Justice / Procès des dirigeants de la filière café-cacao, demain : Quand l’argent du cacao dérange la République /Tchiffi Zié à Gbagbo :’’Ils ont été suffisamment humiliés’’

Photo : DR
Les présumés auteurs du scandale financier dans la filière café-cacao seront jugés le mercredi 8 septembre 2010, au Palais de justice d’Abidjan (Plateau). Au nombre d’une vingtaine, ils sont tous des ex-barons de la filière café-cacao. Ils sont inculpés pour détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de banque ou de commerce, selon Diakité Mamadou, le substitut du Procureur de la République. Ces faits ont été établis après l’ouverture d’enquêtes à la demande du Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo dont le régime a été brocardé par la faute de certains collaborateurs qui sont trempés dans des affaires sales. Dans le cadre d’une opération main propre, Laurent Gbagbo a frappé fort, en autorisant l’ouverture d’une enquête. Toute chose qui a abouti à l’arrestation des ex-dirigeants y compris certains cadres de son parti, le FPI. Cloués à la MACA (Maison d’arrêt et de Correction d’Abidjan) depuis près de deux ans, ces ex-barons n’ont pu se défendre. La plupart d’entre eux sont aujourd’hui affaiblis par des maladies dues à l’environnement carcéral et surtout à des soucis. Car, jamais, ils n’ont imaginé se retrouver dans un tel univers. Mais, depuis deux ans, ces ex-barons qui ont fait les gloires de certaines autorités sont devenus pensionnaires de la MACA. Mais, comme le disait l’ex-Président du Conseil d’administration de la BCC, Lucien Tapé Do, également pensionnaire de la MACA, ‘’la Prison c’est le cimetière des vivants’’. Tout le monde est appelé à y séjourner pourvu qu’on soit toujours en vie. Même le chef de l’Etat Laurent Gbagbo y a passé quelque temps avant de devenir président. Ce qui veut dire qu’on peut aller à la MACA de façon accidentelle, mais pas, parce qu’on a commis des gaffes. C’est ce sentiment qui anime les ex-dirigeants de la filière dont le procès s’ouvre le mercredi 8 septembre 2010. Certains disent détenir en leur possession des vérités en béton qui éclaboussent des cadres du pays. Et le hic, aucun de ses dirigeants, humiliés, ne va se laisser faire. Pour certains déjà, ‘’il y a des vérités qui n’ont jamais été dites qui vont éclater pendant le procès. C’est la raison pour laquelle ils étaient tous patients d’attendre la date de l’ouverture du procès’’. Au regard de la position des uns et des autres, le procès a pris une dimension internationale. Vu qu’il sera suivi par des observateurs internationaux mandatés par des institutions internationales qui s’assureront du bon déroulement du procès. Voilà pourquoi, au-delà d’un simple procès, la Côte d’Ivoire, partant tous ses dirigeants jouent la carte de la crédibilité, de la justice et de l’équité. Et comme l’on peut l’imaginer, des têtes pourraient encore tomber à l’issue de ce procès qui fait trembler toute la République

Honoré Kouassi

Encadré

Tchiffi Zié à Gbagbo :’’Ils ont été suffisamment humiliés’’
Le secrétaire général permanent du Forum des Rois, Sultans, Princes, Cheiks et Leaders traditionnels africains, a été reçu à la MACA et à leur demande, par les barons de la filière café-cacao, le samedi 4 septembre 2010. Détenus depuis plus de deux ans, sans jugement et à quelques jours de l’ouverture de leur procès, Tapé Do, Angeline Kili et leurs co-détenus, ont demandé à sa majesté Tchiffi Zié de peser de tout son poids pour leur libération. La journée du samedi dernier était chargée en émotions pour sa majesté Tchiffi Zié Jean Gervais et sa délégation de leaders traditionnels. Très sensible à « la galère » que traversent depuis plus de deux ans, les responsables des structures de la filière café-cacao, Tchiffi Zié a mis en branle la diplomatie traditionnelle pour que la liberté provisoire soit accordée à Tapé Do, Henri Amouzou, Angeline Kili, Jean-Claude Bayou et tous leurs collègues en détention. « Le procès va s’ouvrir, on peut les convoquer et ils peuvent venir à tout moment. Mais, il faut qu’on leur accorde la liberté. Il faut tolérer et pardonner. C’est une bonne leçon que le chef de l’Etat a donné à la société ivoirienne, dans son ensemble, mais il faut leur pardonner. Je demande pardon à toute la Côte d’Ivoire, mais en particulier au chef de l’Etat. Je pense qu’ils ont compris, mais ils ont été suffisamment humiliés et punis », a indiqué le chef central de Payopa, qui a d’ailleurs dépêché des émissaires auprès du Président de la République, afin que ces détenus puissent recouvrer la liberté

Olivier Dion

Encadré (2)

Amadou Gon prêt à accuser Gbagbo
L’ex-ministre de l’Agriculture n’est pas prêt pour payer seul. Par exemple pour le cas de l’usine Fulton, Amadou Gon tient à expliquer au juge et devant la nation qu’il s’était opposé à l’opération. Et que Laurent Gbagbo, soutient-il, aurait donné son accord à Kili Angeline. En tout état de cause, malgré le souci de bonne gouvernance affiché, le procès du cacao ne manquera pas d’être également un procès du régime Gbagbo qui doit assumer d’avoir fait nommer des dirigeants indélicats qui ont pu agir au nez et à la barbe de tous, durant 6 ans, sans être inquiétés. En dehors du ministre Gon Coulibaly qui pourrait se lâcher s’il répond à la convocation de la justice, les autres ministres pourraient en faire autant. Ce qui serait un coup dur pour le camp présidentiel. Mais Gbagbo qui a beaucoup de tours dans son sac, sait pourquoi il a validé la tenue du procès à quelques 50 jours de la présidentielle. Quant on sait que cela peut avoir des effets indéniables et dévastateurs sur sa campagne électorale. Lui seul a le secret. Mais ses partisans se demandent si le bénéfice escompté sera à la hauteur des attentes ? Ils sont convaincus que Laurent Gbagbo prend de gros risques même si Bédié et Ouattara pourraient prendre des coups éventuels

Charles Kouassi

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan

Tue, 07 Sep 2010 14:49:00 +0200

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