Affaire recettes du bilan sanguin de l’école de Police / Dr Malan Adouobo assène ses vérités : ‘’Je n’ai commis ni faute lourde, ni malversations financières‘’

Photo : DR
Vous avez décidé d’apporter des éclairages sur les palabres autour des recettes du bilan de sang des candidats-policiers. Quelle est votre part de vérité ?
Je vous remercie, avant tout propos, de l’opportunité que vous m’offrez à nouveau de me prononcer sur ce dossier et livrer ma part de vérité. C’est vrai que vous avez souhaité me rencontrer pour équilibrer votre enquête et vérifier des informations en votre possession. Votre démarche était, je le pense, professionnelle mais je n’ai malheureusement pas pu donner une suite compte tenu du caractère sensible du milieu de la santé. Vous savez, j’exerce dans un secteur où des informations sont frappées du secret médical et ce n’est pas tout qu’on doit dire dans les journaux. Ainsi, je ne pouvais qu’éviter toute interview surtout avec quelqu’un que je ne connais pas et dont j’ignore les intentions. C’est après la parution de l’article que certaines idées préconçues que je m’étais fait de vous sont tombées. Dès lors, j’ai décidé d’entrer en contact avec vous pour apporter des éclairages et rectifier quelques contre vérités. Certains points de votre article ne sont pas justes et je me dois d’apporter les éclairages nécessaires pour situer les responsabilités. Premièrement, je ne me suis pas caché comme vous l’avez écrit. J’ai tout simplement gardé le silence sur les conseils de mes proches pour ne pas gêner certaines personnes et par respect pour mes supérieurs hiérarchiques. Ensuite, il a été mentionné dans votre article que j’aurais fait du faux pour arracher le marché de l’examen sanguin des candidats à l’entrée à l’école de police.

Qu’en est-il ?
Il n’en est rien. Je n’ai fait aucun faux pour arracher le contrat pour lequel je coure depuis cinq ans comme vous l’avez écrit. Il n’y a pas eu de faux. Tout simplement parce que le laboratoire Jean-Baptiste Mockey est bel et bien privé. Ce laboratoire appartient à Markegest sur la base d’un contrat qui lie cette entreprise au CHU. Son responsable Mme Louvel Noel, est une femme d’affaires. Elle n’a aucune compétence médicale pour se voir confier la commande de réactifs. Elle n’est ni médecin, ni sage-femme, ni technicien de laboratoire. On ne peut donc pas lui confier la prérogative de commander des réactifs comme le stipule le contrat liant Markegest au CHU de Treichville. Donc, le laboratoire Mockey est une entité privée concédée à un opérateur privé qui l’exploite. La gestion administrative et comptable est entièrement la prérogative de Markegest. Le laboratoire Mockey est donc privé et non public. C’est sur cette base que ce laboratoire a soumissionné par mon truchement à l’opération Ecole de Police. Je rappelle que ce n’est pas le responsable du laboratoire qui soumissionne. Mais plutôt le laboratoire. J’ai donc dans la fiche de candidature, présenté les matériels dont nous disposons pour réaliser les examens. Et le laboratoire Mockey où j’ai fait déposer des équipements de pointe, avait toutes les chances pour être retenu et c’est ce qui a été fait naturellement. Le laboratoire a été inspecté par le service compétent de la Police. Donc c’est un marché régulier que j’ai arraché et les prestations ont été faites de manière régulière.

