Nafissatou Diallo a-t-elle bien fait de parler?

Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel de New York qui accuse Dominique Strauss-Kahn de viol, a rompu le silence qu’elle s’était imposé depuis le 14 mai en donnant deux interviews; une au magazine américain Newsweek dans les bureaux de ses avocats, paru lundi 25 juillet, et une à la chaîne de télévision ABC News, qui sera diffusée dans la même journée.

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Elle raconte à Newsweek comment DSK, qui lui est apparu comme un «homme fou», est sorti nu de la salle de bains alors qu’elle croyait la chambre vide, comment elle a tenté de l’effrayer en affirmant que son «superviseur est juste là!» puis a réussi à se libérer.

«Diallo n’est pas séduisante» écrit le magazine Newsweek, qui raconte que la femme de chambre a pleuré à plusieurs reprises pendant l’interview, «et qu’à certains moments ses larmes semblaient forcées». Les réponses de Diallo sur son passé sont restées «vagues», mais son récit se fait très précis au moment d’aborder l’incident du Sofitel.

La chaîne ABC News donne quant à elle un aperçu de la longue interview filmée qu’elle va diffuser dans l’émission Good Morning America, et cite Diallo en ces termes:

«Je veux la justice. Je veux qu’il aille en prison. Je veux qu’il sache qu’il y a certains endroit où on ne peut pas utiliser son argent, utiliser son pouvoir pour faire une chose pareille.»

Un déballage qui pourrait se retourner contre elle?

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont immédiatement contre-attaqué face à cette offensive médiatique de l’accusatrice, affirmant dans un communiqué:

«Mme Diallo est la première accusatrice dans l’histoire à conduire une campagne médiatique pour convaincre de maintenir les charges contre une personne dont elle veut obtenir de l’argent. […] Il est clair que le but est d’enflammer l’opinion publique contre un accusé dans un dossier criminel en cours.»

La question qui se pose désormais est celle de l’impact de ce déballage médiatique sur le processus judiciaire. Selon un expert judiciaire américain cité par Associated Press (AP), parler dans les médias comme Diallo vient de le faire est inhabituel et risqué à cette étape du dossier:

«D’un côté, cela pourrait encourager le procureur à poursuivre le dossier. De l’autre, il y a le risque que tout ce qu’elle dit peut être utilisé contre elle dans un procès civil ou criminel, surtout s’il y a des incohérences.»

AP explique ainsi que les procureurs tentent généralement de dissuader les témoins de se répandre dans les médias, notamment pour éviter d’avoir des versions divergentes du témoignage qui peuvent être utilisées par la défense.

slate.fr

Mon, 25 Jul 2011 15:51:00 +0200

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