FPI- EUROPE – MEMORANDUM SUR LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE

FPI- EUROPE
LE cONSEIL DES REPRESENTANTS DU FRONT POPULAIRE IVOIRIEN EN EUROPE
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MEMORANDUM SUR LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE

Comprendre la crise ivoirienne

FPI-Europe,Paris,Octobre 2012

CONSEIL DES REPRESENTANTS FPI-EUROPE
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MEMORANDUM SUR LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE
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Sommaire

Introduction

I-Les origines de la crise
II-Le coup d’état contre Bédié
III-La transition
IV-L’accesion du FPI au pouvoir
V-La mise en oeuvre du programme de la Refondation
VI-La tentative de putsch du 19 septembre 2002
VII-Les causes évoquées par les rebelles
1)L’ivoirité
2)Le régime foncier
3)L’éligibilité à la présidence de la république
VIII-La gestion de la crise
IX-Le processus électoral de 2010
1)La Commission électorale indépendante (CEI)
2)Le Conseil constitutionnel (CC)
3)L’ONU
X-Le premier tour des présidentielles 2010
XI-Le deuxième tour des présidentielles 2010
XII-La Crise post-électorale
XIII-La situation socio-politique actuelle
1)Au plan sécuritaire
2)La problématique de la réconciliation nationale
3)Menaces sur les acquis démocratiques
XIV-Déclarations du FPI face à la répression
1)Déclaration du FPI (Laurent Akoun)
2)Déclaration du FPI (Sylvain Miaka Ouréto)
3)Déclaration du FPI (Sit-in de la JFPI)
XV-La face économique de la guerre
(Texte du Ministre Ahoua Don Mello)

Conclusion générale

INTRODUCTION

Convertie en colonie française le 10 mars 1893 et devenue indépendante le 07 août 1960, la Côte D’Ivoire n’a jamais connu dans toute son histoire une crise de l’ampleur et de la complexité de celle dont elle peine encore aujourd’hui à sortir. Tout au long de ces dix dernières années, le microcosme politique ivoirien est resté constamment miné par de graves divisions, des antagonismes profonds, des hostilités et des tensions de toutes sortes.

Situer les différents évènements dans leur chronologie permettrait de voir comment cette longue crise a commencé, s’est installée dans le pays et a évolué au fil des années pour se transformer aujourd’hui en une crise incontrôlable et interminable.Cette crise multiforme a en effet engendré une situation catastrophique depuis l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir par l’armée française.Elle est devenue politique, sécuritaire et humanitaire. Très inexorablemente, le pays semble désormais se diriger vers une guerre civile pire que celle que le Rwanda a connue.

Le Conseil des Représentants du Front Populaire Ivoirien (FPI) en Europe voudrait dans ce Mémorandum tenter de faire le tour de toutes ces importantes questions. Il s’agira aussi et surtout de mettre en exergue la grande injustice dont sont victimes le Président Laurent Gbagbo et le peuple ivoirien dans leur long combat pour la démocratie, la liberté et la dignité.

Quelques importants textes émanant de divers responsables du FPI vont permettre à la fin de ce mémorandum de mieux présenter le vrai visage du régime Ouattara, un régime dictatorial et liberticide.

I-LES ORIGINES DE LA CRISE

La crise ivoirienne était déjà en gestation avant les évènements du 19 septembre 2002. En réalité, elle a connu diverses étapes et, dans son ensemble, elle se caractérise par son antériorité à l’accession du FPI au pouvoir. Elle prend principalement sa source dans les travers de la gouvernance quarantenaire du Parti Démocratique de Côte D’Ivoire (PDCI) et s’appuie sur la guerre de succession qui a éclaté au sein de cet ex-parti unique, dès le décès de son fondateur, le Président Félix Houphouët-Boigny le 07 décembre 1993.

Deux dignitaires du PDCI, Henri Konan Bédié, à l’époque Président de l’Assemblée nationale, successeur constitutionnel désigné d’Houphouët-Boigny et Alassane Dramane Ouattara, premier ministre, avaient voulu chacun s’installer au pouvoir et un bras de fer s’était engagé entre eux. Cette guerre des chefs entre les héritiers d’Houphouët tournera finalement à l’avantage d’Henri Konan Bédié et laissera, selon toute vraisemblance, un goût très amer à Alassane Dramane Ouattara que personne n’avait visiblement soutenu dans sa tentative de tordre le cou à la Constitution et de se proclamer illégalement Président de la République.

Un peu plus tard, Alassane Dramane Ouattara qui entre-temps était reparti aux États-Unis, reviendra à la charge et, s’appuyant sur le courant des Rénovateurs dirigé au sein du PDCI par Georges Djény Kobéna Kouamé, suscitera en 1994 la création d’un parti politique, le Rassemblement des Républicains (RDR), dont il prendra la tête après la mort de Djény Kobena, le 19 octobre 1998. Quant à Konan Bédié, il achèvera d’abord le mandat d’Houphouët-Boigny en 1995 avant de se faire frauduleusement réélire dans un scrutin présidentiel très contesté et boycotté par le FPI.
A l’approche des élections présidentielles d’octobre 2000 et craignant de perdre celles-ci, Bédié et le PDCI vont s’engager dans des décisions antidémocratiques et impopulaires en vue de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible. Ainsi, entre autres, il a été envisagé de modifier la Constitution pour faire passer la durée du mandat présidentiel de 5 à 7 ans.
Tout ceci intervenait dans un contexte socio-politique particulièrement tendu marqué notamment par des remous sociaux de tous ordres qui ont culminé d’une part avec l’affaire du très controversé certificat de nationalité d’Alassane Dramane Ouattara, et d’autre part, avec l’arrestation puis l’incarcération des dirigeants du RDR, à la suite de violentes manifestations à Abidjan et dans certaines localités de l’intérieur du pays.

II-LE COUP D’ÉTAT CONTRE BÉDIÉ

C’est dans ces conditions que s’est produit le coup d’état qui a renversé le Président Henri Konan Bédié le vendredi 24 décembre 1999, suite à une mutinerie conduite par de jeunes soldats. Ceux-ci réclamaient de meilleures conditions de vie et de travail ainsi que l’élargissement de tous les détenus politiques pour une vraie décrispation de la situation politique nationale.

Porté à la tête des mutins, le Général Robert Guéï, ex-Chef d’État Major des Forces Armées Nationales de Côte D’Ivoire (FANCI) sous Houphouët-Boigny, s’est alors auto-proclamé Chef de l’État et a annoncé :

La destitution du Président Henri Konan Bédié;
La dissolution des institutions de la République;
La mise en place d’un Comité National de Salut Public (CNSP) chargé de diriger le pays et de conduire la transition politique en Côte D’Ivoire;
La prise du pouvoir par le Général Robert Guéï a été accueillie dans une liesse populaire et s’est opérée sans effusion de sang. La classe politique dans son ensemble a exprimé sa grande satisfaction et son soulagement, invitant par la même occasion les nouvelles autorités militaires à restaurer, le plus rapidement possible, la légalité constitutionnelle par l’organisation d’élections justes et transparentes.Une transition politico-militaire s’est ainsi instaurée.

III-LA TRANSITION

Composé de neuf (9) officiers et sous-officiers représentant tous les corps de l’armée ivoirienne, le CNSP s’est alors donné pour mission, entre autres, de :

Sauvegarder la paix sociale;
Restaurer l’autorité de l’État;
Assurer la sécurité des biens et des personnes;
Procéder à l’élaboration d’une nouvelle Constitution et d’un Nouveau Code électoral consensuels en vue de l’organisation d’élections libres, justes et transparentes;
Créer les conditions nécessaires à l’instauration d’une véritable démocratie et d’un État de droit.

Ainsi, pour asseoir les bases de cette transition après le renversement, la fuite et le départ en exil d’Henri Konan Bédié, le Général Robert Guéï, Chef de l’État et Président du CNSP, a mis en place un Gouvernement d’union nationale de 22 membres avec toutes les principales forces politiques du pays, le FPI y compris, ainsi qu’une Commission Consultative Constitutionnelle et Électorale (CCCE) avec comme objectif essentiel l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

La transition dirigée par le Général Robert Guéï a duré de 1999 à 2000. Cette période a été assez mouvementée, avec de violentes tentatives de déstabilisation du régime et même des tentatives d’assassinat du Général Guéï lui-même.Mais cette transition a aussi été d’une très grande densité politique. Après avoir lutté et obtenu l’instauration du multipartisme en avril 1990, le FPI souhaitait en effet peser de tout son poids dans cette transition pour une modernisation réelle de la vie politique ivoirienne et la promotion des principes démocratiques.

C’est ainsi qu’en remplacement de la Constitution du 03 novembre 1960, une nouvelle Constitution, votée à 83% le 23 juillet 2000, est entrée en vigueur le 1er août de la même année, marquant l’avènement de la Deuxième République.
La Constitution du 1er août 2000 a été en fait la troisième Constitution dont le pays s’est dotée, la première Constitution datant du 26 mars 1959, période où la Côte D’Ivoire était encore une République autonome.

Contrairement aux précédentes, cette nouvelle Constitution née de la transition accorde au Premier Ministre le titre de Chef du Gouvernement avec mission d’animer, de coordonner et d’harmoniser l’action gouvernementale. Entre autres aussi, elle abolit la peine de mort en Côte D’Ivoire et déclare qu’aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil. Cette Constitution est surtout marquée par une volonté réelle de promouvoir un régime résolument fondé sur plus de démocratie politique. Elle prévoit ainsi :
La création d’une Commission électorale
indépendante (CEI);
L’usage d’un bulletin unique lors des élections;
L’abaissement de l’âge électoral de 21 à 18 ans;
La mise en place d’un isoloir lors du vote;
L’usage d’urnes transparentes et d’encre indélébile;
L’exigence de la transparence dans la gestion de la chose publique est également mentionnée dans cette Constitution et les pouvoirs du président sont clairement et sans ambiguïté plus limités : L’article 35 précise en effet que « le  président  de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel.Il n’est rééligible qu’une fois». Les candidats à la présidentielle doivent avoir entre 40 et 75 ans. Des barrières contre la corruption ont même été érigées pour assurer une meilleure transparence des revenus du président de la République et, par voie de conséquence, lutter contre les détournements des deniers publics, véritables fléaux sur le continent HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique" o "Afrique" africain.

Toutes ces importantes avancées ont été intégrées à la nouvelle Constitution grâce à la vigilance et à la persévérance de Laurent Gbagbo et du FPI. Elles relèvent de leur souci de montrer que la démocratie et la bonne gouvernance sont des composantes essentielles du développement durable.

IV- L’ACCESSION DU FPI AU POUVOIR

Laurent Gbagbo et le FPI sont arrivés au pouvoir suite aux élections présidentielles organisées le 22 octubre 2000, à la fin de la transition politico-militaire.Cette victoire a été un évènement majeur, le résultat d’un long et difficile combat pour l’alternance politique en Côte D’Ivoire, un combat entamé en 1982 dans la clandestinité et mieux structuré à partir de 1990, date de l’instauration du multipartisme.

On se rappelle que lors de ces élections présidentielles d’octobre 2000, la Cour suprême dirigée par le Magistrat Tia Koné, un baron du PDCI, avait invalidé la candidature d’Alassane Dramane Ouattara pour cause de “ nationalité douteuse, faux et usage de faux sur la filiation ”. Pour diverses raisons, d’autres candidatures avaient également été rejetées dont celle de l’ancien président Henri Konan Bédié, invalidée pour cause de dossier incomplet et non conforme (il avait fourni un certificat médical établi en France et non en Côte D’Ivoire comme l’exige la Constitution). Les résultats de ces élections 2000 ont été fortement contestés par le Général Robert Guéï qui a tenté de se maintenir au pouvoir par les armes.Quelques heurts violents ont donc entaché cette période mais Robert Guéï a fini par reconnaître la victoire et la légimité de Laurent Gbagbo.Celui-ci a par la suite été investi le 26 octobre 2000 Président de la République et a nommé son Directeur de Campagne, Pascal Affi N’Guessan, comme Premier Ministre. Pascal Affi N’Guessan a d’ailleurs succédé un peu plus tard à Laurent Gbagbo au poste de président du Front Populaire Ivoirien.

V-LA MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME DE LA REFONDATION

La victoire de Laurent Gbagbo aux élections présidentielles du 22 octobre 2000 a ouvert la voie à l’application de son programme de Refondation. Ce programme visait à mettre en place les bases d’un développement durable de la Côte D’Ivoire avec pour levier essentiel la Bonne Gouvernance, le travail et la solidarité.La crise économique était en effet très profonde à l’arrivée du FPI au pouvoir en octobre 2000. Le Gouvernement mis en place par Laurent Gbagbo avait hérité d’une économie marquée par un niveau de récession jamais atteint depuis l’indépendance du pays en 1960.
Les stocks des arriérés extérieurs et intérieurs avaient atteint des chiffres astronomiques, les négociations entre le pays et les bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale) étaient rompues depuis 1999, la coopération avec l’Union Européenne était suspendue. La pauvreté était devenue endémique, le chômage était en recrudescence, les valeurs républicaines de la solidarité et de l’éthique connaissaient un grand recul.
Ce chaos indescriptible avait pour conséquence immédiate un grave assombrissement de l’image du pays sur le plan international. Pour Laurent Gbagbo et le FPI, la Refondation s’imposait ainsi non seulement ni même essentiellement au vu des graves dysfonctionnements de l’appareil d’État, mais aussi et surtout de l’affaiblissement vertigineux de l’économie nationale.
C’est d’ailleurs pourquoi le Gouvernement Affi N’Guessan qui a tenu son premier Conseil des Ministres le 27 Octobre 2000, s’engagera pleinement dans des initiatives courageuses principalement orientées dans cinq(5) directions:
Le rétablissement de la confiance du peuple en lui-même et vis-à-vis de la Communauté internationale;
Le rétablissement de la sécurité dans le pays et aux frontières ;
La fondation de la Deuxième République par la mise en place de nouvelles institutions;
La mise en oeuvre d’un programme d’assainissement de la situation financière et économique du pays pour construire les bases d’une nouvelle prospérité;
La création des bases d’une nouvelle politique sociale et culturelle.
D’importantes réformes ont donc ainsi été engagées pour moderniser le fonctionnement de l’État à divers niveaux et restaurer l’image de la Côte D’Ivoire en Afrique et dans le monde. Ainsi les relations avec l’OUA et l’ONU ont été assainies, la confiance entre la Côte D’Ivoire, la BAD et l’Union Européenne a été rétablie, la Coopération financière avec le FMI et la Banque Mondiale a repris.
Pour restaurer la paix et l’unité au plan national, un Forum de Réconciliation nationale a été organisé d’octobre à décembre 2001. Cette initiative intimement liée à la noble ambition du Président Laurent Gbagbo de fonder une nation unie et solidaire a été à la base du retour au pays d’Henri Konan Bédié et d’Alassane Dramane Ouattara qui étaient en exil en France.
Une attention toute particulière a été accordée à la promotion de la politique de paix et d’unité nationales. Preuve qu’il n’y a plus de leader politique en exil, les 4 grands leaders (Gbagbo, Bédié, Guéï et Alassane) se sont rencontrés en Janvier 2002 à Yamoussoukro, pour briser le mur de méfiance, mettre fin aux agitations politiques et laisser la place au dialogue républicain.
Un Comité de Médiation pour la Réconciliation nationale a été créé avec pour mission la coordination de toutes les initiatives de concertation et de dialogue politique. Une tournée gouvernementale de sensibilisation sur la Réconciliation a été menée à travers tout le pays et a été suivie d’un Atelier national tenu à Grand-Bassam sur le même thème du 17 au 19 Avril 2001.
Avec l’aide de divers partenaires au développement, des programmes de renforcement de l’État de droit ont été mis en place avec succès comme par exemple, entre autres :
La Création au sein du Ministère de la Justice d’une Direction des Droits de l’Homme, puis d’un Ministère délégué aux Droits de l’Homme;
La Création en Juin 2001 d’un Comité interministériel de suivi et d’application des instruments juridiques internationaux pour assurer une meilleure formation des Magistrats en Droit international et humanitaire.
La Refondation s’était aussi fixé pour objectif de donner entière satisfaction aux Ivoiriens dans maints domaines socio-économiques. Elle était ainsi en train d’opérer une rupture réelle avec la gestion opaque et désastreuse menée par le PDCI pendant plus de 40 ans :
La politique de l’école gratuite avait pour objectif de permettre à chaque enfant d’avoir accès à l’école;
La politique de la décentralisation avait pour objectif de permettre aux populations, à travers leurs élus, de gérer les affaires locales;
La politique de la santé pour tous, par le biais de l’AMU (Assurance maladie universelle), avait pour objectif de permettre à chaque Ivoirien d’accéder aux soins de santé à moindre coût;
La libéralisation de la filière café-cacao avait pour objectif de permettre aux paysans de bénéficier des fruits de leur travail;
Le Budget sécurisé permettait au pays de fonctionner sans appuis financiers extérieurs;
La dépénalisation des délits de presse avait pour objectif de permettre aux journalistes de travailler en toute quiétude et en toute sécurité, d’accéder à un plus grand professionnalisme et une plus grande responsabilisation;
L’appel à candidature avait permis d’assigner des objectifs précis aux Responsables des régies financières pour une meilleure gestion des ressources financières du pays.
Toutes ces importantes initiatives à succès vont cependant rapidement être à la base de multiples problèmes pour Laurent Gbagbo et le FPI.
Compte tenu des gros intérêts qui étaient en jeu, la politique de la Refondation va en effet être systématiquement et farouchement combattue par les adversaires nationaux et internationaux de ce programme qui voient dans son succès la fin de leurs privilèges et de leur mainmise sur les différents secteurs stratégiques ivoiriens.
Préoccupé par l’exécution de ce programme de Refondation, le FPI va donc ainsi s’exposer à diverses attaques dont celle du 19 septembre 2002.

VI-LA TENTATIVE DE PUTSCH DU 19 SEPTEMBRE 2002

Alors que Laurent Gbagbo se trouvait hors du pays, en visite officielle en Italie, les rebelles d’Alassane Dramane Ouattara ont attaqué Abidjan dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 pour tenter de s’emparer du pouvoir.

Cette attaque sanglante entraînera de nombreuses morts dont celle d’Emile Boga Doudou, Ministre de l’intérieur, et de Robert Guéï, ex-Chef de la Junte militaire qui avait renversé Henri Konan Bédié en décembre 1999.

Après l’échec de leur tentative de putsch, repoussés par l’armée restée loyale au Président de la République, mis en déroute et pourchassés, les assaillants se sont repliés au nord du pays.Dans cette région, ils se sont aussitôt organisés en une rébellion puissamment armée qui, par la suite, a provoqué la division de la Côte D’Ivoire en deux, avec le Sud resté aux mains des Forces gouvernementales. L’occupation du nord du pays par les rebelles a été marquée par des exactions de toutes sortes.Une vaste épuration ethnique et politique s’est mise en marche contre les Ivoiriens originaires du Sud du pays qui ont été impitoyablement massacrés, brûlés vifs ou enterrés vivants dans des fosses communes.

La tentative de coup d’état des rebelles d’Alassane Dramane Ouattara dirigés par Soro Guillaume venait ainsi de déclencher une grave et complexe crise politico-militaire. Quelles étaient les causes évoquées par les rebelles pour justifier leurs actions armées?

VII-LES CAUSES ÉVOQUÉES PAR LES REBELLES

Les causes évoquées par les rebelles pour justifier leurs attaques armées contre la République sont sans doute nombreuses et nous ne saurions les identifier toutes.Cependant force est de reconnaître qu’il reste possible de les cerner sur la base des déclarations faites par les acteurs du conflit au cours des différents forums de réconciliation.

