« Quiconque tient l'histoire d'un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d'un peuple le contraint à vivre sous le joug d'une servitude éternelle. »

Cheikh Anta DIOP
Politique

Burkina Faso – Ibrahim Traoré face aux journalistes de la RTB : « Nous avons détesté Laurent Gbagbo parce que les médias occidentaux l’ont diabolisé. »

Le chef de la junte gouvernant le Burkina Faso est apparu en public après plusieurs jours de silence durant lesquels des rumeurs ont circulé sur le sort de son pouvoir, alors que la transition qu’il supervise a été prolongée de cinq ans à l’issue des « assises nationales » dont les résolutions sont contestées par une partie de l’opinion.

D’après l’écrivain et communicateur Adama Bayala, interviewé par la télévision BF1, « les assises nationales ont  été un rendez-vous manqué avec l’histoire. C’est un concept qui, par essence, dure au moins deux jours, autour duquel les forces vives de la nation, dans leur ensemble, discutent des sujets brûlants de l’actualité et délibèrent pour le futur. Au regard de l’atmosphère intérieure, du profil des participants et du nombre de jours – alors qu’il devait durer 48 heures, c’est en 8 heures que se sont tenues ces assises – au lieu de parler des “assises”, on devrait plutôt parler de “conclave des proches, des partisans de la junte au pouvoir”. C’est un rendez-vous manqué, car des acteurs non moins importants, qui ont animé la vie politique depuis près de 40 ans, 50 ans, voire plus, ont été écartés. Des syndicats, des organisations de la société civile, qui dans notre histoire commune se sont démarqués, certains ont brillé par leur absence peut-être parce qu’ils n’ont pas été associés, involontairement ou volontairement, et d’autres ont volontairement refusé de s’associer à cette rencontre. Une autre observation qui frappe, les autorités actuelles de la transition n’ont rien fait pour sécuriser la salle de la conférence afin que les acteurs des “assises nationales” travaillent en toute quiétude. »

Quelques jours plus tard, des détonations ont été entendues non loin de la télévision nationale et des balles ont atterri dans la cour  de l’établissement. Conformément à un communiqué lu sur la RTB, « le mercredi 12 juin 2024 aux environs de 15 heures, un incident de tirs a eu lieu à proximité de la cour de la RTB. Le projectile est malheureusement tombé dans l’enceinte de la télévision nationale, causant deux blessés légers, rapidement pris en charge par le service de santé de la présidence et libérés. Cet incident a également causé des dégâts matériels, notamment sur quelques véhicules stationnés dans la cour. Une délégation ministérielle, conduite par le ministre d’État, ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, a rendu visite aux blessés avant d’aller constater les faits et encourager les équipes sur place. »

Cet accident a alimenté les spéculations et fait les choux gras de la presse, d’autant plus que le chef de la junte s’était fait rare suite à cet événement. Mais le mercredi 20 juin 2024, le capitaine Ibrahim Traoré est apparu publiquement pour réfuter toutes les allégations qu’il juge fausses. Il s’est rendu dans la cour de la télévision nationale pour s’entretenir avec le personnel, afin de lui apporter son soutien et de le rassurer quant à sa détermination à rétablir la sécurité dans le pays. Il en a profité pour fustiger les médias occidentaux, qu’il estime nuisibles pour les pays africains, en particulier les anciennes colonies françaises :  « Bonjour à tous. Je dirais que c’est un réel plaisir de passer une fois de plus vous dire bonjour. Hier, ça faisait une semaine exactement que l’incident est arrivé. Je vais passer voir là où la roquette est tombée. Mais sachez une chose, ce sont ceux qui sont là pour vous protéger en fait, qui ont malheureusement causé l’incident. Vous les voyez postés autour de la cour de la RTB, ils vous fatiguent beaucoup sûrement ces derniers temps chaque matin parce qu’ils ont renforcé la sécurité depuis plusieurs mois. Ce qui amène à beaucoup de fouilles et de désagréments. Mais c’est pour vous, c’est pour que personne ne puisse venir vous faire du mal ici parce que vous êtes très importants, c’est un lieu stratégique. C’est dans le cadre de leur relève qu’en voulant vérifier un certain nombre de choses, malheureusement quelqu’un a déclenché un tir. Ceux qui étaient à côté et celui qui a actionné l’arme ont été blessés aussi. Ils ont été transportés à l’hôpital Yalgado ce jour-là. Dieu merci, ils ont quitté Yalgado avec quelques séquelles bien sûr, notamment au niveau de la main, parce que la roquette ça ne pardonne pas.

