Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
Il ne nous est pas possible d’échapper au tourbillon que le condensé de l’invitation à la Maison Blanche des Chefs d’Etat et Responsable de l’Exécutif de 5 pays d’Afrique continue de susciter, la personne ou le phénomène << Donald Trump >> s’étant révélé sous d’autres nouvelles dimensions sur notre continent.
Et pourtant, si nous laissons l’émotion se calmer et que nous réexaminons posément l’ensemble du processus, ce sont plutôt de grandes leçons que l’ensemble de la planète gagnerait à tirer de ce dernier grand éclat du Grand Président du Monde !
Pour encore près de trois années, que va durer le présent mandat du 47eme Président des États-Unis d’Amérique, chacun pourra y trouver matière reetudier sa relation avec la première puissance mondiale; et, désormais, autant dans les formes et règles protocolaires que pour les sujets de fond.
La première interpellation, au monde entier, est de demander à tous les pays, au niveau de leurs sphères étatiques, politiques, économiques, de médias/communication, d’arrêter de commencer leur journée par l’inévitable debriefing sur ce que Donald Trump a pu livrer sur son compte x, dans les 48 dernières heures.
Car,à la suite de toutes les grandes puissances, l’ensemble du globe est désormais à l’école ou au culte de tout ce qui émane ou suinte de Donald Trump. Et dans cet énorme sac, on trouve de tout, depuis les spéculations et analyses bien pensées et cohérentes jusqu’aux foucades les plus olé/olé, que la star du People qu’est avant tout Donald Trump doit à son fan club qui n’attend que cela !
Aujourd’hui, avec le temps, le monde entier a fini par détricoter la nébuleuse “trumpiste” et découvre les fondements de ce qui, à n’en pas douter, sera retenu dans l’histoire comme l’une des créations les plus réussies en matière de prestididation ou ” bluff ” grand public, adjugé, emballé, et avalé, sur les 5 continents.
Le premier trait est que tout s’articule autour de la seule et unique personne du Grand Manitou à la crinière rousse, au gré de ses humeurs et tempéraments. Puisqu’il a déjà remporté le challenge de la prédation de toutes les attentions, jour après jour, au niveau mondial, son devoir quotidien est de trouver et servir à son fan club de 5 à 6 milliards d’humains des scoops qui font sensation et vont à contrepied de ce qui est normalement et communément attendu du Chef de l’Etat qui se veut leader du monde.
Qu’il y ait absurdité, ou même incohérence en regard de l’image et des intérêts des USA, ou de lui-même, cela n’a aucune importance et ne bloquera pas le scoop, car c’est au fan club, après avoir salué et applaudi le produit du jour, de se mettre à l’œuvre pour trouver explications et justifications.
Et, si, le fan club devait y perdre son latin, le Grand Manitou n’en aurait cure, puisque, quelques heures après, sinon dès le lendemain, Trump peut livrer une nouvelle déclaration s’inscrivant en partie ou totalement à contrepied de ce qui seme émoi et agitation, partout, aujourd’hui ?
Donald Trump est le DJ ou le Gourou de la grande secte d’idolateurs que sont les responsables et populations de tous les pays, et sa légitimité et son autorité reposent en ce qu’ils ne le jugent pas. Qu’il ait tort ou raison, bien apprécié un contexte ou être totalement passé à côté de la plaque, aucun reproche ne saurait lui être fait. L’on trouvera les voies et moyens d’atténuer et contenir les débordements les plus ahurissants.
Le grand DJ/Gourou souffre de son temps de surexposition non stop sur la scène médiatique mondiale ; et le temps minimal requis pour parcourir les mémos et fiches lui fera souvent défaut. C’est vraiment dommage puisqu’aux USA, les administrations et agences excellent à veiller à ce que le Boss, unique habilité à “fabriquer ” les décisions, soit toujours le mieux informé, sur tous les sujets.
Donald Trump a ignoré, ce 9 juillet 2025, que le Libéria est une république créé indépendante en 1847 à l’initiative de cercles religieux, politiques et d’affaires anti esclavagistes des USA ; sa langue officielle est l’anglais/américain.
Les mêmes fiches ou mémos lui auraient signalé que J Boakai, le Président du Libéria, qu’il avait en face de lui, était un retraité du système bancaire de Breton Woods qui avait vécu quelques années de sa vie aux USA, étudiant à l’université du Kansas.
Une autre fois, en mars de cette année, il a semblé mettre en doute l’existence de l’état du Lesotho, en Afrique Australe. Il n’avait pas trouvé le temps de lire les fiches qui lui auraient surtout indiquée que la capitale de ce pays abrite une grande ambassade des USA qui supervise toutes celles de la grande sous région Sud du continent africain.
C’est ce même déficit en longueur de temps d’écoute informative qui explique qu’il n’y a pas encore eu les grandes séances de briefing que le Département d’Etat, la NSA et la CIA imposent à tous ceux qui arrivent à la Présidence des USA. Donald Trump aurait été instruit de ce que notre siècle va vite, évolue vite, et que le continent africain est dans une grande période de changements sociaux et économiques, et que les marqueurs des périodes d’esclavage et de colonisation doivent en disparaître.