La rébellion du MPCI considère que les armes prises ont servi à revendiquer:

Une meilleure acceptation des Ivoiriens les uns les autres;
Une amélioration du régime foncier pour éviter l’exclusion;
Une amélioration du régime de l’éligibilité aux présidentielles, pour instaurer une démocratie réelle et la transparence dans les élections.

L’argumentaire des rebelles s’articule ainsi autour de trois points principaux qu’ils considèrent comme confligènes:

1) L’ivoirité

L’ivoirité est sans doute le premier argument des insurgés.C’est sur le socle de l’ivoirité qu’ils ont bâti tout leur argumentaire de l’exclusion et de la xénophobie.Selon les rebelles, il y aurait en effet une politique menée en Côte D’Ivoire contre les gens du nord qui consiste à nier leur nationalité ivoirienne. Les rebelles accusent aussi les Ivoiriens de réfuser de cohabiter avec les étrangers. Les Ivoiriens seraient donc exclusionnistes et xénophobes, selon les rebelles.
Ceci reste totalement faux car la Côte D’Ivoire est réputée pour son hospitalité et a toujours été le pays qui, en Afrique de l’Ouest, accueille le plus grand nombre d’étrangers sur son sol.
L’idée d’exclusion et de xénophobie évoquée par les rebelles est d’ailleurs née de l’idée qu’ils se font de l’ivoirité sans tenir compte du sens que les promoteurs de ce concept lui donnent.
C’est Henri Konan Bédié, alors Chef de l’état, qui, en 1993, a utilisé ce mot pour la première fois, en a fait un usage plutôt libéral sous la forme d’un projet d’identité culturelle commune pour les 60 ethnies composant la Côte D’Ivoire, les nationaux ivoiriens comme les étrangers (qui représentaient en 1998 le tiers de la population).
Ce concept sera repris un peu plus tard par Alassane Dramane Ouattara et ses partisans qui lui ont directement trouvé des connotations exclusionistes et xénophobes. En tout état de cause,il convient de souligner que l’ivoirité n’est ni de près ni de loin liée à la Refondation.

2) Le régime foncier

Selon les rebelles, le régime foncier viserait à exproprier les étrangers. La vérité est cependant que les textes sur le foncier entendaient préserver les droits acquis, mais concernant les étrangers, ce droit ne pouvait être transmis que si l’héritier était naturalisé.

C’est à ce niveau que s’est donc particulièrement situé la préoccupation des rebelles dans les raisons qu’ils ont évoquées pour dénoncer le Code foncier.Ils s’agissait pour eux d’une mesure d’exclusion des étrangers.

3) L’éligibilité à la Présidence de la République

Les rebelles rejettent les conditions d’éligibilé à la Présidence de la République. Pour eux, les conditions sont sélectives.Elles seraient d’autant plus sélectives qu’elles excluraient sans raison. Les dispositions issues de l’article 35 de la nouvelle Constitution auraient pour seul objectif, selon eux, d’exclure certains Candidats sans ménagements.
L’ensemble des raisons évoquées par les rebelles pour justifier leurs actions armées tiennent en réalité toutes à l’ivoirité. L’ivoiririté, selon eux ferait la part belle aux Ivoiriens et par ailleurs distinguerait entre les Ivoiriens. Il reste cependant important à savoir si une telle situation méritait la prise des armes pour y mettre fin.
Toujours est-il que la crise avait éclaté et était là. Il fallait la gérer. Comment Laurent Gbagbo et le Front Populaire ivoirien ont-ils géré cette grave crise qui venait ainsi d’être déclenchée par la sanglante tentative de coup d’état du 19 septembre 2002?

VIII-LA GESTION DE LA CRISE

L’objectif de l’attaque terroriste qui a eu lieu pendant l’absence du Président Laurent Gbagbo était de l’obliger à rester hors du pays, en exil forcé et loin de son peuple. Mais le Président Laurent Gbagbo, conscient que son peuple l’atttendait pour organiser la défense des institutions de la République a, dès les premières heures de l’attaque, choisi de revenir d’urgence en Côte D’Ivoire.

Tout au long de cette crise déclenchée par l’attaque des rebelles contre son régime, l’action du Président Laurent Gbagbo a été guidée par un souci constant de rétablir la paix et la stabilité, de restaurer la cohésion sociale et de permettre à la Côte D’Ivoire de se reconstruire dans un climat apaisé. Aucun effort ne sera donc ménagé par le Président Laurent Gbagbo sur le plan régional et international dans la gestion de cette crise.

Ainsi, suite à divers contacts de haut niveau, de nombreuses médiations ont tenté de trouver des solutions. Les réunions et les concertations se sont multipliées :

29 septembre 2002, à Accra: Un Sommet extraordinaire de la CEDEAO décide de la création d’un “groupe de contact” entre le Gouvernement et les rebelles, et l’envoi d’une force de paix;

17 octobre 2002, à Bouaké: Les rebelles signent un accord de cessation des hostilités à l’isssue d’une rencontre avec le Ministre sénégalais des Affaires étrangères et le Secrétaire de la CEDEAO. Le Président Laurent Gbagbo annonce qu’il accepte cet accord et demande à la France de constituer une force d’interposition;

30 octobre 2002, à Lomé : Début des négociations entre une Délégation du Gouvernement conduite par Laurent Dona Fologo et les rebelles du MPCI dirigés par Soro Guillaume. Entre-temps, le 23 octobre 2003, le Président togolais Étienne Gnassingbé Eyadéma est désigné Coordinateur de la médiation et le 26 octobre, la CEDEAO décide de déployer une force pour contrôler le cessez-le-feu entre les parties belligérantes;

03 décembre 2002, à Bamako : Rencontre entre le Président Laurent Gbagbo et le Président Blaise Compaoré du Burkina Faso. Notons que malgré le soutien que Blaise Compaoré apportait aux rebelles à qui il avait offert le Burkina Faso comme base arrière, le Président Laurent Gbagbo n’avait pas voulu l’exclure de la recherche d’une solution à la crise;

16 décembre2002, à Kara (Togo): Réunion des Présidents togolais, sénégalais,ghanéen, nigérien et libérien avec au menu la crise ivoirienne;

18 décembre 2002, à Dakar : Sommet extraordinaire de la CEDEAO;

3 et 4 janvier 2003, à Abidjan et Bouaké : Visite de Dominique De Villepin, qui obtient du Président Laurent Gbagbo et du MPCI l’engagement pour un cessez-le-feu;

15 au 24 janvier 2003, à Linas Marcoussis (France) : Table- Ronde des partis politiques ivoiriens et des différentes factions rebelles;

25 et 26 janvier 2003, à Klébert (France) : Sommet des Chefs d’État, nomination de Monsieur Seydou Élimane Diarra comme Premier Ministre.

10 février 2003, à Yamoussokro : Sommet des Chefs d’État ouest-africains. Seydou Diarra est chargé de former un Gouvernement de Réconciliation nationale;

8 mars 2003, à Accra : Table-Ronde au cours de laquelle les rebelles et les partis politiques tombent d’accord sur la composition du Gouvernement de Réconciliation nationale.
Toutes ces rencontres et ces négociations ont montré une chose: Pendant que le Président Laurent Gbagbo négociait en toute sincérité et restait ouvert à toutes les propositions pour obtenir le retour de la paix en Côte D’Ivoire, les rebelles et leurs soutiens continuaient de comploter dans l’ombre pour atteindre leurs objectifs. Ainsi, la Table-Ronde de Marcoussis a, de manière très manifeste, confirmé le complot international en provoquant un blocage du programme de la Refondation. En lieu et place, un “Programme de Réconciliation” a été élaboré au cours de cette table-ronde de Marcoussis pour directement court-circuiter le Programme de réformes engagé par le FPI.

Au sortir de cette Table-Ronde, le Texte de Marcoussis a en effet voulu s’imposer pour rythmer la vie sociale, politique et économique du pays. Ce Texte s’est approprié les principales révendications des rebelles à savoir la nationalité, la condition des étrangers, le régime foncier, la Constitution en son article 35.

Le premier Conseil des Ministres du Gouvernement de Seydou Élimane Diarra s’est tenu le 13 mars 2003 à Yamoussoukro. Ce premier Conseil des Ministres a été présidé par le Président Laurent Gbagbo et symboliquement ouvert en présence du Ministre ghanéen des Affaires étrangères, Hackman Owusu Agyemang, du Président par intérim de la Commission de l’Union africaine, l’Ivoirien Amara Essy et des membres du Comité de suivi des Accords de Marcoussis.

L’incapacité de ce Gouvernement à faire face aux différentes tâches sera flagrante. Pire, une fois installés dans ce Gouvernement, les représentants des rebelles ont multiplié les actions d’incivisme anti-républicain et de défiance envers le Président de la République. D’ailleurs, malgré la formation de ce Gouvernement de Réconciliation nationale issu de Marcoussis et malgré la Loi d’Amnistie votée le 06 août 2003 qui assurait la libération et l’amnistie de tous les militaires détenus pour atteinte à la sûreté de l’État,une situation de ni paix ni guerre s’est instaurée. Cette étrange situation a été marquée par de constantes violations du cessez-le-feu par les rebelles. Les milices pro-Ouattara onten effet multiplié les expéditions meurtrières contre les populations civiles. Ce fut par exemple le cas le 01 juin 2005 où une tuerie a fait plus de cinquante morts et de nombreux blessés dans une attaque nocturne à Duékoué.

Nommé Médiateur par l’UA, le Président Thabo Mbeki, promoteur de "solutions africaines aux problèmes africains", également chargé du Soudan pour l’Union africaine (UA), effectuait à cette époque une médiation en Côte d’Ivoire. Cette mission a duré de 2004 à 2006 et avait permis au Président Thabo Mbeki d’arracher un accord signé à Pretoria en avril 2005 entre les belligérants et proclamant la "fin des hostilités".

En présentant le désarmenent et la réunification du pays comme les grandes priorités dans la recherche de la paix, le Président Thabo Mbeki a été accusé par les rebelles d’être un "partisan acharné" de Laurent Gbagbo. Les Accords de Pretoria resteront ainsi largement lettre morte. Le Président sud-africain s’était même vu retirer le dossier en octobre 2006.
C’est cependant au cours de la médiation Mbeki que le Président Laurent Gbagbo, usant de l’article 48 de la Constitution, avait concédé à Alassane Dramane Ouattara le droit de se présenter à titre exceptionnel à l’élection présidentielle ivoirienne. Celui-ci restait en effet empêtré dans des problèmes de fraude sur la nationalité et sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par Henri Konan Bédié.S’appuyant sur le soutien des acteurs périphériques comme le Burkina Faso, le Nigeria, le Sénégal, la France, les Etats-Unis ou l’ONU, les rebelles changeaient constamment leurs révendications et les endurcissaient contre toute avancée du processus de paix. Très curieusement, c’est sur le Président Laurent Gbagbo que les pressions internationales vont s’accentuer pour le pousser à organiser les élections alors que les rebelles réfusaient toujours de désarmer comme l’exigeaient tous les accords qui avaient été signés.
C’est dans ces conditions que Seydou Diarra a été remplacé par Charles Konan Banny au poste de Premier Ministre le 4 décembre 2005. Ce changement de premier ministre ne mettra cependant pas fin aux blocages. Constatant cela, le président Laurent Gbagbo a proposé une discussion directe avec les Forces Nouvelles pour résoudre la crise.

Les processus de paix antérieurs ayant échoué, le Président Laurent Gbagbo voulait privilégier ainsi un dialogue inter-ivoirien au détriment des médiations internationales qui n’ont pas réussi à ramener la paix.

C’est ainsi que du 5 février au 3 mars 2007 ont eu lieu à Ouagadougou au Burkina Faso des rencontres de délégations des différentes parties. Un accord politique est signé le 4 mars 2007 par MM. Gbagbo, Soro et Compaoré, ce dernier en tant que facilitateur.
Cet accord appelé “Accord de Paix de Ouagadougou”, porte sur les grandes préoccupations qui sont le désarmement, la réunification du pays et le processus électoral.
En conséquence de cet accord, le Président Laurent Gbagbo a nommé le chef rebelle Soro au poste de premier ministre le 29 mars 2007. Il a aussi signé une mesure d’amnistie le 12 avril 2007.
Tout devait être ainsi mis en oeuvre pour ouvrir la voie à l’organisation d’élections apaisées, justes et transparentes. C’était cependant mal connaître les rebelles qui, dans diverses déclarations publiques, avaient juré de porter Alassane Dramane Ouattara au pouvoir par tous les moyens.

IX-LE PROCESSUS ÉLECTORAL 2010

La Constitution de la République de Côte D’Ivoire donne en exclusivité la gestion des élections à deux principaux organismes: La Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel (CC).La CEI est d’une certaine manière le Comité d’organisation des élections et le Conseil constitutionnel en est le juge,l’arbitre suprême.

Il convient de souligner que les élections 2010 en Côte D’Ivoire étaient assez particulières car elles restaient avant tout des élections de sortie de crise.Prenant donc en compte cet aspect, les différentes parties ont convenu de concéder de manière exceptionnelle le rôle à l’ONU de certifier le processus électoral et de faire des observations. Ainsi, chaque organisme avait son rôle bien défini et était appelé à agir de la manière suivante au cours du processus:

1)La Commission électorale indépendante (CEI):

Conformément à la Constitution ivoirienne, la CEI organise les élections et,à un premier degré, proclame les résultats provisoires dans un délai de 3 jours.

Il est important de rappeler que suite aux Accords de Marcoussis signés en France, l’opposition disposait de 85% des sièges au sein de la CEI. Rappelons aussi que le président de la CEI, Youssouf Bakayoko était membre du RHDP, l’opposition pro-Ouattara qui comptait également 3 vices-présidents sur les 4 que comptait la CEI.
 


2)Le Conseil constitutionnel (CC):

Le Conseil constitutionnel est l’unique garant du respect de la légalité dans l’organisation des élections et de la conformité des différents actes à la Constitution de la Côte D’Ivoire.En vertu des articles 32 et 34 de la Constitution, le Conseil constitutionnel contrôle la régularité de l’élection du Président de la République, se prononce sur les litiges relatifs à cette élection et proclame les résultats définitifs.

Le CC reçoit les résultats provisoires et tous les documents électoraux, les analyse et proclame les résultats définitifs dans un délai de 7 jours. La Constitution ivoirienne souligne que les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent à tous et sont irrévocables.  

3) La Certification de l’ONU:

Conformément aux Accords de Paix signés entre les différentes parties, il a été convenu qu’après la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, l’Onu devra certifier le processus électoral et publier par la même occasion ses observations sur le processus.

X-LE PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE 2010

Le premier tour des élections présidentielles ivoiriennes 2010 a eu lieu le dimanche 31 Octobre.Au total,14 candidats étaient en lice. Avec 38% des voix, le Président Laurent Gbagbo a gagné ce premier tour. Le candidat du RDR, Alassane Ouattara est arrivé en seconde position avec 32% des voix. Les résultats de ce premier tour ont clairement montré que l’électorat d’Alassane Dramane Ouattara est spécialement concentré au nord du pays, zone contrôlée par les rebelles armés qui le soutiennent.
Personne n’a ainsi été surpris par les résultats “soviétiques” de 99,99% ou 100% que le candidat du RDR a obtenu dans ces circonstances au niveau de plusieurs bureaux de vote dans cette zone.

Avant qu’ils ne se confirment donc par la suite,les soupçons de fraude et les doutes sur la transparence des opérations de vote au nord étaient déjà très manifestes depuis ce premier tour, étant donné que dans un département comme celui de Madinani, une localité sous occupation rebelle, le nombre de  votants (11.000) était très nettement supérieur au nombre d’inscrits sur la liste électorale (9.000 ). Par ses résultats au nord, Alassane Dramane Ouattara a démontré et confirmé qu’il est bel et bien le père et le véritable chef des rebelles qui ont attaqué la Côte D’Ivoire en 2002.

Quant au Président Laurent Gbagbo, il a très amplement démontré dès ce premier tour de l’élection présidentielle qu’il reste un leader politique de dimension nationale,récoltant d’importants soutiens populaires et battant largement son adversaire dans toutes les autres régions du pays. La participation à ce premier tour fut massive (80%). Le calme a prévalu et après la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, l’ONU a certifié le processus.    


XI-LE DEUXIÈME TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE 2010
 


Le second tour de l’élection présidentielle s’est tenu le dimanche 28 novembre 2010. Avant ce grand rendez-vous électoral et pour la première fois en Côte D’Ivoire depuis l’indépendance, un débat télévisé a eu lieu entre les candidats. C’était le jeudi 25 novembre 2010 en direct à la Télévision ivoirienne (RTI).

Contrairement aux attentes, ce second tour va surtout se convertir en un véritable cauchemar.Voici la chronologie des évènements qui se sont déroulés :

Dimanche 28 novembre 2010 :

Ce jour-là, les Ivoiriens ont été appelés à voter partout sur le territoire national. A partir de cette date, la Commission électorale indépendante disposait légalement de 3 jours comme le stipule la Constitution pour proclamer les résultats provisoires, c’est-à-dire jusqu’au mercredi 01 décembre 2010 à minuit.
Mercredi 01 décembre 2010:

Les membres de la CEI n’ont pas pu s’entendre sur la décision à prendre après les recours en annulation présentés par Laurent Gbagbo sur les fraudes massives organisées au nord du pays par les rebelles d’Alassane Dramane Ouattara. Ainsi, à 00h00 de ce jour, la CEI s’est montrée totalement incapable de proclamer les résultats provisoires de l’élection présidentielle ivoirienne 2010.  

A partir de ce moment donc, et conformément à la Constitution ivoirienne, seul le Conseil constitutionnel (CC), Juge des élections, a la compétence légale et exclusive de prendre le processus électoral en main, d’analyser les recours, de prendre les décisions pertinentes et de proclamer les résultats définitifs.  
Jeudi  02 décembre 2010 :
A la surprise générale, Youssouf Bakayoko, le Président de la CEI, disparaît de son domicile.C’est au Golf Hôtel, Quartier Général d’Alassane Dramane Ouattara à Abidjan-Cocody, qu’il réapparaîtra plus tard devant les caméras de France 24.

C’est en effet dans ce lieu gardé par les rebelles armés et plusieurs centaines de soldats de l’Onuci, en l’absence de tous ses collaborateurs et au mépris des Textes en vigueur,que Youssouf Bakayoko, Président de la CEI, 17 heures plus tard et sachant très bien que son organisme n’avait plus le droit et la compétence de le faire, a proclamé de faux résultats. Selon la en effet la déclaration faite par Youssouf Bakayoko, Alassane Dramane Ouattara aurait gagné les élections présidentielles avec 54,1% des voix.

Très curieusement et sans attendre la déclaration du Conseil constitutionnel, le Représentant de l’ONU en Côte D’Ivoire, le sud-coréen Yong Jin Choi, a certifié ces faux résultats et les a directement présentés comme des résultats définitifs.C’est en fait par cette grave action que le Représentant de Ban Ki-Moon en Côte D’Ivoire a déclenché la crise post-électorale.

Vendredi 03 décembre 2010:

Conformément à la Constitution, le Conseil constitutionnel, proclame les résultats définitifs.C’est donc ainsi que par la voix de son Président, Monsieur Paul Yao N’Dré, le Conseil constitutionnel qui a reçu de la CEI toute la documentation électorale et l’a minutieusement analysée, a invalidé les résultats proclamés de manière clandestine par Youssouf Bakayoko.

