Décédé hier à la Pisam : Zadi Zaourou: Rideau !

La nouvelle du décès du Professeur Bernard Zadi Zaourou est tombée dans l’après-midi du mardi 20 mars 2012, comme un véritable coup de massue. C’est donc avec consternation que le monde politique, universitaire, des arts et de la culture a appris cette triste nouvelle. C’est vrai qu’on le savait malade. D’ailleurs, lors de sa dernière sortie publique, en janvier 2012, à l’occasion des obsèques d’Amédée Pierre, Bottey Zadi Zaourou était apparu très affecté par le mal pernicieux qui le rongeait depuis longtemps. Malgré son état, il avait tenu, selon ses proches, à rendre un dernier hommage au ”Dopé National” dont il fut, il faut le signaler, le premier imprésario. Une présence qui n’a pas manqué de susciter auprès des proches du défunt des sentiments d’espoir quant au rétablissement rapide du Professeur. Hélas, plus de deux mois après, le sort en a décidé autrement. Né en 1938, à Soubré, le maître du ”Didiga” qui fut ministre de la Culture et de la Francophonie de 1993 à 1999, dans le gouvernement du président Bédié, a rendu l’âme hier, à la Polyclinique internationale Sainte Anne-Marie (Pisam) de Cocody, à l’âge de 74 ans. «La mort n’a jamais fait que grandir les héros. Elle ne les rabaisse pas mais elle les immortalise» avait-il déclaré, au sujet de la mort, en juillet 2011, à un confrère de la place. Et Bernard Zadi Zaourou, connu également sous le pseudonyme de Bottey Moum Koussa était un héros du monde universitaire et de la culture ivoirienne puis, un écrivain émérite. Titulaire d’un doctorat d’État obtenu à l’Université de Strasbourg en France, Zadi Zaourou, enseignant à l’Université d’Abidjan, devient un personnage incontournable. Oui, un héros de par son atypique vision de l’enseignement, de la contestation politique, alors qu’il était le secrétaire général de l’Usd (Union des sociaux-démocrates), son parti. Dès le retour au multipartisme, il forme, avec Laurent Gbagbo du Fpi, Francis Wodié du Pit et Bamba Moriféré du Pps, la coalition de la gauche qui fait sa première grande sortie officielle en 1990, à Korhogo, sous le régime du président Houphouët Boigny. L’homme fera ses adieux au monde de la politique, en 2000, au terme d’un conflit interne, au sein de sa propre famille politique, avant de céder la place à Coulibaly Climalo Jérôme , son n°2 d’alors. Mais après son départ, le parti ne vivra que le temps d’une rose”. ”Concepteur du Didiga moderne, il a porté l’art dramatique ivoirien moderne sur les fonts baptismaux, par un savant cocktail harmonieux des genres. Ce poète, comme on en trouve rarement encore dans le monde, sait apprécier le mot dans sa polyvalence sémantique pour en faire un allié redoutable. Son écriture irradie tous les arts et son engagement pour la culture est reconnu de tous. Il connut une carrière réussie d’enseignant-chercheur à l’Université de Cocody, précisément à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines, et à l’Unité de Formation et de Recherche Langues, Littératures et Civilisations” avait écrit un confrère au sujet du Professeur Bernard Zadi Zaourou qui avait définitivement tiré une croix sur la politique pour se consacrer entièrement aux arts et à la culture. Enfin, considéré comme un auteur féministe, le professeur Zadi Zaourou aura également marqué le monde de la création avec sa pièce ”La guerre des femmes”, une représentation peignant des femmes l’image de guerrières intrépides, avec pour principale actrice, Clémentine Papouet alias Cléclé. Que la terre vous soit légère. Rideau, grand maître!

Claude Dassé in Soir Info

Réactions

Mme Henriette Dagri Diabaté (Grande chancelière) : « C’est un grand choc »

« Je viens d’apprendre avec surprise et une grande émotion la disparition du Professeur Zadi Zaourou. C’est un grand choc. Cette disparition est une grande perte pour la culture ivoirienne et africaine. Je salue la mémoire de ce frère et grand homme qui a donné à la culture ivoirienne ses lettres de noblesse.
Je ne doute point que les générations présentes et à venir trouveront une source d’inspiration dans les travaux scientifiques et l’action culturelle du Professeur Zadi Zahourou qui a été un brillant écrivain, un excellent dramaturge et chercheur exceptionnel en matière de tradition orale ».

Pr Mamadou Koulibaly: «Il nous quitte en pleine bourrasque tyrano-chaotique»

«Il aura été un grand homme de culture, un intellectuel généreux et un universitaire respecté. Je m’incline avec respect devant sa mémoire et adresse mes condoléances à son épouse, à ses enfants, à sa famille, et à tout le monde des arts et de la culture. Il aura rêvé d’une Côte d’Ivoire démocratique mais nous quitte en pleine bourrasque tyrano-chaotique. J’en suis ému. Qu’il repose en paix»

Propos recueillis
BAMBA I. et C.D in Soir Info

Wed, 21 Mar 2012 01:56:00 +0100

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