L’épisode de l’invitation des Chefs d’Etat de Mauritanie, du Sénégal, de Guinée-Bissau, du Liberia et du Gabon passera vite à l’oubli, et le grand Manitou Trump a été vite pardonné de ses maladresses, de ses préjugés séculaires, parce qu’il est quand même certain que l’on n’invite pas un futur partenaire disposant de mirifiques ressources minières pour l’humilier ou indisposer. Le Grand Manitou Trump a cru innover, bien faire et réaliser le scoop du siècle en posant avec les 5 Chefs d’Etat africains. Ils étaient debout, et lui assis, c’est certes un fait. Mais il se serait levé avec joie si, puisque le protocole de la maison Blanche n’en a pas eu le réflexe, l’un des Chefs d’Etat Africain le lui avait suggéré. Trôner aux yeux du monde au milieu de cette negraille formidable et gentille, surtout qu’ils s’acquitteront tous de la lettre recommandée et signée pour le proposer au prix Nobel de la Paix, vaut bien toutes les concessions.
C’est le lieu de marquer un arrêt pour oser dire à l’ensemble de la communauté Noire qui continue d’étouffer de colère et d’indignation devant cette image prise pour l’éternité que, plutôt que vers Trump et le gouvernement des USA, c’est plutôt vers les cinq chefs d’état que les billes devraient se déverser.
Tout d’abord, tels que les motifs étaient exposés, pourquoi Donald Trump ne devrait il pas prendre son gigantesque avion pour aller vers vos pays et capitales respectifs ? Étant donné que c’est Donald Trump – et il ne prend même pas la peine de l’enrober ou dissimuler – qui est demandeur, puisque votre potentiel minier en terres rares et hydrocarbures l’intéresse au plus haut point ! Ce n’est pas un hasard si Donald Trump, plutôt que de membres de son cabinet connus de tous, était entouré de PCA ou PDG de grands groupes économiques mondiaux, certains ayant des rapports avec des entreprises du groupe Trump.
Dans les faits, ce sommet plutôt bizarre fut conçu et précipité dès que tous les experts comprirent que l’accord signé à Washington le… sous l’autorité des USA, et valant fin du conflit armé entre la RDC et le Rwanda, était un leurre puisque personne ne peut désarmer le M23 qui est le bras armé de Kagame. Le Rwanda de Kagame a besoin d’une grande partie des ressources minières de la région pour se maintenir en tant qu’etat.
Aussi est-il vital pour les USA de Donald Trump d’anticiper et de s’assurer un espace dans tous les autres pays d’Afrique à fort potentiel minier ou en hydrocarbures et terres rares.
Ce sont donc les USA de Donald Trump qui sont géopolitiquement demandeurs, et cela aurait valu que, pour ces rencontres, Donald Trump lui même débarque en Afrique.
Mais sur cet échiquier géopolitique, Trump a poussé ses pions le plus loin possible puisqu’il n’a pas eu d’obstacle ou de résistance devant lui. Ce sont les 5 hauts responsables d’état que la colère et l’indignation du monde négro africain doit interpeller.
Ces 5 personnalités sont de fraîche arrivée dans le corps de gouvernance et de gestion de l’état au plus haut niveau. Ils ont été de grands serviteurs de l’état, souvent dans le pré carré de leurs prédécesseurs. Mais leur apprentissage d’hommes de l’état est en cours, et, dans un peu plus d’un an, il est sûr qu’une telle mésaventure ne leur surviendra pas. Car en matière visite d’état, au plus haut sommet des dirigeants, rien n’est improvisé. Les Ministères, des deux côtés, se mettent d’accord sur un déroulé où toutes les étapes et postures sont consignés. Et le Président et sa délégation doivent s’y tenir et conformer rigoureusement. Cette prise de vue d’un Empereur et de ses vassaux n’aurait été accepté d’aucun fonctionnaire ou diplomate, et ce n’est surtout pas le Département d’Etat qui aurait pensé à la proposer.
Répondre en catastrophe à une invitation d’un Donald Trump à Washington, pour un sommet sur la coopération en mines, sommet auquel bien d’autres pays auraient rêvé d’être conviés, semble aller de soi. Mais quel temps a-t-on pu trouver pour étudier et monter les dossiers sur lesquels l’on allait travailler ? Les grands groupes des USA qui ont activé Donald Trump ont-ils prévu envoyer des experts sur le terrain pour des mois ? Chaque pays ne constitue t il pas un cas particulier sinon spécifique ? A quoi sert il d’intégrer ces 5 pays dans une corbeille ?
S’il nous apparaît que les USA sont d’abord soucieux de marquer l’espace pour ne plus perdre du terrain au profit de la Chine, des BRICS (Brésil, Russie, etc…), n’est ce pas là un levier à entretenir et sauvegarder pour en tirer le maximum dans toute coopération bilatérale à venir ?
L’histoire a partout révélé que le métier de chef s’apprend lentement et dans la durée, au fur et à mesure que l’on maîtrise mieux les connexions entre les données de tout l’environnement, et que les travers des hommes que l’on dirige se révèlent dans leur complexité.
Rangeons cet épisode du sommet Trump/5 Présidents Africains en petites lettres dans les manuels d’histoire, et célébrons le fait qu’ayant fait plier d’humilité ces grands leaders, c’est forcément de la gouvernance plus réfléchie et même améliorée qui en ressortira au bénéfice du continent et de ses populations.
Que vive l’Afrique Noire ! Que vive la Côte d’Ivoire !
Fait à Abidjan, le mercredi 16 juillet 2025
Le Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA
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