La décision du Conseil constitutionnel a été fondée sur l’existence d’abondantes preuves qui ont démontré que les opérations de vote au nord se sont réalisées dans un véritable climat de terreur et d’éclipse totale des droits de l’homme ayant favorisé une fraude à grande échelle au bénéfice du candidat Ouattara.

A travers ces fraudes massives, ces falsifications grossières et toutes sortes de graves irrégularités, les rebelles avaient en effet vicié l’équité et la régularité des opérations de vote dans les différents départements du nord où ils continuaient de faire régner leur loi par les armes. Ainsi, il a été constaté que:

De nombreuses personnes ont voté plusieurs fois dans un même lieu ou dans des lieux différents;
De nombreuses personnes non inscrites sur les listes électorales ont voté;
De nombreuses personnes ont voté sans avoir l’âge légal requis pour voter qui est fixé à 18 ans ;
De nombreuses personnes ont voté sans présenter ni carte nationale d’identité, ni carte électorale;
De nombreuses personnes ont voté pour des personnes mortes ou absentes;
Des électeurs ont été obligés à voter Alassane Ouattara sous la menace des armes;  
De nombreuses urnes ont été bourrées avant ou après le vote, d’autres ont été volées ou cassées ;
De nombreux procès verbaux n’ont pas été signés par les Représentants du Candidat Laurent Gbagbo;
Des enveloppes des résultats ont été envoyées à la Commission centrale sans aucune garantie de sécurité et par des personnes non autorisées;
Il a été découvert un total de 2.200 procès verbaux portant un nombre de votants supérieur au nombre d’électeurs inscrits;
Il a été dénombré un total de 500 bureaux de vote où le Candidat Laurent Gbagbo a 0,00 % des voix alors que, conformément à la Législation en vigueur, il dispose de 2 Représentants officiels (donc 2 votants potentiels) dans chaque bureau de vote;
Il a été refusé le droit de vote aux partisans de Laurent Gbagbo dans plusieurs bureaux de vote;
Des urnes ont été installées dans des espaces ouverts et le vote s’est déroulé sans isoloirs sous le regard d’un public menaçant, alors que le caractère secret du vote est un principe proclamé par la Constitution en son article 33 et le Code électoral dans sa version modifiée par le Décret 2008-133 du 14 avril 2008;
De nombreux partisans du Président Laurent Gbagbo ont été menacés de mort, détenus, séquestrés, torturés, mutilés, assassinés avant, pendant ou après le vote;
Le matériel roulant et les documents appartenant aux représentants du Président Laurent Gbagbo ont été brûlés et détruits;
De nombreuses femmes et jeunes filles ont subi des viols multiples, toutes sortes de sévices corporels et sexuels;
Le taux de participation qui, en réalité, s’est situé à 71,28% (restant donc inférieur à celui du premier tour),a été gonflé à dessein par Youssouf Bakayoko qui l’a situé à 81% (supérieur à celui du premier tour) alors que tout le monde a constaté que l’affluence dans les bureaux de vote a été loin d’atteindre cette proportion pour ce deuxième tour.
Au total, plus de 630.000 voix ont été frauduleusement octroyées à Alassane Dramane Ouattara et ont été prises en compte dans les faux résultats provisoires proclamés unilatéralement le jeudi 02 décembre 2010 par Youssouf Bakayoko, président de la CEI.

Les observateurs de l’UA ont clairement noté et dénoncé ces fraudes et ces violences au nord.Le Conseil constitutionnel a analysé ce climat de violence et de terreur que les rebelles armés ont fait régner pendant la période électorale dans les zones qu’ils occupent.Suite à la découverte de toutes ces irrégularités flagrantes qui ont entaché la sincérité du scrutin, Monsieur Paul Yao N’Dré, Président du Conseil constitutionnel,a annoncé l’invalidation du vote dans les départements concernés (Bouaké, Khorogo, Ferkessedougou, Katiola, Boundiali, Dabakala et Séguela).

Le total des résultats retenus a ainsi donné 51,45 % des suffrages exprimés à Laurent Gbagbo, contre 48,55 % pour Alassane Dramane Ouattara.Le taux de participation de 71,28% livré par le Conseil constitutionnel après les annulations correspond à 3.993. 209 suffrages exprimés. Les 51,45% obtenus par Laurent Gbagbo correspondent à 2.054. 537 voix et les 48,55% obtenus par Alassane Dramane Ouattara à 1.938.672 voix.

Après avoir été proclamé vainqueur de manière transparente, et définitive, le Président Laurent Gbagbo a officiellement pris ses fonctions de Président de la République en prêtant serment le samedi 04 décembre 2010 au Palais présidentiel à Abidjan.Le lundi 06 décembre 2010, il a nommé le professeur Gilbert Marie N’Gbo comme Premier Ministre et un Gouvernement de 33 ministres a été formé.

Pour sa part et fidèle à son objectif de rendre, selon ses propres termes,“ le pays ingouvernable”, l’opposant Alassane Dramane Ouattara, retranché au Golf Hôtel et entouré de ses rebelles, déclarait chaque jour à tous ses visiteurs et à la presse qu’il est le président élu reconnu par la Communauté internationale.

Comme on le voit donc, c’est par son refus de reconnaître sa défaite, son entêtement à conquérir coûte que coûte le pouvoir d’état par les armes,son mépris pour la démocratie et les normes républicaines, qu’Alassane Dramane Ouattara a plongé le pays dans la crise post-électorale, alors que la crise militaro-politique qu’il a déclenchée avec la tentative de coup d’état du 19 septembre 2002 n’était pas encore terminée.Il est donc absolument faux et injuste aujourd’hui de dire que Laurent Gbagbo a perdu les élections et qu’il a voulu confisquer le pouvoir. En réalité, de manière transparente et incontestable, Laurent Gbagbo a gagné les élections présidentielles ivoiriennes 2010:

La Commission électorale indépendante dirigée par Youssouf Bakayoko a proclamé les résultats provisoires alors que le délai légal de 3 jours dont il disposait pour le faire était passé et qu’à partir de ce moment le dossier électoral était désormais passé sous la responsabilité exclusive du Conseil constitutionnel;
Les résultats proclamés par Youssouf Bakayoko qui donnent une victoire à Alassane Dramane Ouattara ne peuvent légalement être pris en compte parce qu’ils ont été obtenus par la fraude et la terreur.
Ces résultats ne peuvent pas être considérés comme des résultats définitifs car ils restent des résultats provisoires, le Conseil constitutionnel étant seul habilité à proclamer les résultats définitifs;
Monsieur Yong Jin Choi , le Représentant de l’ONU en Côte D’Ivoire a outrepassé son rôle en certifiant directement les résultats provisoires proclamés par la CEI alors que la résolution pertinente de l’ONU indique que la Certification des résultats ne doit se faire qu’après leur validation par le Conseil constitutionnel.Il a donc certifié des résultats non validés par le Conseil constitutionnel.

La Certification onusienne faite par Monsieur Choi a été un acte précipité et illégal qui a induit en erreur une grande partie de la Communauté internationale.Celle-ci a ainsi considéré Alassane Ouattara comme vainqueur des élections présidentielles 2010 alors que celui-ci avait clairement perdu le scrutin.
Le dévoiement du processus électoral par le président de la CEI et le Représentant du Secrétaire Général de l’ONU a conduit à l’éclatement de la crise post-électorale.
Celle-ci,malgré les nombreux efforts d’un panel composé de 5 chefs d’état et malgré la proposition de Laurent Gbagbo de confier la tâche de récomptage des voix à un groupe d’experts internationaux indépendants, s’est installée et a été marquée par toutes sortes de violences et de tragédies.

XII-LA CRISE POST-ÉLECTORALE

Constatant que les fraudes avaient été découvertes et qu’Alassane Dramane Ouattara avait perdu les élections,les rebelles et les milices qui lui sont fidèles ont directement déclenché et intensifié les hostilités.C’est ainsi qu’en janvier 2011, des rebelles armés venus du nord, ont infiltré le quartier d’Abobo à Abidjan et en ont pris le contrôle.
Un peu plus tard, soutenus par diverses milices et des chasseurs traditionnels Dozos, plusieurs colonnes rebelles ont déferlé du nord et commencé la conquête de la zone gouvernementale, sémant mort,destruction et désolation sur leur passage.
Lourdement appuyées par la force française Licorne et les soldats de l’ONUCI, ces colonnes ont progressivement envahi le sud. Elles sont ensuite entrées à Abidjan vers la fin du mois de mars 2011, sans rencontrer une véritable résístance de l’armée loyaliste qui se repliait sans combattre.
Le Président Laurent Gbagbo était réfugié dans sa résidence, entouré des membres de sa famille comme de plusieurs de ses proches collaborateurs.On notait également la présence de plusieurs travailleurs, de visiteurs et de nombreux enfants.
Voici comment les avocats de Laurent Gbagbo relatent les faits dans l’important document qu’il ont remis à la CPI à la Haye:
<< (…) Du 1er au 4 avril 2001, la Résidence est l’objet de bombardements par hélicoptères.
Les bombardements reprennent de manière plus intense le 8 avril alors que toute résistance officielle a cessé. D’ailleurs les militaires de l’armée ivoirienne n’opposent plus dans le pays aucune résistance.
Le 10 avril 2011 dans la journée, les bombardements de l’artillerie et des hélicoptères redoublent d’intensité. Les  habitants de la Résidence comptent de nombreux morts et les blessés sont soignés, dans des conditions très difficiles,dans une infirmerie de fortune organisée à l’intérieur de la Résidence.
La situation s’aggrave alors à la Résidence où vivres et médicaments font défaut ; les blessés ne peuvent être soignés dans des conditions décentes, d’autant que, chaque heure qui passe augmente le nombre de victimes. Les médecins doivent faire face à un afflux ininterrompu de blessés, soit victimes des bombardements, soit victimes des francs-tireurs embusqués aux alentours. Le niveau de fatigue et de stress est considérable pour tous ceux qui vivent ces heures dramatiques.
Dans la nuit du 10 au 11 avril, les bombardements continuent et les survivants tentent de leur échapper en fuyant de pièce en pièce.Au petit matin, l’assaut est donné par les forces spéciales françaises venues de l’ambassade toute proche, bientôt remplacées par des groupes rebelles, lesquels sont les premiers à pénétrer dans les ruines de la Résidence. Des hommes sont tués devant le président Gbagbo, d’autres – dont son fils et son médecin – sont battus devant lui. Il est lui-même humilié par les assaillants.
Pendant que le Président Gbagbo est emmené à l’hôtel du Golf, quartier général des rebelles, les exécutions de ses partisans faits prisonniers se poursuivent. A l’hôtel du Golf, le Président Gbagbo fait l’objet de menaces et est soumis à des pressions.
Le 13 avril 2011, après accord des responsables français et onusiens, le Président Gbagbo, est transféré dans le nord du pays,à Korhogo. Il y sera gardé par un chef militaire rebelle, le commandant Martin kouakou Fofié. Ce dernier fait l’objet de sanctions du conseil de sécurité des Nations unies pour violations des droits de l’homme et notamment des arrestations arbitraires et des exécutions extrajudiciaires, des sévices sexuels sur les femmes, l’imposition de travail forcé et le recrutement d’enfants soldats (..).
Le Président Laurent Gbagbo (ndr) est enfermé dans une maison appartenant à l’un des proches de Guillaume Soro. Il n’en sortira plus qu’à quelques reprises pendant huit mois. Ses geôliers maintiendront d’abord la fiction que le Président Gbagbo est détenu à la Résidence Présidentielle de Korohogo où il ne sera transféré que pour quelques heures afin de rencontrer l’ancien Secrétaire Général des Nations unies, Koffi Annan, Desmond Tutu et Mary Robinson en mai 2011 (ces visiteurs illustres prétendront que les conditions de détention du Président étaient bonnes) et le Représentant Spécial pour la Côte d’ivoire du Secrétaire général des Nations Unies, Young Jin Choi, qui lui non plus ne trouvera rien à redire aux conditions de détention du Président Gbagbo. En réalité, à peine les visiteurs partis le Président était raccompagné dans son lieu de détention, sous la garde des hommes du commandant Fofié.
Alassane Ouattara fut proclamé Président de la République le 4 mai 2011 par le même conseil constitutionnel (…) qui avait proclamé cinq mois auparavant Laurent Gbagbo  Président. Certains membres du conseil constitutionnel ont dénoncé les menaces qu’ils avaient alors subies (…).
Pendant toute sa détention ; c’est-à-dire jusqu’au 29 novembre 2011, aucun mandat d’arrêt ou titre de détention ne sera jamais émis à l’encontre du Président Gbagbo.
L’auraient-ils été qu’ils auraient été illégaux puisque la Constitution et la loi ivoiriennes prévoient une procédure particulière lorsqu’il s’agit de poursuivre un ancien Président de la République (…).
Le seul acte juridique posé par les autorités ivoiriennes consiste en l’ouverture le 18 août 2011 d’une procédure fondée sur les articles 27, 29, 30, 110, 11, 225, 226, 227, 229, 313, 325, 392, 395, 396 et 397 du code pénal à l’encontre du président Gbagbo ; ces articles visent notamment l’appropriation de numéraire, le détournement de derniers publics, la propagation d’allégations mensongères de nature à ébranler la solidité de la monnaie et le pillage commis en réunion (…).
Notons que cette procédure a été ouverte au mépris des dispositions constitutionnelles et légales ivoiriennes (…).
Une demande d’annulation de la procédure et de mise en liberté fondée sur la violation des dispositions  constitutionnelles et légales ivoiriennes et sur le non-respect des droits de l’intéressé a été déposée le 19 Août 2011 (…).
Même après le 18 Août 2011, à aucun moment, un quelconque titre justifiant la détention du Président Gbagbo ne sera émis par une quelconque autorité ivoirienne, judiciaire ou administrative.
Au cours de cette détention arbitraire, le Président Gbagbo fut victime quotidiennement de mauvais traitements et d’actes de torture.
Enfermé dans une chambre de trois mètres sur trois mètres, sans pouvoir faire le moindre exercice, sans pouvoir même marcher à l’extérieur de la maison, peu nourri et surtout ne disposant pas des médicaments nécessaires au traitement de ses pathologies,le Président Gbagbo s’affaiblit rapidement(…).
Au bout de quelques semaines, il est méconnaissable et ne peut plus se déplacer sans aide. Malgré les demandes de son médecin, ses geôliers refusent de le soigner de manière décente et même de le faire examiner dans un environnement hospitalier.
A ce régime, ayant pour objectif de l’épuiser physiquement et moralement, s’ajoutent les pressions psychologiques : pendant les huit mois de sa détention il lui est interdit de communiquer avec les membres de sa famille et avec ses Avocats, lesquels ne peuvent lui rendre visite qu’à de très rares reprises et après avoir surmonté de très grandes difficultés (…).
L’état de santé se dégrade à tel point que, d’après les quelques rares visiteurs et d’après son médecin – lui aussi enfermé de manière arbitraire – la situation devient, à partir du mois d’octobre 2011, critique.
Le médecin expert, mandaté par la défense peu de temps après l’arrivée du Président Gbagbo à la Haye, précise dans un rapport du 31 mars 2012 que les conditions de détention du Président Gbagbo « doivent être considérées comme une forme de mauvais traitement aussi sérieux que des abus physiques et la torture ».
Il précise :« L’isolement est habituellement utilisé pour casser les prisonniers » (…). Il ajoute que l’état de santé préoccupant du Président Gbagbo résulte  d’un traitement de ce qui « doit être regardé comme des mauvais traitements et même comme de la torture ».
Le mauvais état de santé actuel du Président Gbagbo résulte d’après lui de ces tortures et révèle typiquement un « syndrome de l’hospitalisation ».
Il précise : « Les problèmes médicaux actuels du Président Gbagbo proviennent des conditions inhumaines de sa détention ».
Les Autorités politiques et judiciaires ivoiriennes, ainsi que les responsables de l’ONUCI, sont au courant de cet état de fait (…), de même que le Procureur près la Cour Pénale Internationale (ci-après « CPI » ou « la Cour »), dont l’attention est attirée à plusieurs reprises sur l’état de santé préoccupant du Président Gbagbo, notamment les 28 octobre et 13 novembre 2011 par les Avocats du Président (…) >>.
Ainsi, par la volonté de Nicolas Sarkozy et d’autres membres de la Communauté internationale, Laurent Gbagbo s’est retrouvé à la CPI à la Haye.Selon Alassane Dramane Ouattara et ceux qui le soutiennent, la neutralisation du Président Laurent Gbagbo dans la vie politique ivoirienne pouvait rétablir la normalité et la paix en Côte D’Ivoire.Ils se sont lourdement trompés. Comment, en réalité, se présente aujourd’hui la situation socio-politique en Côte D’Ivoire?

XIII-LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE

Plusieurs mois après avoir été installées au pouvoir dans le sang et malgré le transfèrement de Laurent Gbagbo à la CPI, les nouvelles Autorités d’Abidjan se montrent incapables de répondre aux attentes immédiates des populations et de faire efficacement face aux préoccupations majeures en matière de sécurité, de respect des droits de l’homme et de réconciliation.

1)Au plan sécuritaire
L’insécurité est devenue chronique et s’est généralisée. Individuellement et collectivement, les Ivoiriens, dans leur immense majorité, vivent dans la peur et la psychose. Les bandes armées pullulent et demeurent très actives à Abidjan et partout dans le pays. Elles attaquent, terrorisent, tuent, volent, violent en toute impunité. L’épuration politique et ethnique se poursuit.
Les enlèvements, prises d’otages, séquestrations, chantages, demandes de rançons, tortures et exécutions sommaires se multiplient au quotidien. Le nombre des réfugiés dans les brousses, les forêts et les pays voisins continue de s’accroître.
Les partisans de Laurent Gbagbo sont enlevés et séquestrés. Le Président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, les deux vices-Présidents du parti, Sangaré et Simone, le Secrétaire Général Laurent Akoun, le Secrétaire Général Adjoint Alphonse Douaty et de nombreux cadres, militants et sympathisants sont toujours détenus dans des conditions inhumaines. Toutes les visites leur restent interdites même celles de leurs avocats et des organisations internationales de défense de droits de l’homme.
Les incursions,les représailles et les pillages sont systématiques et en recrudescence dans les villes, les villages et les campements où les hordes rebelles qui ont déferlé du nord, se livrent à d’horribles et cruelles exactions contre les populations civiles qu’elles accusent d’avoir soutenu le Président Laurent Gbagbo.

Encouragés par la complaisance et la complicité active dont ils jouissent de la part de certains acteurs de la Communauté internationale, convaincus que la justice ne peut avoir pour cibles que le Président Laurent Gbagbo et ses partisans, les bandes armées d’Alassane Dramane Ouattara que sont les Frci, les dozos, les milices du RDR et les mercenaires burkinabés, continuent de perpétrer d’horribles massacres à travers le pays comme ce fut très récemment le cas à Duékoué, une ville martyre déjà atrocement meurtrie par les divers évènements sanglants qui s’y sont succédé depuis l’éclatement de la crise en 2002.  

Le vendredi 20 Juillet 2012 en effet, le camp des réfugiés Wê de Nahibly qui abritait plus de 5.000 personnes et était gardé par les Casques bleus de l’Onuci a été attaqué, détruit et incendié. Alors que les Autorités ivoiriennes du moment ont évalué cyniquement le nombre des morts à quelques personnes, les investigations ont fait état de plus de 200 victimes Wê qui ont été criblées de balles, égorgées, brûlées vives ou découpées à la machette, tandis que les blessés, les mutilés et les portés disparus se comptaient par centaines.