Malheureusement, la roquette s’est dirigée dans la cour de la RTB ici et on peut encore rendre grâce à Dieu parce qu’il n’y a pas eu de victimes en tant que telles. Il y a eu deux blessés pris en charge par l’infirmerie de la présidence. Immédiatement, l’aide de camp, après le conseil, a pu venir constater les dégâts et me rendre compte de la situation des blessés qui était stable. J’espère qu’ils vont encore mieux. En tant que civils, c’est normal, les traumatismes. Vous n’avez jamais entendu une roquette détonner à côté, encore moins vous sentir comme une cible, ça se comprend. On a mis en place une équipe de psychologues pour essayer de prendre en charge ces deux blessés-là et tout le personnel. Ce n’est pas fait à dessein contre vous. C’est juste un incident, ça arrive. Dans le maniement de l’arme, cela arrive toujours. Voilà pourquoi il y a des règles strictes dans l’ISTC chez nous. Malheureusement, des incidents peuvent survenir, c’est toujours malheureux. Là, on peut rendre grâce à Dieu qu’il n’y a pas eu de morts. Tous les blessés sont en train de recouvrer la santé. On dit Dieu merci. Personne ne veut se faire surprendre. Donc quand une relève arrive, chacun veut vérifier que ses instruments de travail fonctionnent très bien. C’est normal, c’est logique. Mais nous sommes en ville et ces incidents ne doivent pas arriver en ville. Donc ne soyez pas plus apeurés que cela et j’espère que la tension est en train de baisser. On a pris du temps avant de venir vous voir avec juste raison. On pourrait vous expliquer le pourquoi. Sinon dès le lendemain, on serait venus vous voir. Mais on a fait cela sciemment et je pense que vous comprendrez. Voilà, vous aurez l’occasion de poser vos questions éventuellement et nous pourrons y répondre. On va discuter librement pour vous déstresser un peu parce que je vois qu’il y a tellement d’informations qui fusent de partout. Et vous-même, vous vous posez des questions aussi », a-t-il déclaré d’entrée de jeu.

Nous vous proposons ci-dessous les échanges qu’il a eus ensuite avec les journalistes de la RTB.

Journaliste : Bonjour Excellence. En ce qui concerne l’incident survenu mercredi dernier, les réseaux sociaux et certains médias ont largement spéculé sur une mutinerie parmi vos hommes et sur une possible fuite de votre part vers une destination inconnue. Pourriez-vous nous éclairer sur ce qui s’est exactement passé ?

Ibrahim Traoré : Il est probable qu’ils auraient même pu dire que le directeur de la télévision avait été enlevé. Mais cela n’est pas vrai. Souvent, on utilise des termes que certains préfèrent éviter. Mais la réalité est là. Il existe des apatrides, des ennemis de la nation. Vous avez récemment diffusé un discours de Sankara que j’ai regardé. C’est toujours d’actualité, comme s’il parlait aujourd’hui même. Voilà la vérité. Il n’y a absolument rien de cela. Nous étions présents et chacun devrait être attentif ce jour-là. L’incident s’est produit pendant que nous étions en réunion. Si nous avions fui, aurions-nous tenu une conférence de presse après la réunion ? Mais comme ils mentent aussi naturellement qu’ils respirent, ils essaient de tromper les gens. Il ne faut pas les écouter. Ils veulent distraire les gens.

