« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Politique

Le panafricanisme face au panislamisme

Le panafricanisme noir cher à M. N’Krumah peut-il « faire le poids » en face du panislamisme élaboré dans les divers offices arabes du Caire ? En d’autres termes, la vigueur conquérante de la politique arabe trouvera-t-elle en face d’elle une force de contrepoids constituée par l’union des Africains noirs, peu soucieux de substituer un protectorat idéologique aux anciennes tutelles coloniales ? La question mérite de se poser après la grande semaine d’Accra, du 15 au 22 avril, qui a vu rassemblés dans la capitale du Ghana les représentants des huit Etats africains indépendants : Ethiopie, Ghana, Libéria, Libye, Maroc, République Arabe unie, Soudan et Tunisie.

Cette conférence, prévue depuis longtemps – les premières intentions s’en c étaient manifestées lors des fêtes de l’indépendance du Ghana, en mars 1957, apparaissait à l’origine comme la grande affaire de M. N’Krumah, celle qui lui s permettrait de s’affirmer, sur le même pied que les leaders arabes, comme le grand homme du monde noir. Ayant le premier suggéré la rencontre, il n’avait pas caché ses réserves quant au choix du lieu de la conférence. « Tanger », proposaient les Marocains. « Pourquoi pas Tunis »,pensait M. Bourguiba. Et le Caire caressait secrètement l’espoir d’abriter cette nouvelle manifestation de la montée des peuples de couleur. Mais M. N’Krumah tenait à Accra, comme au symbole de la promotion noire. Il croyait d’autre part qu’en organisant le rendez-vous chez lui, sous son autorité, et en un pays membre du Commonwealth, il pourrait éviter de se « marquer », comme c’eût été inévitable au Caire et à Tunis, et amener les délégations arabes, obligées par son hospitalité, à partager avec lui les premiers rôles.

Il semble bien que le déroulement de la conférence n’ait pas entièrement répondu à ses espoirs. S’il a été personnellement la vedette de la grande semaine africaine – il était, avec le président Tubman, du Libéria, le seul chef d’État présent, et a présidé la plupart des séances, – force est de reconnaître que l’orientation des travaux a subi de bout en bout la marque des États arabes, et qu’à peu de choses près les États noirs se sont alignés sur les positions préconisées par les représentants du Maghreb et de la République Arabe unie.

Les décisions de la Conférence

On connaît les principales décisions prises à Accra : création d’un organisme permanent de consultation et de liaison entre les huit États participants, constitution d’une « mission commune chargée de visiter les capitales mondiales pour solliciter l’appui des gouvernements » en faveur des nationalistes algériens et leur demander d’intervenir auprès de la France pour négocier avec le F.L.N. ; coopération technique (…)

Lire la suite sur monde-diplomatique.fr

0
La Dépêche d'Abidjan

Recent Posts

Côte d’Ivoire : Fête du Travail au pays des Atchans calmes et reconnaissants.

Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis ! Marquons tous cette pause mondiale du 1er mai, célébration…

22 heures ago

Côte d’Ivoire – Zouglou : Les Dirigeants brillent à nouveau avec « Ça Réussit »

Dans les années 90, à Divo, une poignée de jeunes passionnés de musique « woyo…

2 jours ago

Côte d’Ivoire : Nous devons aider le père et le fils à se remettre ensemble

Les partisans de Charles Blé Goudé soutiennent que leur leader a fait Laurent Gbagbo. C’est…

2 jours ago

Côte d’Ivoire : LES PRIX EBONY 2023

LES PRIX EBONY 2023 Prix spéciaux et prix sectoriels 1 Prix spécial de l’innovation et…

2 jours ago

This website uses cookies.