Après ces massacres d’un autre âge, les tueurs se sont adonnés à des parades macabres à travers les quartiers de la ville, chantant et dansant, exhibant des machettes et des couteaux encore dégoulinant de sang, pourchassant et exécutant les survivants.

Des corps ont été jetés sans ménagement dans des fosses communes ou dans des puits tandis que la psychose d’imminentes attaques contre des villages Wê ne cessait d’amplifier l’angoisse et le traumatisme des populations.
Aujourd’hui encore,de nombreux charniers continuent d’être découverts. 

S’il est vrai que, contrairement à ce qui s’est toujours passé, diverses réactions ont été cette fois signalées ici et là au sein de la Communauté internationale, force est cependant de reconnaître que le doute persiste encore quant à une volonté réelle de celle-ci de s’attaquer aux vraies causes du mal ivoirien.Il est en effet urgent de mettre fin aux exactions et dérives.  

Le FPI-Europe a assuré le peuple Wê de tout son soutien, s’est incliné devant la mémoire de tous les morts et s’est tenu aux côtés de toutes les victimes de cette ignoble barbarie. 

Le FPI-Europe a condamné très fermement ce génocide planifié et a appelé l’Onuci et la Licorne à jouer enfin un rôle de véritables forces impartiales d’interposition pour protéger la vie et la quiétude des innocentes populations civiles. La lumière n’a jamais été faite sur ces odieuses tueries de Nahibly et sur tous les crimes commis par Alassane Dramane Ouattara et ses partisans depuis leur sanglant coup d’état de 2002.

La communauté internationale doit prendre conscience du danger réel que représente aujourd’hui Alassane Ouattara pour la paix, la cohésion sociale et la stabilité en Côte D’Ivoire et en Afrique.Au-delà du réconfort dont on besoin les nombreuses populations victimes des pillages, des rapts et des humiliations, ils reste en effet très important que cessent totalement les exactions et que soient réunies toutes les conditions pour un retour définitif à la normalité sur toute l’étendue du territoire national. Ceci implique indéniablement:

Le désarmement effectif des rebelles et la destruction des armes lourdes dont ils continuent de faire usage contre les populations civiles;
L’encasernement des combattants;
La réinstallation des chasseurs traditionnels Dozos dans leur aire géographique au nord du pays;
Le démantèlement des camps de miliciens et de mercenaires installés dans les villages et les forêts;
La repression des rackets, des barrages anarchiques, des pillages et des kidnappings;
L’interdiction stricte des violations de domiciles et des contrôles systématiques d’identité.

Mais contrairement à tout cela et comme une véritable prime au crime et à la forfaiture, les chefs rebelles ont été nommés par Alassane Ouattara à de hauts postes de l’armée et de l’administration.

En effet, en plus du rattrapage qui bat son plein dans l’armée, la police, la gendarmerie et dans toutes les administrations du pays,de tristes criminels comme Tuo Fozié, Messemba Koné et Ousmane Coulibaly alias Ben Laden viennent d’être nommés Préfets de région au mépris de tout bon sens, alors que de brillants énarques atttendent toujours une hypothétique affectation.

2) La problématique de la réconciliation nationale

La grave crise post-électorale, dans son tragique dénouement a favorisé la naissance d’une société ivoirienne désarticulée, chaotique, désorientée, cloîtrée dans l’angoisse et la méfiance mutuelle. Une atmosphère de terreur et de deuil généralisé plane sur le pays et continue d’entraver le retour à la vie normale.La fracture sociale est en réalité plus profonde que l’on ne l’imagine aujourd’hui.

Le socle social sur lequel l’unité nationale s’est construite et fortifiée pendant de longues décennies de cohabitation pacifique et fraternelle a basculé sous la poussée d’une brutale et dangereuse institutionalisation de la haine, de la barbarie, de l’exclusionisme et du tribalisme. Aujourd’hui en Côte D’Ivoire, il s’avère urgent que des actes majeurs soient posés et suscités pour apaiser les coeurs et réconcilier les esprits, relancer la dynamique sociale et donner la chance à une réconciliation véritable et durable.

Il serait en effet illusoire de vouloir reconstituer le tissu social de la Côte D’Ivoire sans prendre en compte les impératifs d’une Réconciliation globale, franche et sincère entre toutes les forces politiques et sociales du pays. La Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) devrait avoir un chronogramme bien défini et des moyens véritablement appropriés. Elle doit cesser d’apparaître comme une Structure créée dans un but purement propagandiste, faisant de la diversion et du dilatoire pendant que la constante crispation socio-politique atteint chaque jour un seuil où des initiatives urgentes s’imposent.

Cette constante détérioration de la situation socio-politique doit cesser et tout doit être mis en oeuvre aujourd’hui pour:

La libération immédiate du Président Laurent Gbagbo et de tous les détenus politiques;
La restitution des biens volés aux personnes spoliées ou l’indemnisation de celles-ci;
La réinstallation des déplacés de guerre et le retour sécurisé des exilés politiques;
La réintégration des fonctionnaires et travailleurs radiés pour leur appartenance politique, ethnique ou religieuse.

3)Menaces sur les acquis démocratiques

Les violences aveugles et les destructions massives qui ont accompagné le changement de régime ont ébranlé les structures étatiques, mettant ainsi en danger la pérennité des institutions . L’État s’est désintégré et effondré pendant que des canaux politiques rétrogrades ont résurgi et sont empruntés par les adeptes de l’anarchie et les nostalgiques du parti unique.Un retour en arrière est en train de s’opérer progressivement sous nos yeux pour réinstaurer la pensée unique, piétiner les libertés publiques et démanteler les mécanismes démocratiques mis en place depuis la proclamation du multipartisme en 1990.Les tentatives de tuer dans l’oeuf la démocratie ivoirienne naissante sont très évidentes chez les vainqueurs du 11 Avril 2011.

L’objectif clairement affiché de Ouattara est en effet de dissoudre l’opposition et plus particulièrement le FPI pour gouverner sans contre-pouvoir.Au-délà des discours et des promesses, il n’existe en réalité aucune volonté de garantir la pérennité des acquis démocratiques, de permettre à l’opposition de contrôler l’action du Gouvernement et de faire des observations.

Sous de fallacieux arguments, les manifestations publiques sont systématiquement dispersées avec une violence extrême.Le bilan de ces attaques a toujours été très lourd avec des blessés, des morts et de nombreux dégâts matériels.Le siège du FPI a été attaqué et détruit, la presse libre bâillonnée, les journalistes jetés en prison, les syndicats et les jeunes empêchés de s’exprimer librement, les règles élémentaires de la démocratie et de l’état de droit foulées au pied.

XIV- LE FPI FACE A LA RÉPRESSION

La répression féroce organisée par le régime Ouattara contre les partisans du Président Laurent Gbagbo vise en premier lieu le FPI, parti créé par Laurent Gbagbo. Faute de soins appropriés avec le gel de leurs comptes bancaires, beaucoup sont morts en exil.Ce fut le cas de Gnan Raymond, du Ministre Bohoun Bouabré, du Maire Diagou Gomont et de bien d’autres. D’autres ont été arrêtés et extradés de manière rocambolesque (le cas du Ministre Lida Kouassi, extradé du Togo) tandis que certains, comme le Ministre Koné Katinan au Ghana voisin,sont constamment harcelés, plusieurs fois arrêtés et menacés d’extradition.Dès le début de la crise post-électorale, de nombreux partisans de Laurent Gbagbo avaient déjà été arrêtés et jetés dans les prisons du nord.D’autres ont été tués comme ce fut le cas du Ministre Désiré Tagro, abattu à la résidence du Président Laurent Gbagbo alors qu’il brandissait un drapeau blanc.Eduqué à la lutte pacifique et à la conquête du pouvoir d’état par les urnes, le FPI a su résister, les mains nues, aux diverses provocations.

D’importantes Communications ont cependant été faites de manière ponctuelle pour dénoncer les abus, les crimes et les exactions.La position du parti face à la vague incessante de répression a ainsi été clarifiée.Nous allons donc intégralement citer quelques-unes de ces importantes déclarations:

1)Déclaration du FPI du 22 août 2012 par le Secrétaire Général et porte-parole Laurent Akoun lors d’une conférence de presse à Abidjan:

<< Au nom du FPI et de son Secrétariat Exécutif, j’ai honneur à vous accueillir ici dans le cadre de cette conférence de presse que le parti a décidé d’organiser ce jour-même, suite au pillage du siège et à l’agression des membres du personnel administratif ainsi qu’au kidnapping de plusieurs responsables du FPI dont le Docteur Alphonse Douati.
Comme vous l’avez appris, l’heure est grave et votre présence effective constitue pour le FPI une marque de sympathie et de compassion. C’est pourquoi Mesdames, Messieurs, chers camarades, je m’empresse d’exprimer à tous et à toutes la reconnaissance du FPI qui ne se sent pas seul dans cette épreuve qui prolonge une liste déjà incommensurable d’exactions et d’arrestations. Je pense, à titre de rappel, aux violences et traitements inhumains qui ont emporté nos camarades Désiré Tagro, Tapé Gozé, Gnan Raymond, Dadi Badi, Bohoun Bouabré, Diagou Gomont Jean-Baptiste, Innocent Apiéni Brou, Koné Dramane, etc. ; je pense, également, à tous les illustres anonymes, ces martyrs de la lutte pour la souveraineté et la dignité de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.
Je salue très sincèrement la présence des responsables des différentes plateformes et des partenaires du CNRD.
Je salue tout naturellement la grande famille des journalistes et autres communicateurs qui ne ménagent aucun effort pour échanger avec nous, chaque fois que nous décidons de les prendre à témoin sur les dérives totalitaires que le régime Ouattara impose au Peuple ivoirien en général, plus particulièrement au FPI depuis le renversement du président Laurent Gbagbo.
La présente intervention liminaire s’articule autour de trois (3) points : d’abord j’exposerai les faits tels qu’ils se sont produits ici même et à la DST ; ensuite je pointerai du doigt leurs auteurs ; enfin, en troisième lieu, je mettrai en lumière l’attaque barbare de notre siège le samedi dernier en la rattachant à une série de violences. Cette atmosphère de terreur, selon le FPI, plonge ses racines dans l’idéologie et la psychologie de ce régime dont nous pensons que les décideurs internationaux réussiront à contrecarrer la dangerosité, au nom de la justice et de la démocratie.
Les faits
Le samedi 18 août en fin de matinée, la direction du parti a été alertée par le personnel administratif indiquant que le siège venait d’être attaqué par une vingtaine de gens armés de pistolets, de gourdins et de machettes. Ils ont fait irruption dans ce QG menaçant de mort et frappant les occupants des lieux. Ceux de nos agents présents mais qui ont pu se cacher affirment que les bureaux du Président du FPI et du Secrétaire Général étaient la cible privilégiée des agresseurs. C’est en effet en ces lieux qu’ils ont opéré, emportant une forte somme d’argent ainsi que du matériel informatique. Ils ont par ailleurs saccagé les sanitaires et mis le feu à la voiture d’un camarade. Voilà pour ce qui est des dégâts les moins importants. Voyons pour ce qui est des préjudices corporels.
Sous ce rapport, disons que le FPI a encore beaucoup perdu même si, pour l’instant, le bilan n’est que provisoire. Parmi nos camarades présents sur les lieux, il y avait deux jeunes femmes originaires du Nord de notre pays. Elles ont été particulièrement prises à parti, sévèrement tabassées, comme s’il était écrit quelque part que les citoyens originaires du Nord n’ont pas le droit de militer au FPI. Les bastonnades ont fait deux (2) blessés dont la Croix rouge et l’ONUCI peuvent témoigner.
Plus grave, les agresseurs ont enlevé un membre de la JFPI. Il s’agit du camarade Dessékou Pamphile emmené vers une destination à ce jour inconnue. Ayant appris la nouvelle depuis Agboville où elle effectuait une mission, la Direction du FPI s’est rendue sur les lieux, ici-même à 19 h, pour constater les faits. Et à notre grande surprise, Mme Douati nous apprendra, à 21 h, que son époux venait d’être interpellé et conduit à la DST, sans mandat d’arrêt. C’est alors que le FPI a requis l’assistance de Me Dako, un de ses avocats ; mais sans succès, la DST ayant opposé une fin de non recevoir à notre démarche, en violation de l’article 22 de la Constitution qui assure que « nul ne peut être arbitrairement détenu. Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa défense ».
Par ailleurs, nous apprenions que Mlle Désirée Douati, la fille de notre camarade n’est toujours pas sortie de la DST. Elle s’était en effet rendue là-bas pour voir son père, mais on est sans nouvelle d’elle depuis. Et c’est pourquoi le FPI a demandé instamment à l’ONUCI d’entrer en contact avec la DST afin que Désirée Douati soit remise en liberté.
Au total, les faits d’agression et de kidnapping se résument comme suit : une détention arbitraire à la DST, cinq disparitions vers des destinations inconnues, deux (2) blessés, deux (2) ordinateurs emportés ; le saccage de bureaux et sanitaires, le vol de 2 000 000 FCFA et l’incendie d’un véhicule. Voilà les faits et venons-en à la question du ou des auteurs de ces actes barbares qui font penser à l’attaque contre notre meeting, le 21 janvier 2012 à Yopougon.  
Les responsables de ces attaques et enlèvements.
La famille FPI est fille de la réflexion méthodique et de l’action qui heurte le moins possible le bon sens, je veux dire la doxa et la conscience collective. C’est pourquoi le FPI ne dit jamais à la face du monde « on va vous tuer et il n’y aura rien » ou encore « on s’en fout ». Notre parti n’agit jamais dans la précipitation et le désordre qui caractérisent le gouvernement RDR que nous tenons pour responsable des attaques du samedi 18 août ainsi que de l’enlèvement de ses membres. Nous disons cela pour plusieurs raisons.
En effet, le FPI est le principal parti de l’Opposition si l’on s’en tient au score que M. Choï lui a attribué à l’issue du deuxième tour du scrutin présidentiel. Comme tel, il a le devoir de critiquer les actions du pouvoir en place et ce conformément à la Constitution. Or, pour le gouvernement Ouattara, pour le RDR qui se confond avec le gouvernement, critiquer ce pouvoir, s’est s’attaquer à la personne de M. Ouattara. Et l’on nous a mis en garde publiquement que procéder ainsi, c’est risquer la guillotine et le cimetière. Celui qui tient ces propos n’est autre que le Ministre Amadou Soumahoro, Secrétaire Général du RDR par intérim et Conseiller du Chef de l’Etat qui continue de présider  aux destinées de son parti. A preuve, M. Amadou Soumahoro a proféré très clairement ces menaces de mort le 21 mars 2012 en ces termes : « nous assumons la responsabilité de l’insécurité dont les militants du FPI parlent (…). Désormais, nous allons demander à nos militants de se mettre en ordre de bataille pour mater tous les militants du FPI qui s’attaquent au président Alassane. Nous n’allons plus accepter les arrogances du FPI. Oui, nous allons les mater. Ils oublient que tous ceux qui se sont attaqués à Alassane se trouvent au cimetière. S’ils nous attaquent [nous critiquent], nous allons répliquer du tic au tac. Le RDR est né dans le feu, il a grandi dans la flamme et il est arrivé au pouvoir dans la boue » In Le Temps N°2576 du 21 mars 2012, p.3.
C’est sur la base de cette déclaration d’un autre âge que le FPI a compris, de façon rétrospective, l’attaque perpétrée contre son meeting du 21 janvier 2012 et bien d’autres manifestions. On se souvient à la suite des attaques des commissariats et des camps militaires dans le District d’Abidjan, survenues depuis le 4 août 2012, que le ministre de l’Intérieur, M. Hamed Bakayoko avait directement accusé le FPI d’être l’auteur de ces attaques. A quoi pouvait-on s’attendre de la part des militants RDR, déjà  suffisamment mis en ordre de bataille ? On ne pouvait s’attendre qu’à des mesures de représailles contre le FPI, l’éternel bouc-émissaire de l’Etat-RDR. Je dis et répète : c’est le gouvernement Ouattara qui est le commanditaire des violences du samedi 18 août ; c’est lui qui est responsable de la disparition des deux jeunes de la JFPI, tout comme c’est lui qui détient illégalement le Dr Alphonse Douati à la DST ; c’est lui qui a enlevé Mlle Désirée Douati. Le gouvernement a procédé ainsi pour plusieurs raisons que je m’en vais exposer à présent.
Exposé des facteurs explicatifs du harcèlement du régime Ouattara contre l’Opposition, plus particulièrement le FPI. 
Le premier facteur est d’ordre historique et idéologique. Des trois (3) partis qui se sont disputé le pouvoir à l’occasion du deuxième tour du scrutin de 2010, le RDR est la formation politique qui, de par les circonstances de sa naissance, est la moins transethnique et qui a le moins intégré les idéaux et valeurs démocratiques à sa vision et son programme d’action. C’est qu’il a malheureusement pour point oméga la fibre ethnique, exploitant les oppositions tribales chaque fois qu’il est à bout d’arguments. On se souvient que M. Alassane Ouattara alors en proie à des problèmes de nationalité et sous mandat d’arrêt international avait fait le rappel des troupes nordistes en déclarant à la grande stupéfaction du PDCI et de l’opinion nationale ceci : « c’est parce que je suis musulman et du Nord qu’on veut m’empêcher d’être candidat à la présidentielle ». La suite est bien connue : en tapant sur la corde sensible de l’ethnie, de la religion et de la région, le président du RDR avait rallié tout le Nord à sa cause et dressé les défenseurs internationaux des droits des minorités ethniques contre le régime PDCI. Voilà comment et sur quelle base le RDR est né. Ce n’est pas le cas du PDCI-RDA encore moins du FPI. En effet, le PDCI-RDA est né du refus de la domination et de l’assujettissement de l’Africain. Le FPI pour sa part est né en s’opposant au système du parti unique, c’est-à-dire en luttant contre les inégalités, toutes les inégalités. Le caractère ethnocentriste du RDR est désormais incontestable dans la mesure où le 25 janvier 2012 à Paris, et répondant à une question du journaliste Vincent Hugueux de L’Express, relative à la promotion des cadres du Nord, sa région d’origine, M.Alassane Dramane Ouattara avoue : « Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S’agissant des hauts cadres de l’armée, j’ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces Nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous les postes. Et j’ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu’au niveau de commandement : le n°1 issu des FN, flanqué d’un n°2 venu de l’ancienne armée régulière. Tous grades confondus, il y a 12 % de Nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l’armée… Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher ».
N’ayant donc jamais compté sur la force des idées comme facteur de rassemblement transethnique,le RDR est aujourd’hui incapable d’exercer un pouvoir d’Etat qui fonctionne sur la base de règles et principes sans rapport avec l’ethnie et la religion. Le terrain de la lutte institutionnelle n’est pas le sien. C’est pourquoi celui qui l’oblige à s’y aventurer devient son pire ennemi. Le FPI est le pire ennemi du RDR parce que le terrain de prédilection de Laurent Gbagbo est l’arène politique qui exclut la violence physique.
Lorsque le FPI déclare qu’il va revenir au pouvoir bientôt, ce n’est donc pas par la force des armes comme le font les rébellions africaines, mais par sa propre capacité politique qui n’est pas à confondre avec une certaine capacité de nuisance qui est le propre des partis politiques moins nantis, c’est-à-dire handicapés par les considérations « ethnicistes » et/ou régionalistes. En tout cas, si les conditions institutionnelles de nouvelles élections sont réunies, autrement dit, si le gouvernement prévoit aujourd’hui des élections sans les compagnies dozo, sans une CEI monocolore, sans un découpage scandaleusement favorable au Nord, le FPI est sûr de battre le RDR à plate couture. Essayons et on verra ! Mais le RDR ne prendra jamais ce "risque", convaincu qu’en dehors de la violence, il n’est plus rien. Exactement comme le poisson hors de l’eau. Mais pourquoi, nous FPI, nous sommes si sereins.Parce qu’en vérité, comme disent les Galiets, "y a rien en face".
C’est parce que le modèle totalitaire qui nous est imposé depuis le 11 avril, ne convient pas à notre contexte en ce début de 21ème siècle, que les soutiens extérieurs du pouvoir actuel sont en train d’ouvrir les yeux pour voir de plus près les tendances de ce régime. Je dirais plutôt pour constater les contre-performances paradoxales de l’Etat-RDR. Je dirais qu’il y a même eu un malentendu entre ces soutiens extérieurs et leur poulain. J’entends par là le fait que pour M.Alassane Ouattara (qui est précédé d’une réputation surfaite de grand technocrate), le développement, c’est la croissance à deux (2) chiffres. C’est pourquoi il pense que d’ici 2020, la Côte d’Ivoire deviendra un pays émergent. Pour que cela soit, la Côte d’Ivoire vient d’obtenir le PPTE. Or, le développement, selon la nouvelle perspective qu’en indiquent les Institutions internationales, est une totalité dialectique qui repose sur quatre (4) piliers porteurs : le pilier économique ; le pilier politique, donc l’enracinement de la démocratie ; le pilier social et le pilier culturel ou intellectuel. Alors que l’émergence selon les décideurs internationaux passe par ces variables, M. Alassane Ouattara estime, quant à lui, qu’il peut réaliser l’émergence en ignorant les trois autres dimensions incontournables.Vu le risque énorme qu’il prenait en faisant fi des exigences de la démocratie et de l’émergence économique, les amis d’Alassane Ouattara ont prodigué des sages conseils au cours des quinze derniers mois. En voici quelques uns :
Dans le domaine de la sécurité
– «Organiser à compter du début du mois de septembre 2011, le retrait des Forces Nouvelles d’Abidjan».
– « Appeler à nouveau au retour des militaires qui sont encore en exil avec des garanties de sécurité et de respect de leurs droits, y compris la présomption d’innocence ».
– « Respecter à la lettre les dispositions de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), notamment en ce qui concerne le nombre d’éléments de l’ex-rébellion qui doivent rejoindre les nouvelles forces de défense et de sécurité » ;
– « Mettre en place une procédure de sélection individuelle des militaires, policiers et gendarmes candidats à la future armée réunifiée afin d’en exclure les éléments impliqués dans les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire ».
Dans le domaine de la réconciliation et de la justice
– « Demander au Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) d’élargir le champ d’investigation d’une enquête éventuelle pour crime de guerre et crime contre l’humanité commis depuis septembre 2002 ».
– « Ne pas se servir des procédures judiciaires pour démanteler le Front Populaire Ivoirien (FPI) ».
– « Veiller à ce que des enquêtes soient ouvertes sur les éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) soupçonnés de crimes graves, notamment ceux dont les noms figurent dans l’annexe confidentielle du rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire ».
Dans le domaine politique
– « Résister à la tentation d’affaiblir encore davantage le parti de l’ancien Président Gbagbo (…) et créer les conditions de sérénité indispensable pour leur permettre de se préparer pour les élections législatives » ;
– « Organiser les législatives avant la fin de l’année 2011 sur la base d’un accord conclu entre les partis politiques sur les modalités de ces élections, notamment sur la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI), le fichier électoral et le rôle des Nations Unies ».
Dans le domaine socio-économique
– « Apporter un soutien urgent aux personnes déplacées, notamment celles qui le sont dans l’Ouest du pays ; constituer à cette fin un fonds pour l’aide au retour afin d’éviter la fixation durable de ces populations victimes des violences postélectorales dans des camps de déplacés et de faire le lit de nouveaux conflits fonciers dans cette région ».
– «Faire coïncider à chaque fois que cela est possible, les choix économiques avec les choix politiques en faveur de la réconciliation pendant l’actuelle phase de stabilisation».
– « Démanteler les mécanismes de contrôle économique dans la zone CNO [Centre Nord Ouest] (…)».
Ces conseils, M.Ouattara ne veut pas en entendre parler. Mais il est prêt à exhiber le FPI, le bouc-émissaire facile qui lui permet de justifier l’échec prévisible de son régime. 
Conclusion
Le climat d’insécurité et de terreur installé en Côte d’Ivoire depuis le renversement de Laurent Gbagbo, et qui sert de béquille au régime Ouattara, connaît un regain d’intensité suite aux attaques des commissariats de police et des camps militaires dans le District d’Abidjan et la région des Lagunes en général, survenues depuis le 4 août 2012.
Les agressions subies le samedi 18 août par le FPI et qui se sont soldées par l’enlèvement de quatre (4) de ces militants dont le Dr Douati Alphonse, sont le fait du gouvernement engageant des mesures de représailles contre un parti faussement accusé depuis fort longtemps d’être à la base des déboires et atermoiements  d’un régime qui veut une Côte d’Ivoire nouvelle sans passer par les conditions prescrites aussi bien par la science politique que par la communauté internationale. Les accusations portées tous azimuts qui appellent des mesures de représailles contre le FPI sont un raccourci facile que l’Etat-RDR doit éviter. C’est pourquoi le FPI en appelle au sens de l’équité, de la justice et de la paix de toutes les forces diplomatiques et politiques, afin qu’elles arrêtent la machine de répression dirigée contre le Peuple Ivoirien, notamment les pro-Gbagbo perçus et traités comme les pires ennemis d’un régime qui fait davantage preuve de sa capacité de nuisance, et surtout de son incompétence politique.
Déférés devant le tribunal d’Abidjan, le camarade Douati et les autres ont été inculpés, placés sous mandat de dépôt et conduits, hier en fin d’après midi, à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan.
Mesdames,Messieurs,les journalistes,le FPI,au regard de ce qui précède :
1- Exige la libération immédiate et sans conditions de son Secrétaire Général Adjoint Douati Alphonse, et de ses militantes et militants enlevés depuis au moins un(1) mois et dont il est sans nouvelles ;
2- Invite le gouvernement à arrêter la vague de violences qui est servie aux populations  en ouvrant des discussions franches avec l’opposition en général et le FPI en particulier, afin de reconstruire la Côte d’Ivoire  sur des bases légales et durables.
Je vous remercie.

