Jean Ziegler JEAN (sociologue et homme politique suisse): “Gbagbo sortira, il n’y a rien contre lui”

Jean Ziegler était samedi à Grenoble, en France pour la dédicace de son dernier livre, un essai intitulé Destruction massive : géopolitique de la faim. A l’occasion, il a indiqué, répondant à une question sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, «qu’aujourd’hui Laurent Gbagbo est à La Haye, on ne trouve pas à formuler un chef d’accusation contre lui, mais il est maintenu prisonnier. Et je maintiens qu’il sortira et que, s’il se représente à une élection dans son pays, il gagnera haut la main».
Le sociologue et homme politique suisse, témoignant de l’honnêteté et l’intégrité de l’ancien chef d’Etat ivoirien, a également affirmé qu’il connaît Laurent Gbagbo «car il était en exil à Paris et venait à Genève. C’est un professeur, universitaire et militant de l’Internationale socialiste (…) Au temps d’Houphouet, j’ai vu arriver les Mercedes, les propositions financières et d’entrée au gouvernement qu’on lui faisait pour rentrer au pays et acheter sa conscience. Il a toujours refusé et gardé son intégrité».
Pour Ziegler, Gbagbo «a été élu régulièrement en 2000 de façon démocratique. Sa première décision politique a été de lancer la couverture maladie universelle, c’était le premier pays africain à lancer une telle idée. Je l’ai vu en février 2002 à Genève pour rencontrer les institutions afin de voir comment mettre en place cette politique. Mais déjà, il subissait la pression des lobbies pharmaceutiques français qui font du bénéfice au nom de leur monopole».
Poussant son témoignage plus loin, il révèle ce qui suit : «Je suis allé le chercher à l’aéroport et il m’a confié "Tu verras, c’est maintenant que mes ennuis vont commencer". Ça n’a pas tardé. En septembre, rébellion. Le pays a été coupé en deux pendant dix ans, et en 2010 on lui a demandé de faire des élections alors que les rebelles occupaient le Nord. Les urnes ont été bourrées au Nord pour le compte de Ouattara sous le contrôle des armes, et au Sud, il y a sans doute eu des irrégularités qu’on ne peut nier. Mais les conditions d’une élection juste et démocratiques n’étaient pas réunies dans tous les cas».
Mais, poursuit-il, «Laurent Gbagbo a tenu bon. Ce qui a été le plus choquant, c’est que c’est Sarkozy et la France qui ont détruit la résidence présidentielle, qu’ils ont bombardée et tué des milliers de militants. Tout ça pour installer son ami, Alassane Ouattara, qui est l’ancien directeur Afrique du FMI, et a appliqué la politique de plans d’ajustements structurels, qui appauvrit tous les pays africains et participe ainsi de l’ordre cannibale du monde».
Rappelons que Jean Ziegler a promis de témoigner en faveur de l’ancien chef de l’exécutif ivoirien, au cours de son procès qui s’ouvrira le 18 juin prochain à la Haye, devant la Cour pénal international où il est détenu. Il a affirmé par ailleurs être prêt à mettre sa main au feu pour son innocence.

Souleymane T. Sen in Notre Voie

Mon, 02 Apr 2012 02:15:00 +0200

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