CAN 2012-Côte d’Ivoire : Le mutisme des Eléphants

Il n’est pas toujours évident d’avoir accès aux joueurs de football, surtout en sélection nationale. Très demandées, les stars du ballon rond enchaînent les sollicitations. Sauf chez les Eléphants qui ont poussé à son paroxysme l’axiome "Pour vivre heureux, vivons cachés".

C’est bien simple, la Fédération ivoirienne a dressé un véritable bunker autour de ses internationaux avec, Eric Kakou, l’attaché de presse, en garde chiourme. Le but ? Permettre aux joueurs de se concentrer sur leur CAN. Un objectif louable mais qui, dans les faits, empêche les journalistes de faire leur travail. Un véritable cordon sanitaire qui empêche également les supporters de déranger ce groupe constellé de vedettes, en dehors des points de passage obligés que sont les conférences de presse d’avant et d’après match. Même les proches de la famille sont laissés à la porte.

Un hôtel coffre-fort

Repliés sur eux-mêmes, en quasi-autarcie, les Eléphants se contentent donc du strict minimum. Une culture du secret qui confine au ridicule quand Didier Drogba, le capitaine des Eléphants, refuse de parler à la presse écrite sous un prétexte fallacieux : selon nos confrères ivoiriens, ces malheureux scribouillards auraient eu l’indécence de critiquer les performances du joueur de Chelsea. Un crime de lèse-majesté, assurément. "Qu’on leur coupe la tête !" Même les sympathiques Siaka Tiéné, Souleymane Bamba, Didier Zokora ou Copa Barry, pourtant d’habitude affables et souriants, baissent la tête quand ils croisent des journalistes.

Naturellement, des fuites sont toujours possibles : à l’heure du tout communication, cette politique porte pourtant ses fruits. Les faits sont là, la Côte d’Ivoire est en finale de la CAN 2012 et n’a pas encore encaissé de but. Derniers favoris encore debout, les Eléphants ont les statistiques de leur côté. Un sacré contraste avec les sélections du Niger, du Gabon, du Ghana ou du Mali, beaucoup plus ouvertes durant toute la compétition. Même son de cloche du côté de la Zambie où joueurs et journalistes se côtoient dans un respect mutuel qui n’empêche pas les Chipolopolos d’avoir atteint la finale de la Coupe d’Afrique pour la première fois depuis 1994.

Drogba snobe la presse écrite

Alors, faut-il vraiment vivre caché ? Pour l’heure, les Ivoiriens ont choisi : en début de semaine, ils ont été aperçus aux abords du stade de l’Amitié de Libreville -où ils résident en zone hôtelière bardée de caméras, de gardes et de fils barbelés- lors d’une marche digestive. Sous haute protection policière. Pas sûr que ça les ait amusés, dans cette zone peu habitée où ils ne risquent guère de déclencher une émeute….

Les Eléphants, d’ordinaire si souriants, se sont transformés en un groupe fermé sur lui-même. Ils en ont perdu de leur spontanéité. Ils en ont également perdu de leur football. Les deux ne sont peut-être pas liés. Mais personne d’Abidjan à Bouaké en passant par Yamoussoukro et Daloa ne leur en voudra s’ils s’imposent, ce dimanche à Libreville.

NICHOLAS MC ANALLY envoyé spécial nn afrik.com

Fri, 10 Feb 2012 14:02:00 +0100

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