Fait à Abidjan, le 22 août 2012

Le Secrétaire Général & Porte-parole
Akoun Laurent.

2)Déclaration de Miaka Oureto, Président par intérim du FPI, sur les enlèvements et incarcérations des membres de la Direction et des Structures de base :

<< Mesdames et Messieurs les journalistes,

Alors que le samedi 18 août 2012, le siège du FPI a été pillé et le Dr. Douati Alphonse a été interpellé par les FRCI et incarcéré aussitôt à la MACA, voici que une semaine plus tard, soit le dimanche 26 août, le Secrétaire Général et Porte-parole du FPI, notre camarade Laurent Akoun a subi le même sort entre Adzopé et Akoupé où il effectuait une mission.
Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Que faire ? Ces trois questions appellent de notre part, trois réponses.
I-Le contexte politique
II-Ce qui se passe dépasse l’entendement
III-Que faire pour enrayer la dictature RDR ?
I-Le contexte politique
Après la prise du pouvoir de M.Ouattara, le FPI s’est inscrit dans la voie d’une opposition responsable et républicaine. C’est dans cette perspective que le FPI prend des positions claires et argumentées sur la situation sociopolitique du pays, ce qui n’est pas du  goût du parti au pouvoir. C’est pourquoi, le FPI est entré dans l’œil du cyclone RDR.
Depuis,le FPI est quasiment interdit d’activités sous peine de livrer ses militants et dirigeants à une mort certaine.Ses meetings sont réprimés dans le sang. Le président Alassane Ouattara, ne décolère pas, en raison de ce qu’il appelle "l’arrogance de ses dirigeants". Plus de 16 mois de gouvernance dans la haine, l’intolérance, sans dialogue. Pas le moindre véritable signe d’apaisement de sa part.
Bien au contraire les récentes attaques de camps militaires (Akouedo, Abengourou, du 04 au 06 août 2012), et postes tenus par les FRCI par des individus encagoulés, va servir de prétexte à une escalade de violences, enlèvements et emprisonnements des dirigeants du FPI de la base au sommet.
Les agressions commises contre les positions des FRCI et dont certaines se sont soldées par des morts, ont ipso facto été attribuées au Front Populaire Ivoirien, le jour même de leur déroulement sans enquête, et sans l’ombre d’une preuve.
« ce sont des miliciens pro Gbagbo appuyés de certains éléments des ex FDS qui sont réfugiés au Ghana » a d’emblée affirmé, l’un des Sécurocrates du régime, le ministre d’Etat, Ahmed Bakayoko.
Mais, la question qu’il aurait  fallu poser sereinement, en prenant en compte tous les paramètres de la situation politique actuelle et non regarder précipitamment dans une seule direction, est de savoir à qui profitent les crimes ?
Le Front Populaire Ivoirien, principal parti d’opposition qui a perdu le pouvoir et qui ne cache pas sa volonté de le reconquérir, est à priori le bouc émissaire idéal. Mais il faut bien se demander si le FPI a intérêt à perpétrer ces agressions dans le contexte actuel ? Et à qui peuvent véritablement profiter ces crimes ?
A qui profitent ces crimes ?
Pour répondre à cette question il est bon de rappeler les évènements qui se sont déroulés ces trois derniers mois, juin, juillet, août. Le contexte politique est focalisé sur l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges  contre le président Laurent Gbagbo en détention à la Haye.Cette audience était fixée  au 18 juin.  Les regards et l’attention politique sont rivés vers la CPI. Les militants et dirigeants du FPI sont concentrés  sur ce dossier pour donner toutes les chances à la libération de leur leader.
Il va se trouver que du 02 au 08 juin 2012 soit deux semaines avant cette audience, capitale pour le FPI et qui n’a donc aucun intérêt à faire accréditer par l’opinion internationale, l’image de violence dont la CPI affuble le président Gbagbo, trois évènements vont se produire pour secouer le marigot politique ivoirien, brouiller les cartes et incriminer le FPI.
1-Le samedi 02 juin 2012, l’ex procureur de la CPI, Ocampo arrive en Côte d’Ivoire.Sommé par les instances supérieures qui actionnent la CPI, Ocampo après sa récente lettre de félicitation au chef de la rébellion Soro Guillaume, s’est vu obligé d’auditionner son "ami" pendant deux heures sur les crimes commis de 2002 à 2011, par les Forces Armées des forces Nouvelles (FAFN). Cela parce que la juge Fernandez De Gurmendi de la CPI aurait donné un avis dissident et menacé de démissionner si le procureur s’obstinait à enquêter uniquement sur les crimes commis par le seul camp Gbagbo.
Cet interrogatoire n’a pas été comme on peut s’en douter, du goût de M. Guillaume Soro qui n’entend pas faire seul les frais de la rébellion sans ses commanditaires. De ce fait il  se tient depuis sur ses gardes ; lui et ses com-zones qui, s’ils devraient être transférés à la Haye, vendraient chers leurs peaux. Il y avait comme une situation délétère dans l’air, faite de tension entre les deux clans alliés d’hier, Soro et Ouattara. Le second nommé ayant lui-même déjà pris en charge, par précaution, le portefeuille de la défense.
2-C’est dans ce climat tendu que s’opèrent à Lomé l’arrestation le 05 juin et l’extradition du ministre Lida Kouassi Moïse accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat. Le FPI est aussitôt voué aux gémonies.
3-Le 08 juin dans la foulée sept (07) casques bleus de l’ONUCI trouvent la mort dans une embuscade à l’ouest. C’est encore le FPI que le pouvoir a accusé d’avoir commis ces crimes par ses prétendus milices.
Le Front Populaire Ivoirien avait-il intérêt à poser de tels actes ? Dans quel but ? Surtout la veille de l’audience du Président Gbagbo, pour l’accabler davantage, voir les charges contre lui confirmées et le maintenir dans les liens de la détention ? La réponse à cette question est assurément NON. A qui profitent donc ces crimes ?
Au cours de la conférence  de presse organisée pour se prononcer sur cette sombre affaire qui pue  manifestement la manipulation, le FPI on s’en souvient, avait déclaré ce qui suit le 15 juin 2012, à propos du prétendu coup d’Etat déjoué.
Après la dernière visite controversée du procureur Ocampo qui a révélé ses accointances avec le pouvoir et face à la quasi certitude grandissante conduisant à la très probable libération de Laurent Gbagbo en raison de la faiblesse des preuves contre lui, M. Alassane Ouattara sentant l’étau se resserrer autour de lui a décidé de monter au créneau.
Objectif :
1° charger à fond Laurent Gbagbo  la veille de son procès en le faisant passer pour "un criminel" qui refuse de se repentir en continuant de semer la mort en Côte d’Ivoire.
2° Réduire au silence les partisans de Laurent Gbagbo.
3° Dresser l’ONUCI contre le FPI
La méthode utilisée est celle que M. Ouattara et ses alliés ont déjà utilisée durant la crise postélectorale.
D’abord la diabolisation de Laurent Gbagbo et ses partisans par les ONG et les médias aux ordres.
Ensuite l’exécution de la phase du crime de sang imputé à Laurent Gbagbo et ses partisans. A Abobo pendant la crise les images des femmes prétendument assassinées par Gbagbo ont été brandies dans les médias. Cette fois ce sont des casques bleus qui ont été sacrifiés à la mise en scène de M. Ouattara à l’Ouest.
Troisième et dernière phase, l’extermination des pro-Gbagbo qui a déjà commencé à l’Ouest et qu’on envisage de poursuivre avec la dissolution du FPI et sa décapitation programmée, tout cela sans en aucun moment, pendant la crise comme aujourd’hui aucune enquête sérieuse et crédible n’ait été mise en œuvre.
Nous sommes aujourd’hui à cette à cette phase, que le FPI avait vu venir deux mois plus tôt. L’audience de Laurent Gbagbo avait été reportée au 13 août une semaine avant cette audience, le 04 août des crimes sont commis dans des casernes et commissariats de police. Le FPI est aussitôt de nouveau accusé. Plus grave il est cette fois criminalisé par des proches de Soro Guillaume qui l’assimile à une organisation terroriste et invite l’Etat ivoirien, le peuple ivoirien et la communauté internationale à se mettre ensemble pour éradiquer le fléau FPI. Un véritable appel au meurtre.
C’est le même scénario qui est utilisé sauf que cette fois la thèse de l’accusation facile du FPI se révèle très  peu crédible pour nombre d’observateurs de la vie politique ivoirienne.
C’est d’abord l’hebdomadaire Jeune Afrique qu’on ne peut soupçonner d’être pro Gbagbo, qui contredit le gouvernement ivoirien.
Selon plusieurs sources militaires de haut rang, les assaillants étaient au nombre d’une centaine, vêtus en treillis ou en civils et circulant à bord d’une dizaine de pick-up. Ils ont fait irruption simultanément aux entrées principale et annexe de la caserne aux environs de 3 heures 30 GMT, lundi matin. Dès son entrée, le commando a abattu les cinq sentinelles en faction au poste de contrôle.
« C’est curieux, les assaillants semblaient connaître le secteur. Ils n’ont pas emporté les armes plus lourdes qui étaient stockées, notamment les obus de mortiers. Ils se sont contentés des Kalachnilovs comme s’ils voulaient délivrer un message », commente une source haut placée, proche du ministère délégué à la Défense.
Après son forfait, durant lequel il n’a rencontré presque aucune opposition, le commando prend tranquillement l’axe Abidjan-Bingerville et s’évapore dans la nature. C’est seulement à 5 heures du matin que les hommes de la garde républicaine du commandant en second, Issiaka Wattara, alias « Wattao », arrivent sur le terrain. Mais les agresseurs sont déjà loin. Et le ratissage intensif de la zone ne donne rien.
Dans la matinée, plusieurs autres unités des anciens chefs de guerre de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), aujourd’hui intégrés au sein de l’armée nationale, rallient la caserne d’Akouédo. Le fait est que la Côte d’Ivoire qui n’a véritablement pas une armée nationale digne de ce nom, fonctionne depuis seize (16) mois avec un système sécuritaire qui repose essentiellement sur les 3000 à 4000 ex-rebelles membres des FRCI (qui sont sur le papier 55 000 hommes), ainsi que sur environ 40 000 dozos, chasseurs traditionnels venus du Nord, et sur quelque 110 000 supplétifs non encore démobilisés ni désarmés. Pour les milieux diplomatiques d’Abidjan, c’est d’ailleurs de ce côté qu’il faut chercher. « L’attaque ressemble bien à une action de supplétifs FRCI qui n’ont toujours pas été pris en compte par le pouvoir. C’est une sorte de signal qu’ils donnent au gouvernement pour accélérer la réforme du système de sécurité et de l’armée (RSSA), en panne depuis plusieurs mois », affirme un diplomate européen.
Autre détail troublant : « les assaillants ont bénéficié de complicités internes au camp, confie Paul Koffi Koffi à Jeune Afrique.
Toute la vérité est contenue dans cet agencement de faits et de questions. Guillaume Soro pourtant président de l’Assemblée nationale, donc loin de l’exécutif affirme sur son "twiter" avoir été informé de l’attaque du camp d’Akouedo au moment où elle s’est produite autour de trois (03) heures du matin. Et c’est seulement à cinq (05) heures du matin que l’un de ses ex com-zones Wattao arrive sur le terrain. Mais les agresseurs sont déjà loin. Pourquoi avoir attendu deux (02) heures avant d’intervenir ? Le temps que les agresseurs se servent tranquillement en armes et disparaissent dans la nature ? Qui a intérêt à avoir la main mise sur le système de défense, dont il avait été écarté, alors que la CPI envisage sérieusement son transfert, lui et ses hommes à la Haye ? Qui a intérêt à mettre en difficulté le régime pour empêcher son transfèrement ? Qui a intérêt à donner des signaux forts au clan Ouattara pour le dissuader de s’engager dans cette voie qui serait suicidaire pour le régime ? Qui veut se payer une impunité en conduisant tous les sécurocrates du régime à lui faire allégeance dans la conduite de la défense nationale ? Qui s’organise déjà pour prendre et exercer le pouvoir d’Etat en 2020 ? Si ce n’est maintenant ? La réponse à tout ce questionnement nous conduit au cœur de l’imbroglio politique ivoirien.
L’acharnement de certains lieutenants à criminaliser le FPI procède sans aucun doute de cette réalité là. La meilleure défense étant l’attaque. La criminalisation du FPI est une diversion machiavélique qui, tout en conduisant à l’affaiblissement du FPI par sa décapitation, ouvre la voie à l’assouvissement de noirs desseins présidentiels que l’on tente maladroitement de masquer. Mais cela ne se fera pas sur la dépouille du Front Populaire Ivoirien.
Le FPI dénoncera toutes les perfidies d’où qu’elles viennent pour reconquérir le pouvoir d’Etat par la voie des urnes, et nul ne peut en détourner ses militants et dirigeants. C’est pourquoi il importe à présent de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur les méthodes mafieuses utilisées pour réduire le FPI au silence.
II-Ce qui se passe dépasse l’entendement
En étudiant de façon rétrospective la facilité avec laquelle les FRCI et dozo ont investi les domiciles des militants LMP entre avril et juin 2011, nous nous sommes rendu compte que plusieurs mois avant la crise post-électorale, le camp Ouattara avait identifié et fiché soigneusement tous les pro-Gbagbo. Jusqu’à aujourd’hui, c’est cette cartographie établie de sang froid qui sert de guide au RDR dans sa politique de « dératisation politique » du pays par « l’éradication » du FPI. De Touleupleu à Bondoukou en passant par Duékoué, Daloa, Abidjan-Yopougon, Dabou, Adzopé, Agboville, Grand-Lahou, San-Pedro, Soubré, Divo, Lakota, Sinfra, Gagnoa, Madinani, etc, les enlèvements et autres exactions se comptent par centaines. Au cours de ces opérations qui défraient la chronique et meublent les rapports de nombre d’organisations de défense des droits de l’homme, les actes posés sont invariablement les mêmes : bastonnades, extorsions de biens et d’argent, tortures pour arracher des aveux destinés à accréditer la thèse du complot FPI contre Ouattara, ou à obliger les pro-Gbagbo ou LMP à démissionner du FPI, procédures judiciaires expéditives assorties de chefs d’accusation farfelues.
Comme on voit, les faits n’ont pas démenti les prédictions de la communauté internationale selon lesquelles le régime Ouattara risque sa crédibilité s’il se place dans une logique répressive vis-à-vis de son Opposition. Ce n’est pas tout. Les dozo et FRCI utilisent d’autres procédés tels que la profanation de sépultures, la taxation des travaux agricoles et des veillées funèbres ainsi que l’atteinte à la pudeur. A titre illustratif et concernant ce dernier chapitre, signalons qu’« à Gabiagui, [localité située à 40 km de San-Pédro], pour obliger un chef Gouro, taxé de pro-Gbagbo, et qui avait pris la fuite, à se rendre, des FRCI ont mis sa fille, mariée à une autorité de la ville, nue, sur la place publique. Ce n’est que quand le père s’est rendu qu’elle a été autorisée à se rhabiller. Peu de temps après, des individus ont approché la famille du chef pour obtenir sa libération contre une rançon de 1 million de CFA. Saisie de l’affaire, l’ONUCI aurait entendu la fille. Aux dernières nouvelles, le chef aurait été déporté à Abidjan. Ce qui n’a pas empêché les FRCI de traquer les gens de sa tribu qui, pour beaucoup, ont décidé de regagner leurs zones d’origine » (LG Infos, N°228 du 27 août 2012, p. 2). Bilan provisoire ou conséquences de ces traitements inhumains et dégradants : plus d’un millier de militants LMP croupissent dans les geôles et autres camps de torture du régime ; plus de 200 tués, près de 3000 déplacés internes, hommes, femmes et enfants en cette période de rentrée scolaire et universitaire. Autrement dit, et pour paraphraser la CNDHCI, la situation sécuritaire a empiré depuis le 11 avril 2011, au lieu de s’améliorer. A qui la faute ? Assurément pas celle du Front Populaire Ivoirien. Ces pratiques ne sont ni de sa nature encore moins de ses méthodes
Le FPI, n’en déplaise à ses adversaires, n’est pas un parti violent. Il est le premier parti à avoir clairement décliné son identité dans son projet de société: « Fonder une Nation Africaine démocratique et Socialiste en Côte d’Ivoire », paru aux Editions L’Harmattan en 1997. Source d’information pour nos adversaires qui veulent nous juger et nous combattre comme pour nos militants qui entendent comprendre pour avancer ; source d’inspiration pour inventer de nouveaux langages et de nouvelles pratiques ; et source de réflexion en termes de critique, d’auto-critique et d’amélioration, notre projet de société dit très clairement que le FPI a opté pour le socialisme démocratique. Cette voie lui impose un choix tout aussi clair en matière d’identité culturelle, de gouvernance politique, de conception de la Nation, de coopération internationale.
Le socialisme démocratique est la doctrine qui exclut la violence comme moyen d’accès au pouvoir d’Etat ; c’est la doctrine qui estime suffisantes les réformes économiques, c’est la doctrine des modérés contre la doctrine des radicaux du début du XXè siècle. Le socialisme démocratique nous apparaît comme l’essence même du socialisme sous toutes ses formes : un excellent outil d’analyse et de gestion stratégique étant donné le contexte que traversent nos sociétés pluriethniques, pluriraciales et pluriconfessionnelles. Le socialisme démocratique est une révolution culturelle, une révolution symbolique c’est-à-dire, sans les kalachs que l’on brandit pour prendre ou conserver le pouvoir d’Etat.
Monsieur Ouattara qui a bénéficié de nombreux soutiens extérieurs dans son combat contre ce qu’on nomme la politique d’exclusion ivoiritaires, pratique aujourd’hui ce qu’il a combattu hier. En effet, il avoue que les privilèges qu’il accorde aux Nordistes constituent « un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S’agissant des hauts cadres de l’armée, j’ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces Nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous les postes. Et j’ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu’au niveau de commandement : le n°1 issu des FN, flanqué d’un n°2 venu de l’ancienne armée régulière. Tous grades confondus, il y a 12 % de Nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l’armée… Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher ».
C’est donc au nom de cette épuration politico-ethnique, que l’Administration ivoirienne, l’Armée, la Police, la Douane, le Trésor Public, l’Economie, etc., appartiennent exclusivement aux pro-Ouattara. C’est au nom du rattrapage que des centaines de milliers d’Ivoiriens ont été licenciés des entreprises publiques et parapubliques, au profit du camp des vainqueurs. C’est au nom de ce même principe d’exclusion que l’appareil judiciaire est devenu une justice des vainqueurs ; c’est cette volonté hégémonique qui explique et justifie le caractère quasi monolithique et monoethnique de l’Assemblée Nationale, avec une majorité confortable RDR issue du Nord, une région qui représente à peine 26% de la population nationale ; c’est au nom de ce rattrapage que plus de 300 journalistes présumés pro-Gbagbo ont été licenciés au profit de dizaines de pro-Ouattara qui font de la RTI une tribune à voix unique, provoquant un recul spectaculaire en matière de pluralité d’opinion ; c’est au nom de ce rattrapage que récemment 200 wê ont été massacrés dans leur camp de réfugiés à Nahibly ; c’est au nom du rattrapage ethnique que la confrérie dozo, une communauté de chasseurs traditionnels issus du Nord, a été intégrés dans l’armée Nationale, en violation de la Constitution.
C’est au nom du rattrapage ethnique que le Président de la République, Chef de l’Etat, continue de présider aux destinées du RDR, son parti, en violation de la même loi fondamentale. C’est au nom du rattrapage ethnique que, malgré les conclusions de la Commission Nationale d’Enquête (CNE) accusant les FRCI d’avoir perpétré plus de 726 exécutions sommaires entre mai et décembre 2011, bénéficient toujours d’une impunité de la part du gouvernement Ouattara. C’est enfin au nom du rattrapage et de la politique d’épuration ethnique que l’on crée aujourd’hui une police universitaire, là où, du temps de parti unique, en contexte de Guerre-Froide, Félix Houphouët-Boigny n’a pas osé créer une police PDCI-RDA à l’Université d’Abidjan.
Le FPI a compris, tout compris. Et c’est pourquoi il se tourne vers ceux qui peuvent l’écouter et prendre en compte son soupir de douleur et d’indignation.
III-Que faire pour enrayer la dictature du RDR ?
Le FPI, conscient de son devoir devant l’histoire et l’Afrique est demandeur du dialogue et lance un appel pressant aux décideurs internationaux qui jusqu’ici n’ont ménagé aucun effort pour faire de la Côte d’Ivoire une démocratie exemplaire après Laurent Gbagbo présenté comme un dictateur, afin qu’ils œuvrent aux meilleurs conditions d’un retour à une vie politique normale. Je pense au Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, aux USA, à la France, à la Grande-Bretagne, au Canada, à la Chine et à la Russie. Je pense à l’UNESCO, à l’OIF, à l’UNICEF, à la Banque Mondiale, au FMI et à l’UNDPA. J’en appel à leur sens de la justice et de solidarité aux côtés des opprimés, l’ONU étant un héritage des consciences indignées par les horreurs de la Deuxième Guerre Mondiale. Je pense, au plan interne, aux forces politiques qui un moment donné, ont cru que le RDR d’Alassane Ouattara était capable de mettre en pratique son programme « vivre ensemble », aux leaders religieux, musulmans et chrétiens, dont les fidèles traversent la plus grande tragédie de l’histoire de la Côte d’Ivoire indépendante. Je pense à la société civile, notamment les organisations de défense des droits de l’homme : la Côte d’Ivoire brûle et il urge qu’on éloigne le péril dont la CDVR indique, à raison, qu’il guette la Nation.
Conclusion
M. Alassane Ouattara est devenu un problème pour la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens et la sous-région Ouest-africaine. A coups de propagande, il a été trop tôt considéré comme un leader policé et un démocrate-né. Il est aujourd’hui au pied du mur, montrant le contraire de ce qui a été dit, ressassé sur lui au cours des 20 dernières années. En effet, le démocrate présumé ne veut pas d’Opposition, d’où le harcèlement des dirigeants du FPI, des journalistes, des Intellectuels LMP ; d’où la confiscation des libertés démocratiques à travers la répression des meetings du FPI. Peuvent en témoigner l’ONU, les USA, la France. Voici d’ailleurs la liste des droits fondamentaux violés à longueur de journées par le régime Ouattara :
-violation des droits économiques ;
-violation des libertés publiques ;
-violation du droit à l’intégrité physique et morale ;
-atteinte à la vie et aux symboles ;
-violation des droits sociaux.
A plusieurs reprises, il a été demandé à M. Ouattara de se défaire des dozo, une armée issue de sa communauté ethnique de référence, il ne le peut pas parce qu’il ne maîtrise pas aujourd’hui les hommes qui l’ont aidé à prendre le pouvoir en avril 2011. Pour justifier son échec, il est obligé d’incriminer le FPI pourtant fragilisé et donc sans armes matérielles mais qui dispose d’armes symboliques redoutables telle que la force et la pertinence de ses arguments politiques. C’est sur la base de cette armada symbolique que nous disons, demain, nous reviendrons au pouvoir, sachant qu’en cas d’élections transparentes et équitables, nous battrons le RHDP à plate couture. En effet, la vague de répression a eu depuis, des conséquences sur la vie de pro-Gbagbo certes, mais aussi sur les pro-Ouattara et des milliers de personnes neutres qui se rendent compte qu’en fait, « Gbagbo valait mieux » : "Gbagbo ka fissa".
Le FPI n’est pas un parti violent ; le parti violent qui entend cacher sa vraie nature, c’est bien le RDR. Ce dernier est de plus en plus démasqué ; cela le pousse à poser des actes désespérés : situation de fin de course ou de fin de carrière ? En tous les c’est le "Bori bana"
Mesdames et messieurs,
Avant de clore mon propos vous me permettrez de remercier très sincèrement, au nom du FPI, la police de l’ONUCI qui a accepté de sécuriser nos rencontres pour empêcher les agressions dont nous sommes l’objet.
Merci à tous pour votre aimable attention.
Fait à Abidjan, le 30 août 2012
 