Ce n’est pas important. Nous ne fuyons jamais. Nous sommes des soldats et ce n’est pas dans notre nature de reculer, d’abandonner ou de nous agenouiller devant qui que ce soit, sauf nos parents et Dieu. C’est notre mentalité. Ils ont raconté tout ce qu’ils voulaient et nous les avons observés. C’est pourquoi nous n’avons pas réagi immédiatement. Il fallait les laisser continuer à propager leurs mensonges. Comme je l’ai dit, ils auraient peut-être prétendu que le directeur avait été kidnappé. (…)

Ils sont remplis de haine et ont des blocages intellectuels, c’est pourquoi ils sont obligés de mentir. Peut-être ont-ils fait un pacte avec les impérialistes. (…)

Ce sont des escrocs. Nous, nous continuons de travailler, nous sommes présents chaque matin. Nous avons choisi de ne pas intervenir immédiatement pour les laisser se noyer dans leurs mensonges. Je pense qu’ils l’ont bien fait eux-mêmes. Toute l’Afrique sait désormais qu’ils sont des apatrides, des ennemis de la nation.                             Cela dit, ce n’est absolument pas le cas. Nous sommes ici, nous travaillons.

Journaliste : Monsieur le Président, comment évaluez-vous le traitement de cet incident par les médias, en particulier les médias occidentaux ?

Ibrahim Traoré : Les médias occidentaux ne sont pas nouveaux pour nous. Vous êtes des journalistes, vous traitez de l’information. Vous savez ce que sont les “fake news”. Beaucoup de gens le comprennent maintenant. La plupart de ces médias sont des menteurs. Ils passent leur temps à mentir et manipuler. Aujourd’hui, quand je  regarde leurs reportages et ce qu’ils racontent, c’est honteux. C’est bien qu’ils aient réussi à prouver à toute l’Afrique, au monde entier, qu’ils sont des menteurs. Je pense que la jeunesse africaine et burkinabè doit en être consciente. Il est temps de se désabonner de ces médias, de ne plus les écouter car ils nous ont tous manipulés pendant longtemps. (…)

Prenons le cas de la Côte d’Ivoire. Qui n’a pas été manipulé à propos de Gbagbo ? En tout cas, notre génération l’a été. Tellement ils ont menti à son sujet, racontant n’importe quoi. Ils utilisent l’information pour exercer une pression. Ils ont construit un modèle pour l’imposer dans les esprits. Nous en sommes venus à le détester.  Ils l’ont emmené devant la CPI, pour finalement dire qu’il n’était coupable de rien. Est-ce sérieux ?

Ils ont laissé Kadhafi mourir, et voici les conséquences. Dictateur, il a fait ci, il a fait ça. (…) Ils mentent. RFI, France 24, Le Monde, Jeune Afrique. Ils sont obligés de faire ce qu’on leur demande. En fait, ils ne sont pas libres. Beaucoup de médias ne survivent pas grâce à la publicité. Ce sont des entités payées qui donnent l’information qu’on leur dit de donner. (…) Malheureusement, nous avons aussi ce problème ici, au Burkina. Il y en a beaucoup. Quand nous les critiquons, on dit souvent qu’on attaque les journalistes, mais il y en a. Il faut faire le choix entre gagner sa vie et aimer son pays. Certains se battent pour leur patrie. Tout ce qu’ils font est pour l’avantage de leur patrie, mais nous devons nous en défaire. On voit des médias nationaux qui citent ces médias. Souvent, nous lisons certains journaux qui disent selon telle source, mais ce sont des mensonges. Ils n’ont aucune information, rien. Leurs reporters sont des menteurs. Lorsqu’ils veulent attaquer un pays, ils le décrivent comme ils veulent, disent ce qu’ils veulent pour faire détester le pays à tous et imposer leur agenda. Cette fois, nous avons compris. Nous sommes en 2024, c’est un jeu d’échecs. Allons-y, voyons ce que cela va donner. Il est temps de nous libérer de ces médias.

