vous allez à la boutique du quartier, prenez vos pièces. Comme ça, si on vous prend, on peut vous identifier après. Vous avez la chance aujourd’hui d’être tombés sur nous qui sommes des militaires professionnels et qui respectons la vie humaine. Mais vous pouvez tomber sur des ex-rebelles zélés et ils vont mettre votre vie en danger pour rien. Car nous sommes en ce moment 3250 Frci déversés à Yopougon depuis les dernières attaques. Et, sur ces 3250, une infime partie est d’Abidjan. Le plus grand nombre est venu de l’intérieur du pays, notamment du nord ». Cet entretien que le jeune M.K. a eu avec un groupe de Frci montre clairement que Yopougon est en état de siège depuis les dernières attaques du commissariat du 17ème arrondissement et du camp militaire d’Akouédo. Dans tous les coins de rue, on rencontre des militaires qui s’adonnent à des contrôles intempestifs. Ils arrêtent tous les véhicules, fouillent dans les coffres de ces véhicules et
contrôlent les pièces des occupants. Selon certaines personnes, certains éléments Frci zélés fouillent même dans les téléphones portables pour voir si l’intéressé n’a pas un message en rapport avec les derniers évènements, mais aussi des messages passés simplement entre proches de Lmp. Et gare à celui qui n’a pas de pièce, il est embarqué et conduit dans un camp militaire ou dans l’un des nombreux camps secrets de torture qui pullulent partout. Conséquence, une fois qu’il est 19 h à Yopougon, chacun court pour regagner son domicile. Et, à partir de 21 h, il n’y a presque plus personne dans la rue. Il n’est, en effet, un secret pour personne que Yopougon est un bastion du Fpi, le parti du président Laurent Gbagbo, arbitrairement détenu à la Cpi. Et, depuis que le ministre d’Etat, ministre de l ’ I n t é r i e u r , H a m e d Bakayoko, a, sans la moindre preuve, accusé les pro-Gbagbo d’être les auteurs des attaques du commissariat du 17ème arrondissement et du camp militaire d’Akouédo, le régime a décidé d’installer la terreur dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Les 3250 Frci déversés à Yopougon, y effectuent des contrôles des plus musclés. Les jeunes qui sont a priori soupçonnés d’être des pro-Gbagbo sont traqués, enlevés pour certains et conduits à des destinations inconnues. Toutes choses qui font que les populations vivent dans la peur et la crainte. Pour combien de temps encore ? Personne ne le sait. Mais il faut avoir peur d’un pouvoir qui ne croit pas en lui-même et qui a peur de sa propre ombre.

Boga Sivori in Notre Voie
bogasivo@yahoo.fr

Fri, 17 Aug 2012 09:49:00 +0200

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