Le Président par intérim du FPI
MIAKA Ouretto .

Déclaration du FPI relativement à l’annulation du Sit-in de la JFPI et à l’instrumentalisation politique de l’ONUCI par le régime Ouattara 

<< 1-Au lendemain des attaques subies par les FRCI, début août 2012, le régime Ouattara, on le sait, avait accusé le FPI, plus généralement les pro-Gbagbo sans la moindre enquête préalable.
2-En représailles contre les prétendues tentatives de déstabilisation, le pouvoir s’est fait justice en accentuant le climat de terreur, c’est-à-dire en procédant à des enlèvements et arrestations arbitraires suivis de tortures et autres traitements inhumains. Les victimes de cette machine répressive bien huilée sont, bien entendu, les pro-Gbagbo, la Direction du FPI dont Alphonse Douati et Laurent Akoun, mais plus particulièrement la jeunesse de notre parti.
3-A ce jour, et comme bilan provisoire de ces opérations d’épuration et de "dératisation", le FPI constate 400 enlèvements, 360 à 380 arrestations, 4 tués à Abidjan ; la seule agglomération abidjanaise compte au moins douze (12) camps de tortures où croupissent des centaines de pro-Gbagbo. Et l’observateur neutre prend la mesure exacte de la tragédie ivoirienne lorsqu’il constate que ce climat d’insécurité prospère dans le pays depuis le 11 avril 2011.
4-C’est précisément pour mettre le holà à ces dérives totalitaires que la JFPI a voulu réagir en annonçant une manifestation pacifique par excellence : un sit-in prévu pour le 4 octobre 2012 devant la Cathédrale Saint Paul du Plateau, à Abidjan.
5-La panoplie des précautions prises, des démarches administratives et protocolaires ainsi que des accords de principe obtenus auprès des institutions nationales, en dit long sur la détermination, le sérieux mais aussi la bonne foi et la maturité politique de notre Jeunesse.
6-Malgré le déploiement de tant d’efforts dans le plus pur style républicain, le pouvoir Ouattara a confirmé sa nature profondément liberticide en interdisant le sit-in à 48 heures de l’événement, avec des arguments qui puent la mauvaise foi. A preuve, après avoir pris la décision d’interdiction au motif que le pays traverse un climat d’insécurité particulièrement préoccupant mettant les forces de l’ordre en situation d’alerte qui ne leur permet guère d’assurer « l’encadrement de manifestations publiques de cette nature », les Abidjanais ont constaté un déploiement impressionnant des mêmes forces de l’ordre ce 4 octobre 2012.
7-Sur la base de ce qui précède, le FPI :
condamne l’acte liberticide du pouvoir, qui a consisté à faire "surseoir à un sit-in" pourtant destiné à exiger le droit à la différence et à la vie pour les pro-Gbagbo ;
s’étonne et s’indigne de ce que l’Etat-RDR n’ait pas saisi l’occasion – à lui offerte par la JFPI – de se frotter à la dure mais nécessaire réalité du jeu démocratique ;
demande instamment au pouvoir Ouattara – qui semble souffrir d’une certaine hypolégitimité – d’accepter de rentrer en lui-même pour rechercher la cause de son mal en scrutant les origines du RDR, sa conception du pouvoir d’Etat, sa structuration et son fonctionnement, au lieu de s’en prendre à l’Opposition dont le rôle est de mettre en évidence les dérapages des nouvelles autorités. Il ne sert à rien d’envoyer partout des émissaires déguisés, qui posent invariablement la question de savoir « si le FPI reconnaît le président Alassane Ouattara comme président élu ». En effet, cette question – qui fonctionne dans nos oreilles comme une bouée de sauvetage psychologique – a été posée plus d’une fois au CNRD et au FPI. Bien plus, le 3 octobre 2012, alors qu’il se trouvait au Ghana face à nos exilés politiques, M. Bert Koenders, représentant Spécial du Secrétaire Général de l’Onu en Côte d’Ivoire, a posé la même question au Dr Assoa Adou et à ses camarades d’infortune, comme si l’ONU devenait maintenant un agent d’enquête de satisfaction politique au service du pouvoir Ouattara ;
demande à l’Onu et à l’ensemble des organisations du système des Nations-Unies, de cesser de se faire instrumentaliser sur la scène publique, comme l’a fait l’ONUCI à Accra pour le compte du pouvoir Ouattara ;
demande à ses militants et sympathisants et à l’ensemble des Patriotes d’Afrique et des Diasporas en Europe et en Amérique, de demeurer vigilants et de ne pas perdre foi en l’avenir : l’arbitraire est certitude de fébrilité et de manque d’assurance.
On ira jusqu’au bout.         
Fait à Abidjan, le 8 octobre 2012
Le Secrétaire Général & porte-parole par intérim
Dr KODJO Richard .

XV-LA FACE ÉCONOMIQUE DE LA GUERRE

La guerre faite à la Côte D’Ivoire est multidimensionnelle. Elle reste sous-tendue par de gros intérêts économiques.L’un des aspects fondamentaux que cache cette guerre est en effet sa face économique.

Le Ministre Ahoua Don Mello, dans une brillante communication, a minutieusement analysé cette situation et décortiqué les travers criminogènes du régime Ouattara.

Voici en intégralité cette importante publication intitulée “Côte D’Ivoire, Ppte, Bceao: La face économique de la guerre” :

<< Le 11 avril 2011, Laurent GBAGBO, dont les performances économiques ont permis d’avoir le point de décision du processus PPTE est arrêté avec Mr DACOURY TABLEY, l’ancien Patron de la BCEAO, emprisonnés entre autre pour crimes économiques. Tous les membres du gouvernement dirigé par l’un des plus grands économistes d’Afrique, le professeur Gilbert Marie AKE NGBO, Président élu de l’université d’Abidjan, sont poursuivis et d’autres arrêtés pour crimes économiques. La dernière arrestation à ACCRA par Interpol pour crime économique est celle du Ministre délégué au BUDGET, Justin KONE KATINAN, maitre d’œuvre de la réquisition de la BCEAO et de la remise en route des banques fermées par SARKOZY pendant la période de crise.
De quels crimes économiques s’agit-il ?
Washington,le 26 juin 2012, le Fonds Monétaire International (FMI) et l’Association Internationale de Développement (IDA) de la Banque Mondiale ont activé l’ardoise magique de l’initiative PPTE en vue d’un super cadeau par un allègement de la dette.
L’application intégrale de l’allègement de la dette permettra de passer d’environ 6000 milliards de FCFA de dette à un stock résiduel de 2 500 milliards de FCFA environ.
Toutefois, il est à remarquer que ce stock résiduel de 2 500 milliards de FCFA aurait été de 1 100 milliards de FCFA si l’accord avait été obtenu en 2010 sous la Présidence GBAGBO. En l’absence de données sur la situation actuelle des finances publiques, l’hypothèse la plus probable est qu’en moins d’un an, près de 1 400 milliards de FCFA de dettes nouvelles se sont ajoutés au stock résiduel.
L’emprunt obligataire, lancé trois mois après le point d’achèvement, démontre le peu d’influence du PPTE sur l’état de santé financière du pays et prouve que la pluie de milliards n’a été qu’une tornade ayant emporté tout sur son passage. La Côte d’Ivoire doit donc continuer de tendre la main pour survivre. Le récent voyage au pays de la Mecque avec tam-tam et bol en main, faisant suite aux nombreux autres voyages, démontre le retour de la politique de la main tendue. À ce rythme, la dette de la Côte d’Ivoire atteindra très rapidement le même niveau qu’avant l’allègement sans effet sur la réduction de la pauvreté.
En considérant cette ardoise magique comme ayant permis un « super cadeau », comme de coutume, commençons d’abord par dire merci à ceux qui ont œuvré pour l’avoir : les bailleurs de fonds, BEDIE l’initiateur, GBAGBO le maître d’œuvre, OUATTARA le finaliste; mais comme nous évoluons dans une économie de marché et non dans une économie de pitié, nous savons tous que les  cadeaux n’existent pas ! Combien ce « cadeau » a-t-il véritablement coûté aux ivoiriens? Et quel est le véritable crime économique commis par le régime du Président GBAGBO jugé pourtant indigent par la Cour Pénale Internationale?
Pour répondre à ces questions, nous allons examiner l’origine des sommes prêtées à la Côte d’Ivoire, les principaux bénéficiaires des investissements effectués avec cet argent, les conséquences et aussi les perspectives.