Journaliste : Bonjour Excellence, en lien avec l’incident de tirs, certaines sources ont rapporté des mouvements d’avions et d’hélicoptères à Ouagadougou et Dori. Pourquoi ces mouvements ont-ils eu lieu ?

Ibrahim Traoré : On a reçu un hélicoptère pour se rendre à Dori. Quand on voit de grandes personnes mentir, c’est pitoyable. En réalité, le mercredi suivant l’attaque de Mansila, nous avons lancé une opération à Mansila. Les hélicoptères ont été envoyés pour renforcer nos troupes. C’est tout. Ils ont décollé de Dori pour prendre des éléments du 9ème BIR et de l’IGGN à Ouagadougou, pour les amener à Mansila.

Nous avons aussi appris cela. Mais les faits sont là. Ils ont une tactique. Comme je dis, ils exploitent ce qui leur reste de neurones pour rendre leurs mensonges crédibles. Ils prennent une information véridique et construisent autour d’elle de gros mensonges. Si vous n’êtes pas vigilant, vous pourriez y croire. Les hélicoptères ont vraiment survolé. C’est un fait que tout le monde a pu observer. Mais pourquoi ont-ils survolé ? Voilà la question. Ils construisent leurs gros mensonges autour de cela. Tout le monde a vu les hélicoptères voler. Mais ils utilisent cela pour dire que nous avons fui. Non, ce n’est pas vrai. C’est la même tactique qu’ils ont utilisée quand les Iliouchine ont atterri à Ouagadougou. Il y a eu six vols d’Iliouchine. C’est vrai. Mais ils utilisent ces faits pour construire leurs gros mensonges. Ils disent que ce sont des mercenaires russes et des militaires maliens qui sont venus. Mais je ne dirais pas militaires maliens, ce sont des militaires de l’AES. Les militaires maliens, nigériens, sont libres de venir au Burkina quand ils le souhaitent. Mais ce qu’ils disent est faux, complètement faux. Les Russes sont déjà présents ici. Nous collaborons avec eux. (…) Cela n’a aucun sens. Deuxièmement, je peux vous assurer que les avions qui ont atterri transportaient du matériel des Nations Unies. Après leur mission, les munitions sont restées à Gao, Bamako, et ailleurs. Le bateau Tombouctou avait commencé à emporter nos munitions pour les évacuer vers Bamako. Ils ont coulé ce bateau-là.

Nous avons trouvé d’autres moyens de les envoyer là-bas. Il s’agit des munitions que nous avons récupérées, y compris celles provenant d’autres pays que nous prévoyons de détruire ici. Une structure des Nations Unies est présente (…) et est informée de l’opération ; elle doit même en superviser le déroulement.

Ce sont des munitions récupérées dans le cadre de la mission (…). C’est tout. Mais leur acharnement devrait vous faire comprendre qu’il y a quelque chose d’étrange.

Donc, c’est faux. Le mouvement de colère est infondé. Rien de tel ne s’est produit. C’est pourquoi l’État-major était obligé de communiquer (…). C’est leur souhait, mais ils ne verront pas cela se réaliser. Non, c’est une insulte envers nos soldats. Nos soldats sont bien plus intelligents qu’eux. Ils savent ce qu’ils font, ils savent où se trouve le pays, ils savent de quoi nous parlons.

Journaliste : Excellence, dans certains cercles, il a même été question de vacance du pouvoir et de tractations au sein de l’armée pour désigner votre successeur. Avez-vous été informé de ces tractations ?

