Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
Dans deux semaines, Yamoussoukro, la Capitale Politique de notre pays, accueillera un forum convoqué sous le thème de << l’attractivité des territoires et les mécanismes d’appui à la Diaspora pour le développement durable de la Côte d’Ivoire >>.
C’est une initiative de notre Sénat, qui s’est adjoint le Ministère des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et des Ivoiriens de l’extérieur.
Et, pas moins de 2500 de nos compatriotes, femmes et hommes, actifs dans l’entreprenariat et les affaires, établis hors du territoire national, auront à multiplier échanges, contacts et tables rondes pour avoir un état des lieux le plus exhaustif possible du champ économique ivoirien.
Les Ministères techniques et les organismes dédiés à la promotion de notre économie, et qui auront été présents et actifs à tous les stades de l’organisation de ce forum, auront à cœur de donner à chaque participant le maximum d’éclairages sur ce que, dans sa posture loin de Yamoussoukro, il peut apporter au développement du pays.
Déjà, et de manière constante et croissante, les transferts de fonds de ces compatriotes vers le pays natal constituent une tranche non négligeable de la richesse nationale.
Nous espérons vivement, que les fonctionnaires et experts, qui auront été mobilisés pour préparer cet immense travail, auront pris, eux-mêmes, conscience de la complexité et de la diversité des paramètres à prendre en considération, pour que dans les mois et années à venir, il soit reconnu et admis par tous qu’un grand pilier aura été planté les 12 et 13 novembre 2024 à Yamoussoukro pour les grandes nouvelles artères qui vont aérer et entretenir le développement économique et humain chez nous.
Oui, le principe est généreux et entraîne engouement et enthousiasme !
Il convient de voir en chaque participant un national Ivoirien, qui a pu se bâtir une activité économique viable et durable à l’étranger, et a en souci et partage de contribuer un tant soit peu au développement du pays d’origine, qui, ainsi, ne représentera plus seulement un lieu de vacances et de retrouvailles en famille.
Nous sommes sûrs que chez les organisateurs, c’est en revanche et surtout réalisme et pragmatisme qui ont prévalu, pour tempérer quelque peu cette ardeur !
Car ici, au final, tout se ramène au business, au gain, et donc à l’argent et à l’attrait financier. Les Ivoiriens qui participeront à ce forum doivent se convaincre que la PME/PMI, ou toute autre activité qui leur a permis de participer à ce sommet, doit demeurer dynamique, active, et se développer dans le pays ou la région où ils sont installés. Plus ils prospéreront dans ce pays, plus ils seront susceptibles d’être des partenaires de poids en finances et en réalisation de tous les nombreux projets qui frapperont à leur porte.
Il ne faut en rien se précipiter pour venir monter une autre et nouvelle affaire en Côte d’Ivoire, alors que la bonne gestion de l’activité initiale et principale exige votre présence. Il y a, certes, de belles opportunités d’affaires ici au pays, mais il y a également beaucoup d’opérateurs ou entrepreneurs, qui ont forcément éprouvé les réalités du terrain beaucoup plus durement que vous << les benguistes >>.
Sans compter que celui qui opère en Occident se trouve dans un contexte où le maximum de mesures facilitatrices et incitatives sont déjà en place ; même les verrous fiscaux peuvent trouver atermoiement ou modération ; et il est habitué à évoluer en terrain ferme et assuré où tous les opérateurs d’une chaîne de production de biens ou de services ont à cœur d’exécuter chacun leur partition, sûrs que la rémunération contractuelle les attend en bout de chaîne.
C’est encore très loin d’être le cas dans nos pays d’Afrique Noire, en Côte d’Ivoire comme ailleurs.
Les fournisseurs ou partenaires en sous traitance défaillants, qui ne prennent pas la peine d’alerter par avance ; ceux qui changeront la qualité des composants en cours de route pour beurrer leurs épinards ; les ruptures brutales en prestations suite au décès soudain d’une tante matriarche, ou à un retour de pèlerins de la Mecque, etc, etc, il y a une foultitude d’obstacles qui ne se voient et ne se vivent que sur notre terrain ici en Afrique.
Une sœur ou un frère Ivoiriens, qui ont le mérite d’avoir << fait leur trou >> en Seine St Denis ou à Marseille, peuvent être amenés à perdre tous leurs moyens sur le terrain au pays.
Le Patronat Ivoirien, et toutes les structures spécialisées et techniques sous son autorité, devront veiller à aller vers chaque participant, en solo ou par type d’activité regroupée, pour leur proposer un maximum d’opportunités de friches, assorties des partenariats locaux possibles, et des voies de financement adaptées.
Nos sœurs et nos frères attendus à Yamoussoukro savent mieux que nous que la Côte d’Ivoire, comme tous les états en ce monde, aura une partie toujours en croissance de sa population établie hors de ses frontières ; tout comme des millions de << non Ivoiriens >> vivent sur notre sol.
Est-il besoin de dire à ces sœurs et frères qui entreprennent et réussissent en terre lointaine de Diaspora que leurs performances là bas, sont à tous les égards, bénéfiques au pays, et sujet légitime à fierté ?
Rien ne les contraint à travailler immédiatement sur le marché national. Être aux aguets de toutes les opportunités à aiguiller vers la Côte d’Ivoire est amplement méritoire.
Qu’ils acceptent, dès maintenant, de commencer à ouvrir des comptes d’épargne aux guichets que nos banques leur ouvrent à proximité ; c’est ainsi qu’au bout de quelques années, lorsque la Côte d’Ivoire estimera d’enjeu national d’ouvrir un chantier de dimension exceptionnelle, le pool des entrepreneurs de la diaspora pourra être un levier décisif.
Pourquoi les Ivoiriens ne devraient ils pas également s’inspirer du modèle de nos frères d’Ethiopie, l’un des pays les plus pauvres en Afrique et au monde ? Ils ont mis des décennies à rechercher les capitaux pour le financement du barrage sur le Nil, ce à quoi ils ne pouvaient pas arriver en raison des puissances et pays que cet ouvrage indisposait. Ils ont ensuite œuvré en boucle nationale et intra-éthiopienne, autour des dirigeants de leur Diaspora aux États-Unis d’Amérique, qui ont su s’assurer de grands parts des marchés de sous traitance des prestations portuaires, aéroportuaires et de sécurité. Ce barrage a vu le jour et est entré en activité il y a quelques années ; l’Éthiopie aura ainsi donné une double leçon à ses frères africains : oser, y croire, le vouloir et se tenir les coudes en interne, en impliquant tout le monde, aucun obstacle ne saura vous résister.
Il faut s’attendre à ce que, devant le gouffre de notre surendettement actuel, la Côte d’Ivoire ait à supporter le coup de boomerang en retour, et qu’elle ne puisse pas avoir accès à certains grands financements, sur les décennies à venir.
C’est ainsi que la diaspora se retrouvera dans son principal rôle historique, à savoir constituer l’une des premières voies de recours lorsque les pays natal et les siens seront submergés par les difficultés.
Pour que vive une Côte d’Ivoire qui saura toujours se rassembler pour se retrouver !
Abidjan le 30 octobre 2024
Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA
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