DE L’ORIGINE DE LA DETTE

Le 19 septembre 1946, le député HOUPHOUET BOIGNY, affirmait, lors des premières discussions sur la constitution de la communauté Franco-africaine au palais BOURBON en France :
« La France n’a aucun intérêt à nous laisser dans les bras de la misère et de la pauvreté »
Le 28 septembre 1958, Félix HOUPHOUET BOIGNY, ministre d’Etat de la République Française, vote la constitution de la Communauté Franco-africaine instituant une fédération entre la France et ses colonies.
En 1959, les pays d’Afrique de l’Ouest s’associent au sein de la BCEAO (Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest). Les quatre (4) principes de la coopération monétaire entre la France et les États membres de la zone Franc ont épousé l’esprit de la fédération, à savoir la mise en commun des ressources financières depuis cette date jusqu’à ce jour:
la garantie du Trésor français à la convertibilité en euros des monnaies émises par les trois instituts d´émission de la zone ;
la fixité des parités entre l’euro et le franc CFA;
la liberté des transferts au sein de chaque sous-ensemble ;
la centralisation des réserves de change.
Les indépendances de 1960 ont conservé l’esprit et la lettre de la communauté Franco-africaine avec la ferme conviction que « La France n’a aucun intérêt à nous laisser dans les bras de la misère et de la pauvreté ». Toutefois, la foie du Père de la nation avait un prix. Car, en contrepartie de ces principes et de cette profession de foi, les banques centrales de la zone Franc sont tenues de déposer une partie de leurs réserves de change (65%, révisée à 50% en 1999) auprès du Trésor français sur un compte d’opérations.
Le fonctionnement du compte d’opérations a été formalisé par des conventions successives entre les autorités françaises et les représentants des banques centrales de la Zone franc. Le compte reçoit des dépôts à vue ou à terme en provenance des pays de la zone. La France place ces ressources qui rapportent des intérêts par des opérations de crédit (en partie à l’Afrique). Une partie des intérêts sert à rémunérer le compte d’opérations et l’autre partie est à la discrétion du pouvoir français que l’on retrouvera sous forme d’aides diverses (Ministère de la coopération, assistance militaire au pouvoir ou aux rebelles, Banque Mondiale, FMI, AFD, UE-ACP, UA, BAD, CEDEAO etc.). Par rapport au compte d’opérations ; le trésor français, fonctionne donc comme une banque d’investissement et de commerce pour l’Afrique. Il aurait été plus simple de créer une telle banque dans la zone UEMOA pour disposer de ces énormes ressources en toute indépendance. Mais la France a su sans aucun doute user des arguments tels que les bases militaires pour protéger les États, l’aide, le déficit de cadre au moment des indépendances. Une telle banque aurait eu l’avantage d’être présente partout où le besoin de commercer se ferait sentir notamment dans les pays émergeants.
La confiscation systématique de 50% des avoirs extérieurs de la Côte d’Ivoire par le Trésor français et le libre transfert des avoirs des opérateurs économiques de la Côte d’Ivoire vers la France favorisé par le code d’investissement qui exonère d’impôts les bénéfices des multinationales, réduisent de manière drastique l’épargne publique et privée. Cette confiscation institutionnelle et systématique de l’épargne oblige la Côte d’Ivoire à emprunter ses propres ressources ainsi confisquées.
A titre d’exemple, le rapport annuel de la Banque de France sur les comptes de la BCEAO indique pour l’année 2010 (en milliards de FCFA) :
-Compte d’opérations:3.048.978 FCFA
-Créances sur les banques:335.184FCFA 
-Créances sur les trésors:887.886 FCFA
Ces chiffres démontrent avec éloquence, que depuis toujours, l’apport fait par la zone Franc au trésor français par l’intermédiaire du compte d’opérations est trois fois plus important que le concours fait aux banques et aux trésors de la zone UEMOA. Il faut ajouter à cela la balance au titre des revenus transférés qui est de 735,6 milliards de FCFA favorisée par les codes d’investissements. Pour la France et les françafricains, remettre en cause cette manne tombée du ciel des anciennes colonies, c’est être un criminel.
Par contre, le financement extérieur net de l’économie de la zone UEMOA pour la même année s’élève à 868.6 milliards de FCFA selon la même source. Le montant total des dons est de 870.5 milliards de FCFA soit au total (financement + aide) 1738 milliards de FCFA. Cela constitue à peine 50% des sommes séquestrées au titre des accords de l’UEMOA.
Il apparaît clairement que, par la BCEAO et le code d’investissement, le FCFA est exporté en France et nous revient en euro ou en dollar sous forme de dettes et d’aide.
A l’heure de cette mondialisation où tous les pays cherchent à améliorer leurs leviers économiques pour éviter à leurs peuples de subir la crise, continuer à entretenir un pacte qui coûte si cher n’a plus de sens. En tout état de cause, les peuples souverains de la zone UEMOA n’ont jamais donné leur avis sur ces accords qui engagent leur destin après les indépendances, à l’instar des Européens qui se sont prononcés par référendum sur l’adhésion à l’Euro. Ses montagnes de fonds séquestrés par la France depuis les indépendances sont donc frappées d’illégitimité. Cela s’apparente à un bien mal acquis par la France sur ses anciennes colonies dans le cadre d’une fédération qui a disparu depuis 1960 et dont les fondements sont devenus obsolètes.
La dette contractée par la Côte d’Ivoire auprès de la France, est donc une partie de l’argent pris dans les caisses de la Côte d’Ivoire dans l’obscurité des accords signés dans le cadre de la fédération Franco-africaine pour lui faire crédit sous le « soleil des indépendances ». Il en est de même des aides directes et indirectes aux travers des institutions communautaires (Banque mondiale, FMI, UE-ACP, UA, BAD, CEDEAO, etc.). Chaque année, la Côte d’Ivoire indépendante consacre, pour le remboursement de cette « dette » prise dans ses poches, près de la moitié de ses recettes budgétaires faisant progressivement obstacle à toute possibilité d’investissements publics. L’augmentation des charges de l’État due au service de la dette, combinée à la baisse des recettes d’exportation du cacao, ont fini par rendre l’État insolvable. L’impossibilité de l’État à faire face au service de la dette a engendré, depuis 1982 jusqu’en 2002, neuf (9) plans d’ajustement structurel pour trouver une solution au fardeau de la dette. Le caractère drastique des mesures prises a engendré des crises sociales et une crise politique en 1990. La Côte d’Ivoire est donc mise sous tutelle directe des bailleurs de fonds qui dépêchent en 1990 M. Alassane Dramane OUATTARA auprès du Président HOUPHOUET dont l’état de santé ne lui permettait pas le suivi de la gestion quotidienne du pays.
La tornade des mesures prises par les bailleurs de fonds sous la houlette de M. OUATTARA Dramane a eu des conséquences dramatiques dans tous les secteurs économiques et a abouti à l’expropriation économique de l’Etat.
Examinons dans un premier temps le contenu de la solution OUATTARA et ensuite, à travers l’examen de certains secteurs clés de l’économie nous allons mettre en évidence les faiblesses et les conséquences de cette solution.
LA SOLUTION OUATTARA:Le véritable crime économique
Modifier la structure de l’économie ivoirienne était l’objectif affiché des plans d’ajustement structurel. Les années 90 ont accéléré la modification de la structure de l’économie pour faire du secteur privé, entendez des investissements étrangers, le moteur de la croissance là où la Chine et plus généralement des pays d’Asie et d’Amérique du Sud, faisaient le choix de la stratégie combinée « un pays deux systèmes ».
Le programme de privatisation a été la solution OUATTARA.
Le diagnostic effectué à l’époque par M. Alassane OUATTARA pour proposer ce remède miracle qui a été exposé le 28 novembre 1990 au journaliste du quotidien gouvernemental fraternité-matin suite à un conseil des ministres est le suivant :
« Actuellement, le secteur parapublic compte 140 entreprises et établissements dans lesquels l’État a investi plus de 1.300 milliards de FCFA dans les années 80. Ce chiffre représente aujourd’hui près de 50% du Produit Intérieur Brut, c’est-à-dire la moitié de la production nationale.
Les résultats d’exploitation de certaines de ces entreprises n’ont pas été à la mesure de l’effort d’investissement exceptionnel qui a été consenti par le Gouvernement pour constituer cet important patrimoine.
Les entreprises dans lesquelles l’État détient au moins 51% du capital, ont dégagé des pertes nettes cumulées de 10 milliards de FCFA au cours de la même période.
Par contre, les entreprises du secteur parapublic dans lesquelles l’État est minoritaire, ont globalement dégagé un bénéfice net cumulé de 144 milliards entre 1982 et 1988, soit plus de 20 milliards en moyenne par an. »
L’erreur de diagnostic réside dans la non-prise en compte de la réalité des rapports non mercantiles entre les sociétés d’État et l’État central à cette époque. En se contentant des données purement comptables sans rentrer dans les mécanismes de gouvernance des entreprises, l’erreur devenait alors inévitable pour un fonctionnaire international non au fait des réalités nationales. Prenons cet exemple simple, pour illustrer l’erreur, tiré de mon expérience de Directeur Général du BNETD (Société d’État au capital de 2 milliards de FCFA) et de membre du comité de privatisation de 2000 à 2010. Le BNETD, en charge de l’étude et du contrôle des grands travaux de l’État, réalisait pour le compte de l’État des études et contrôles pour 7 milliards de FCFA environ et l’État décidait, en fonction de ses ressources financières, de ne payer que 2 milliards de FCFA sous forme de subvention, ce qui avait un impact sur les résultats financiers de l’entreprise qui affichait un déficit cumulé de plus de 9 milliards de FCFA en 2000 et un découvert bancaire de 9 milliards de FCFA cette même année. Au lieu de liquider le BNETD ou de réduire de moitié l’effectif comme le recommandait les bailleurs de fonds, l’État sous le régime du Président GBAGBO, ayant pris la décision d’éviter la privatisation des secteurs stratégiques, a opté pour une restructuration en contractualisant les prestations du BNETD avec l’État et en accroissant son autonomie sur le marché privé et à l’international. En 10 ans, le BNETD est passé d’un déficit cumulé de plus de 9 milliards de FCFA et d’un chiffre d’affaires de 5 milliards, à un chiffre d’affaires de 39 milliards de FCFA, un report à nouveau positif et a augmenté son effectif tout en doublant les salaires pour freiner l’exode de l’expertise. La situation du BNETD est pratiquement la même que toutes les sociétés d’État.
Cette décision courageuse de restructurer les entités de l’État que de les privatiser a permis de sauver plusieurs entreprises d’État (44 environ). Celles qui attendent d’être restructurées (34), ne le seront certainement jamais compte tenu de la nouvelle orientation de la politique économique actuelle qui a opté pour le bradage ou la liquidation des entreprises publiques. Le constat de la réussite de cette restructuration a été fait incidemment par l’actuel gouvernement de M. Alassane OUATTARA à travers le communiqué du conseil des ministres du 29 juin 2011 relatif à ce sujet. En effet, un rapport établi par les soins du ministère de l’Économie et des Finances, sur la base des états financiers de fin décembre 2009, révèle que l’État de Côte d’Ivoire détient dans son portefeuille 82 sociétés, dont 30 sociétés d’État et 52 entreprises à participation financière publique. Selon ce rapport, «44 sociétés ont réalisé des résultats nets bénéficiaires d’un montant global de 153,57 milliards de FCFA, 4 sociétés présentent un résultat nul, 14 sociétés ont réalisé un résultat net déficitaire de 113,21 milliards de FCFA, et 20 sociétés n’ont pas produit d’états financiers pour diverses raisons (redressement judiciaire, administration provisoire, arrêt des activités, restructuration, problèmes de gouvernance, etc.)».
Au lieu de continuer dans la logique de la restructuration, hélas, Monsieur Alassane OUATTARA fidèle à sa mission de fonctionnaire international malgré ses habits de Chef de l’Etat fait remarquer, lors de ce même conseil des ministres, « le nombre élevé de sociétés à participation financière publique » et demande que le nombre de sociétés d’État ou à participation financière publique, soit baissé de 25% au cours des 12 prochains mois»
L’erreur sincère ou intentionnelle (c’est selon) de M. OUATTARA n’a pas permis de guérir le mal contrairement à la Chine ou aux pays d’Asie et à certains pays d’Amérique du Sud mais, a permis non seulement de dépouiller le pays de son économie ainsi que de sa souveraineté mais aussi elle a contribué à son immersion dans un océan de pauvreté et de dette.
La politique de privatisation avait donc un objectif idéologique, économique et politique. Poussée par le vent libéral des années 1980, la françafrique a caché son visage sous le masque de la bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté pour faire main basse sur les économies naissantes par un contrôle direct des entreprises et des États et un dépouillement économique, politique et militaire des pays ciblés. Le secteur privé érigé en panacée et moteur de la croissance s’est révélé le moteur des inégalités, de la dette et du chômage qui minent les États. Les solutions classiques de pillages économiques telles que pratiquées à l’époque de l’esclavage et de la colonisation et qui reviennent avec de nouveaux prétextes avec les guerres de conquête économique (Afghanistan, Irak, Libye, Côte d’Ivoire, Syrie bientôt, etc.) ne donnent aucun résultat face à la concurrence des pays émergeants. Elles enrichissent les multinationales et appauvrissent les États et les peuples occidentaux qui votent périodiquement le changement pour se donner l’espoir d’un lendemain meilleur.
C’est cette politique, dont on connaît tous les méfaits et limites, que M. Ouattara nous sert encore aujourd’hui. Comme hier, il va s’employer à son crime préféré : le bradage du patrimoine de la Côte d’Ivoire. Comme hier on sait qui vend mais sait-on vraiment qui achète ou rachète ?
LES CONSEQUENCES DANS LE SECTEUR ELECTRIQUE
Le secteur électrique était géré de 1952 à 1990 par une société d’État, l’EECI (Énergie, Électrique de Côte d’Ivoire). La Côte d’Ivoire s’est dotée, sous l’impulsion de l’EECI, d’un parc impressionnant de 6 barrages hydroélectriques fournissant en 90, une puissance installée de 600 mégawatts avec un réseau interconnecté.
En 1990, le secteur est en crise avec une dette qui s’élève à 120 milliards de FCFA et des arriérés de consommation de 37 milliards de FCFA soit trois ans de consommations d’électricité par l’État de Côte d’Ivoire, qui, soit dit en passant, consommait presque gratuitement l’électricité.
En 1990, l’État de Côte d’Ivoire confie par concession sur 15 ans la gestion de l’électricité à une société privée française : la CIE. Le contrat de concession oblige la CIE à verser des redevances à l’État de Côte d’Ivoire et à prendre en charge les entretiens courants, tandis que la dette revenait à l’État ainsi que les investissements lourds. La CIE met fin à la gratuité avec l’État de Côte d’Ivoire et équilibre les finances. L’opérateur français, actionnaire principal et bénéficiaire de la CIE investit dans la production de gaz et des centrales thermiques selon des contrats de type BOT. Aujourd’hui, la CIE fait un chiffre d’affaires de 300 milliards de FCFA avec les 2/3 affectés au payement du gaz dont la production est contrôlée à plus de 50% par l’operateur privé français selon un contrat de type « take or pay » indexant le prix du gaz tiré du sol ivoirien sur le cours mondial du pétrole. Par conséquent, le prix du gaz payé à l’opérateur augmente de pair avec la hausse du prix du pétrole sur le marché international. Tout se passe comme si le gaz tiré gratuitement du sol ivoirien était payé sur le marché international et revendu à la Côte d’Ivoire. Ainsi le gaz qui constituait 12% du coût de l’électricité en 1996 coûte aujourd’hui presque 70% soit les 2/3 du revenu du secteur, ce qui assure une montagne de bénéfices aux opérateurs gaziers au détriment de l’ensemble du secteur. Le paiement de la redevance et des taxes est devenu impossible et le secteur est encore déficitaire à la fin des 15 ans de contrat de concession. En 2005, le secteur enregistrait un endettement de 112 milliards de FCFA soit exactement 112 540 254 795 FCFA non loin de la situation de 1990. Le mode de paiement du secteur privilégie d’abord les opérateurs gaziers, les producteurs indépendants, ensuite la CIE et en dernier ressort l’État. La crise touche donc directement la CIE et l’État tout en protégeant les gaziers et les producteurs indépendants. En 2005, alors que le pays est sous occupation de l’armée française et de l’ONUCI et que les cabinets ministériels sont repartis entre les loyalistes et les rebelles à Linas Marcoussis et Kléber, le contrat est par la force des choses renouvelé pour 15 ans et l’opérateur français allège sa présence à la CIE pour se mettre à l’abri du déficit du secteur en se concentrant sur le secteur gazier et la production indépendante d’électricité.
« Le Fonds Monétaire International a appelé le vendredi 11 mai 2012, à des réformes dans le secteur de l’énergie en Côte d’Ivoire, à l’occasion du versement des 100 millions de dollars d’un prêt au pays, soit environ 50 milliards de FCFA. Le FMI a appelé à assurer l’avenir de la Compagnie Ivoirienne d`Electricité (CIE) par "de nouvelles mesures, y compris des hausses des tarifs" ». Rapporte le quotidien Notre Voie dans sa livraison du 14 Mai 2012.
Sans faire le constat amer de l’échec de la reforme, la population est sollicitée pour plus de sacrifices en vue de continuer à enrichir les gaziers.
La solution à court terme ne consiste pas à augmenter le prix de l’électricité, ce qui constitue un vrai crime, mais à réduire la part gaz dans le secteur de l’électricité comme le voulait le dernier gouvernement AKE NGBO (emprisonné pour crime économique) en déconnectant le prix du gaz du prix international du pétrole et en optant pour un contrat de type « cost plus » qui prend en compte uniquement le coût de production du gaz et une marge bénéficiaire acceptable. A long terme, pour faire face à la dette du secteur, au vieillissement du réseau et des transformateurs électriques, il sera nécessaire de déclarer le secteur électricité comme secteur stratégique et opérer les reformes correspondantes. L’accroissement de la production de gaz et de l’électricité ne servira à rien si le réseau de transport et de distribution s’effondre.

LES CONSÉQUENCES DANS LE SECTEUR AGRO INDUSTRIEL ET CHIMIQUE

Les sociétés expropriées à la Côte d’Ivoire, du fait de Monsieur OUATTARA, sont légion. Plusieurs entreprises du secteur agro industriel sont passées à la casserole de la privatisation(nouveau nom du crime économique) malgré les performances de ces entreprises partiellement ou totalement gérées par l’État qui, pour certaines étaient dans des difficultés conjoncturelles réversibles. Ce sont, entre autres : COSMIVOIRE,NOVALIM/NESTLE,CAPRAL/NESTLE, FILTISAC, SAPH, SICOR, SODESUCRE, SOGB, PFCI (conserve de thon), SACO, SODERIZ, CHOCODI, COCOTERAIE (Fresco, Grand-Lahou, Jacqueville, Assinie), TRITURAF, CIDT, RANCH (Marahoué, Sipilou, Badikaha) etc.
Le calcul des valeurs nettes des entreprises à privatiser prenait en compte la dette, ce qui permettait de sous évaluer ces entreprises. À la vente de ces entreprises, la dette revenait à l’État et les actifs au Privé (socialiser la dette et privatiser le profit) généralement à une multinationale avec divers prétextes. Souvent le paiement de la valeur nette est directement puisé dans la trésorerie de l’entreprise et l’opération est ainsi bouclée. Le chiffre d’affaires moyen de ces entreprises depuis 1990 oscille autour de 20 milliards de FCFA pour la plupart. Pour la trentaine d’entreprises du secteur agro industriel, c’est donc pas moins de 10 000 milliards de chiffres d’affaires cumulés pendant plus de 20 ans ! Comparés au « cadeau du PPTE » c’est la mer qui se débarrasse de quelques gouttes d’eau par évaporation, formant des nuages et revenant sous forme de… pluie de milliards.
Il apparait clairement que la Côte d’Ivoire gagne moins en espérant une pluie de milliards qu’en réalisant son indépendance économique.