Ibrahim Traoré : Si le pouvoir est vacant, qu’ils viennent le prendre. Puisqu’ils ont dit que nous avions fui pour aller au Niger, qu’ils viennent donc le prendre. Ils n’ont rien compris, en fait. Mais comprenez, s’ils ont été payés et n’ont pas atteint leur objectif, ils sont obligés de mentir pour justifier leurs actions. Et ce n’est pas seulement eux. Vous voyez Djibril Bassolé et d’autres se balader à travers le monde, mentant et collaborant avec les terroristes pour tuer les Burkinabés, pensant pouvoir changer les choses. Cette époque est révolue. Les gens ont compris. Donc, dites-leur qu’ils n’ont qu’à venir s’il y a vacance. (…) C’est une insulte même pour le peuple burkinabé de prendre les gens pour des enfants, racontant des balivernes et croyant que tout le monde va avaler cela. Non, les gens sont intelligents. Nous sommes en 2024. Ce n’est plus l’époque où les gens peuvent gober de telles informations et réagir aussitôt. Mais notez bien qu’ils ont plusieurs objectifs. C’est le chaos, c’est déstabiliser le Burkina. Parce que notre ligne de conduite ne leur convient pas. Et cela nous renforce dans notre détermination à atteindre nos objectifs. Ainsi, n’ayez aucune crainte à ce sujet.

Journaliste : Beaucoup d’informations circulent, comme vous l’avez dit. Quel est votre message aux Burkinabés à l’intérieur du pays et surtout à la diaspora, qui se pose beaucoup de questions sur la marche de la transition ?

Ibrahim Traoré : Les gens vont comprendre. Nous voici ici. Peut-être qu’ils diront aussi que c’est faux. Venez me serrer la main, peut-être qu’alors ils croiront… Voilà, au moins ça, ce n’est pas faux. C’est eux qui ont toute la technologie. Nous, nous n’en sommes pas encore là. Donc, nous sommes libres dans notre pays et il ne faut pas que les gens s’inquiètent. Je disais qu’ils ont beaucoup d’objectifs. L’un d’entre eux est de faire peur aux investisseurs en disant que le Burkina est instable, qu’il n’est pas viable. Vous savez qu’à partir de 2023, le Burkina fait partie des dix pays les plus attractifs en Afrique.

Les investisseurs veulent venir au Burkina car ils voient une vision. Ils voient que ce pays peut se développer avec ce que nous entreprenons. Donc,  il y a beaucoup de gens qui nous visitent, qui viennent pour investir au Burkina. Et quand ils font cela, ça fait peur aux autres investisseurs. C’est leur objectif. Il faut dire aux Burkinabés de l’extérieur et aux autres investisseurs souhaitant venir au Burkina que ce qu’ils racontent est complètement faux. Le Burkina est stable. Ils peuvent venir. Ils peuvent croire au Burkina. Quant à tous ces mensonges dans les médias, c’est du pur mensonge. C’est l’un de leurs objectifs. Ils ont un plan en tête, c’est certain. Mais nous aussi sommes au courant. Nous les attendons de pied ferme. Peut-être la prochaine fois, nous dirons à la télé de faire attention. Il n’est pas exclu qu’ils essaient de pirater certaines applications au Burkina pour perturber les choses. Nous les attendons. Ils ne font rien pour rien. Lorsqu’ils commencent à mentir et à désinformer, c’est pour atteindre un objectif. Nous les surveillons et nous les attendons de pied ferme. Et nous donnerons la réponse nécessaire. Ceux à l’intérieur qui continuent de collaborer avec eux finiront par nous comprendre. Maintenant, c’est fini. Nous avons laissé le temps passer pour qu’ils déversent tous leurs mensonges. Nous allons agir avec fermeté. Donc, que les gens à l’extérieur ne croient pas à toutes ces bêtises. Cela ne veut rien dire. C’est triste que des Burkinabés se retrouvent à l’extérieur à participer à cela. Ils sont nombreux en Côte d’Ivoire à continuer ainsi. Nous ne savons pas ce que nous leur avons fait. Mais qu’ils continuent leurs sales besognes. Personne ne les écoutera davantage. Donc, c’est pour rassurer tout le monde. Je demande aux Burkinabés à l’intérieur de rester sereins et imperturbables, il n’y a rien. Nous sommes là et nous continuons à travailler pour le bonheur des Burkinabés.