Mais, des examens ont été réalisés nuitamment…
Ce n’est pas vrai. Les examens ont été exclusivement réalisés au laboratoire Mockey et au laboratoire central du Chu de Treichville avec des appareils flambants neufs, loués et/ou achetés chez des fournisseurs. Des contrats écrits à ce propos existent. Les examens se sont déroulés au vu et au su de tout le monde et non nuitamment. Même s’il est vrai que nous avons eu des fois à travailler jusque tard dans la nuit pour retranscrire les résultats et les déposer dans les délais au service médical du concours de la Police. Les examens n’ont pas été réalisés nuitamment et en cantimini. Je rappelle, au demeurant, qu’avant d’entamer les travaux, j’ai informé la direction du CHU ainsi que Mme Louvel que j’avais obtenu le marché de l’examen de sang des candidats de l’école de Police. Et le directeur du CHU, le Pr Ezani, m’a vivement félicité lors d’une réunion officielle pour ma témérité. Il m’a présenté comme étant l’un des agents dont il était fier, parce que j’étais à son avis un battant et un «bosseur». Pour en revenir au contrat avec la Police, je dois souligner que c’est dans le cadre de mon travail quotidien que je suis sorti du CHU pour aller chercher des partenaires. Je n’ai pas agi en dehors de mes prérogatives. Et je n’ai contourné personne. C’est un faux procès que l’on me fait. Le chef de service que je suis, a le devoir de porter à la hausse les recettes de son département par des politiques hardies diverses. C’est ce que j’ai fait. C’est dans le cadre de mon travail que j’ai agi ainsi. Il y a manifestement une cabale dans ce dossier. Car, au début de l’opération, personne ne s’est plaint. Et en cours d’opération, un problème banal survient. Et ce problème n’est survenu qu’après que les premiers chèques eurent été émis. Je dois préciser à ce niveau, que les mouvements financiers ne sont pas faits en l’absence de Mme Louvel. C’est archi faux. Elle était bel et bien là, quand les deux chèques de 23.931.000 F Cfa et 22.560.000 F Cfa, ont été émis à l’ordre de Markegest Consulting à l’agence central du Trésor d’Abidjan. C’est moi-même qui lui ai remis les chèques main à main. Et c’est son comptable qui a encaissé les fonds comme l’atteste la décharge à cet effet. Rien n’a donc été fait dans son dos comme vous l’avez écrit. Quand l’argent a été déposé sur le compte, une réunion s’est tenue avec le Daaf du CHU, son adjoint, Mme Louvel et moi. Cette rencontre, je rappelle, est intervenue au début de l’opération. On était seulement à quatre mille candidats dont les examens avaient été réalisés. Et à quatre, nous avons convenus de la répartition des recettes. C’est à l’issue de cette réunion où on a tous parlé le même langage que Mme Louvel a commis, le lendemain, son comptable pour encaisser les chèques. Je ne lui ai fait aucune pression pour aller chercher les fonds. C’est pourquoi je ne comprends pas le rebondissement par la suite. J’ai d’abord reçu une note du directeur du CHU peu après avoir reçu les fonds. Dans ce courrier, il réclamait des explications de l’opération Ecole de Police au coordonnateur des laboratoires, le Pr Téa.

Que stipule cette note ?
Le Pr Ezani indiquait qu’il lui revient que des opérations d’examen de sang des candidats de la Police s’effectuaient au laboratoire Mockey. Il demandait au Pr Téa de s’informer et lui faire le retour. Peu après, le directeur du CHU saisit directement par courrier le ministre de la Santé, sans même qu’il ne m’ait entendu. Et le même jour, il me fait acheminer une copie de la lettre adressée au ministre Aka Aouélé. Dans ce courrier en date du 20 avril 2010, il explique que le Dr Malan en service au laboratoire Markegest l’avait approché au mois de décembre 2009 pour l’informer de la réalisation de l’examen de sang des candidats à l’école de Police, d’un coût de plus de 50 millions de francs Cfa sans trace. A ce niveau déjà, il y a du faux car quand on va pour les prélèvements, le nombre de candidats n’est pas connu à l’avance. Ceux qui se présentent à nous, c’est ceux-là que nous prenons pour l’examen. Poursuivant, le Pr Ezani indique qu’il m’avait expliqué que pareil marché ne pouvait se conclure qu’entre le Chu et la Police. Avant de mentionner que passant outre ces recommandations, j’ai fait réaliser les examens au laboratoire central et que je me suis fait payer. Sans tomber dans la polémique, je note que c’est également faux et archi faux. Je ne me suis pas fait payer et il n’en a jamais été le cas. Devant cette concurrence déloyale, il poursuit sa note en indiquant qu’il aurait été amené à prendre la mesure conservatoire de ma suspension de toute activité en attendant le conseil de discipline. Pour moi, il est clair que ma tête a été mise à prix. Et j’estime que je ne mérite pas cette cabale ourdie contre ma personne. Devant la baisse décroissante et drastique des activités du laboratoire Mockey, j’ai tant fait pour sortir ce service concédé à Markegest de l’ornière que j’estime que je ne mérite pas ce traitement humiliant et ce flot d’intrigues, de calomnies et de mesquineries. Je suis le premier, chaque jour, à me rendre au service et je suis toujours le dernier à en repartir. Le contrat que j’ai arraché au prix de mille privations, de mille efforts a mis ma tête à prix et l’on recherchait partout des arguments pour m’abattre. A preuve, même les syndicalistes qui se sont présentés à moi comme des défenseurs des travailleurs se sont joués de moi. Gnakri, leur chef de file, qui est le président de la mutuelle que j’ai pris pour un ami, m’a joint au téléphone et m’a demandé des explications pour pouvoir me défendre. Mais en fait, c’était pour me faire couler. C’est méchant. Ce marché juteux a fait de moi un homme à abattre. C’est tout. Sinon, je n’ai commis ni faute lourde ni malversations financières. Quand je prenais les rennes du laboratoire en septembre 2009, les recettes étaient à 4 millions et je les ai relevées en octobre 2009 au double, à 8 millions et plus les mois suivants.

Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Je suis désarçonné par ce machiavélisme mais serein pour le conseil de discipline. Si je dois résumer cette affaire, je dirais qu’il ne s’agit que d’un désaccord entre des protagonistes sur un problème d’argent. Toutes les calomnies ne sont que des réactions épidermiques. Mes détracteurs ont entaché mon honorabilité, alors que je n’ai pas volé l’argent du CHU de Treichville. Je n’ai volé l’argent de personne. En raison des palabres autour des recettes, le marché m’a été arraché et j’ai perdu le contrat depuis le 20 avril 2010. On a créé de toutes pièces un problème pour entacher mon honorabilité. Le marché a été obtenu trois fois par le CNTS en 2004, 2006 et 2008. Bien avant, l’INSP d’Adjamé a eu le même marché en 1996 et les examens ont été réalisés en 1998 au laboratoire central du CHU de Treichville, avant même que le Pr Ezani ne soit le directeur. C’est donc un marché légal qui met en compétition, à chaque édition du concours de la Police, plusieurs laboratoires des structures sanitaires de la place. Une sélection rigoureuse se fait après l’inspection des locaux et des équipements des différents soumissionnaires. Je note que le contrat que j’ai obtenu a aiguisé des convoitises et des manigances contre ma personne. Mais rien ne m’obligeait de donner la grosse part des recettes à quelqu’un qui n’a rien fait dans l’opération. En l’occurrence Mme Louvel qui n’est intervenue à aucun moment, ni dans la signature du contrat, ni dans l’exécution des opérations et subitement elle réclame la grosse part des recettes. Je suis allé au front pour arracher ce contrat légal et régulier. J’ai soumissionné sur une base légale. Et j’ai eu le marché de manière régulière. J’ai veillé et même jeûné pour avoir ce marché. J’ai fait le pied de grue auprès de certains amis et j’ai mobilisé des soutiens personnels. J’ai mis mon salaire et mes relations personnelles à contribution. J’ai fait de nombreuses missions sur tout le territoire national derrière ce marché. Tout cela a un coût. J’ai passé des commandes pour faire l’opération. Et c’est injuste que c’est au moment où les premiers fonds tombent que des gens se coalisent et se liguent contre moi pour me faire perdre le marché et ensuite entacher mon honorabilité.

Quelle suite entendez-vous donner à cette affaire ?
Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique qui a été saisi par courrier du directeur du CHU de Treichville a eu des explications et il a préconisé qu’on mette la balle à terre. C’est vrai que je suis amer. C’est méchant et machiavélique ce qui m’a été fait. J’ai été littéralement détruit. J’ai construit ma vie sur des valeurs du travail, de l’honneur et tout cela a été mis en lambeaux. J’ai l’impression que le monde me tombe sur la tête. Je suis très mal dans ma chair et dans ma peau. On m’a détruit. J’avoue qu’il me sera difficile de me remettre rapidement de toutes ces intrigues et calomnies. C’est vrai, mais je souhaite vivement que la raison gagne les uns et les autres pour que la paix règne dans la famille de la Santé. Et je m’en remets à la volonté de Dieu et à la sagesse de mes maîtres, qui auront à juger et à apprécier lors du conseil de discipline. J’ose espérer que la sagesse habite les uns et les autres pour me donner une nouvelle espérance en la vie et une opportunité nouvelle d’espérer en la vie. Je vous remercie.

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / par Réalisée par M Tié Traoré

Thu, 20 May 2010 03:16:00 +0200

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