LES CONSÉQUENCES DANS LE SECTEUR CACAO

Le secteur cacao a été un grand bénéficiaire de la dette et est resté le dernier refuge du peuple ivoirien dans son segment primaire. Poumon de l’économie ivoirienne, il a permis de diversifier l’économie ivoirienne, de moderniser le pays et d’opérer une redistribution plus ou moins juste de la richesse nationale à travers la Caistab, société d’Etat en charge du secteur jusqu’en 1999.
Imaginer un seul instant qu’à l’époque, les revenus captés par la Caistab, au lieu de servir au financement de la Côte d’Ivoire moderne, allaient à un opérateur privé externe ! La Côte d’Ivoire ne se serait pas modernisée et serait à l’image d’un grand campement, propriété de cet opérateur immensément riche dans son pays.
La guerre du cacao et l’aveuglement idéologico-politique qui a présidé à la liquidation de la caistab nous conduisent tout droit vers ce que la Côte d’Ivoire a su éviter pendant 30 ans. La guerre du cacao avait pour objectif de faire main basse sur la manne qui arrosait la Côte d’Ivoire.
Cette guerre du cacao commencée en 1932 par le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY et remportée par lui en 1960 a permis au peuple de Côte d’Ivoire de se doter des moyens de son développement. Cela a aussi permis, à travers les bourses, à des élèves et étudiants de milieu modeste de poursuivre par le mérite leurs études et enfin à la Côte d’Ivoire de former des cadres sans distinction d’ethnie ni de milieu social. La crise qui a frappé la Côte d’Ivoire en 1990 a été l’occasion rêvée pour les multinationales de reprendre l’offensive. À la faveur de la libéralisation du secteur en 1990, les grands négociants mondiaux du cacao sont autorisés à s’impliquer dans la commercialisation interne du cacao. En 1999, la Caistab est dissoute, les négociants remplacent la Caistab et s’emparent de la commercialisation interne et externe du cacao. Sur une production annuelle de 1 200 000 tonnes et sur un cours mondial variant entre 1000 et 2000 FCFA, la commercialisation du cacao produit 1000 à 2000 milliards de FCFA par an dont plus de la moitié est empochée par les négociants (ce qui revenait à la Caistab et permettait la modernisation du pays) et le reste distribué entre les paysans, les pisteurs et petits commerçants et l’État de Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est ainsi dépouillée au profit des négociants. Leur dernier combat reste la main mise sur l’autre moitié de la manne financière en liquidant l’État (ce qui est fait) et en chassant les paysans de leur terre par un génocide programmé (en cours d’exécution) et en votant un nouveau code foncier rural pour faire main basse sur les plantations de cacao comme cela s’est déjà produit dans le secteur palmier, hévéa, banane et ananas. Le contrôle vertical total de la filière par les négociants reste l’objectif principal de la guerre du cacao.
En 20 ans de libéralisation, ce n’est pas moins de 20 000 milliards de FCFA qui se sont envolés des plantations au profit des négociants. Comparé au « cadeau du PPTE » c’est la mer qui se débarrasse de quelques gouttes d’eau par évaporation, formant des nuages et revenant sous forme de… pluie de milliards.
Il apparait clairement que la Côte d’Ivoire gagne moins en espérant une pluie de milliards qu’en réalisant son indépendance économique. L’ambition du Gouvernement AKE NGBO, était justement d’assurer le contrôle interne et externe de la commercialisation du cacao. Il est en prison pour crime économique.

LES CONSÉQUENCES DANS LE SECTEUR FINANCIER

Grand bénéficiaire des dettes, le secteur financier a obtenu un volume important de financement pour les crédits à tous les secteurs de production dont l’agriculture et les infrastructures. M. Ouattara a annoncé la privatisation et /ou la liquidation des banques publiques dès son installation par les bombes françaises. Cette mesure était exigée de la Côte d’Ivoire depuis le programme d’ajustement du secteur financier (PASFI), lancé au début des années 1990 par le même Ouattara. Ce programme se traduira par une réduction de la présence des opérateurs nationaux dans le secteur, laissant la place largement aux banques françaises. La mesure a été reprise par les programmes de réforme des bailleurs de fonds qui se sont succédés. Le Président Gbagbo a toujours refusé de s’y soumettre. C’est cette obsession de la liquidation des banques nationales qui habite encore M. Ouattara, surtout après l’admirable résistance dont elles ont fait preuve en devenant le fer de lance d’une alternative au système françafricain face à la fermeture des banques pendant la crise postélectorale.La privatisation ou la liquidation des banques publiques en côte d’Ivoire est plus qu’une erreur, c’est une faute grave. Le bradage des fruits des efforts déployés depuis plus de 10 ans pour sauver des banques publiques (BNI et BHCI) et privées qui étaient en difficulté (Versus Bank et BFA). Les banques françafricaines qui dominent le marché financier ont une double vocation : collecter et rapatrier des fonds en France et encourager la consommation des produits importés. Le crédit à la consommation domine le portefeuille de ces banques. Pour ces banques françafricaines, l’agriculture est considérée comme un secteur à risque tout comme les PME/PMI. Seul l’Etat peut prendre ce risque en innovant. C’est la raison fondamentale du choix de restructuration des banques par le pouvoir GBAGBO et le sauvetage des banques fermées pendant la période de crise par le Gouvernement AKE NGBO (emprisonné pour crime économique) pour asseoir une véritable indépendance financière en vue de relancer la machine économique à travers le financement de l’agriculture et des PME/PMI.Il est étonnant que l’on puisse assister à un tel aveuglement idéologique aujourd’hui encore après que les Etats soient intervenus massivement et directement dans les banques aux USA et en Europe en 2008 dans le cadre de plans de sauvetage élaborés pour faire face à la crise financière sans précédent qui a éclaté du fait des comportements à risques et des excès des banques privées. Aujourd’hui même, il est proposé de créer en France une banque publique d’investissements pour soutenir les PME/PMI nécessaires à une dynamique de croissance. On ne peut pas comprendre la solution Ouattara, qu’en la replaçant dans le cadre de la récompense à ses parrains qui est sa mission première.

CONCLUSION
La dette apparaît donc, en dernière analyse, comme le fruit de la magie des accords de coopération entre la Côte d’Ivoire et la France dans le cadre de la communauté franco-africaine. La France a prêté un bien mal acquis pris dans les poches de ses obligés. Les fruits des investissements de cette dette dans les secteurs clés de l’économie à savoir: l’énergie, les mines, les télécommunications, le cacao, l’agro industrie, les banques, etc. sont retournés par le jeu de la privatisation vers le prêteur principal et ses alliés. Le coût du cadeau se résume donc en une tornade ayant emporté tout sur son passage en expropriant économiquement et financièrement l’Etat de Côte d’Ivoire avec le retour de la politique de la main tendue. Le désir de souveraineté politique, économique, monétaire et financière incarné par Laurent GBAGBO et devant être mise en œuvre par le gouvernement AKE NGBO était donc jugé criminel pour les françafricains. La guerre contre la Côte d’ivoire avait pour but de mettre fin à ce désir et à dépouiller la Côte d’Ivoire de son moyen de résistance : sa souveraineté politique. L’expropriation de l’armée régulière au profit de « tirailleurs françafricains » par la France et l’ONUCI, la destruction des archives de l’Etat et de l’université pour faire oublier les années d’indépendance et réécrire une autre histoire et éditer d’autres documents, le mépris des prescriptions constitutionnelles,ont pour objectif la restauration de la françafrique et la fin de cette souveraineté. Il ne faut donc pas chercher loin, le vrai « crime »  économique dont on accuse le Président GBAGBO et son gouvernement est donc le désir de mettre fin à 50 ans de biens mal acquis.Il ne reste au peuple que la vie, la parole et la terre comme moyens de résistance mais aussi, les cibles actuelles de la barbarie des démocrates et républicains de l’âge de la pierre taillée qui dialoguent avec des amulettes, des gourdins et des armes pour faire taire les journaux et les libertés publiques, ôter la vie et exproprier des terres.Tant que le système françafricain restera en l’état, la reconstitution de la dette sera pour bientôt, car dans les conditions actuelles, l’épargne est impossible à constituer et la mendicité financière est l’unique solution. Or une croissance dont les facteurs sont essentiellement étrangers n’engendre des revenus que pour l’extérieur. Dans ce cas, la lutte contre la pauvreté se transformera en guerre contre les pauvres pour leur arracher la vie, la parole et la terre, seuls biens restants.A la lumière de l’expérience ivoirienne, il apparaît clairement que l’aide coûte toujours plus cher que sa valeur monétaire. La quête de l’indépendance économique, financière et monétaire est criminalisée. Or, l’Afrique n’a pas besoin d’aide mais plutôt de justice économique et, surtout, d’indépendance économique, financière et monétaire.La question que nous sommes en droit de nous poser aujourd’hui, est de savoir s’il n’y a pas d’autres formes de partenariat avec la France qui puisse permettre une sortie de crise mutuelle puisqu’un seul pauvre en Afrique ou ailleurs est une opportunité de croissance en moins donc un emploi en moins en occident. La pauvreté de l’Afrique restreint donc la consommation et a un impact certain sur la croissance de l’occident.
Si le déficit de cadres dans les années 60 a justifié la dépendance économique, financière et monétaire formalisée par les accords qui fondent la françafrique, ces accords sont devenus une chaîne avec l’excès de cadres. L’étape actuelle et future de l’histoire de l’Afrique exige leur annulation pure et simple pour libérer l’énergie créatrice du continent afin de stimuler la croissance mondiale et cela sans difficulté si, comme le pensait HOUPHOUET-BOIGNY « La France n’a aucun intérêt à nous laisser dans les bras de la misère et de la pauvreté ». La minorité franco-africaine, regroupée en partie au sein du CAC 40, bénéficiaire de la Françafrique a donc choisi la guerre pour s’imposer à la majorité et sans résultat effectif pour cette majorité qui souffre encore du chômage et de la dette malgré les multiples guerres de pillage en Afrique et ailleurs.Telle est la face économique hideuse de la guerre contre la Côte d’Ivoire et partant de la guerre de la minorité multinationale contre le reste du monde.Œuvrons ensemble pour construire l’unité par la réconciliation inclusive et bâtir un espace de liberté, de sécurité et de justice consensuelles où la force des idées guide le choix du peuple et non la force des armes pour réaliser l’idéal promis à l’humanité : « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droit » (art. 1 de la déclaration universelle des droits de l’homme).

DONMELLO Ahoua
Docteur Ingénieur, Ponts et Chaussées
DG DU Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD) 2000-2010
Administrateur de la Banque Nationale d’Investissement (BNI) 2000-2010
Administrateur de la CAPEC (Cellule d’Analyse des Politiques Economiques) 2000-2010
Membre du Comité de Privatisation 2000-2010
Ministre de l’Equipement et d’assainissement du Gouvernement AKE NGBO
Membre de la Coordination FPI en exil.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Au miroir de la crise ivoirienne et surtout de la gestion calamiteuse que la france et la Communauté internationale ont fait du processus électoral 2010, l’on peut affirmer sans risque de se tromper, que l’indépendance acquise par la Côte D’Ivoire en 1960 n’était en réalité qu’une indépendance de façade qui ne significiait ni liberté ni souveraineté.

D’ailleurs, au lendemain des indépendances africaines, le Général Charles de Gaulle avait pris le soin de confier à son ami Jacques Foccart, la tâche spéciale de créer un système complexe d’exploitation ayant pour but de permettre à la France de conserver, par tous les moyens, légaux et illégaux, le contrôle total des anciennes colonies dont les matières premières étaient vitales pour l’économie de la métropole.

Ainsi, les résistances qui ont surgi face aux avancées progressives des conquêtes démocratiques en Côte D’Ivoire depuis l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo, montrent bien clairement qu’en France, la peur de l’indépendance véritable des pays africains continue d’être profondément enracinée au sein de la classe politique. La souveraineté de la Côte D’Ivoire est ainsi appréhendée comme un démantèlement de la puissance économique et du rayonnement international de la France.

Il n’en est pourtant rien car le programme de la Refondation n’est pas anti-français et Laurent Gbagbo n’est pas anti-français.

Sans être contre les intérêts français en Côte D’Ivoire, la social-démocratie que veut mettre en marche le programme de la Refondation est avant tout synonyme de reconstruction et de modernisation.N’est-ce pas en étant une nation véritablement libre, indépendante et souveraine que la Côte D’Ivoire pourrait devenir pour la France un partenaire économique stable et mieux préparé à affronter les importantes mutations qui s’opèrent actuellement dans le monde?

Dès son accession au pouvoir, et dans le but de doter la Côte D’Ivoire d’infrastructures adéquates pour sa modernisation et son développement social, économique et industriel, Laurent Gbagbo a ouvert la porte du pays aux investisseurs du monde entier (africains, européens, asiatiques, arabes, américains).Cette ouverure au monde qui était en ruptue avec ce qui a été fait du temps du PDCI,a été injustement interprétée comme une politique anti-française.

Laurent Gbagbo trouve cependant inaceptable qu’en ce nouveau siècle et en ce nouveau millénaire dans lesquels nous sommes, il puisse encore exister depuis l’indépendance du pays en 1960, des situations réellement intolérables: Des millions d’être humains, pratiquement un quart de la population, qui n’a ni accès à l’éducation, l’éducation, la santé, ni toit pour s’abriter.

Des populations entières abandonnées dans les profondeurs de la forêt, sans routes, sans hôpitaux,sans écoles,sans électricité.
Dans les principales villes du pays, des générations entières sacrifiées, sans emploi,désorientées, désespérées,abandonnées aux vices.Pour Laurent  Gbagbo, de telles situations hallucinantes sont encore plus inacceptables quand l’on sait que la Côte D’Ivoire est l’un des pays potentiellement les plus riches d’Afrique. Le pays régorge de nombreuses ressources naturelles (café,cacao,bois,pétrole,gas, or, diamants,etc), représente 40% de la masse monétaire de l’UEMOA, 60% de la valeur des exportations et plus de 35% du produit intérieur brut.
Egalement inacceptable et anachronique pour Laurent Gbagbo et le peuple ivoirien, la véritable politique d’institutionalisation de l’appauvrissement socio-économique menée par la France depuis l’indépendance à travers l’obscur principe du compte des opérations basé sur le fait que la France est responsable de garantir la convertibilité du franc cfa( franc des colonies françaises d’Afrique) monnaie coloniale que continue d’utiliser la Côte D’Ivoire et plusieurs pays africains malgré leur indépendance.

La gestion ainsi planifiée du FCFA perpétue le maintien de l’Afrique sous le joug colonial et ne permet pas une coopération véritablement transparente et fructueuse entre États libres et souverains.Les grandes préoccupations de Laurent Gbagbo ont toujours été de mettre en place une politique solidaire des couches sociales marginalisées et défavorisées, créer des emplois et de la richesse pour générer la prospérité, distribuer cette prospérité pour permettre à l’État de développer l’égalité des opportunités entre les citoyens,promouvoir la Bonne Gouvernance, la démocratie, la liberté et la paix, diversifier la coopération et construire une nation plus homogène, moderne, prospère, juste et participative.

C’est au vu de cela que nous continuons de dire que la diplomatie agressive menée par certains pays de la Communauté internationale, vilipendant notre Président et soutenant le délire et l’égarement de l’opposant Alassane Dramane Ouattara est une diplomatie erronée. Il est vrai que les État n’ont pas d’amis mais des intérêts.Il reste cependant indécent de présenter comme un Saint un leader terroriste qui, pour arriver au pouvoir, a utilisé toutes les formes de fraudes et d’irrégularités électorales, la démagogie et l’imposture, la violence et le crime.Une élection a ses normes et nous savons que les abus électoraux affaiblissent toujours sévèrement la confiance publique dans tout système politique et judiciaire.
Tous ceux qui connaissent Laurent Gbagbo savent qu’il n’est ni le dictateur que les gens présentent, ni l’usurpateur de pouvoir que certains pensent.

Laurent Gbagbo a clairement gagné les élections conformément à la volonté du peuple ivoirien et à la Constitution de notre pays. Après 50 ans d’indépendance, notre Constitution ne peut être considérée comme un chiffon. Un  pays où ne s’appliquent pas les lois est un pays livré à l’anarchie. Nous savons tous que les sociétés régies par la culture de l’anarchie sont des sociétés malades qui ont toujours recours à la violence pour résoudre les problèmes.

La carence ou la faiblesse des institutions qui garantissent la  démocratie et l’État de droit conduit toujours à la violation des Droits de l’Homme,à l’injustice sociale, à l’autoritarisme et à la dictature, la pauvreté et la misère.Tout ceci provoque toujours tensions sociales,conflits,guerres,flux migratoires.Alassane Dramane Ouatttara et les divers membres de l’opposition politique et armée qui le soutiennent sont en réalité dans leur ensemble des militants de l’ex-parti unique, le PDCI qui, de 1960 (date de l’indépendance) jusqu’en 1990 (date de la proclamation du multipartisme) a gouverné en solitaire, confisquant tous les pouvoirs et violant constamment les droits humains.Laurent  Gbagbo  a toujours été un grand démocrate, un humaniste et un homme de paix. Il a lutté pendant plus de 30 ans dans l’opposition, a été arrêté et emprisonné plusieurs fois, torturé et humilié avant d’obtenir le multipartisme en Côte D’Ivoire sans jamais prendre les armes, ayant de manière ferme et depuis le début de sa lutte opté pour la conquête pacifique du pouvoir par les urnes, considérant le suffrage universel et le libre exercice des droits civiques comme la voie adéquate et imprescindible pour tout pays qui veut pleinement entrer dans l’ère de la démocratie et de la modernité.

Aujourd’hui donc,la situation créée par Alassane Dramane Ouattara qui a réfusé de reconnaître sa défaite électorale, est très complexe. La solution qui convient à cette crise interminable doit être avant tout politique. Elle doit impliquer la France, l’Onu et l’UA pour être véritablement globale et efficace.Comme le soulignait si bien le Ministre Ahoua Don Mello, le Président François Holland, lors de son récent séjour en Afrique,a déclaré que << la Françafrique est révolue,mais les françafricains sont au pouvoir en Afrique avec l’aide de l’armée française et les ristournes sur les reserves africaines au trésor français sous forme d’aide pour:
1-Protéger le CFA et les secteurs stratégiques des économies africaines entre les mains de la France;
2-Contrôler les matières prémières dévalorisées par des guerres de pillage (armes contre matières premières);
3-Protéger les marchés de gré à gré au profit de la France;
4-Continuer de présenter les résolutions sur l’Afrique à l’ONU >>. 

Comme on le voit,malgré les bonnes déclarations d’intention, il sera difficile, voire impossible pour les bénéficiaires de la Françafrique de mettre fin à ce système. C’est en réalité aux Africains eux-mêmes d’y mettre fin.Aux Africains dignes.

Et c’est autour de cette nécessaire refondation des relations franco-africaines que doivent s’articuler particulièrement les concertations entre les Africains et avec la France.

Fait à Paris le vendredi 12 octobre 2012

Document préparé et présenté par
les Représentants du FPI en Europe:

1)La Représentante du FPI en France
Brigitte Kuyo
2)Le Représentant du FPI en Allemagne
Diaby Kalilou
3)Le Représentant du FPI au Royaume-Uni
Abdon Georges Bayeto
4)Le Représentant du FPI en Suisse
Vincent Yayaud
5)Le Représentant du FPI en Espagne
Guy Patrick Vermont Doba
6)Le Représentant du FPI en Belgique
Bernard Gueu Touna
7)Le Représentant du FPI en Italie
Aimé Danon
8)Le Représentant du FPI en Suède
Jean-Claude Okou.

Sun, 14 Oct 2012 23:41:00 +0200

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