Comment François Hollande a voulu rayer Nicolas Sarkozy de l’Histoire en 7 jours

La présidence normale est une arme politique de destruction massive. En moins d’une semaine, elle a montré l’étendue de sa puissance, qui est sans pareille.

Politiquement, que reste-t-il de la présidence Sarkozy après une semaine de présidence Hollande ? La réponse est simple, claire, évidente et nette : il ne reste rien.

Examen de passage réussi

Comme les images de la réception à la Maison Blanche à Washington, du G8 de Camp David et du sommet de l’OTAN à Chicago ont dû être cruelles pour Nicolas Sarkozy ! François Hollande accueilli à bras ouverts par Barack Obama, François Hollande se posant d’entrée de jeu dans la cour des grands, François Hollande réussissant à imposer, même à Angela Merkel, l’idée qu’espoir rime avec croissance, François Hollande restant ferme sur le départ français de l’Afghanistan, François Hollande ne ratant ni son G8, ni son sommet de l’OTAN, François Hollande renouant avec la tradition française d’une diplomatie offensive, "Allié, mais pas aligné", oui, François Hollande a réussi son examen de passage international.

Cette séquence internationale s’est inscrite dans le droit fil de celle ouverte lors de la passation de pouvoirs, des discours hommages à Jules Ferry et Marie Curie, de la nomination du placide Jean-Marc Ayrault, de l’installation du nouveau gouvernement : la rupture avec la présidence Sarkozy est tranquille, apaisée et apaisante, mais elle n’en est pas moins réelle, totale et franche. C’est comme si Nicolas Sarkozy n’avait jamais été président.

Les trois jours internationaux de François Hollande marqueront, symboliquement, donc politiquement, le quinquennat qui s’ouvre. Comme toujours en politique, la forme y a rejoint le fond.

Le nouveau président avait à cœur, et sa façon de se conduire en atteste, de tourner la page Sarkozy en la renvoyant à son caractère anormal. Le message de la semaine, que visiblement tant de journalistes franco-français, encore intoxiqués à la machine médiatique sarkozyste, peinent à comprendre, est aisément perceptible : la présidence normale, ce n’est pas Mimile à l’Élysée, c’est bien plus que ça.

Le retour de la tradition française

C’est la fin de l’anomalie Sarkozy, le retour aux pompes de la Ve, de de Gaulle à Mitterrand en passant par Georges Pompidou, et c’est tout le sens des démonstrations de la semaine, de l’investiture à l’Élysée en passant par le sommet de l’OTAN. La présidence normale, c’est le retour à la tradition française. Point.

On comprend mieux, si l’on se place dans cette perspective, le comportement de François Hollande vis-à-vis de son prédécesseur : prendre congé de lui le plus rapidement possible sur les marches de l’Élysée le jour de l’investiture, ne lui reconnaitre aucune qualité dans son discours de prise de fonctions, profiter de la bienveillance d’Obama et Merkel pour montrer, en creux, que même les grands de ce monde tenaient Nicolas Sarkozy en piètre estime personnelle et politique, et terminer la séquence de la semaine en affichant sa volonté de ne pas jouer les présidents américains : tout a été pensé et fait pour dresser le portrait d’une présidence Sarkozy comme une terrible anomalie française, qu’il incombait à François Hollande de corriger dès les premiers jours de sa présidence.

François Hollande avait sans doute mûrement réfléchi, et depuis longtemps, à ce caractère spécifique inhérent à la présidence Sarkozy, envisagé comme une parenthèse aberrante au regard de l’Histoire de la France. Il est dommage que bien peu d’observateurs prennent ces jours-ci la mesure de la portée historique des premiers jours du quinquennat Hollande.

La présidence normale a effacé la présidence Sarkozy en moins de huit jours. La présidence normale, c’est aussi, d’une certaine façon, le retour de l’Histoire à l’Élysée.

Par Bruno Roger-Petit
Chroniqueur politique

Thu, 24 May 2012 01:12:00 +0200

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