Journaliste : Avec tout ce qui se passe, avez-vous peur pour votre vie ? Comment gérez-vous émotionnellement tout ce qui se passe ?

Ibrahim Traoré : La raison est Hélène, l’émotion est Nègre (sic). Vous voyez, ils jouent aussi sur les émotions. Ils ont fini par faire comprendre à tout le monde qu’ils sont à l’origine des attaques. Ils essaient d’utiliser cela pour susciter des émotions. Car dans leur esprit, les Noirs ne sont qu’émotion. Ils se basent sur l’émotion pour agir et tout ça. Car pour eux, c’est une attaque qui a fait partir Rock, c’est Gaskindé qui a fait partir Damiba. C’est ainsi dans leur esprit. Vous ne pouvez pas changer cela. Et ils cherchent à créer un incident malheureux pour espérer que nous partions. Car pour eux, le Burkinabé n’est qu’émotion. Non, ils ne connaissent pas le Burkinabé. Nous savons où nous allons désormais. Les gens ont compris l’essence de notre lutte. Nous n’avons pas peur, nous n’avons jamais eu peur, car nous avons eu la chance, je dirais, d’avoir été sur le terrain et d’avoir vécu des situations où nous aurions dû perdre la vie. Je vous dis qu’il y a des situations d’où nous sommes sortis, et seul Dieu sait comment nous en sommes sortis. Sinon, nous ne serions pas là aujourd’hui.

Lorsque je m’assois, c’est vrai, je pense à certaines choses sur le terrain, je me dis que Dieu sait ce qu’il fait. Donc, si c’est la peur, nous ne la connaissons pas, et nous prions Dieu pour ne jamais la connaître. Si nous avions voulu connaître la peur, peut-être que si nous avions commencé à nous embourgeoiser, nous aurions commencé à avoir peur. Ils attendent que nous ayons des comptes là-bas pour un jour se lever et nous dire : “Fais cela, sinon nous fermons tout”. Ils n’auront jamais nos comptes là-bas, nous nous fichons d’avoir des comptes là-bas. Voilà, nous n’avons pas de biens là-bas, et nous n’en aurons jamais. Tout ce que nous faisons, c’est pour le Burkina. Nous ne voulons même pas quitter notre Burkina, nous sommes en paix ici. L’AES est un grand espace. Si nous voulons faire du tourisme, nous allons à Bamako, à Niamey ou dans d’autres villes. Nous n’avons pas besoin d’aller ailleurs, nous sommes bien dans notre espace ici.

La peur, nous ne la connaissons pas. Non, nous ne connaissons pas la peur. Nous avons décidé de nous engager pour la patrie, nous connaissons tous les risques qui y sont associés, nous avons abandonné toute notre vie pour cela. Pourquoi aurions-nous peur ? Nous avons abandonné toute notre jeunesse pour une mission patriotique. Donc, il n’y a aucune peur, vous pouvez être assurés. Aucune peur. La prochaine étape à laquelle il faut être très attentif, c’est l’intelligence artificielle. Soyez vigilants, car il m’arrive de voir des vidéos où je parle espagnol ou chinois. Je remercie ceux qui le font, car ils réussissent à traduire nos discours, mais c’est très dangereux. La prochaine étape arrivera, comme je vous le disais, avec le piratage et tout le reste. Restez concentrés, continuez votre travail patriotique.

Merci beaucoup, courage à vous, et j’espère que votre moral est remonté. N’ayez pas peur, nous sommes là pour vous.

Axel Illary

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